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Être rabbin : une profession ? Un sacerdoce - Tribu 12

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Conte Populaire<br />

LES VILLES DE RABBI TARPHON<br />

RABBI TARPHON, QUI VIVAIT VOICI BIEN DES SIÈCLES,<br />

ÉTAIT FORT RICHE MAIS IL NE PRATIQUAIT PAS LA JUS-<br />

TICE. CE N’ÉTAIT PAS QU’IL FUT AVARE OU SEC DE<br />

CŒUR. NON ! SIMPLEMENT, IL NE SONGEAIT PAS AU<br />

BIEN QU’IL AURAIT PU FAIRE AVEC UNE PETITE PAR-<br />

TIE DE CE QU’IL POSSÉDAIT. IL S’IMAGINAIT CONFUSÉ-<br />

MENT, COMME BEAUCOUP DE GENS, QUE SI LUI-MÊME<br />

N’AVAIT BESOIN DE RIEN, PERSONNE N’AVAIT RIEN À<br />

DEVOIR SOUHAITER. QUE DE RICHES SERAIENT GÉNÉ-<br />

REUX, SI, DEVANT LEURS TABLES LUXUEUSEMENT SER-<br />

VIES, ILS ACCORDAIENT DE TEMPS À AUTRE UNE PEN-<br />

SÉE À CEUX QUI, POUR SE RASSASIER N’ONT QU’UN<br />

MORCEAU DE PAIN DUR !<br />

Si Rabbi Tarphon n’était pas généreux avec les pauvres, il<br />

ne se refusait personnellement rien. <strong>Un</strong> jour, sur sa route, il<br />

rencontra Rabbi Akiba, alors tout je<strong>une</strong> homme, tandis que<br />

lui-même se courbait déjà sous le poids de la vieillesse.<br />

- Paix sur toi, quoi de neuf ?<br />

- Salut, ô mon maître, répondit Akiba, je ne sais rien qui<br />

puisse d’intéresser… Au fait, si … continua-t-il en hésitant,<br />

figure toi qu’on m’a parlé de deux villes qui seraient<br />

à vendre. Elles sont chères, évidemment, quarante mille<br />

dinars d’or, mais quelle superbe affaire et quel beau placement<br />

!<br />

Rabbi Tarphon s’approcha, intéressé. Il posa à Rabbi Akiba<br />

différentes questions auxquelles celui-ci répondit de son<br />

mieux, mais avec un embarras visible. Pour finir, Rabbi Tarphon<br />

emmena chez lui son je<strong>une</strong> ami et lui remis quarante<br />

mille dinars d’or en le chargeant de lui acheter les deux<br />

villes en question. Ce que Rabbi Akiba promit de faire.<br />

Quelques jours plus tard, Rabbi Tarphon se rendit au Beith-<br />

Hamidrach (maison d’études) pour y trouver Rabbi Akiba<br />

qu’il n’avait pas revu depuis ce jour là. Il voulait lui demander<br />

où en étaient ses négociations au sujet des deux villes.<br />

Il aperçut le je<strong>une</strong> Rabbi Akiba, assis sur un banc, entouré<br />

d’enfants et de vieillards qui se pressaient autour de lui. Ce<br />

dernier se leva précipitamment et se jeta aux pieds de rabbi<br />

Tarphon en s’écriant :<br />

- Pardonne, ô mon maître ma supercherie. Je t’ai trompé,<br />

je t’ai volé, il n’y avait pas de villes à vendre ! Mais tant et<br />

tant de malheureux passent chaque jour devant ma porte<br />

que j’en étais devenu à désespérer de ne rien pouvoir pour<br />

eux. Je suis pauvre moi-même, hélas ! C’est ainsi que m’est<br />

venue la f<strong>une</strong>ste pensée d’abuser de ta confiance ! J’ai fait<br />

beaucoup d’heureux grâce à toi, mais à tes yeux je ne suis<br />

plus qu’un individu pécheur… Pourras-tu jamais me pardonner<br />

?<br />

À ce moment, un vieillard s’approcha d’eux et dit à Rabbi<br />

Tarphon :<br />

Grâces te soient rendues, ô mon maître ! J’étais malade<br />

depuis des années et, faute d’argent, je n’ai jamais pu me<br />

soigner. Grâce à ce que Rabbi Akiba m’a donné de ta part,<br />

j’ai pu consulter un médecin célèbre et acheter les médica-<br />

ments qu’il m’a prescrits. Déjà la cure fait son effet et je me<br />

sens plus vaillant. Merci. Merci.<br />

<strong>Un</strong>e pauvre femme vint à son tour raconter comment, à la<br />

suite de la mort de son mari, quelques temps auparavant,<br />

elle et ses huit enfant étaient plongés dans <strong>une</strong> misère profonde<br />

d’où ils ne seraient jamais sortis, sans le concours<br />

providentiel que Rabbi Akiba leur avait accordé.<br />

Puis un bel enfant aux boucles br<strong>une</strong>s alla prendre la main<br />

de Rabbi Tarphon en lui disant :<br />

-Merci, mon maître. Grâce à toi, un jour je deviendrai, moi<br />

aussi, un <strong>rabbin</strong> savant et instruit de notre Sainte Loi. Mes<br />

parents sont très pauvres, ils n’auraient pas pu me permettre<br />

de me consacrer entièrement à l’étude, comme je le<br />

désirais tant ! Mais Rabbi Akiba est venu de ta part et leur a<br />

donné <strong>une</strong> somme d’argent. Cela leur a permis de me laisser<br />

passer tout mon temps de travailler au Beith-Hamidrach<br />

au lieu d’aller aider mon père aux champs, comme font mes<br />

autres frères ! Je te promets de donner toujours satisfaction<br />

à mes maîtres et de devenir plus tard un homme bon et<br />

hénéreux comme toi, Rabbi Tarphon !<br />

À ces mots, Rabbi Tarphon ne put se contenir davantage. Il<br />

saisit rabbi Akiba dans ses bras et lui dit :<br />

Ô mon fils ! Je te remercie du plus profond de mon cœur de<br />

ce que tu as fait : tu es je<strong>une</strong> et pourtant tu es mon maître<br />

par la sagesse et mon chef par la bonté ! Tu m’as montré la<br />

voie ! Ces malheureux, ces malades à secourir, ces je<strong>une</strong>s<br />

âmes à conquérir, voilà les villes que dans l’avenir je veux<br />

m’efforcer d’acheter. Toi, tu seras mon guide et mon soutien.<br />

Ne regrette plus ta prétendue faute, elle m’a ouvert<br />

les yeux, c’est <strong>une</strong> bonne action que tu as fait là !<br />

Inutile de vous dire que Rabbi Tarphon consacra en effet<br />

toute sa vie au bien des autres. La richesse est <strong>une</strong> belle<br />

chose quand on en profite pour faire le bien et pour aidr<br />

ceux qui sont dans le besoin. Si l’on n’en use que pour sa<br />

satisfaction personnelle, alors elle devient <strong>une</strong> source tarie.<br />

Simone Hirschler<br />

Le mariage merveilleux et autres contes d’Israël<br />

Éditions Lichma<br />

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