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Le parc national du Serengeti accueille de nombreux voyageurs en quête de sensations fortes au cours d’un safari.<br />

SVEN TORFINN/N.Y.T./REDUX/RÉA<br />

doubler le nombre de grands singes,<br />

jadis menacés d’extinction, en une<br />

vingtaine d’années. Un exploit d’autant<br />

plus notable que le pays est surpeuplé<br />

(459 habitants au km 2 en 2018).<br />

Entre 2013 et 2017 déjà, les autorités<br />

tanzaniennes avaient procédé à des<br />

expulsions à Loliondo, n’hésitant pas<br />

à incendier les cases des récalcitrants.<br />

La Cour de justice de l’Afrique de l’Est<br />

(EACJ) avait alors condamné ces actions<br />

et donné raison aux Massaïs. Le ministre<br />

des Ressources naturelles et du Tourisme<br />

de l’époque, Hamisi Kigwangalla (2017-<br />

2020), avait annulé la licence d’Otterlo<br />

Business Corporation et dénoncé publiquement<br />

la « corruption » de certaines<br />

élites avec cette société émiratie.<br />

« OBC opère dans la région depuis les<br />

années 1990 », nous explique Anuradha<br />

Mittal, responsable du think-tank américain<br />

Oakland Institute, qui examine<br />

les politiques de développement et leurs<br />

impacts. Elle dénonce « une mentalité<br />

coloniale » : « OBC se comporte comme<br />

s’ils étaient chez eux. Lorsque vous êtes<br />

à proximité de leurs sites en Tanzanie,<br />

votre téléphone vous souhaite la bienvenue<br />

aux Émirats arabes unis ! » assuret-elle.<br />

Avant d’ajouter : « Ils ont leur piste<br />

d’atterrissage privé au beau milieu de la<br />

faune. Et on accuse les Massaïs d’abîmer<br />

l’environnement ? OBC veut expulser les<br />

autochtones pour faire une réserve de<br />

chasse pour la famille royale émiratie,<br />

et il existe des soupçons de corruption<br />

concernant plusieurs politiciens, dont<br />

Abdulrahman Kinana [secrétaire général<br />

du Chama Cha Mapinduzi, le parti de la<br />

révolution, au pouvoir depuis l’indépendance<br />

en 1962]. »<br />

La présidente Samia Suluhu Hassan<br />

s’est rendue en février dernier en visite<br />

officielle aux Émirats, durant laquelle la<br />

fameuse tour Burj Khalifa – le plus haut<br />

gratte-ciel du monde – a été éclairée aux<br />

couleurs du drapeau tanzanien pour l’occasion.<br />

Native de Zanzibar, l’ancienne<br />

vice-présidente a succédé en mars 2021<br />

au chef d’État John Magufuli, brusquement<br />

décédé – peut-être du Covid-19 – à<br />

l’âge de 61 ans. Surnommé « le bulldozer<br />

» et élu en 2015, il avait de nouveau<br />

regagné les élections en octobre 2020,<br />

après un scrutin contesté.<br />

« Malheureusement, estime Anuradha<br />

Mittal, la présidente Suluhu Hassan<br />

montre le même visage autoritaire<br />

que le président “bulldozer”. » Le 17 juin,<br />

les autorités tanzaniennes avaient déjà<br />

affiché leur détermination à accueillir<br />

les chasseurs du Golfe. La EACJ,<br />

qui devait se prononcer le 22 juin sur<br />

la situation des Massaïs, a finalement<br />

reporté in extremis sa décision à septembre<br />

prochain. ■<br />

AFRIQUE MAGAZINE I <strong>430</strong> – JUILLET 2022 47

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