PSC 6-08 - FSP

Des économies menacent les consultations
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ACTU FSP
PSYCHOSCOPE 6/2008
Roland Buchli a été élu à fin avril comme nouveau Président
de l’Association suisse de psychologie de l’enfance
et de l’adolescence (ASPEA). Dans l’interview accordée
à Psychoscope, il prend position sur la situation actuelle
et dévoile ses plans.
L’ASPEA est notre plus importante association
professionnelle. Mais les problèmes
des jeunes semblent, eux aussi, prendre de
plus en plus d’importance aujourd’hui.
Nous nous réjouissons, bien évidemment,
que notre Association professionnelle
se développe toujours
davantage. Les problèmes que rencontrent
les jeunes au moment de la
puberté ne nous interpellent pas seulement
nous, professionnels, mais
la société tout entière. Aujourd’hui,
nous rencontrons des abus de
consommation d’alcool, de la violence,
des agressions sexuelles chez les
enfants déjà. Et cela nous inquiète
beaucoup. L’utilisation de moyens
répressifs ne nous mène nulle part.
Tant les parents que les enseignants
semblent souvent déstabilisés. C’est à
se demander s’ils n’évitent pas simplement
les conflits plutôt que d’avoir le
courage d’imposer des limites ?
Le 25 avril, l’ASPEA s’est réunie pour débattre
de la nouvelle péréquation financière
(NPF). Quels sont les enseignements
les plus importants que vous en tirez ?
Premièrement, l’importance du
contact avec les milieux politiques,
avec la CDIP (Conférence suisse des
directeurs cantonaux de l’instruction
publique), et le fait que la responsabilité
de l’application de l’«Accord intercantonal
sur la collaboration dans
le domaine de la pédagogie spécialisée»
est du ressort des cantons. Le
projet NPF conduit à un renforcement
du fédéralisme. Deuxièmement,
on court le risque d’une «intégration
scolaire» mal comprise, dont
les enfants sont les victimes. Troisièmement,
l’engagement absolument
indispensable et urgent, de la part
des services psychologiques scolaires
ou de consultation pédagogique, de
mettre leurs compétences au service
de la communauté ainsi que l’élaboration
de projets comme l’introduction
d’une procédure de clarification.
J’espère que les psychologues reconnaissent
l’urgence de la situation pour
leurs champs d’activité professionnelle.
J’aimerais encourager les responsables
cantonaux à collaborer au-delà
des frontières cantonales ou d’accorder
du temps libre aux personnes professionnellement
qualifiées dans ce
domaine.
Certains membres craignent que la NPF
les limite. Est-ce que les thérapies pratiquées
suffisamment tôt avec les enfants et
les adolescents sont menacées par ces nouvelles
formes de financement ?
Oui et non. Dans le domaine des mesures
thérapeutiques médicales de
cas isolés, sans doute pas, dans la
mesure où des diagnostics médicaux
correspondants ont été faits et sont
conformes aux prescriptions.
Je pense ici surtout à la psychothérapie.
Dans ce cas-là, l’AI va prendre
les frais en charge comme avant. Ce
qui est plus difficile, c’est au niveau
des mesures thérapeutiques pédagogiques.
Il s’agit de l’offre des services
de consultation précoce et de l’offre
de l’intégration scolaire, qui sont du
ressort des cantons. Ici, il se pourrait
que les approches varient pour des
raisons d’économies.
C’est justement en rapport avec l’action
des jeunes que la «psychologisation» est
considérée d’un œil plutôt négatif.
J’aimerais donner l’exemple de la problématique
des enfants et des adolescents
dont le comportement s’écarte
de la norme (ADD, ADS et POS).
Qui ne connaît pas ces parents désemparés
avec leurs enfants hyperactifs
et les réactions correspondantes
de personnes extérieures ? Les personnes
concernées et la famille ont
un besoin urgent d’aide professionnelle.
Comme cause de ces comportements
déviants, il y a l’abandon,
les victimes de violence (entre autres
d’abus sexuels), etc. La grosse difficulté
réside lorsque le comportement
déviant est causé aussi bien par une
cause cérébrale, organique, qu’environnementale.
La «psychologisation» négative vient
souvent de la méconnaissance de la
problématique et de l’implication des
professionnels.
Quels buts vous êtes-vous fixés comme
Président de l’ASPEA ?
J’ai envie de mettre l’accent sur le développement
des contacts avec la
Suisse romande et la réalisation de la
protection du titre dans la Loi sur les
professions de la psychologie (projet
LPsy) en collaboration avec la FSP.
Ce qui est aussi important, c’est la
défense des intérêts des membres qui
ne travaillent pas dans le domaine
de la psychologie scolaire/conseils en
matière d’éducation, comme les activités
exercées de manière indépendante
par les psychologues dans les
établissements hospitaliers ou semihospitaliers
d’aide à l’enfance et à
l’adolescence ou de pédagogie curative
ou spéciale, etc.
Ce qui est important, pour moi, c’est
aussi le projet «Prix d’encouragement»
où, tous les deux ans, dans le
cadre de l’encouragement à la relève,
un travail de Master exceptionnel
est primé dans le domaine de la
psychologie des enfants et des adolescents.
Et, pour finir, nous allons
suivre de très près le développement
dans le cadre de la NPF et prendre
position chaque fois que cela sera nécessaire.
Interview: Daniel Habegger