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<strong>Le</strong> monstre à la Renaissance<br />
La présence du monstre durant le XVe et début du XVIe siècle relève d’une double<br />
influence : celle du moyen âge qui perdure dans les arts des XV et XVIe siècles, malgré le désir<br />
de rupture radicale prônée par Alberti et Vasari : celle de la mythologie antique qui devient un<br />
thème privilégié pour la Renaissance.<br />
Sandro Botticelli, Minerve et le Centaure, 1482<br />
Laurent de Médicis et Sandro Botticelli introduisent la<br />
mythologie antique comme thème dans la peinture du<br />
XVe siècle en Italie. Ici le centaure, créature au corps de<br />
cheval et au buste humain qui personnifie la domination<br />
des pulsions et des forces sauvages, ne suscite pas la<br />
peur. Il est dominé par la sagesse de Minerve. Autrement<br />
dit la bestialité et le désordre sont vaincus par la raison et<br />
la civilisation.<br />
Jérôme Bosch, <strong>Le</strong> Jugement dernier, 1504, détrempe à<br />
l’huile sur bois, 164 × 127cm<br />
Au même moment, les peintres de l’Europe du Nord<br />
développent une représentation du réel fondée sur la très<br />
grande précision des détails et non sur l’idéalisation de la<br />
forme comme en Italie. Grünewald ou Jérôme Bosch vont<br />
user de cette précision pour représenter les monstres.<br />
Ce triptyque représente sur le panneau gauche le paradis<br />
et sur celui de droite l’enfer. Au centre le Christ, entouré<br />
d’anges et de saints se tient dans le ciel, et juge l’action<br />
des hommes sur terre. Pour figurer le mal Bosch recourt<br />
à des figures monstrueuses issues de montage de formes<br />
disparates : un homme à tête de canard, une tête<br />
associé à des pieds sans le corps…. Mais il les représente<br />
avec tout « le réalisme » propre à la renaissance du nord<br />
: suggestion du volume, anatomie juste, ton local, précision<br />
des détails, effet de profondeur : le but de ce type de<br />
peinture était bien moral, visant à provoquer la peur pour<br />
détourner du péché. Par ailleurs, le grouillement de ces<br />
monstres dans un vaste paysage donne l’impression que<br />
le chaos règne sur la terre.