PANORAMA DE PRESSE - 05.07.23

POLITIQUE · ÉCONOMIE · LA VIGNE · LE VIN · HORS CHAMPAGNE
OH OUI, CHEFFES !
Edition : Juillet 2023 P.102-104
p. 2/3
donnait de sa personne, parcourant ses
vignes à vélo et allant jusqu'à New York,
en paquebot pour faire la promo de son
champagne d'élite, à la fois vieilli sur lie
et très novateur.
Ce personnage de cinéma haut en couleur,
doté d'un humour à la Raymond
Devos, n'a pas eu de véritable successeure
parmi les professionnelles hissées aux
conunandes de plusieurs grandes maisons
au tournant du XXIe siècle, après une
longue parenthèse de quasi-exclusivité
masculine. Berta Pablos-Barbier, patronne
de Moët & Chandon depuis 2019, sait
chausser des bottes avec élégance et
simplicité pour aller partager quelques
moments dans les galipes avec « ses » vignerons,
mais c'est un pur produit, substituable,
de la machine LVMH. C'est désormais
de Paris qu'elle dirige la grande
maison, avec des méthodes de management
standard.
Pédégère de Krug de 2009 à 2021, Maggie
Henriquez, qui avait fait ses classes chez
Nabisco et Seagram, était arrivée, elle,
avec un passé d'ingénieure des systèmes
diplômée de Harvard... Elle a laissé sa
place à un homme, tout comme Cécile
Bonnefond lorsqu'elle a quitté, en 2015,
le double fauteuil présidentiel qu'elle occupait
chez Piper & Charles Heidsieck.
Plutôt que ces femmes d'appareil nommées
par des conseils d'administration,
ce sont des héritières, devenues dirigeantes
après un vécu d'égérie familiale,
qui réinventent aujourd'hui les sagas
champenoises, mues par le goût du dépassement
de l'œuvre paternelle : Vitalie
Taittinger, Garance Thiénot, Alice Paillard,
Alexandra, Stéphanie et Lucy de Nonancourt
(chez Laurent-Perrier) font le job
avec un authentique désir de créativité.
La révolution la plus intéressante vient
des caves et des vignes, où partout les
femmes prennent inexorablement le pouvoir.
Toutes ces viticultrices de choc sont
d'ailleurs généralement plus diplômées
que leurs alter ego masculins... Avec plus
de 40 % de femmes cheffes d'exploitation,
la Champagne s'impose, et de loin, com
me le plus féminisé des vignobles de France
(26,8 % en moyenne). Sa plus grande
coopérative, Terroirs & Vignerons de
Champagne, en deuxième position des
ventes avec ses étiquettes Nicolas Feuillatte,
derrière les marques LVMH, est ainsi
présidée par Véronique Blin, membre du
Conseil économique, social et environnemental.
NEZ. Dans les celliers des grandes
marques, la nomination d'une cheffe de
cave, encore rarissime dans les années 90
- « Les femmes étaient le plus souvent
cantonnées dans les labos, et elles étaient
attendues au tournant... », soupire l'une
d'elles - n'a plus rien d'extraordinaire.
Dernière en date, chez Gosset, Gabrielle
Malagu, passée par la Coopérative des
vignerons d'Hautvillers, rappelle que « ce
n'est pas une question de genre mais de
travail et de détermination ». Non, elle
n'a pas le palais plus sensible et le nez
forcément plus fin qu'un garçon, mais elle
a le profil type d'une nouvelle génération
d'expertes de la vigne qui, souvent, •••
Inégalité salariale
dans les vignobles :
à compétences
égales, les femmes
sont mieux payées
que les hommes !
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