Corner Magazine #2

J’ai fait six mois avec les pros,
puis six mois avec les espoirs, et
ça ne m'a pas empêché de finir
meilleur buteur. Donc ce prêt me
coupe un peu sur ma lancée, sur
ce que j'ai envie de faire. C'est
plus tard que j’ai compris que
Romain Thomas, qui est d’ailleurs
devenu capitaine d'Angers,
venait de Carquefou et mon club
voulait le récupérer. Dans le
deal, en échange, ils devaient
envoyer deux jeunes en prêt. Les
six mois à Carquefou ont été très
compliqués parce que, non
seulement je ne m'attendais pas
à être prêté, et en plus, j’ai
manqué un peu de lucidité et
peut-être aussi un peu d'humilité.
Je me disais qu’en venant de
Ligue 2, cela allait être facile
alors que finalement pas du tout.
Ça tourne au vinaigre complet,
même si sur les matches de
préparation, je marque 3 buts en
5 matches. Le coach n’est pas
forcément content de moi et
ramène un attaquant
d'expérience. Quand je vois qu’il
arrive, je me dis que je vais en
faire les frais et c'est exactement
ce qui se passe. Donc, pendant
six mois, je subis un peu les
choses. Je joue même avec
l'équipe B avec laquelle je prends
un carton rouge pour un geste
de frustration. À ce moment-là, je
rentre à Paris où se trouvaient
mon frère et ma mère adoptive.
C'était devenu mon QG, là où je
me réfugiais. Je rentre et je fais
un reset. Je réalise que je n’avais
pas abordé les choses de la
bonne manière et je décide de
repartir sur cette 2e partie de
saison en laissant place à
l'apprentissage, à de nouvelles
méthodes. Dès que je reviens,
sur les 6 premiers matches, je
fais 5 passes décisives. Je ne
jouais pas attaquant, mais ailier
gauche. Je commence à servir
les attaquants et je deviens moimême
plus dangereux dans le
jeu, dans mes accélérations,
dans tout ce que je fais.
D'ailleurs, je me souviens que le
coach assistant était venu me
voir pour me dire qu’il sentait
que quelque chose avait
changé en moi, que je
paraissais plus léger, plus
souple, plus vif, plus explosif.
Ces six mois-là m'ont finalement
fait du bien, parce que je pense
que tout ce qui s'est passé par
la suite dans ma carrière a été
construit à ce moment-là.
Tu avais 20 ans, c'est une
belle preuve de maturité…
C’est comme ça que je l'ai fait
et aujourd'hui, c'est quelque
chose auquel, quand j'ai des
coups durs, je repense. Quand
je commence une nouvelle
saison ou en changeant de club,
même en ayant déjà fait des
choses dans ce club, je repars
toujours avec cette mentalité en
me disant que j'ai tout à
prouver, que j'ai tout à faire
dans la saison qui arrive.
Cela t'a permis de goûter à
la Ligue 1, pour 5 matchs,
qu'est-ce qu'en tu gardes de
cette expérience ?
Bonne expérience, parce que je
me suis dit que c'était le niveau
où je voulais être, celui que je
voulais atteindre. Mais aussi une
expérience mitigée, car je n’ai
pas beaucoup joué. Finalement,
je me suis dit qu'il fallait que je
parte. C'est bizarre parce qu’à