D'HANDWIERK MARS 2024
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MAGAZINE<br />
JURIDIQUE<br />
ACTIVITÉS NUMÉRIQUES<br />
Vers une meilleure protection<br />
des professionnels contre<br />
des pratiques déloyales.<br />
Si le droit luxembourgeois ne permet pas aujourd’hui d’assurer aux entreprises une protection contre des pratiques<br />
déloyales, trois règlements européens tendent à inverser cette situation.<br />
Des dispositions récentes<br />
du droit européen permettent<br />
en effet de protéger les intérêts<br />
d’une entreprise lorsqu’elle utilise<br />
un service numérique pour développer<br />
son activité, que ce soit une<br />
plateforme de vente (comme eBay<br />
ou Amazon), une plateforme<br />
de service, un réseaux social ou<br />
un moteur de recherches.<br />
« Les services numériques jouent un rôle de plus<br />
en plus important pour les entreprises car ils<br />
permettent d’acquérir une visibilité, et d’atteindre<br />
un nombre très élevés de potentiels clients. »<br />
Le manque de protection des entreprises en<br />
matière de clauses abusives et/ou<br />
de pratiques commerciales déloyales<br />
S’il est légitime pour une entreprise<br />
du secteur artisanal de confier à un<br />
prestataire le soin de gérer son site<br />
internet afin d’augmenter sa visibilité<br />
et sa clientèle, nombre de contrats de<br />
prestations portant sur les technologies<br />
de l’information sont des contrats<br />
d’adhésion à l’égard desquels il est<br />
en règle générale refusé aux petites<br />
entreprises d’en négocier les conditions.<br />
On constate aussi que des prestataires<br />
peu scrupuleux n’hésitent pas à<br />
démarcher directement les entreprises<br />
afin obtenir la signature d’un<br />
contrat très désavantageux par des<br />
techniques de vente bien rodées.<br />
Dans ce type de contrat, il faut vérifier<br />
si les prestations sont bien précisées<br />
dans le contrat qui est proposé à la<br />
signature.<br />
Bien souvent, le modèle type de contrat<br />
proposé à la signature ne sera volontairement<br />
pas précis sur sa teneur exacte<br />
afin de priver l’obligation essentielle du<br />
prestataire de toute consistance.<br />
Le second point d’attention sont les<br />
conditions générales qui, elles, sont<br />
tellement détaillées que leur lecture en<br />
est fastidieuse.<br />
Cependant ces conditions générales<br />
risquent de comporter un nombre<br />
impressionnant de clauses abusives et/<br />
ou conditions déloyales qui ne sont<br />
pas sanctionnées par le droit positif<br />
Luxembourgeois.<br />
En effet, dans le stade actuel de la<br />
législation luxembourgeoise, seul le<br />
consommateur est protégé contre les<br />
pratiques déloyales et les clauses abusives,<br />
c’est-à-dire la « personne<br />
physique qui agit à des fins qui<br />
n’entrent pas dans le cadre de son<br />
activité commerciale, industrielle,<br />
artisanale ou libérale ». 1<br />
Parmi les clauses, critiquables mais<br />
valables entre professionnels, on<br />
relève les suivantes :<br />
• le prélèvement automatique comme<br />
seul moyen de paiement ;<br />
• le transfert des droits de propriété<br />
intellectuels du site internet sur<br />
le prestataire ;<br />
• la suppression de toute responsabili-<br />
té du prestataire technique ;<br />
• la possibilité, sans aucune limite,<br />
pour le prestataire de sous-traiter<br />
la prestation ;<br />
• l’impossibilité pour l’entreprise<br />
d’invoquer l’exception d’inexécution<br />
;<br />
• l’impossibilité pour l’entreprise<br />
de sortir du contrat, même pour<br />
une cause légitime ;<br />
• les possibilités très souples pour<br />
le prestataire de résilier le contrat<br />
au torts de l’entreprise ;<br />
• des clauses pénales très élevées, etc.<br />
L’entreprise qui signe un tel contrat,<br />
au lieu d’augmenter sa clientèle, va<br />
se trouver engagée sur une durée –<br />
généralement de plusieurs années<br />
- à devoir payer des échéances<br />
mensuelles pour des prestations<br />
aléatoires.<br />
L’entreprise ainsi piégée n’aura pas<br />
de perspective juridique, ni d’exiger<br />
l’exécution de ce qui avait été oralement<br />
partagé, ni de pouvoir sortir du<br />
contrat, à moins de devoir payer<br />
l’intégralité de prestations et une<br />
pénalité pour résiliation anticipée.<br />
Dans l’état actuel de la législation<br />
luxembourgeoise, une telle situation<br />
est malheureusement sans remède<br />
judiciaire alors que la législation<br />
d’autres Etats membres comme la<br />
France permet de protéger les professionnels<br />
victimes de telles pratiques. 2<br />
L’entreprise victime pourrait être<br />
tentée au Luxembourg de faire valoir<br />
/03/<strong>2024</strong><br />
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