Eux et nous - Rencontres Internationales de Genève

Eux et nous
est en contradiction avec ce qui se passe en Europe, c’est-à-dire
l’intégration européenne, notre tendance à nous, c’est la
désintégration. p.236 Celle-ci n’a pas toujours été comprise, car elle
s’opposait aux processus mondiaux et européens.
Le fait est qu’il y a une immense différence entre l’intégration
qui est en train de se produire en Europe, et ce qui se passait en
Union soviétique, où la centralisation ne reposait pas sur des bases
économiques mais était surtout motivée par des raisons politiques
et idéologiques. Toute la production des républiques socialistes
était organisée de telle façon que celles-ci ne puissent avoir une
économie indépendante. Dans sa politique nationaliste, Staline a
été un homme vraiment génial, car il avait prévu beaucoup de
choses, et l’économie était organisée dans toutes les républiques
de telle façon qu’environ 70 à 80 % de la production dépendaient
de livraisons réciproques en provenance des autres républiques.
De plus, le produit d’une république donnée était exporté dans une
autre république, et de celle-ci on importait en retour le même
produit. En dépit du bon sens économique, tout cela était fait pour
le cas où, s’il devait y avoir un jour des complications, les
républiques soient privées de la base économique leur permettant
de réaliser une séparation politique.
Quand l’Ukraine est devenue un Etat indépendant, il s’est avéré
qu’il n’existait pas de liens intraétatiques. C’est le cas non
seulement en Ukraine, mais aussi dans toutes les autres
républiques. Ces liens sont rompus et certains doivent être
reconstitués au prix d’un énorme travail, d’autres doivent être
compensés par la mise en route d’une sorte de circuit intérieur de
production, et d’autres encore par une coopération avec l’économie
de l’Europe occidentale. Mais tout cela constitue un processus très
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