LES LEVIERS DE MOTIVATION DES CADRES & DIRIGEANTS DE LA FONCTION PUBLIQUE
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<strong>LES</strong> <strong>LEVIERS</strong> <strong>DE</strong><br />
<strong>MOTIVATION</strong> <strong>DE</strong>S<br />
<strong>CADRES</strong> &<br />
<strong>DIRIGEANTS</strong><br />
<strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>FONCTION</strong><br />
<strong>PUBLIQUE</strong><br />
GUILLEMETTE RENARD<br />
NICOLE PRUDHOMME
Remerciements<br />
L’équipe Secteur Public d’Hudson<br />
France exprime tout particulièrement<br />
sa reconnaissance :<br />
ۗۗAux cadres supérieurs des<br />
secteurs public et privé qui<br />
ont accepté de répondre au<br />
questionnaire de motivations<br />
professionnelles. C’est grâce à<br />
leur contribution personnelle que<br />
les conclusions de cette étude<br />
ont été mises en exergue<br />
ۗۗà Etienne Van Keer, Directeur<br />
du centre de R&D et son équipe<br />
qui ont traité les réponses aux<br />
questionnaires<br />
ۗۗà Guillemette Renard qui a<br />
conçu et réalisé cette étude<br />
3<br />
page
Hudson copyright, 2011<br />
Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite et/ou publiée par impression,<br />
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écrite préalable de Hudson. Toute reproduction d’une quelconque partie de ce texte<br />
par duplication, photocopie ou tout autre procédé, y compris au moyen d’installations<br />
informatiques, constitue une infraction à la loi sur les droits d’auteur.
SOMMAIRE<br />
3<br />
6<br />
8<br />
9<br />
10<br />
10<br />
11<br />
14<br />
15<br />
20<br />
21<br />
23<br />
28<br />
29<br />
32<br />
33<br />
34<br />
37<br />
37<br />
38<br />
38<br />
39<br />
40<br />
42<br />
42<br />
42<br />
43<br />
45<br />
46<br />
47<br />
INTRODUCTION<br />
MéTHODOLOGIE<br />
DéFINITION <strong>DE</strong>S ITEMS<br />
NOTRE POPU<strong>LA</strong>TION<br />
COMPARAISON <strong>DE</strong>S Leviers de motivation <strong>DE</strong>S <strong>CADRES</strong> Supérieurs AVEC<br />
<strong>LA</strong> POPU<strong>LA</strong>TION GéNéRALE<br />
Les motivations les plus importantes des cadres supérieurs<br />
Les motivations les moins importantes des cadres supérieurs<br />
<strong>LES</strong> <strong>MOTIVATION</strong>S DU CADRE DIRIGEANT DANS LE SECTEUR PUBLIC<br />
Une motivation spécifique à l’égard du service public ?<br />
COMPARAISON <strong>DE</strong>S <strong>LEVIERS</strong> <strong>DE</strong> <strong>MOTIVATION</strong> <strong>DE</strong>S <strong>CADRES</strong> Supérieurs <strong>DE</strong>S<br />
SECTEURS PUBLIC ET PRIVé<br />
L’environnement relationnel du cadre supérieur du secteur public<br />
Motivation & style de leadership<br />
COMPARAISON <strong>DE</strong>S Leviers de motivation ENTRE les <strong>CADRES</strong> Supérieurs <strong>DE</strong>S<br />
<strong>FONCTION</strong>S <strong>PUBLIQUE</strong>S D’éTAT ET TERRITORIALE<br />
Des motivations de “proximité” plus marquées au sein de la fonction publique territoriale<br />
FOCUS SUR <strong>LES</strong> DIFFéRENCES GéNéRATIONNEL<strong>LES</strong><br />
Des tendances d’évolution logique<br />
Des résultats qui interrogent<br />
<strong>LES</strong> DéFIS DU DIRIGEANT<br />
Quelle est la question à se poser ?<br />
FICHES CONSEILS<br />
Inspirer pour donner du sens et générer l’adhésion<br />
Responsabiliser pour motiver<br />
Piloter en développant une stratégie organisationnelle<br />
CONCLUSION<br />
Le rôle de la fonction RH<br />
Le risque de la démotivation<br />
Le leader de demain<br />
NOTRE CENTRE EUROPéEN <strong>DE</strong> R&D<br />
HUDSON SECTEUR PUBLIC<br />
BIBLIOGRAPHIE<br />
1<br />
page
page 2
Introduction<br />
LE CONTEXTE <strong>DE</strong> L’ÉTU<strong>DE</strong><br />
Face à un monde qui se complexifie<br />
