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PRESSEMAPPE „INTERFERENZEN / INTERFERENCES. ARCHITEKTUR. DEUTSCHLAND - FRANKREICH, 1800 – 2000“ MUSEUM FÜR MODERNE UND ZEITGENÖSSISCHE KUNST STRASSBURG, 30. MÄRZ – 21. JULI 2013 formes urbaines. Ce nouveau type de grande ville se dessine en particulier dans les amples extensions mises en œuvre à Strasbourg à partir des années 1880, qui semblent associer en quelque sorte l’urbanisme de Paris et celui de Vienne, mais au prix d’un détour par Berlin. […] Dans les années 1890, l’hégémonie de ce type de forme urbaine est ébranlée par la critique qu’en a publiée Camillo Sitte. L’architecte autrichien craint que la discipline ne soit figée par une application dogmatique des principes de l’urbanisme naissant et par la construction de quartiers nouveaux où la monotonie le disputerait à la raideur. Sa démarche artistique, qui tend vers la conception de places inspirées des paysages urbains pittoresques du passé, trouvera rapidement des partisans bien au-delà des pays de langue allemande, jusqu’en Belgique et en France. […] La hantise des révolutions, telles celles qui secouent Paris périodiquement pendant le siècle, stimule l’échange des modèles et des projets expérimentaux à travers l’Europe et les premières mesures contre la crise du logement, comme la création des coopératives de construction de logements sociaux et la construction de quartiers ouvriers par des mécènes ou des philanthropes. Ainsi la cité ouvrière bâtie à Mulhouse à partir de 1853 par l’ingénieur architecte Émile Muller pour les industriels du textile est-elle suivie par les colonies ouvrières d’Alfred Krupp à Essen, comme celle de Kronenberg, pendant que les idées des socialistes utopiques français, à commencer par celles de Charles Fourier, trouvent un terreau fertile dans les deux pays. […] Au début du XX e siècle, Paris et Berlin accèdent au statut de villes mondiales, dont l’intégration en entités métropolitaines devient nécessaire. Avant même l’institution du Groß-Berlin en 1920, la création du Stadtbahn unifie la ville et ses faubourgs, alors que les conflits politiques confineront le métro dans le périmètre municipal de Paris et empêcheront la naissance d’un Grand Paris comparable. En parallèle aux grandes manœuvres des politiques et aux programmes des urbanistes, les pratiques urbaines deviennent un objet d’étude pour les sciences sociales en plein essor. Georg Simmel s’intéresse à la vie mentale dans les métropoles, pendant que son collègue parisien Maurice Halbwachs définit la notion de besoins collectifs. […] Au moment de la destruction du Mur, les projets du concours de 1958 ont perdu toute actualité. Et les tentatives pour restructurer le centre des villes allemandes au moyen de grandes compositions multifonctionnelles – pour lesquelles le projet de Candilis, Josic et Woods à Toulouse avait fréquemment fait office de modèle – ont été rendues caduques par l’émergence d’un nouveau paradigme cherchant à redécouvrir l’urbanité. Organisée entre 1979 et 1987 à Berlin-Ouest, l’Internationale Bauausstellung, ou Exposition internationale d’architecture, sonne le glas de l’urbanisme fonctionnaliste, de ses compositions discontinues sans rapport avec l’échelle de la ville existante, et de sa tendance à une croissance périphérique sans limite, avançant la vision postmoderne d’une ville dense, irriguée de références historiques. […] Les urbanistes français et allemands de la première décennie du XXI e siècle font face à des enjeux comparables. Il s’agit à la fois de rendre la grande ville habitable, de réurbaniser les périphéries frappées par la crise et de tirer parti des grandes emprises industrielles, dans le cadre d’une prise en compte nouvelle des enjeux écologiques et énergétique. Au sein de la nouvelle