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AM 430

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entretien<br />

Mahi Binebine<br />

« LA CULTURE<br />

EST UN ASCENSEUR<br />

EXCEPTIONNEL »<br />

L’auteur et plasticien<br />

marocain signe Mon<br />

frère fantôme, un roman<br />

sur les conflits intérieurs<br />

d’un jeune héros. Il raconte<br />

le destin de laissés-pourcompte<br />

dans la médina<br />

de Marrakech. Entre<br />

« double je » et double<br />

jeu, son talent de conteur<br />

révèle la complexité<br />

de la psyché humaine.<br />

propos recueillis par Astrid Krivian<br />

«Je est un autre », écrivait le poète Arthur<br />

Rimbaud. Dans son nouveau roman,<br />

Mon frère fantôme, l’écrivain, peintre<br />

et sculpteur marocain Mahi Binebine<br />

explore ce thème de la dualité, de la<br />

complexité de l’être. Il plante l’intrigue<br />

de ce conte initiatique dans la médina<br />

de Marrakech, au sein du quartier<br />

populaire de son enfance. Son jeune<br />

héros, Kamal, bataille en permanence contre les deux entités<br />

qui cohabitent en lui, tels des frères siamois aux élans contraires :<br />

l’un est attiré par l’ordre, le calme, la discipline, l’autre est happé<br />

par les vicissitudes de la rue, l’anarchie, fasciné par son frère<br />

aîné Omar en proie à des accès de violence. Tout en essayant<br />

de réconcilier ses deux parts de lui-même, il fera l’apprentissage<br />

de l’amour, du travail, des drames familiaux, de la lutte quotidienne<br />

des laissés-pour-compte. Ce motif du dédoublement,<br />

d’une psyché kaléidoscopique, est aussi présent dans les œuvres<br />

plastiques de l’artiste. Exposées dans le monde entier, certaines<br />

font partie de la collection permanente du musée Guggenheim, à<br />

New York. Créateur prolifique, Mahi Binebine est également très<br />

engagé dans l’éducation et l’accès à la culture des jeunes. Avec le<br />

cinéaste Nabil Ayouch, il a fondé les centres culturels Les Étoiles,<br />

destinés aux enfants défavorisés du royaume chérifien : ils dispensent<br />

cours de musique, de danse, d’informatique, de langues,<br />

d’arts plastiques, etc. Après Casablanca, Fès, Agadir, Tanger et<br />

Marrakech, le prochain centre devrait voir le jour à Essaouira.<br />

64 AFRIQUE MAGAZINE I <strong>430</strong> – JUILLET 2022

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