avec des acteurs multiples et des<br />
modalités de communication de plus<br />
en plus rapides et globalisantes, les<br />
organisations publiques et privées<br />
doivent répondre à des enjeux<br />
toujours plus nombreux et diversifiés.<br />
Plus spécifiquement dans le secteur<br />
public, les enjeux économiques,<br />
culturels ou encore générationnels<br />
provoquent de vrais changements de<br />
paradigmes. Dans le contexte des<br />
réformes actuelles, les dirigeants<br />
du secteur public, porteurs de<br />
l’image de l’Etat, ne peuvent plus se<br />
contenter de trouver leur légitimité<br />
en s’appuyant simplement sur son<br />
symbole fort. En effet, l’identité de<br />
celui-ci est en pleine mutation :<br />
“un Etat interventionniste” ou “un Etat<br />
maître d’ouvrage” ? Au service d’un<br />
“usager” ou d’un “client” ? Avec des<br />
relations de plus en plus délégatives<br />
et complexes avec les collectivités ?<br />
S’impose de ce fait une nouvelle<br />
réflexion sur une gestion adaptée<br />
des ressources humaines de cette<br />
sphère sociale. Comment gérer<br />
les hommes et les femmes d’un<br />
secteur qui vit actuellement une vraie<br />
“métamorphose”, une transformation<br />
de l’intérieur ? Quels repères leur<br />
donner ? Quel sens continuent-ils<br />
à trouver dans leur engagement au<br />
quotidien ?<br />
Dans ce contexte de changement<br />
continu, les réflexions autour<br />
des méthodes managériales,<br />
de la prévention des risques<br />
psychosociaux ou encore des<br />
facteurs de motivations au travail<br />
ne cessent d’occuper chercheurs,<br />
dirigeants, managers, organisations<br />
syndicales... C’est la double lecture<br />
de la psychosociologie humaine entre<br />
“fragilité et richesse”, provoquée entre<br />
autre par l’expression ou non des<br />
motivations, qui occupe les débats.<br />
Une thématique apparaît alors<br />
comme de plus en plus prégnante<br />
dans le secteur public : il s’agit de<br />
“l’accompagnement au changement”,<br />
sujet central dans la conduite des<br />
réformes en cours et le renouveau<br />
des aspirations professionnelles.<br />
L’augmentation des actions<br />
d’accompagnement individualisées ou<br />
collectives des dirigeants pour mener<br />
à bien ces transformations en est un<br />
indicateur.<br />
Sur quel(s) principe(s) se réalisent<br />
ces actions d’accompagnement ?<br />
Se calquent-elles seulement sur<br />
des méthodes du privé (New public<br />
Management) ? Ou bien prennentelles<br />
en considération des spécificités<br />
structurelles / conjoncturelles qui<br />
rendent vain ce “copier-coller”<br />
du privé au public ? Ces actions<br />
participent-elles alors à l’élaboration<br />
d’un véritable “Public Management”<br />
en recherche actuelle d’identité ?<br />
3<br />
page
L’AMBITION D’HUDSON<br />
Hudson a souhaité s’attacher à<br />
une meilleure compréhension des<br />
modalités de fonctionnement des<br />
cadres supérieurs et dirigeants du<br />
secteur public via une double mise en<br />
perspective :<br />
ۗۗ<strong>MOTIVATION</strong> ET<br />
ORGANISATION<br />
Existe-t-il des motivations<br />
spécifiques au secteur public<br />
au regard de celles existantes<br />
dans le secteur privé ? En quoi<br />
ces motivations trouvent-elles<br />
un terrain d’incarnation dans le<br />
public ?<br />
ۗۗ<strong>MOTIVATION</strong> ET LEA<strong>DE</strong>RSHIP<br />
Y a-t-il pour le cadre supérieur<br />
du secteur public une cohérence<br />
entre ses propres moteurs<br />
d’action et son style de<br />
leadership ? 1<br />
La finalité de ce questionnement<br />
est de s’interroger sur le meilleur<br />
moyen d’accompagner cette<br />
population dans l’appropriation des<br />
