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16 Dossier Psychologie de la transition DOSSIER: psychologie de la transition PSYCHOSCOPE 6/20<strong>08</strong> Comprendre et accompagner la transition L’exemple des jeunes en fin de scolarité obligatoire Le passage entre la fin de l’école obligatoire et l’entrée dans le monde du travail n’est pas toujours facile pour un(e) jeune. La route est souvent semée d’embûches. Deux psychologues, Jonas Masdonati et Koorosh Massoudi, abordent le rôle-clé que les psychologues ont à jouer dans ce domaine, tant dans les mesures d’accompagnement que dans l’étude des facteurs psychosociaux sous-jacents à ce processus. Les statistiques de l’OFFT (20<strong>08</strong>) montrent que la formation professionnelle duale représente la voie de formation post-obligatoire dominante dans notre pays. Or, malgré d’indéniables avantages pédagogiques, ce type de formation présente également un certain nombre de risques pour les jeunes qui s’y inscrivent, puisqu’elle implique que la première transition vers le monde du travail advient à un très jeune âge (dès 15-16 ans), alors qu’elle est repoussée à la fin d’un parcours scolaire plus long dans la plupart des autres Etats européens. Sur le plan national, 10 à 15% des élèves terminant leur scolarité obligatoire connaissent des difficultés pour opé-
Photo: Elena Martinez 17 rer cette transition. On peut évoquer différentes raisons pour expliquer les difficultés observées. Tout d’abord, depuis les années 90, les profondes mutations du contexte professionnel et les exigences socioéconomiques qui le caractérisent ont affecté les parcours de transition des jeunes qui s’apprêtent à rejoindre le monde du travail. Une étude longitudinale basée sur une importante cohorte de jeunes engagé(e)s dans cette période de transition (www.tree-ch.ch) relève notamment que le modèle traditionnel, impliquant un passage direct et sans entraves de l’école obligatoire aux formations post-obligatoires, se voit progressivement remplacé par un modèle émergent, qui impose aux jeunes des parcours de transition plus longs et plus chaotiques. D’autre part, d’un point de vue psychologique et développemental, il faut relever la nature particulièrement critique de cette transition, puisqu’elle présente un décalage important entre l’environnement que l’individu quitte (l’école) et celui qu’il aborde (le travail), et présuppose à ce titre des changements plus radicaux et rapides que dans d’autres transitions socioprofessionnelles. On peut donc supposer qu’à l’issue de leur scolarité obligatoire, un certain nombre de jeunes, naturellement préoccupé(e)s par les défis caractéristiques de l’adolescence, peuvent éprouver quelques difficultés à s’adapter aux exigences d’un tel changement, s’exposant ainsi aux risques d’une stigmatisation précoce et d’une désinsertion socioprofessionnelle à long terme (Pinquart, Juang & Silbereisen, 2002). Il s’avère donc qu’un accompagnement efficace des jeunes dont le parcours de transition peut être mis à mal par des vulnérabilités personnelles ou des obstacles sociaux et institutionnels, représente un défi majeur pour des psychologues et d’autres acteurs ou actrices du monde de la formation. A ce titre, une analyse approfondie de la transition s’avère nécessaire pour mieux comprendre les processus psychologiques sous-jacents et les facteurs d’influence. Approches de la transition La transition entre école et monde du travail a été étudiée selon plusieurs perspectives, les principales s’inscrivant dans les traditions sociologique, développementale ou psychosociale. La sociologie «classique» (voir par ex. Merton, 1949, in Mègemont & Baubion-Broye, 2001) considère généralement la transition comme une période caractérisée par des efforts individuels d’adaptation aux exigences du monde du travail, efforts qui résulteront en l’adoption de rôles et de statuts déterminés. Il est vrai que les demandes que la société adresse aux jeunes apprenti(e)s à l’orée de leur intégration sont complexes et contraignantes. Elles et ils doivent notamment entrer en concurrence pour une place de formation professionnelle duale et développer des stratégies pour s’intégrer dans une organisation productive. Cependant, il nous semble qu’une telle approche limite passablement le pouvoir d’action de l’individu, qui du coup est réduit à un acteur passif subissant les contraintes du monde du travail et de la formation et n’ayant que peu d’emprise sur sa propre trajectoire de vie. La perspective développementale (Savickas, 1999) s’intéresse quant à elle aux stades, phases ou cycles que tout individu en situation de transition doit affronter. Même si elle offre une lecture structurée du processus de transition et met en évidence certaines constantes dans les trajectoires d’insertion socioprofessionnelle, cette approche tend par contre à négliger les influences contextuelles et les différences interindividuelles intervenant dans ce processus. De plus, parce qu’elle se concentre principalement sur les étapes de la transition qu’elle cherche à objectiver, elle néglige l’étude de la construction d’une signification individuelle des changements impliqués par une transition. Enfin, la perspective psychosociale s’attelle non seulement à l’étude des implications subjectives du changement pour la personne engagée dans la période de transition, mais prend également en considération les influences environnementales sur le parcours de l’individu. Dans une telle perspective, la transition est définie comme l’ensemble des processus qui visent soit la préservation d’identités, soit l’acquisition d’un nouvel équilibre identitaire, avec un accent particulier mis sur l’étude des «stratégies identitaires que l’individu développe en interaction avec autrui, dans des univers cognitifs et affectifs normés qui structurent ses processus et phases continues de socialisation» (Dupuy, 1998,
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