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Eux et nous - Rencontres Internationales de Genève

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<strong>Eux</strong> <strong>et</strong> <strong>nous</strong><br />

donne, se livre, se libère dans l’enten<strong>de</strong>ment <strong>et</strong> le dialogue : la<br />

causalité <strong>de</strong>s données se construit scientifiquement après. A<br />

l’encontre <strong>de</strong>s contraintes que stipulent les causes, fussent-elles<br />

divines, sociales... ou techniques, la liberté est affirment le libertin,<br />

l’athée <strong>de</strong>s Lumières, mais aussi le poète <strong>et</strong> le révolutionnaire <strong>de</strong>s<br />

Droits <strong>de</strong> l’homme. Ils prennent la liberté <strong>de</strong> commencer eux-<br />

mêmes l’indépendance <strong>de</strong> chaque « soi », <strong>de</strong> chaque singularité,<br />

<strong>de</strong> chaque érotisme, <strong>de</strong> chaque opinion, <strong>de</strong> chaque pensée.<br />

Ce renversement, dont je viens <strong>de</strong> tracer en pointillé la filiation<br />

gréco-française, qui privilégie la Liberté versus la Causalité,<br />

culmine dans l’affirmation <strong>de</strong> l’indépendance <strong>de</strong> l’homme envers<br />

les causes extérieures — celle <strong>de</strong> la Provi<strong>de</strong>nce, mais aussi celle <strong>de</strong><br />

la Technique, pour reprendre la terminologie <strong>de</strong> Hei<strong>de</strong>gger.<br />

Dans c<strong>et</strong> esprit, on pourrait inscrire un certain courant<br />

catholique libertaire, qui revêt <strong>de</strong>s formes populaires, fron<strong>de</strong>uses<br />

<strong>et</strong> libertines. Il a pu transm<strong>et</strong>tre c<strong>et</strong>te valeur <strong>de</strong> la liberté<br />

essentielle <strong>de</strong> l’enten<strong>de</strong>ment — issue <strong>de</strong> la philosophie grecque <strong>et</strong><br />

présente dans la latinité stoïcienne <strong>et</strong> rhétorique — au sein d’un<br />

christianisme martyrologique, caritatif <strong>et</strong> contestataire, malgré <strong>et</strong><br />

contre la centralisation plus ou moins inquisitoriale <strong>de</strong> l’institution<br />

ecclésiale. En eff<strong>et</strong>, la martyrologie ne s’était pas départie d’une<br />

affirmation <strong>de</strong> l’enten<strong>de</strong>ment dans la foi, ni l’activité caritative ne<br />

s’était interdit une vigoureuse attitu<strong>de</strong> critique. Davantage<br />

encore : la concentration <strong>de</strong> la spiritualité dans le soi, la<br />

responsabilité <strong>et</strong> l’insoumission du croyant ont pu prendre la forme<br />

d’une dissi<strong>de</strong>nce subtile qui allait jusqu’à la conquête par le<br />

croyant <strong>de</strong> son indépendance vis-à-vis <strong>de</strong> la cause suprême —<br />

Dieu : p.128 Maître Eckart ne <strong>de</strong>mandait-il pas à Dieu <strong>de</strong> le laisser<br />

« quitte/libre <strong>de</strong> Dieu » ?<br />

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