nouveaux enjeux organisationnels<br />
et transformationnels entrainés par<br />
les réformes ; l’objectif étant de<br />
consolider leur engagement dans le<br />
long terme.<br />
Dans ce but, quelle serait alors<br />
l’approche la plus légitime à adopter ?<br />
Peut-on développer une gestion<br />
dynamique des compétences au<br />
quotidien, tout en la pérennisant via<br />
un ancrage dans des motivations<br />
spécifiques au secteur public ?<br />
NOTRE APPROCHE <strong>DE</strong> <strong>LA</strong><br />
<strong>MOTIVATION</strong><br />
Plusieurs approches du concept de<br />
la motivation apparaissent dans la<br />
littérature psychosociologique.<br />
En effet, de nombreux auteurs<br />
ont développé des théories<br />
complémentaires en analysant la<br />
motivation sous différents angles.<br />
Elle correspond à une nécessité<br />
biologique (McDougall), à une<br />
hiérarchie des besoins (Maslow<br />
et Herzberg), à un processus<br />
sociocognitif (Toman et Lewin), à des<br />
pulsions (Freud)... 2<br />
A partir de ces différentes<br />
interprêtations de la motivation, nous<br />
choisissons dans le cadre de notre<br />
réflexion de la comprendre comme :<br />
ۗ ۗ“Résultant d’un besoin lié à<br />
un déséquilibre”, une tension<br />
visant la recherche d’un état<br />
d’accomplissement (modèle<br />
homéostatique) 3<br />
ۗ ۗ“S’incarnant dans une dynamique<br />
d’action” : l’individu va chercher<br />
à satisfaire ce besoin grâce à<br />
une stratégie cognitive. Quelle<br />
stratégie ai-je “intérêt” à mettre<br />
en place pour satisfaire mon<br />
besoin ? (modèle cognitif) 4<br />
page 4<br />
1<br />
VAN KEER Etienne, BOGAERT Jeroan, L’ADN des dirigeants des<br />
secteurs public et privé, Hudson, 2009<br />
2<br />
FEERTCHAK Hélène, Les motivations et les valeurs en<br />
psychosociologie, Editions Armand Colin, 1996<br />
3<br />
Idem<br />
4<br />
LEVY LEBOYER Claude, La Motivation dans l’entreprise : modèles<br />
et stratégies, Editions d’Organisation, 1998, p 67
La motivation se décline en deux<br />
grands domaines : 5<br />
ۗۗLa motivation intrinsèque<br />
résulte de la propre initiative<br />
de l’individu et correspond au<br />
désir d’accomplir quelque chose<br />
de visible et de valorisant, ou<br />
au besoin de développer de<br />
nouvelles compétences.<br />
ۗۗLa motivation extrinsèque est<br />
mise en mouvement par un<br />
stimulus externe, le plus souvent<br />
par l’attente d’une récompense.<br />
Si elle ne constitue pas une “qualité<br />
de la personne”, elle ne se réalise<br />
qu’en fonction d’un objectif.<br />
Si elle ne se décrète pas, elle s’active<br />
dès qu’une opportunité de la mettre<br />
en action se présente.<br />
Ce “stimulus” est ainsi déterminé<br />
en fonction des contextes, des<br />
organisations et des fonctions<br />
occupées. De ce fait, la motivation<br />
professionnelle n’est pas stable<br />
mais elle évolue au fil des âges et<br />
des contextes.<br />
En outre, il est fondamental<br />
d’appréhender la “motivation”<br />
non comme une “valeur”, ni une<br />
“compétence”, ni un “potentiel<br />
d’évolution”, mais comme un véritable<br />
“stimulus”.<br />
5<br />
LEVY LEBOYER Claude, La Motivation dans l’entreprise : modèles<br />
et stratégies, Editions d’Organisation, 1998, p171<br />
5<br />
page
MÉTHODOLOGIE<br />
UN OUTIL HUDSON<br />
LE QUESTIONNAIRE <strong>DE</strong> <strong>MOTIVATION</strong>S PROFESSIONNEL<strong>LES</strong><br />
<strong>MOTIVATION</strong>AL DRIVES QUESTIONNAIRE (MDQ)<br />
Ce questionnaire des leviers de<br />
motivation professionnelles a pour<br />
objectif de détecter les sources de<br />
stimulation au travail qui encouragent<br />
l’individu à donner le meilleur<br />
de lui-même dans son activité<br />
professionnelle.<br />
