Eux et nous - Rencontres Internationales de Genève

Eux et nous
Je reviens à ce que vous disiez à propos de l’exposition
militaire. Il aurait fallu parler des deux côtés. Les organisateurs de
l’exposition p.063 ont trop parlé de la Wehrmacht en général. La
Bavière, bien entendu, a fait de la surenchère sur la « pure »
Wehrmacht. Si vous avez vu, sur la chaîne Arte, le film sur les
Alsaciens, vous saurez que les problèmes ne sont pas simples. Je
voudrais en particulier éradiquer, dans les esprits, l’assimilation
entre Waffen-SS et SS. A la fin de la guerre, les Waffen-SS
comprenaient un million de soldats. Les volontaires étaient très
peu nombreux ; seuls leurs officiers étaient SS. Je n’aime pas
Monsieur Schönhuber, surtout quand, comme dimanche passé, il
appuie Jean-Marie Le Pen à Paris. Mais si quelqu’un a été dans les
Waffen-SS et qu’il n’est pas monté au-delà du grade de capitaine,
cela ne prouve rien. C’est un débat que nous avons constamment
refusé et qui donne lieu, du côté allemand, à des exagérations.
Puisque les Waffen-SS n’étaient pas si méchants, disent certains,
c’est l’ensemble de la Wehrmacht qui n’a rien commis. La pureté
de la Wehrmacht est l’une des idées les plus fausses qui soient. En
1988 est paru le livre décisif de Christian Streit, Keine Kameraden.
Il a montré, documents à l’appui, toutes les culpabilités organisées
de la Wehrmacht, en tant que structure conçue pour faire périr
notamment un maximum de Russes, et prête à exterminer les
Polonais.
Vous dites que le livre de Goldhagen importe peu en lui-même.
Là, j’attaque. Cela me fait penser à Libération et au Nouvel
Observateur, quand ils parlent aujourd’hui des attaques de deux
intellectuels américains contre nos chers intellectuels français :
peu importe si ce qu’ils disent est faux ou non, affirment-ils, il est
stimulant qu’ils l’aient dit. Je ne suis pas d’accord. Je ne
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