Boxoffice Pro n°455 – 1er novembre 2023
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RENCONTRES<br />
©Jimmy Seng<br />
Le danger d’une utilisation<br />
dénaturée de l'intelligence<br />
artificielle serait de ne créer<br />
qu'en vertu de ce que les<br />
algorithmes demandent<br />
NATHALIE MARCHAK,<br />
CINÉASTE ET VICE-PRÉSIDENTE<br />
Nathalie Marchak<br />
LES CINÉASTES<br />
DE L’ARP AU TOUQUET<br />
En amont des Rencontres de<br />
l’Arp qui auront lieu au<br />
Touquet du 8 au 10 <strong>novembre</strong><br />
prochains, les cinéastes<br />
Nathalie Marchak, viceprésidente<br />
de la Société civile<br />
des auteurs réalisateurs<br />
producteurs, et Nicolas Bary,<br />
membre du conseil<br />
d'administration, évoquent<br />
les enjeux de la diversité<br />
culturelle et de la protection<br />
de ses auteurs.<br />
Comment se préparent les Rencontres de L’Arp<br />
<strong>2023</strong> ? Auront-elles pour vous une saveur<br />
particulière ?<br />
Nathalie Marchak : C'est un rendez-vous qui nous<br />
enthousiasme tous les ans, l'occasion de rassembler la<br />
profession et de parler des sujets qui sont au centre du<br />
travail de L'Arp et de ce qu’elle défend. Bien que les<br />
questions d'indépendance et de diversité de la création<br />
soient permanentes, d’autres surgissent, comme l'intelligence<br />
artificielle, autour de laquelle nous animerons<br />
un débat avec Radu Mihaileanu, aussi vice-président.<br />
Même si nous sommes tous d'accord pour dire que le<br />
modèle du cinéma français est formidable et vertueux,<br />
notre rôle est de l'adapter, sans le dénaturer, à l'évolution<br />
du secteur.<br />
Le financement public du cinéma a été remis en<br />
cause à plusieurs reprises cette année, notamment<br />
à travers le rapport de la Cour des comptes.<br />
Dans ce contexte, comment réaffirmer l’importance<br />
de l’exception culturelle française ?<br />
N.M : Ce sera justement l'objet d'un grand débat sur la<br />
création, la diffusion du cinéma français, et les pistes<br />
d'amélioration. Il faut se poser les bonnes questions et<br />
revenir sur l'état de la production et de l’exposition des<br />
films, notamment en salles, avec des cinéastes, des<br />
producteurs, des distributeurs, des exploitants, des<br />
représentants institutionnels. Comment enrayer la<br />
bipolarisation entre les films à tout petit budget et les<br />
films à gros budget ? Comment accompagner la prise de<br />
risque pour qu’il y ait plus de films bien produits ?<br />
Comment renouveler les publics ?<br />
Nicolas Bary : Le fil rouge de l’ensemble des débats sera<br />
la recherche des justes points d'équilibre que doit viser<br />
la régulation, que ce soit entre l'attractivité et la souveraineté,<br />
entre l’innovation et les droits d’auteur, entre<br />
l’art et l’industrie, ainsi qu’entre un trop grand libéralisme<br />
et un trop grand protectionnisme, tous deux délétères<br />
pour notre création.<br />
Pensez-vous, comme l’affirment certains observateurs,<br />
qu'il y a trop de films produits et aidés ?<br />
N.M : Quand on dit qu'il y a trop de films produits,<br />
on évoque souvent les films qui font très peu d'entrées<br />
en salles. En réalité, les films qui réalisent moins de<br />
10 000 entrées représentent 1,2 % de l’activité du CNC.<br />
Il y a une part dans le cinéma, comme dans toutes les<br />
industries, de recherche et développement. Cette part,<br />
qui est finalement assez minime, est essentielle pour la<br />
découverte des talents. Justine Triet l'a très bien évoqué<br />
dans son discours qui a fait polémique à Cannes,<br />
lorsqu'elle explique que son premier long métrage, La<br />
Bataille de Solférino, avait fait très peu d'entrées (36 600).<br />
10 N°455 / 1 er <strong>novembre</strong> <strong>2023</strong>