Boxoffice Pro n°455 – 1er novembre 2023

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PATRIMOINE ÉCHOS DU FESTIVAL LUMIÈRE LE FILM DE PATRIMOINE EN CHIFFRES 1 Français sur 2 pense qu’un film de patrimoine est un film culte. C’est ce qui ressort d’un sondage en ligne réalisé par le CNC du 21 au 26 septembre dernier auprès de 1 598 Français majeurs. 39 % des répondants estiment qu’il s’agit d’un film français, tandis que pour 36 % des sondés, un titre de patrimoine a plus de 40 ans (pour rappel, le CNC considère qu’un film est de patrimoine à partir de 20 ans). Les 5 films de patrimoine ayant généré le plus d’entrées en 2022 : Concernant les raisons de regarder un long métrage de répertoire, 64 % expliquent que c’est pour le revoir, 55 % parce que c’est un titre culte et enfin 38 % parce qu’ils ne l’ont jamais vu. En 2022, sur les 8 593 films exploités en salles, 2 483 étaient du patrimoine et ont généré 2,9 millions d’entrées (1,9 % des 152 M de fréquentation totale de l’année) et 11,2 M € de recettes (0,7 % des 1,09 Md €). Une performance notable sachant que le répertoire a représenté, pour la première fois depuis au moins 20 ans, moins de 30 % de l’offre de films en 2022 (28,9 %). Malgré un nombre de séances plus restreint (40 vs 11 352 pour un titre inédit), le film de patrimoine s’affirme comme un rendez-vous plébiscité par le public, avec une moyenne de 29,9 spectateurs par projection (la moyenne tout film confondu pour 2022 s’élève à 18). C’est en progression sur les deux années marquées par la Covid (2020 et 2021) mais toujours en retard (-8,7 %) sur la période 2017-2019. 8 593 films exploités en France 152 millions d'entrées en salles 1 094,4 M€ de recettes 28,9 % sont des films de patrimoine (2 483 films) 1,9 % des entrées pour les films de patrimoine (2,9 millions) 0,7 % des recettes pour les films de patrimoine (11,2 M€) Source CNC Mon voisin Totoro de Hayao Miyazaki 115 353 tickets Chantons sous la pluie de Stanley Donen et Gene Kelly 67 304 Katia et le crocodile de Vera Plívová-Šimková 62 694 Les Temps modernes de Charlie Chaplin 60 911 Jour de fête de Jacques Tati 59 000 Source CNC MULTIPLES ACQUISITIONS POUR CARLOTTA ET MALAVIDA Les deux sociétés de distribution et d’édition se sont une nouvelle fois montrées très actives sur le Marché du film classique du Festival Lumière. Carlotta, avec la collaboration de mk2 Films, a ainsi annoncé avoir acquis les droits français de six longs métrages d’Akira Kurosawa : Chien enragé (1949), Vivre (1952), Les Bas-fonds (1957), Les salauds dorment en paix (1960), Le Garde du corps (1961) et Entre le ciel et l’enfer (1963). Concrètement, Carlotta distribuera les films dans leurs nouvelles restaurations 4K (sauf pour Les salauds dorment en paix) courant 2024, puis s’occupera de la vidéo, tandis que mk2 gérera la VOD et la TV. « Continuer notre travail permanent sur le cinéma japonais, des cinéastes et des œuvres les plus connus aux cinéastes et œuvres les moins connus, c’est un bonheur et plaisir au quotidien, que l’on souhaite partager avec le plus grand nombre », a réagi Vincent Paul-Boncour, dirigeant de la structure. Dans cette lignée, le distributeur a également conclu deux autres opérations. D’une part, alors que la rétrospective Ozu en six films rares ou inédits était présentée à Lyon, Carlotta a acquis Gosses de Tokyo (1932) de Yasujirō Ozu, « le film le plus illustre du cinéaste lors de sa période muette ». Restauré en 4K par la Shochiku, le Le Garde du corps d’Akira Kurosawa ©Carlotta 14 N°455 / 1 er novembre 2023
©Malavida - Studiocanal ©Malavida - Gaumont long métrage a fait sa première mondiale fin octobre au Festival de Tokyo et sortira en France courant 2024. D’autre part, le distributeur a acheté les droits de The Swordsman of All Swordsmen de Joseph Kuo (1968). « L’un des plus grands films de wuxia [aventure de “chevalier errant”, ndlr.] » était sorti une première fois en France en 1974 sous le titre La Revanche du dragon ; ressortie prévue également courant 2024. Un nuage entre les dents de Marco Pico De son côté, Malavida a officialisé l’acquisition, auprès de Milestone Kino Lorber, de Bushman (1971) de David Schickele, labellisé Lumière Classics, qui sortira pour la première fois au cinéma en France au printemps. En accompagnement, le distributeur proposera aux salles le documentaire Give Me A Riddle du même cinéaste. Auprès de Gaumont, la société a acquis deux films de Marco Pico avec Pierre Richard, Un nuage entre les dents (1974) et La Cavale des fous (1993). « Des films fous, iconoclastes, qui résonnent avec la situation