Pressemappe - Musées de Strasbourg

PRESSEMAPPE „INTERFERENZEN / INTERFERENCES. ARCHITEKTUR. DEUTSCHLAND - FRANKREICH, 1800 – 2000“
MUSEUM FÜR MODERNE UND ZEITGENÖSSISCHE KUNST STRASSBURG, 30. MÄRZ – 21. JULI 2013
Grands ensembles, Großsiedlungen et Wohnkomplexe, convergences et contrastes
Volker Ziegler
Des reconstructions au choc pétrolier, le paysage urbain qui s’étend de part et d’autre du Rhin a été
marqué par des opérations urbaines d’une dimension nouvelle, fruit des politiques en matière de
logement – des opérations innovantes par les techniques de construction mises en œuvre et, parfois
aussi, pour ce qui est de la conception des espaces architecturaux et urbains ou de la forme donnée à la
cohabitation. […]
Comme en Allemagne, l’après-guerre est marqué en France par une crise profonde du logement. Si
l’intervention volontaire de l’État central s’impose, la planification et l’industrialisation apparaissent
comme les formes d’organisation les meilleures pour y répondre. […] Une conjoncture importante dans
les échanges franco-allemands portant sur l’architecture et la forme urbaine se présente à Berlin au
milieu des années 1950, avec l’exploit de la Stalinallee à Berlin-Est, l’« Interbau ’57 », exposition
internationale d’architecture centrée sur l’habitat à l’occasion de la reconstruction du Hansaviertel à
Berlin-Ouest, et le concours international « Hauptstadt Berlin », organisé en 1958 par les seules autorités
ouest-allemandes dans l’espoir de reconstruire le centre de la ville pour faire de Berlin la capitale d’une
Allemagne moderne et réunie. Avec ces événements médiatisés par la presse allemande puis par les
revues spécialisées françaises, Berlin redevient, vingt-cinq ans après la fin de la République de Weimar,
une scène d’échanges pour l’architecture européenne. […]
Dès sa première visite en novembre 1956 à Berlin, qu’il a entreprise afin de participer au concours
international « Hauptstadt Berlin », René Gagès, architecte lyonnais et professeur à l’École des Beaux-Arts,
s’éprend de la ville. À l’occasion d’autres visites, il noue des contacts avec des architectes de sa
génération : Werner Düttmann, qui, après s’être investi dans l’Interbau, devient le directeur de la
construction de Berlin-Ouest, son successeur Hans Christian Müller et aussi Georg Heinrichs. Ainsi
introduit dans le milieu berlinois, Gagès y trouve un climat de travail « authentique » et propice à la
création. Après celles de Lyon et de Paris, il décide alors d’ouvrir une troisième agence. Volker Theissen,
ancien étudiant de Hans Scharoun et de treize ans le cadet de Gagès, en devient le chef, puis associé
indépendant. La collaboration Gagès-Theissen, qui s’étend de 1963 à 1970, s’oriente vers des opérations
de logements. Gagès lance son agence sur de grands projets berlinois, comme l’opération de mille six
cents logements pour le quartier de Kreuzberg et celle prévue dans le sud de Tegel. Ils conçoivent des
« structures habitables » faites d’éléments préfabriqués qui se combinent librement à l’intérieur de la
trame constructive d’un chantier qu’ils imaginent entièrement industrialisé. […]
La génération montante des architectes du milieu des années 1970 va se détourner de ces programmes
d’habitat qui ont certes relevé des défis techniques mais n’ont que rarement tenu leurs promesses
sociales. Après l’architecture, la forme urbaine et la technique, ce sont les sciences sociales qui
inaugurent un nouveau cycle d’échanges franco-allemands sur l’habitat, en relation avec les initiatives
pionnières de renouvellement urbain doux.
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