Il est utilisé lors d’accompagnement<br />
pour le développement des<br />
compétences individuelles, comme<br />
support d’échanges dans le cadre de<br />
bilans de compétences, de coaching<br />
ou encore d’entretiens annuels<br />
d’évaluation/entretiens de carrière.<br />
Motivational Drives Questionnaire (MDQ)<br />
Conditions de travail optimales<br />
Rémunération<br />
9<br />
8<br />
7<br />
Développer son expertise<br />
Exprimer sa créativité<br />
Faire carrière<br />
6<br />
5<br />
4<br />
Défii stratégique<br />
3<br />
Climat de travail positif<br />
2<br />
1<br />
Sens entrepreneurial<br />
Etre respecté<br />
Autonomie<br />
Rendre service aux autres<br />
Défiis<br />
Reconnaissance<br />
Motiver les autres<br />
Avoir de l’impact<br />
GRAPHE 1 :<br />
QUESTIONNAIRE<br />
<strong>DE</strong> <strong>MOTIVATION</strong>s<br />
PROFESSIONNEL<strong>LES</strong><br />
page 6
Créé par le centre R&D d’Hudson,<br />
le MDQ apprécie la motivation<br />
d’une personne dans un contexte<br />
professionnel et détermine ce qu’il/<br />
elle trouve important pour se sentir<br />
bien dans une fonction ou dans une<br />
organisation.<br />
Il propose l’analyse de deux<br />
typologies de motivations :<br />
ۗۗLes motivations intrinsèques :<br />
les besoins, les objectifs<br />
longs termes que je cherche à<br />
satisfaire<br />
ۗۗLes motivations extrinsèques :<br />
l’environnement professionnel qui<br />
me stimule<br />
Ce questionnaire analyse ainsi<br />
plusieurs domaines de motivations<br />
que sont :<br />
le Management de<br />
l’Information :<br />
Relatif à la source de satisfaction<br />
intellectuelle<br />
LE Management des Tâches :<br />
Relatif à la manière de contribuer à<br />
un projet<br />
LE Management des<br />
Collaborateurs :<br />
Relatif à l’expression de son<br />
leadership envers les autres<br />
Le questionnaire<br />
consiste en 105<br />
affirmations. Il mesure<br />
15 leviers de motivation<br />
tels que : développer<br />
son expertise,<br />
exprimer sa créativité,<br />
la rémunération, les<br />
conditions de travail,<br />
le défi stratégique, le<br />
sens entrepreneurial,<br />
l’autonomie, motiver<br />
les autres, la<br />
reconnaissance, avoir<br />
de l’impact...<br />
LE Management<br />
des Relations<br />
Interpersonnelles :<br />
Relatif à ce qui est recherché dans la<br />
relation aux autres au quotidien<br />
le Management de Soi :<br />
Relatif à la façon d’évoluer dans<br />
l’organisation<br />
Le MDQ sert donc à :<br />
ۗۗComprendre quel genre<br />
de situation influe sur la<br />
motivation ou contribue à la<br />
satisfaction professionnelle<br />
d’un individu<br />
ۗۗDéterminer quelles conditions<br />
de travail donnent envie de<br />
s’impliquer<br />
ۗۗIdentifier et utiliser au mieux<br />
les motivations au sein de<br />
l’organisation et composer<br />
des équipes aux motivations<br />
complémentaires<br />
7<br />
page
DÉFINITION <strong>DE</strong>S ITEMS<br />
MANAGEMENT <strong>DE</strong> L’INFORMATION<br />
Développer son expertise<br />
Exprimer sa créativité<br />
Défi stratégique<br />
Acquérir une expertise approfondie, être expert dans son domaine<br />
Elaborer des idées créatives, aborder les situations selon de nouveaux angles de vue<br />
Se dépasser sur le plan intellectuel, penser stratégiquement<br />
MANAGEMENT des tâches<br />
Sens entrepreneurialۗ<br />
Autonomieۗ<br />
Mettre en œuvre de nouvelles activités, prendre des risques pour élaborer une<br />
nouvelle approche<br />
Assumer la responsabilité de ses actes, décider des tâches à entreprendre,<br />
prendre des décisions<br />
ۗ ۗ<br />
Défisۗ<br />
MANAGEMENT <strong>DE</strong>S COL<strong>LA</strong>BORATEURS<br />
Apprécier les situations imprévues, traiter les problèmes complexes comme de<br />