Europe, les expériences circulent aussi rapidement que les professionnels. La Neustadt de Strasbourg, une extension urbaine entre France et Allemagne Marie Pottecher Le rattachement des territoires d’Alsace et de Moselle à l’Empire allemand, consécutif au traité de Francfort du 31 mai 1871, marqua un tournant dans l’histoire strasbourgeoise. Préfecture de département jusqu’à cette date, elle fut promue capitale d’un nouvel État régional, le Reichsland Elsass- Lothringen, appelée à devenir une grande ville moderne rhénane dont le rayonnement aux portes de la France devait témoigner de la modernité et de la puissance du Second Reich. Pour la première fois depuis la fin du XVII e siècle, la ville allait pouvoir s’étendre. […] Durant le deuxième tiers du XIX e siècle, Strasbourg avait vu s’esquisser deux importants projets urbanistiques. Le premier consistait en l’aménagement de promenades. Engagé en 1835 sous forme de concours, il devait réunir les jardins extra muros de l’Orangerie et du Contades. Le projet lauréat, intitulé « À la mémoire de Le Nôtre » et signé des architectes strasbourgeois Klotz et Petiti, devait être réalisé a minima sous la direction de l’adjoint au maire et administrateur des travaux publics Schutzenberger. Faute de moyens, le projet avorta. Le second projet fut initié par le maire Coulaux en 1853. […] Il s’agissait de la création d’une cité ouvrière, installée à proximité de la gare nouvellement construite et reliée au centre de la ville par une importante percée. Ce projet n’eut guère plus de succès que le précédent. En dépit de leur échec, et du fait qu’elles ne peuvent à proprement parler être considérées comme des extensions, ces tentatives avortées n’en furent pas moins fort à propos utilisées pour ancrer le projet d’extension dans l’histoire strasbourgeoise. […] En 1876, Back sollicita deux architectes, le Berlinois August Orth et l’architecte municipal de Strasbourg Jean-Geoffroy Conrath, qui avait été maintenu en fonctions après 1871. Il les chargea de proposer un plan d’extension pour le nouveau quartier de Strasbourg. Les projets furent présentés au public et analysés par une commission d’experts 17
PRESSEMAPPE „INTERFERENZEN / INTERFERENCES. ARCHITEKTUR. DEUTSCHLAND - FRANKREICH, 1800 – 2000“ MUSEUM FÜR MODERNE UND ZEITGENÖSSISCHE KUNST STRASSBURG, 30. MÄRZ – 21. JULI 2013 réunie à Strasbourg en 1878. Le plan définitif, arrêté en avril 1880, reprenait pour l’essentiel la proposition faite par Conrath. Sa composition était structurée par deux axes complémentaires ouest-est, une voie de transit et un axe de représentation, le futur « axe impérial », coupés orthogonalement par une voie courant de la porte de Schiltigheim au nord en direction de la flèche de la cathédrale. À leur intersection, une place monumentale, la future Kaiserplatz, était prévue. La présence de boulevards de ceinture, le traitement des places d’où rayonnaient les voies et le recours à des jeux de perspective témoignaient de la prépondérance du modèle parisien. En cela, le plan de Strasbourg s’inscrivait dans la continuité des plans allemands du troisième quart du XIX e siècle, qui, à l’instar des extensions de Berlin par Hobrecht ou de Mayence par Kreyssig, portaient eux aussi l’empreinte des travaux conduits dans la capitale française. Cette référence fut d’autant plus largement partagée dans l’Empire wilhelmien qu’elle était notamment soutenue par Reinhard Baumeister, principale autorité en matière d’extension urbaine jusqu’au seuil des années 1890. Julius Posener Un architecte allemand à Paris, 1930-1935 1935 Entretien avec Jean-Louis Cohen J.