Corner Magazine #2

Face au FC Bâle, tu as inscrit
ton 95e but en championnat
avec YB, c'est quelque chose
d'incroyable, comment vis-tu
la chose ?
Je suis très content, parce que
c'est un but qui, vu la
physionomie du match, nous
permet de repartir avec un point
et aussi parce que je dépasse
Guillaume (Hoarau). C'est celui
qui m'a beaucoup aidé et qui
m'a préparé à sa succession.
C’est un privilège de pouvoir le
dépasser et de pouvoir me dire
que, du moins pour l'instant, je
serai le meilleur buteur des
temps modernes. Et puis j'ai
toujours voulu marquer un club
de mon passage et je trouve
que c'est une belle manière de
le faire. Mais ce n’est pas fini.
Ernst Wechselberger (2ème),
s’est arrêté à 130 buts. Il te
reste encore 6 matchs cette
saison et une année de
contrat pour le dépasser…
On ne sait jamais ce que le
football réserve. Il y a des belles
perspectives et j'ai toujours
fonctionné comme ça. Cela
étant, ça n’a jamais été un
objectif, je n’ai jamais regardé
les classements. Ce sont juste
des infos qui viennent à moi
petit à petit. Plus j'avance, plus
je marque des buts et
forcément, je me rapproche des
légendes du club. C’est à ce
moment-là qu'on commence à
m'en parler, mais ce ne sont pas
des choses qui me perturbent.
J'avance toujours avec les
mêmes pensées : jouer au foot,
respecter le jeu et les
partenaires. Ce n'est pas parce
que je suis à un but d'une
légende que je vais plus frapper
au but. Non, je continue
simplement à respecter la
direction du jeu et ce qui devra
arriver arrivera.
Est-ce que le jeune Jean-
Pierre s’imaginait vivre cela?
Le jeune Jean-Pierre rêvait de
jouer au Real Madrid, de goûter
à la Ligue des Champions et de
faire partie des meilleurs
buteurs du monde. Aujourd'hui,
quand je regarde ce jeune-là et
les ambitions qu'il avait, je me
dis qu’à part jouer au Real, il n'y
a rien que je n’ai pas pu
accomplir. Parfois, j'en parle
avec certains, ils me disent «
comment ça se fait que tu as
cette vision-là ? », je réponds
tout simplement que si j'avais
joué au Real, je n'aurais été
qu'un joueur de passage alors
qu’en étant aux Young Boys et
en ayant fait ce que j'ai fait, je
sais que je ne le suis pas.
Aujourd'hui, en Suisse, les gens
me connaissent et savent ce
que j'ai fait. Ils savent les choses
que j'ai réalisées avec YB. Donc,
à part le rêve de jouer pour le
Real Madrid, tout le reste a été
coché. Autant la Coupe
d'Europe que la Coupe du
monde. Il n'y a rien que je n'ai
pas pu toucher. Ça me permet
de dire que, quand on a des
ambitions et des rêves, il faut
travailler pour. Parfois, on les
réalise complètement, mais
parfois pas. Il faut savoir se
contenter de ce qu'on arrive à
réaliser et se satisfaire de ça.