politicosociale actuelle », explique Anne-Laure Brénéol, dirigeante de la société. Restaurés en 4K, les deux titres sortiront au printemps, à l’issue d’une tournée dans quelques salles avec le cinéaste et l’acteur. « Dans le prolongement de notre travail de longue haleine sur le jeune public », et après Le Petit Hérisson dans la brume (près de 40 000 entrées depuis sa sortie en avril), Malavida s’est engagé sur un autre film de Youri Norstein, Le Conte des contes (1979), qui ressortira en 4K autour des vacances de printemps. Anne-Laure Brénéol, co-dirigeante de Malavida, distinguée du Prix Fabienne Vonier Le 18 octobre à Lyon, la distributrice a reçu le 8 e Prix Fabienne Vonier, pour « la qualité de son travail et la générosité et la cinéphilie avec laquelle elle exerce son métier », explique le Festival Lumière. Après plusieurs expériences dans la distribution, en particulier aux Films du Paradoxe, Anne-Laure Brénéol co-fonde en 2005 – et co-dirige toujours avec Lionel Ithurralde – Malavida, « pour le plaisir cinéphile de revoir des films adorés mais devenus invisibles ou jamais sortis en France, de (re)donner à des films différents, ou oubliés, et à leurs auteurs le chemin des écrans ». « C’est une très grande fierté de recevoir ce Prix Fabienne Vonier, une femme que j’admire, et de succéder à toutes ces professionnelles qui sont également des modèles », a réagi Anne-Laure Brénéol. « C’est une belle reconnaissance pour moi et surtout pour le travail de toute l’équipe Malavida, Le distributeur annonce également avoir acheté, auprès des Films du Jeudi, les droits de L'Indiscret de François Reichenbach, « que l’on connaissait comme documentariste ». Pour Anne-Laure Brénéol, « c’est une œuvre d’art d’une créativité folle, emplie d’émotions rares et intenses ». Restauré en 4K, le film sortira dans le courant de l’année prochaine. Enfin, alors qu’il prépare la ressortie d’Underground le 24 janvier, Malavida a fait l’acquisition de deux autres longs métrages d’Emir Kusturica, restaurés en 4K. Acquis auprès de Studiocanal, Arizona Dream avait remporté l’Ours d’or à Berlin en 1993 et séduit alors près d’un million de spectateurs français ; ressortie prévue à l’été 2024. Papa est en voyage d’affaires, acquis pour sa part auprès de Impex Films, sera l’un des événements du second semestre de Malavida. La Palme d’or 1985 avait généré quelque 600 000 entrées à l’époque, « mais était invisible depuis ; c’est donc une vraie fierté de pouvoir l’accompagner pour faire découvrir ce film très actuel à plusieurs générations de cinéphiles ». ©Pierre Dugowson Tanguy Colon et symbolise un soutien pour la distribution indépendante, notamment celle dédiée au cinéma de patrimoine. » Créé en mémoire de la productrice et distributrice Fabienne Vonier, cofondatrice de la société Pyramide, ce prix récompense depuis 2016 des personnalités féminines qui font le cinéma. Anne-Laure Brénéol succède ainsi à la distributrice et productrice Michèle Halberstadt, à la productrice Margaret Menegoz, à la distributrice Régine Vial, aux fondatrices de Haut et Court, Carole Scotta et Caroline Benjo, à la productrice Michèle Ray-Gavras, à Véronique Cayla, alors présidente d’Arte et désormais à la tête des César, à Sophie Seydoux, présidente de la Fondation Jérôme Seydoux- Pathé, et l’année dernière, à Brigitte Maccioni, présidente d’UGC. Tanguy Colon Arizona Dream d'Emir Kusturica L'IA au service de la restauration : vers l'infini... et au-delà ? Parmi les nombreuses tables rondes qui ont animé le Marché du film classique lyonnais, le sujet de l’intelligence artificielle a été abordé à plusieurs reprises, notamment dans le domaine de la restauration des œuvres. « Toutes les équipes de restauration s'intéressent à l’IA car ça s’y prête parfaitement pour peu de coût », a ainsi expliqué Rodolphe Chabrier, cofondateur du studio de production Mac Guff. Repérer des défauts (rayures, images floues) pour les résoudre, inventer des images à insérer entre deux existantes (et changer le framerate) sont facilitées par l’IA. « Plus que restaurer, elle permet d’améliorer et de rendre des images d’une qualité équivalente à celles filmées par les caméras actuelles. » Cela pose naturellement la question de la fonction et, au-delà, de la philosophie même, même de la restauration. « Veut-on restaurer l’objet cinématographique, avec ses imperfections d’image, ou montrer le plus précisément possible ce que les cinéastes ont voulu filmer ? », a interrogé le dirigeant. A.A. & T.C. N°455 / 1 er novembre 2023 15
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