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PANORAMA DE PRESSE - 05.07.23

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POLITIQUE · ÉCONOMIE · LA VIGNE · LE VIN · HORS CHAMPAGNE<br />

VITISPHÈRE<br />

Alexandre Abellan<br />

03·07·23<br />

HUGO CLÉMENT DÉGOMME LA HVE,<br />

QUI NE SERAIT ACCEPTABLE QUE SI<br />

ELLE ÉTAIT... BIO (2)<br />

En France, « quasiment la moitié des exploitations agricoles pourraient devenir HVE sans changer de pratiques<br />

» affirme le maraîcher bio Mathieu Rullier** (à Mignaloux-Beauvoir, Vienne), sans qu’il soit donné de<br />

précisions sur l’origine de cette estimation. Mais le reportage s’arrête sur les témoignages d’une productrice<br />

de courges, Françoise Meyer (à Mane-en-Provence, Alpes-de-Haute-Provence) évoquant la certification HVE<br />

comme « une simple formalité » à base de « calculs et d’administratif », et d’une auditrice, Christine Herrero,<br />

n’ayant jamais refusé de candidatures HVE. Évoquant les récentes évolutions de HVE, le documentaire note<br />

que « face aux critiques, le label a un petit peu serré la vis » et se concentre sur les pesticides, avec l’interdiction<br />

d’utilisation des produits phytopharmaceutiques Classés Mutagènes Reprotoxiques avérés (CMR 1). Une<br />

évolution diminuée dans sa portée par le reportage, notant que ces produits ne sont quasiment plus utilisés,<br />

contrairement aux Classés Mutagènes Reprotoxiques suspectés (CMR 2), toujours « tolérés ».<br />

Concurrence<br />

De manière appuyée, le documentaire affirme les dégâts d’un affrontement commercial entre bio et HVE, le<br />

premier pâtissant du second. En témoigne une gérante de magasin bio fermant l’une de ses enseignes à cause<br />

de la crise du pouvoir d’achat et de la concurrence d’autres labels. Sans qu’il soit question d’autres facteurs,<br />

comme la demande de nouveaux engagements en bio (de prix ou d’exigences environnementales, comme sur<br />

le bilan carbone) ou l’écrasante notoriété de la bio sur la HVE (confirmée chaque année).<br />

Critiquant un « joli dessin marketing », Hugo Clément note également l’omniprésence du label HVE dans les<br />

rayons de la grande distribution. « Grande trouvaille des viticulteurs que le label HVE » grince Lionel Vilain,<br />

ingénieur agronome et conseiller technique pour France Nature Environnement (FNE), faisant état d’un «<br />

jackpot », qui indique avoir « un peu honte » d’avoir été le promoteur du concept de la HVE lors du Grenelle<br />

de l’Environnement de 2009.<br />

En somme, ce documentaire tient du procès à charge… de revanche ? Après un premier documentaire «Alerte<br />

rouge sur le vin» l’an passé, on peut espérer que le troisième documentaire sera celui de l’équilibre et de la<br />

nuance pour Sur le front. Car il n’y a pas de monopole de bonnes pratiques entre les labels : nul ne pouvant<br />

prétendre à la perfection. Il existe ainsi des vignerons certifiés à la fois bio et HVE pour allier les approches<br />

du vivant et de la biodiversité. Des témoignages sur l’intérêt de la HVE comme première étape pour tendre<br />

vers la bio existent aussi, rappelant que la certification n’est pas une fin, mais un moyen d’amélioration dans<br />

le cadre du développement durable. Un processus d’amélioration qui exclut toutes œillères qui impose des<br />

étapes progressives. Il n’y a qu’une voie à suivre et qu’une voix à entendre pour suivre ce chemin. Dans<br />

l’Histoire naturelle des animaux (1882), Buffon écrit que « la nature marche toujours et agit en tout par degrés<br />

imperceptibles et par nuances ». Changement des pratiques et des approches, la transition agroécologique<br />

avance de même. À quand dans un programme TV ?<br />

* : La question pouvant être élargie à la structure même de l’exploitation agricole, seuls les petits domaines<br />

agricoles semblant vertueux pour le documentaire. Une coopérative agricole est ainsi présentée comme un<br />

pôle « logistique » tenant du « grossiste » à vocation « industrielle » dans le documentaire. Cette entreprise<br />

n’a pas accepté d’échanger avec Hugo Clément, il faut dire que la question posée donne déjà une idée de la<br />

réponse attendue : « comment cette agriculture intensive peut-elle obtenir un label environnemental ? »<br />

** : S’indignant de serres de tomates hors-sol éclairées jour et nuit dans la région nantaise, l’agriculteur<br />

ajoute que le bilan carbone n’est pas pris en compte HVE. Il ne l’est pas non plus dans la bio, où le chauffage<br />

hivernal est possible en serre depuis 2019, avec une interdiction commercialisation du 21 décembre au 30<br />

avril, une interdiction qui vient tout juste d’être retoquée par le Conseil d’État.<br />

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