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et par rail sont relativement peu développés en Afrique,<br />
l’avion constitue donc le seul moyen de transport rapide.<br />
Beaucoup de compagnies l’ont compris et misent sur le<br />
cargo. Le souci est que les infrastructures aéroportuaires<br />
ne sont pas toujours au niveau. Pendant le Covid, lorsqu’il<br />
fallait stocker les doses de vaccins à très basse température,<br />
on s’est aperçu du manque de chambres frigorifiques.<br />
Il faut aussi moderniser la numérisation des procédures<br />
de douanes, la documentation électronique. La ZLECAF<br />
va permettre de baisser les taxes et les tarifs entre pays,<br />
et va faire croître le commerce intra-africain. Elle aura un<br />
impact sur l’activité passager comme sur l’activité cargo.<br />
Ethiopian Airlines est l’une des seules compagnies<br />
au monde à avoir dégagé des bénéfices en 2020 !<br />
Comment l’expliquer ?<br />
Elle n’a pas reçu d’aide pendant la crise<br />
sanitaire, donc son succès est d’autant plus<br />
remarquable. Cette compagnie a réussi à mettre<br />
en place un business plan, avec des objectifs très<br />
précis, notamment grâce à la digitalisation et<br />
la transformation d’une vingtaine d’avions de<br />
ligne en cargos. Aussi, l’aéroport international<br />
d’Addis-Abeba a bénéficié de nombreux<br />
investissements. Grâce à un réseau très efficace<br />
et à une structure de coût maîtrisée, elle a pu<br />
s’adapter et reprendre très vite ses activités.<br />
À l’inverse, les inquiétudes demeurent<br />
pour South African Airways (SAA) : le plan<br />
de sauvetage est-il en passe de la sauver ?<br />
SAA et les autorités sud-africaines ont<br />
mis en place un plan de sauvetage avec des<br />
partenaires stratégiques, qui est en train d’être<br />
déroulé. Un accord doit être annoncé à la fin de<br />
l’année. Cette compagnie a été dans le passé la première sur<br />
le continent. L’Afrique du Sud est un marché très dynamique,<br />
aussi bien pour le fret que pour le tourisme : avec un plan<br />
de sauvetage solide, une restructuration, une flotte adaptée<br />
et un réseau efficace, SAA peut revenir dans la course.<br />
L’AFRAA demande la baisse des taxes<br />
aéroportuaires : où en est-on ?<br />
Cette baisse est une requête récurrente. Le niveau<br />
des taxes reste trop haut dans certaines régions. En Afrique<br />
de l’Ouest et centrale, elles représentent jusqu’à 40 %<br />
du prix du billet ! C’est trois fois plus qu’en Afrique de<br />
l’Est. Il est impossible de développer le trafic aérien avec<br />
de tels coûts. L’AFRAA a fait de nombreux plaidoyers en<br />
ce sens, sans succès. Nous devons réunir l’ensemble des<br />
acteurs du secteur, trouver des solutions et les présenter<br />
aux décideurs. La question des taxes a été à l’agenda<br />
d’un séminaire fin juin. Il y a aussi celle des visas, qui<br />
complique les voyages : sur ce point, l’Union africaine veut<br />
faciliter la circulation des personnes sur le continent.<br />
La Banque africaine d’import-export (Afreximbank)<br />
souhaite créer une société de leasing…<br />
Le projet est toujours en cours. Accéder aux<br />
financements est difficile, les coûts sont là aussi élevés,<br />
comparé aux autres continents. Nous collaborons<br />
avec l’Afreximbank et la BAD sur ce projet.<br />
Comment concilier objectif de lutte contre<br />
le réchauffement climatique et expansion<br />
du transport aérien ?<br />
Nous avons mis en place en 2016 le programme<br />
de réduction Carbon Offsetting and<br />
Reduction Scheme for International<br />
Le<br />
niveau des taxes<br />
aéroportuaires<br />
reste trop haut<br />
dans certaines<br />
régions.<br />
En Afrique<br />
de l’Ouest et<br />
centrale, elles<br />
représentent<br />
jusqu’à 40 %<br />
du prix du billet !<br />
Aviation (CORSIA). L’évolution<br />
technologique des avions permet de réduire<br />
leur impact carbone. Dans le temps, de<br />
vieux appareils, qui dégageaient beaucoup<br />
de CO 2<br />
, volaient en Afrique. Désormais,<br />
les flottes se sont modernisées, avec<br />
des Boeing 787 Dreamliner, des A350.<br />
Cette amélioration permet de réduire<br />
les émissions. Le souci que nous avons<br />
par rapport à la mise en œuvre de ce<br />
programme est que les agrocarburants<br />
coûtent très cher, trois à quatre fois plus que<br />
le kérosène. Faut-il augmenter la production<br />
d’agrocarburants, en incitant les paysans<br />
à en cultiver ? Mais qu’en sera-t-il de<br />
la sécurité alimentaire ? Ce sont là des<br />
questions à prendre en considération.<br />
Les projets dans l’hydrogène et l’électrique sont encore<br />
en cours de développement, mais tout peut aller vite :<br />
le transport aérien a seulement un siècle d’existence !<br />
Les bonds technologiques réalisés sont incroyables.<br />
Ces dernières années, beaucoup de terminaux<br />
ont été bâtis, rénovés ou étendus (notamment<br />
par des entreprises de Chine et de Turquie) :<br />
les infrastructures aéroportuaires sur le continent<br />
sont-elles désormais satisfaisantes ?<br />
De nombreux efforts de modernisation ont été accomplis,<br />
mais il reste à faire. Ces investissements nécessitent<br />
beaucoup d’argent. En février, l’Union africaine a organisé<br />
un séminaire sur le développement des infrastructures :<br />
leur amélioration fait partie des piliers de la mise en œuvre<br />
du Marché unique du transport aérien africain (MUTAA). ■<br />
AFRIQUE MAGAZINE I <strong>430</strong> – JUILLET 2022 83