-L. C. – Comment avez-vous commencé à écrire ? J. P. – Un jour, j’ai posé sur la table du maître un numéro de Bauwelt. Siclis est entré le lendemain avec la revue dans la main : « De quoi parle-t-on ? – D’architecture, monsieur Siclis. – Ah, il faut montrer mes théâtres. – Exactement, ai-je dit. » Il m’a donné quelques photographies représentatives et des dessins pour publication. À Berlin, on n’avait aucune idée de l’existence de gens comme Siclis. On connaissait Le Corbusier et Lurçat, comme je l’ai dit. Les gens de la Bauwelt étaient très étonnés. Ils m’ont aussitôt écrit : « S’il te plaît, envoie-nous encore d’autres architectes modernes de Paris. Nous ne savons rien d’eux. » Et j’ai commencé à en faire mon activité principale. Je ne sais plus comment et pourquoi j’ai quitté l’atelier de Siclis. Cela a duré trois mois au total. Je me suis dit : « Maintenant, je gagne vraiment ma vie avec le journalisme, et je peux me permettre d’aller chez quelqu’un qui me plaît vraiment ; Le Corbusier, je ne peux pas lui demander deux fois, mais il y a Lurçat. » J.-L. C. – Comment travaillait-on chez Lurçat ? J. P. – Il avait une petite agence 40, rue Bonaparte. Il ne travaillait pas sur du calque, mais sur du papier à dessin épais, qu’il tendait très fort sur la table. Lurçat faisait de très grands dessins directement avec une plume très épaisse et très bien. Ils pouvaient être reproduits directement, et il n’y avait pas de dessins d’étude mais seulement des dessins de publication à grande échelle splendides graphiquement. Il avait un visage jeune, incroyablement sympathique. Il avait assez peu de travail. Pierre Pinsard travaillait avec lui, ainsi qu’un Suisse, Freddy Sauter. Et je suis resté chez lui. J’habitais tout à côté, place de l’Odéon. Cela m’a beaucoup plu. J’ai très bien connu Lurçat, qui n’était pas encore communiste à cette époque. Il le deviendrait avec Max Raphaël. Je connaissais Raphaël, que j’ai rencontré grâce à Lurçat. Je suis allé avec lui à Chartres et dans différents endroits. Il m’a aussi montré l’école de Villejuif de Lurçat. Il la trouvait mieux que tout ce que Le Corbusier avait fait et il a eu une très grande influence sur lui. Je n’ai pas lu son Proudhon, Marx, Picasso. J’ai essentiellement lu Der Dorische Tempel, et je trouve que c’est un livre extraordinaire. Raphaël était un homme exceptionnel. Il était déjà tuberculeux à cette époque, mais il a vécu beaucoup plus longtemps que ce que j’avais pensé. J.-L. C. – Comment avez-vous commencé à écrire pour L’Architecture d’aujourd’hui ? J. P. – C’est une histoire comique. J’ai fait des recherches, comme je l’ai dit, pour la Bauwelt, pour la Baugilde, et aussi pour d’autres revues. Ils me donnaient des thèmes de recherche, comme par exemple celui des « Magasins modernes ». Je suis allé rue Bonaparte, en face de chez Lurçat, dans une galerie où il y avait une exposition Jean Arp. Je rencontre alors un vieux monsieur très distingué, avec la rosette. Je dis : « Excusez-moi, ce magasin m’intéresse. Je l’ai vu de l’extérieur, mais qui en est l’architecte ? » Il me dit : « C’est moi. » C’était Marcel-Eugène Cahen. Il me dit : « Pourquoi cette question ? » Je réponds : « Je travaille pour une série de revues d’architecture allemandes. » Il me dit alors : « Voulez-vous faire ce travail dans l’autre sens ? Je suis en train de fonder une revue, qui doit s’appeler Construire. Vous m’obligeriez en me permettant de disposer de matériaux allemands. » « Mais oui, magnifique ! » Un vrai hasard. Par l’intermédiaire de Marcel-Eugène Cahen, j’avais été prendre le thé chez André Bloc. Une fois rentré à Berlin, André Bloc m’écrivit en janvier ou février 1930 qu’il avait la tristesse de m’informer de la mort de Cahen, mais que la revue verrait quand même le jour sous le titre Construire. Elle était très fortement inspirée par Perret, et Construire était un titre de combat, de tendance. C’était un manifeste. 18
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