Thomas Mann - Rotary Schweiz

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La littérature complexe a-t-elle encore sa
place à notre époque, aura-t-elle encore
quelque emprise à l’avenir?
Je suis moins pessimiste que je ne l’ai été.
Car dans la culture numérique, il y a aussi
des processus esthétiques complexes. Ils
ne sont plus entre la première et la dernière
page de couverture, mais ils peuvent développer
un énorme potentiel créatif.
Certes, la jeune génération a tendance à la
consommation rapide, mais il y a encore
des rats de bibliothèque. La culture numérique
n’est pas synonyme d’abolition de la
lecture, et c’est une constatation importante.
Les textes complexes resteront couchés
sur le papier et garderont leurs
cercles de lecteurs. J’en suis convaincue.
Le RC St-Gall était le club-contact du RC
Munich. Selon les travaux de recherche
d’Erwin Bischof, il y avait aussi à St-Gall
des sympathisants du national-socialisme.
Des cas isolés?
À mon avis, les félicitations du PDG
(1928/29) Henry Tschudy du RC St-Gall lors
de l’admission d’un écrivain national-socialiste
au RC Munich ne sont pas pertinentes.
On était déférent entre clubs. Ce
n’est pas condamnable dans une telle mesure
comme cela a été écrit. Mais il est vrai
– et Max Frisch le dit clairement – il y avait
de nombreux sympathisants, le nationalsocialisme
avait de nombreux adaptes dont
des Suisses. On le passe volontiers sous silence.
Hitler est arrivé au pouvoir il y a maintenant
80 ans de cela. Plusieurs générations
ont passé depuis et pourtant l’image
du nazi reste collée au peuple allemand?
Je ne suis pas sûre que le stigmate national-socialisme
soit une projection de tiers,
ce peut fort bien être que les Allemands se
complaisent dans ce stigmate. Mais en tout
cas, ce sujet reste sensible. Tout au moins
en Allemagne. On le voit bien encore aujourd’hui
quand on veut injurier un Allemand,
on l’invective avec l’apostrophe
«Nazi».
On devrait tirer une leçon de l’histoire
pour que cela ne se répète pas. N’avonsnous
pas l’obligation morale d’être vigilants?
Selon moi, c’est une tâche du Rotary International
qui doit veiller à ce que de telles
conditions-cadres de système totalitaire ne
voient pas le jour. Avec notre critère des
quatre questions, nous devrions, dans
l’idée humaniste de Thomas Mann, œuvrer
activement. Un club ne peut pas venir seul
à bout de cette tâche, mais c’est quelque
chose que tous les clubs réunis pourraient
réaliser. Le raisonnement de l’Aufklärung
n’est-il pas: Dieu nous a donné un cerveau,
c’est pour que nous nous en servions et
que nous nous montrions raisonnables. Qui
pense rationnel ne peut agir que selon la
morale.
Interview: Rot. Oliver Schaffner
Bei uns dreht sich ålles um
Privåte Bånking und persönliche
Beråtung åuf Augenhöhe.
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