Être rabbin : une profession ? Un sacerdoce - Tribu 12

épondaient aux critères halakhiques du Consistoire.
Autre facette des « libéraux » en France, le courant « Massorti
» ou « Conservative ». C’est après avoir suivi les cours
du mouvement massorti de Jérusalem que le rabbin Ryvon
Krigier, titulaire d’un doctorat en sciences des religions
a été envoyé en France en 1991 pour lancer une communauté
massorti. C’est ainsi que la communauté Adath
Shalom qui compte plusieurs centaines de familles, a été
créée. Contrairement à une croyance fortement ancrée, les
massorti n’acceptent pas les mariages mixtes et ne convertissent
au judaïsme qu’après une longue initiation très exigeante
qui peut durer plusieurs années.
Contrairement aux libéraux qui acceptent la patrilinéarité
et qui considèrent que si un enfant est né de père juif et de
mère non-juive il est juif, les massortis y sont opposés.
LA GALAXIE LOUBAVITCH
C’est au XVIIème siècle que le célèbre
Baal Chem Tov (Le maître du
Bon Nom) lança le mouvement
hassidique, un mouvement qui
allait connaître un succès phénoménal
dans toute l’Europe de
l’Est, mettant l’accent sur l’étude
et la réflexion spirituelle sur fond
d’une joie profonde d’être juif. La Seconde
Guerre mondiale et la Shoah en
engloutissant six millions de Juifs dans la tourmente va
réduire quasiment à néant ces riches communautés hassidiques.
En 1940, le rabbin Yossef Itshak Schneerson s’installe
à New York. S’échappant des pays situés derrière le
Rideau de Fer, des milliers de hassidim s’installent de leur
côté en Europe. La France, notamment, devient une plaque
tournante du mouvement hassidique. Une yeshiva est
créée à Brunoy et un institut pour jeunes filles, Beth Rivka,
à Yerres. À Aubervilliers, une école, Shné-Or, est installée.
En 1965, le rabbi de Loubavitch, qui a pris ses fonctions en
1950, demande à l’un de ses proches, le rabbin Azimov,
de s’installer à Paris pour prendre la direction du mouvement.
Le rav Azimov trouvera des oreilles particulièrement
attentives notamment auprès de jeunes Juifs déracinés originaires
d’Afrique du Nord. Ouvert à tous, ne pratiquant ni
l’exclusion ni l’anathème, le mouvement loubavitch, loin de
la pratique sectaire qu’on lui prête, entend ouvrir des accès
diversifiés à la tradition juive. Il compte plusieurs milliers de
fidèles en France et il est membre du CRIF où il dispose de
cinq représentants dont le rabbin Haïm Nisenbaum. Dans le
domaine scolaire, le rabbin Hillel Pevzner et son fils, Joseph
Pevzner, ont mis sur pied un énorme réseau accueillant des
milliers d’élèves, l’École Sinaï, Heikhal Ménahem ou encore
le Beth Haya Mouchka.
ÊTRE JUIF ET NOIR
Le dernier venu dans le paysage juif français est pour le
moins inattendu. Il s’agit de la congrégation « Bnei Tsiporah
» de Juifs noirs.
Animé par un jeune Congolais converti en Israël, Guershon
Nduwa, cet ensemble revendique 250 familles juives et
noires à Paris et en région parisienne. Certaines sont d’origine
éthiopienne, d’autres viennent des Antilles ou encore
d’Afrique Noire. Une synagogue est en projet dans un local
de 150m2 à Levallois-Perret mis à disposition par un généreux
donateur.
« Bien entendu, dit Guershon Nduwa, cette synagogue sera
ouverte à tous les Juifs »
Qui a dit que le judaïsme de France
n’est pas divers et dynamique ?
Jean-Pierre Allali
(1) Le judaïsme français compte, depuis, deux autres
femmes-rabbins : Célia Surget, ordonnée en 2007 et
Delphine Horvilleur, qui a reçu son ordination de l’Hebrew
Union College de New York en 2008. Il y a environ 800
femmes-rabbins dans le monde.
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