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Être rabbin : une profession ? Un sacerdoce - Tribu 12

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egrouper, de parler longuement ensemble, d’écrire mais<br />

aussi de prier ; car il leur semblait que les Juifs représentaient<br />

<strong>une</strong> force spirituelle et que celle-ci pouvait changer<br />

le cours des évènements… Des matelas, encore entourés<br />

de papier kraft pour mieux localiser les otages lors des déplacements,<br />

avaient été mis à leur disposition. « Dans ces<br />

conditions l’attente fut très longue, mais je n’avais pourtant<br />

pas peur, l’insouciance de la je<strong>une</strong>sse peut-être, poursuit<br />

Sylver. <strong>Un</strong> otage israélien<br />

m’avait dit, qu’il ne pensait<br />

pas qu’Israël laisserait massacrer<br />

200 personnes ainsi ; qu’il<br />

allait très certainement se passer<br />

quelque chose et qu’ils ne<br />

céderaient pas au chantage ; il<br />

était très confiant. Au moment<br />

de l’intervention je ne savais<br />

pas encore que c’était les Israéliens<br />

qui opéraient ; j’ai<br />

d’abord entendu des tirs lointains<br />

qui se sont rapprochés à<br />

grande allure puis un déversement<br />

de balles, de feu, dans<br />

tous les sens. Les lumières ont<br />

été visées en premier par les<br />

tirs puis tous les avions militaires qui se trouvaient au sol<br />

ont été détruits. Les Israéliens se sont ensuite attaqués à<br />

la tour de contrôle d’où s’échappaient des tirs nourris de<br />

soldats ougandais. C’est de là que le soldat Yonathan Netanyahou,<br />

le frère du Premier ministre actuel, a été touché<br />

mortellement au moment où il rentrait dans le hangar et<br />

puis tout s’est passé très vite. J’ai vu des gens courir, tomber,<br />

hurler, se piétiner les uns les autres ; c’était la confusion<br />

totale parmi les otages. Personnellement j’ai couru et me<br />

suis plaqué contre le mur du fond. Et 10 minutes environ<br />

se sont écoulées avant que nous n’entendions parler hébreu.<br />

Deux otages ont été blessés et sont décédés par la<br />

suite malheureusement. Lorsque les Israéliens sont rentrés<br />

dans le hangar, certains d’entre nous ont alors demandé<br />

des armes aux soldats ; ils manifestaient le désir de continuer<br />

à tirer sur les terroristes qui étaient déjà à terre… <strong>Un</strong><br />

réflexe de vengeance ?... On nous a alors évacués. Certains<br />

sont allés rejoindre les avions Hercule à pied ; (trois avions<br />

de l’armée israélienne avaient été affrétés et <strong>une</strong> centaine<br />

de soldats mobilisés dont quelques hommes du Mossad) ;<br />

d’autres ont été amenés en jeep. Israël a pris ses blessés et<br />

ses morts qui ont été veillés dans l’avion. Ceux-ci ont été<br />

débarqués plus tard à Nairobi au Kenya où ils ont été pris<br />

en charge par un avion sanitaire ».<br />

L’opération a duré 29 minutes. Les quatre terroristes et<br />

d’autres responsables palestiniens sont morts ainsi qu’<strong>une</strong><br />

quinzaine de soldats ougandais. Sur environ 140 otages<br />

juifs, trois moururent. Il y eut par la suite <strong>une</strong> quatrième<br />

victime, la mère d’un otage laissée sur place car conduite<br />

deux jours avant l’opération israélienne à l’hôpital de Kampala,<br />

à la suite d’un malaise et contre l’avis de son fils, (ex<br />

traducteur d’Amin Dada) qui pressentait à juste titre le pire.<br />

Dora Bloch, (73 ans) qui était un sujet britannique a, de fait,<br />

été assassinée par la suite par deux officiers de l’armée ougandaise.<br />

« Nous étions hagards, hébétés, très abattus en remontant<br />

dans l’avion ; nous sommes arrivés à Tel-Aviv dans un<br />

aéroport militaire où nous attendait <strong>une</strong> très belle réception<br />

présidée par Y. Rabin et S. Pérès. Puis nous avons rejoint<br />

l’aéroport de Lod ; c’est là que nous avons enfin pu<br />

exprimer notre joie ».<br />

« Je suis en admiration devant l’attitude d’Israël face à ses<br />

ressortissants ou à tout autre Juif ajoute Sylver ; pour eux<br />

chaque vie est précieuse et suis aussi très impressionné par<br />

le potentiel de l’armée israélienne capable de se lancer<br />

dans <strong>une</strong> opération difficile et audacieuse effectuée à plus<br />

de 8000 kms de son territoire ! Nous avons du survoler plusieurs<br />

pays arabes à basse altitude… Pour remercier Israël<br />

de m’avoir sauvé, l’aîné de mes fils s’est engagé dans l’unité<br />

militaire Golani. J’ai prénommé le second Ruben Yonathan<br />

(17 ans) en mémoire de celui qui a perdu la vie pour nous<br />

défendre. Aujourd’hui je pense que chaque Juif doit être<br />

conscient que grâce à l’État d’Israël il peut se sentir partout<br />

en sécurité. Car dans cette histoire la France était mieux<br />

placée qu’Israël ; l’avion avec son équipage et la moitié des<br />

ressortissants étaient français. Or ce sont les Israéliens qui<br />

ont pris les choses en main. Pour être crédibles et montrer<br />

qu’ils étaient prêts à négocier ceux-ci ont volontairement<br />

déplacé les terroristes demandés d’un endroit à un autre,<br />

durant les pourparlers ; il fallait montrer qu’ils allaient les<br />

libérer. Les Israéliens ont donc annoncé mercredi soir qu’ils<br />

acceptaient la discussion et ont réussi à retarder de quatre<br />

jours l’ultimatum. Les terroristes étaient très contents et<br />

croyaient la partie gagnée ».<br />

« Cette expérience singulière et éprouvante me poursuit<br />

constamment poursuit Sylver ; et j’ai coutume de dire que<br />

je suis né <strong>une</strong> deuxième fois il y a 35 ans. Car nous aurions<br />

pu être éliminés un à un pour faire pression sur les gouvernements.<br />

Les terroristes très antisionistes étaient déterminés.<br />

Ce qui m’a frappé c’est le courage extraordinaire<br />

du commando israélien ; des hommes très je<strong>une</strong>s envers<br />

lesquels je ne serai jamais assez reconnaissant. L’un d’eux,<br />

Sourine Hercshko, qui devait finir son armée ce dimanche<br />

même jour de notre libération, a été grièvement blessé et<br />

se trouve depuis sur un fauteuil roulant. Volontaire comme<br />

les autres il m’a dit plus tard être néanmoins très heureux et<br />

ne pas regretter d’avoir participé à cette opération. N’estce<br />

pas exceptionnel ? »<br />

Message de Chaim Herzog au Conseil de Sécurité des Nations<br />

<strong>Un</strong>ies : « Nous sommes fiers de ce que nous avons fait,<br />

parce que cela démontre au monde entier que pour un petit<br />

pays, Israël en la circonstance, avec lequel les membres<br />

du Conseil de Sécurité sont maintenant très familiers, la dignité,<br />

la vie humaine et la liberté constituent des valeurs<br />

les plus élevées. Nous sommes fiers non seulement parce<br />

que nous avons sauvé la vie de plus d’<strong>une</strong> centaine de personnes<br />

innocentes, mais aussi parce que la signification de<br />

notre acte signifie la liberté humaine ».<br />

Témoignage recueilli par Claudine Barouhiel<br />

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