véritables défis<br />
Motiver les autresۗ<br />
Avoir de l’impactۗ<br />
Reconnaissance<br />
Encourager l’engagement d’autrui, être la force motivante dans une équipe, créer une<br />
ambiance stimulante<br />
Avoir de l’influence sur les autres, avoir un rôle de leader, une position influente dans<br />
l’organisation<br />
Obtenir de l’estime pour le travail fourni, être apprécié pour ses propres réalisations<br />
MANAGEMENT <strong>DE</strong>S RE<strong>LA</strong>TIONS INTERPERSONNEL<strong>LES</strong><br />
Rendre service aux autres<br />
Etre respectéۗ<br />
Climat de travail positif<br />
Fournir un bon service à quelqu’un, pouvoir aider les autres<br />
Etre traité avec considération par les membres de son équipe, être respecté en tant que<br />
personne<br />
Entretenir de bons contacts avec ses collègues, apprécier de coopérer avec les autres<br />
MANAGEMENT <strong>DE</strong> SOI<br />
Faire carrière<br />
Conditions de travail<br />
optimales<br />
Rémunération<br />
Etre stimulé par un plan de carrière, gravir les échelons, construire une carrière<br />
couronnée de succès<br />
Travailler dans un environnement sûr, bénéficier de la sécurité long terme<br />
Accorder de l’importance aux augmentations, aux primes pour travailler de son mieux<br />
page 8
NOTRE POPU<strong>LA</strong>TION<br />
Pour cette étude Hudson a<br />
interrogé, de façon ciblée et<br />
qualitative, plus de 550 cadres et<br />
dirigeants des secteurs public et<br />
privé :<br />
Public Privé Total<br />
Femmes 107 67 174<br />
Hommes 137 262 399<br />
Total 244 329 573<br />
TERMINOLOGIE ADOPTÉE<br />
Dans la rédaction de cette étude,<br />
l’expression “cadres supérieurs”<br />
est utilisée comme traduction<br />
de l’échantillon qui a répondu au<br />
questionnaire.<br />
Tout au long de cette étude, ce<br />
terme générique couvre donc les<br />
populations de cadres qui ont,<br />
au sein de leur organisation, des<br />
fonctions de management et/ou<br />
TEMOIGNAGES <strong>DE</strong>S<br />
<strong>CADRES</strong> Supérieurs<br />
INTERROGÉS<br />
Dans le cadre des restitutions<br />
individuelles des résultats du<br />
questionnaire de motivation<br />
professionnelle, Hudson a obtenu<br />
certains témoignages qui sont<br />
retranscrits dans les encadrés en<br />
couleurs présents dans les pages<br />
suivantes.<br />
de direction.<br />
9<br />
page
COMPARAISON <strong>DE</strong>S Leviers<br />
de motivation <strong>DE</strong>S <strong>CADRES</strong><br />
Supérieurs AVEC <strong>LA</strong><br />
POPU<strong>LA</strong>TION GÉNÉRALE<br />
3 4 5 6 7<br />
Développer son expertise<br />
Exprimer sa créativité<br />
Défi stratégique<br />
Sens entrepreneurial<br />
Autonomie<br />
Défis<br />
Motiver les autres<br />
Avoir de l’impact<br />
Reconnaissance<br />
Rendre service aux autres<br />
Etre respecté<br />
Climat de travail positif<br />
Faire carrière<br />
Conditions de travail optimales<br />
Rémunération<br />
GRAPHE 2 :<br />
Cadres supérieurs<br />
rapportés à la<br />
population générale, à<br />
savoir toutes fonctions<br />
confondues<br />
LEGEN<strong>DE</strong><br />
Cadres supérieurs<br />
Différences significatives : supérieures à la population générale<br />
Différences significatives : inférieures à la population générale<br />
page 10<br />
5.00<br />
Moyenne des réponses de la population générale
Comme le démontre notre<br />
étude sur le leadership 6 , les<br />
cadres supérieurs (comprenons<br />
“managers et dirigeants”) se<br />
distinguent de la population<br />
globale par différents critères ;<br />
par exemple une inclination pour<br />
la stratégie, un sens de l’impact…<br />
Parallèlement à cette remarque,<br />
nous observons à la lecture du<br />
graphique que certains leviers de<br />
