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<strong>Le</strong> monstrueux à l’âge baroque<br />
Pour la sensibilité Baroque le tableau n’est pas à comprendre, à lire, avec distanciation comme<br />
dans l’esthétique classique. L’image est un trompe l’œil qui doit emporter le spectateur dans<br />
des émotions intenses, le captiver, le bouleverser. <strong>Le</strong> monstre trouve donc sa place afin de<br />
montrer la face sombre de l’homme. Nous sommes proches de la jouissance déclenchée par le<br />
sublime.<br />
<strong>Le</strong> Caravage, Tête de Méduse, 1598, huile sur<br />
cuir marouflé sur un bouclier en bois de peuplier,<br />
60 cm x 55 cm, Galerie des Offices, Florence<br />
Caravage, sans relever tout à fait du Baroque,<br />
œuvre dans ce sens par son utilisation dramatique<br />
de la lumière, ses «arrêts sur image» , sur un instant<br />
dramatique et cruel.<br />
Méduse est l’une des Gorgones, trois monstres de<br />
la mythologie grecque qui inspiraient l’épouvante<br />
aux mortels comme aux immortels. <strong>Le</strong>ur tête était<br />
entourée de serpents, elles avaient de grosses<br />
défenses de sangliers, des mains de bronze et des<br />
ailes d’or. Quiconque les regardaient était changé<br />
en pierre. Persée pu décapiter Méduse en lui<br />
renvoyant sa propre image à l’aide d’un boucliermiroir<br />
qui la pétrifia.<br />
Caravage peint la tête de méduse décapitée sur<br />
un bouclier de parade, usage fréquent au XVIe<br />
siècle afin de terroriser les ennemis. Il saisit l’instant<br />
de la pétrification et de la décapitation. <strong>Le</strong> visage<br />
surmonté de serpents enchevêtrés, son regard effrayant<br />
doublé d’un cri sauvage, le sang qui coule<br />
du cou participent à l’effroi que provoque cette<br />
représentation.