Eux et nous - Rencontres Internationales de Genève

Eux et nous
des journalistes russes jugés trop curieux, et rêve d’une
présidence russe qui réunirait à nouveau Minsk à Moscou ?
Nous le savons, les deux foyers de violence ont été l’ancienne
Yougoslavie et la Tchétchénie. Le pays communiste antistalinien,
celui du rêve occidental de l’autogestion a été le théâtre de scènes
barbares. Le massacre des patients de l’hôpital de Vukovar ne peut
être oublié. Les frontières administratives de Tito n’ont pas résisté.
Partout des réfugiés, dont 500.000 à 600.000 Serbes dont on parle
assez peu. Un Kosovo où la majorité albanaise s’est vu privée de
son autonomie et boycotte son appartenance à la Serbie. Nous
voyons à l’œuvre de façon patente deux conceptions de la nation.
La nation serbe identifiée à un mode de vie serbe et une religion
serbe orthodoxe (les penseurs eurasiens russes, dont Troubetskoy
et Roman Jakobson définissaient de même la nation russe), d’où
un attachement viscéral au Kosovo, berceau historique du destin
serbe, un peu comme Jérusalem pour le destin juif. Et d’autre part
la nation citoyenne, idéal de l’Occident — mais pas admis partout,
Corse, pays basque, Ulster sont là pour nous le rappeler. C’est
cette seconde conception qui inspire l’intervention de l’ONU, de
l’Europe et de l’OTAN en Bosnie, mais avec d’évidentes
concessions à la première. Il s’agit en somme d’un protectorat
démocratique. Les dernières élections en Bosnie qui ont donné la
sanction du vote démocratique aux partis les plus nationalistes
n’étonneront que les naïfs. Car l’autre conception est là, présente,
violente, et Mostar, nous le savons, restera divisée, avec le
dramatique symbole de son petit pont provisoire sur le ravin.
Mostar, la cité du pont, ne veut précisément pas être le pont.
Quant au Kosovo laissera-t-il passer sa chance actuelle d’avoir un
leader kosovar albanais non-violent ? ou bien le p.029 mécanisme de
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