motivation se distinguent de la<br />
population générale ; notons les<br />
items “Avoir de l’impact”, “Défi<br />
stratégique”, “Autonomie”, “Sens<br />
entrepreneurial”.<br />
Peut-on mettre en lien ces<br />
différentes motivations avec<br />
la finalité de leur mission<br />
(dont développer une vision<br />
et fédérer des équipes autour<br />
d’objectifs communs en sont des<br />
composantes essentielles) ?<br />
6<br />
VAN KEER Etienne, BOGAERT Jeroan, L’ADN des dirigeants des<br />
secteurs public et privé, Hudson, 2009<br />
7<br />
MINER JB, The early identification of managerial talent, Personnel<br />
and Guidance Journal, 1968, p 586591<br />
Les motivations<br />
les plus<br />
importantes des<br />
cadres supérieurs<br />
Le tableau ci-contre met en exergue<br />
l’un des leviers de motivation<br />
fondamentaux d’un cadre supérieur :<br />
“Avoir de l’impact” (6.4/7). Nous<br />
proposons la définition de cette<br />
motivation comme le souhait<br />
d’influer sur les autres et sur son<br />
environnement.<br />
Pour un cadre supérieur exerçant<br />
des fonctions de type “managérial”<br />
ou devant faire preuve d’un certain<br />
“leadership”, il va de soi que l’impact<br />
relève d’une motivation à consolider<br />
la légitimité de son rôle d’influence.<br />
Notons que le degré de motivation à<br />
avoir de l’impact, donc de l’influence,<br />
est en général dépendant de la<br />
structure organisationnelle dans<br />
laquelle travaille le cadre supérieur 7<br />
(autorité statutaire, ou conférée par<br />
la fonction...). Cette motivation évolue<br />
donc selon l’environnement structurel<br />
et conjoncturel de l’organisation.<br />
Dans le contexte de transformation<br />
actuelle du modèle organisationnel<br />
du secteur public, la question de la<br />
bonne exploitation de cette motivation<br />
se pose : faut-il, par exemple, savoir<br />
mieux l’utiliser et/ou la développer<br />
pour mettre en œuvre des stratégies<br />
efficaces de communication, de<br />
gestion du compromis ou encore<br />
d’adaptation ?<br />
Notons en outre la prédominance des<br />
motivations “Défi stratégique”,<br />
“Autonomie”, “Sens entrepreneurial”<br />
et “Motiver les autres”.<br />
Le “Défi stratégique” (5.88/7) est lié<br />
au souhait d’allouer une “direction”<br />
à l’organisation, au service dirigé<br />
ou encore à l’action quotidienne<br />
des collaborateurs. Ce levier “Défi<br />
stratégique” correspond donc au désir<br />
de développer une vision stratégique,<br />
“meta” et long terme.<br />
D’autre part, afin de réaliser sa<br />
mission au quotidien, le cadre<br />
supérieur attend de bénéficier<br />
également d’une marge de<br />
manœuvre significative pour rester<br />
motivé. Il souhaite être suffisamment<br />
“Autonome” (5.76/7) et “Développer<br />
un sens entrepreneurial” (5.59)<br />
pour oser prendre des risques et en<br />
assumer la responsabilité.<br />
Enfin, le cadre supérieur porte un<br />
intérêt non négligeable au fait de<br />
“motiver ses équipes”, zone créatrice<br />
d’une relation privilégiée et donc<br />
preuve de son influence réelle sur ses<br />
proches collaborateurs.<br />
11<br />
page
Les motivations<br />
les moins<br />
importantes des<br />
cadres supérieurs<br />
La motivation la moins importante<br />
d’un cadre supérieur se matérialise<br />
dans le levier “Développer son<br />
expertise” (4.02/7). En effet,<br />
lorsqu’un cadre supérieur atteint ce<br />
niveau de responsabilités, il travaille<br />
surtout à la définition de sa propre<br />
identité managériale de dirigeant<br />
plutôt qu’à l’acquisition d’un savoirfaire<br />
technique particulier.<br />
Il est donc intéressant de corréler ce<br />
levier à ceux relatifs au management<br />
de soi “Faire carrière” (4.45/7) et<br />
