PANORAMA DE PRESSE - 05.07.23

POLITIQUE · ÉCONOMIE · LA VIGNE · LE VIN · HORS CHAMPAGNE
L’UNION
Antoine Pardessus
29·06·23
CES CRITÈRES À PRENDRE EN
COMPTE POUR ÉVALUER LE PRIX
D’UNE PARCELLE DE VIGNE
Nous avons suivi Julien, conseiller foncier de la Safer, à Ludes, sur une parcelle de vigne que des
héritiers souhaitent vendre. Un examen minutieux permettra d’affiner le prix de vente à l’intérieur
d’une fourchette déjà établie.
Cas classique dans le monde du champagne : des héritiers se retrouvent propriétaires d’une parcelle, et ils
ne souhaitent pas l’exploiter, mais la vendre. D’accord, mais à quel prix ? « Si on laissait jouer seulement
le marché, on aboutirait probablement à des prix astronomiques, indique en substance Vivian Notelet, les
jeunes auraient bien du mal à s’installer, des exploitants “limites” en termes de surface auraient bien mal à
se consolider, mais c’est là que nous intervenons justement, pour réguler les prix. » Quand Vivian Notelet dit
“nous”, il faut comprendre “la Safer”. Il est le chef pour la Marne de cette Société d’aménagement foncier et
d’établissement rural.
Première fourchette
Et pour nous aider à comprendre comment cette Safer évalue la valeur d’une vigne, il nous propose
d’accompagner Julien Guérin, agent de terrain (conseiller foncier est son titre officiel), sur une de ces missions
dans le Grand Reims. Cela se passe à Ludes. Déjà, rien qu’avec cette information et la situation cadastrale de
la parcelle en question, Vivian Notelet est capable de sortir une fourchette à l’intérieur de laquelle le prix doit
se situer : entre 1,3 million et 950 000 euros l’hectare. Cela donne une idée, mais laisse aussi de la marge, et
c’est à Julien Guérin d’affiner les choses.
Attention à la circulation
« Déjà il faut bien repérer la parcelle en question », commence l’agent arrivé à pied d’œuvre ; car celle-ci
est noyée au milieu d’autres et rien ne la distingue au premier regard. Heureusement, les deux piquets des
extrémités ont été marqués d’une touche de peinture.
« Une fois que j’ai identifié la parcelle, explique le professionnel, je commence par observer son accessibilité
; c’est un premier critère. Ici, je constate que la parcelle est facile d’accès, mais attention tout de même, on se
retrouve en bordure d’une route où il y a de la circulation », en l’occurrence la D26 entre Ludes et Mailly. « Ce
qui veut dire notamment que les engins du genre enjambeurs devront faire attention lorsqu’ils se retrouveront
en bout de parcelle pour leur manœuvre… »
« Ensuite, je regarde l’état des installations, poursuit notre homme, c’est-à-dire si les piquets sont solides, si les
fils ne commencent pas à rouiller, comme c’est justement le cas ici… Je m’intéresse aussi au nombre de ceps
: est-ce qu’il en manque, est-ce que certains sont morts ? Là je vois qu’il y a un “trou”… ici, qu’il y a très peu
de bois qui repart du cep, ce qui traduit un manque de vigueur… Si des ceps manquent, cela oblige à étirer les
autres sur une plus grande longueur, et cela peut nuire à la qualité du raisin. »
Labourage ou pas ?
Notre spécialiste réussit aussi à identifier le cépage d’après les feuilles, « mais cela ne joue pas vraiment sur
les prix ». En revanche plus déterminante est la « gestion du sol : dans ce cas précis on voit que “la route”
(l’espace séparant les rangs) n’a pas été labourée, en revanche il y a eu du travail en interceps (entre pieds
de vigne d’un même rang) ». Son passage au sein de la parcelle lui permettra aussi de déterminer la présence
d’éventuelles maladies ; mais de ce point de vue, dans le cas présent, tout va bien.
Toutes ces informations, plus quelques autres, vont ainsi aider à ajuster le prix de vente ; un prix Safer donc,
que le vendeur ne sera pas obligé d’accepter (voir par ailleurs). Mais dans ce cas, il s’expose à voir son bien
préempté.
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