“Conditions de travail optimales”<br />
(4.16/7). Ces leviers, faibles<br />
également, démontrent le moindre<br />
intérêt porté par un cadre supérieur<br />
quant à ses possibilités d’avancement<br />
de carrière et quant aux moyens d’y<br />
parvenir. Ceux-ci lui semblent en effet<br />
déjà conquis.<br />
En outre, le tableau montre que le<br />
cadre supérieur éprouve une certaine<br />
indépendance par rapport à son<br />
environnement, à son entourage<br />
professionnel. Le cadre supérieur<br />
semble être moins tributaire d’un<br />
souhait de “climat de travail positif”<br />
(4.93/7). Il semble avoir moins besoin<br />
d’être “respecté” (4.58/7) que la<br />
population générale ; ces dimensions<br />
lui ayant déjà permis de parvenir à sa<br />
fonction actuelle.<br />
Enfin, la motivation “Rendre service<br />
aux autres” (4.12/7) est bien plus<br />
faible pour les cadres supérieurs<br />
que pour la population générale. En<br />
effet, celui qui atteint ces niveaux<br />
de fonctions semblerait davantage<br />
motivé à exercer son pouvoir<br />
sur / dans une organisation qu’à<br />
développer une relation de proximité<br />
avec les clients et les usagers. Ce<br />
souci de qualité opérationnelle serait<br />
plutôt dévolu à ses collaborateurs.<br />
Cette lecture du graphique nous<br />
permet donc de comprendre que le<br />
cadre supérieur est davantage animé<br />
par des motivations intrinsèques<br />
(intérêt intellectuel, autonomie dans<br />
l’organisation de ses tâches....) que<br />
des motivations extrinsèques reflétant<br />
une certaine acceptation de son<br />
environnement.<br />
page 12
Synthèse<br />
<strong>LES</strong> <strong>LEVIERS</strong> clés <strong>DE</strong><br />
<strong>MOTIVATION</strong> <strong>DE</strong>S <strong>CADRES</strong><br />
Supérieurs TOUS<br />
SECTEURS CONFONDUS<br />
PAR RAPPORT A <strong>LA</strong><br />
POPU<strong>LA</strong>TION générale<br />
Les plus importants :<br />
ۗۗAvoir de l’impact<br />
ۗۗDéfi stratégique<br />
ۗۗAutonomie<br />
ۗۗSens entrepreneurial<br />
ۗۗMotiver les autres<br />
Les moins importants :<br />
ۗۗDévelopper son expertise<br />
ۗۗRendre service aux autres<br />
ۗۗEtre respecté<br />
ۗۗClimat de travail positif<br />
ۗۗFaire carrière<br />
ۗۗConditions de travail optimales<br />
13<br />
page
Les motivations du<br />
cadre supérieur<br />
dans le secteur<br />
public<br />
3 4 5 6 7<br />
Développer son expertise<br />
Exprimer sa créativité<br />
Défi stratégique<br />
Sens entrepreneurial<br />
Autonomie<br />
Défis<br />
Motiver les autres<br />
Avoir de l’impact<br />
Reconnaissance<br />
Rendre service aux autres<br />
Etre respecté<br />
Climat de travail positif<br />
Faire carrière<br />
Conditions de travail optimales<br />
Rémunération<br />
GRAPHE 3 :<br />
Cadres supérieurs<br />
du secteur public<br />
rapportés à la<br />
population générale, à<br />
savoir tout secteur et<br />
fonction confondus<br />
LEGEN<strong>DE</strong><br />
Cadres supérieurs<br />
Différences significatives : supérieures à la population générale<br />
Différences significatives : inférieures à la population générale<br />
page 14<br />
5.00<br />
Moyenne des réponses de la population générale
Ce tableau compare la population<br />
générale avec celle des cadres<br />
supérieurs du secteur public.<br />
Il est intéressant de noter que<br />
les leviers de motivation des<br />
cadres supérieurs du secteur<br />
public coïncident avec ceux de<br />
la population globale des cadres<br />
supérieurs, présentée dans le<br />
chapitre précédent.<br />
En revanche, certains de ces<br />
leviers sont ici plus marqués.<br />
Dans ce graphique, les motivations<br />
des cadres supérieurs du secteur<br />
public s’incarnent proportionnellement<br />
davantage dans les motivations<br />
de “Défi stratégique” (6.1/7),<br />
d’“Impact” (5.7/7) et d’“Expression<br />
de sa créativité” (5.4/7) que pour la<br />
population générale.<br />
A l’inverse, les leviers “Développer<br />
son expertise” (4.3/7), “Faire carrière”<br />
(4.3/7) et “Rémunération” (4.3/7)<br />
sont clairement moins marqués.<br />
Notons, par ailleurs, la faible<br />
différence du levier “Rendre service<br />
aux autres” (4.8/7), entre les cadres<br />
supérieurs du public et la population<br />
générale, l’un des critères les plus<br />
8 PERRY J.L & R WISE, “The Motivational Bases of Public Service”,<br />
Public Administration Review (May/June), 1990, p 367 337<br />
9 HON<strong>DE</strong>GHEM Annie, WAN<strong>DE</strong>NABEELE Wouter, Revue française<br />
d’administration publique n°115, 2005, pp 463480<br />
discriminants dans le graphique<br />
précédent.<br />
L’explication des items ici présentés,<br />
nous permet d’augurer que le cadre<br />
supérieur du secteur public est animé<br />
par certaines valeurs liées à un<br />
“idéal de service public” : impacter et<br />
contribuer au fonctionnement de la<br />
Cité à un niveau stratégique et long<br />
terme en participant à sa régulation et<br />
en créant des conditions favorables<br />
à l’épanouissement des citoyens,<br />
tout en portant une responsabilité<br />
sociétale de service.<br />
“ On ne reste pas dans la<br />
fonction publique par<br />
hasard ”<br />
De ce fait, il est possible que le<br />
cadre supérieur consente au contrat<br />
psychologique “employeur/employé”<br />
suivant : en contrepartie de valeurs<br />
“humanistes” et d’un sens attribué à<br />
son action, il accepte une rétribution<br />
pécuniaire moindre.<br />
Une motivation<br />
spécifique à<br />
l’égard du<br />
“service public” ?<br />
Le concept de “Motivation à l’égard<br />
du service public”, développé par<br />
Perry&Wise 8 dans les années<br />
1990, vise à montrer la présence<br />
de facteurs communs de motivation<br />
auprès des fonctionnaires. Ce<br />
concept peut être défini comme<br />
“Une conviction, des valeurs et des<br />
attitudes qui dépassent l’intérêt<br />
personnel ou celui d’une organisation<br />
pour prendre en compte l’intérêt<br />
d’une entité politique plus vaste et<br />
qui induisent, dans une interaction<br />
publique, une motivation pour tenir<br />
une conduite définie”. 9<br />
Perry & Wise analysent cette<br />
“motivation à l’égard du service<br />
public” sous trois axes : normatif,<br />
rationnel et affectif. Nous proposons<br />
de relier ces trois niveaux de lecture<br />
à certaines dimensions présentées<br />
dans le graphique.<br />
ۗۗL’aspect “normatif” de cette<br />
motivation peut se traduire par<br />
la dimension “Défi stratégique”<br />
notamment plus forte que pour la<br />
population des cadres supérieurs<br />
précédemment étudiée.<br />
“ Le cadre du secteur<br />
public contribue à<br />
l’élaboration des<br />
politiques publiques<br />
grâce à ses capacités<br />
conceptuelle et<br />
d’abstraction “<br />
15<br />
page
Elle implique chez le<br />
fonctionnaire une motivation<br />
pour la portée long terme de<br />
sa réflexion et de sa vision,<br />
avec l’objectif de servir le “Bien<br />
Commun” et de contribuer ainsi<br />
à la continuité du service public.<br />
“ Nous devons<br />
davantage penser au<br />
contribuable “<br />
ۗۗEn revanche, la motivation à<br />
l’égard du service public se<br />
“rationnalise” et s’incarne au<br />
quotidien dans les stratégies<br />
d’actions mises en œuvre par les<br />
individus en fonction de la finalité<br />
visée.<br />
D’une part, c’est en souhaitant<br />
“Exprimer sa créativité” et ainsi<br />
innover en apportant sa pierre à<br />
l’édifice que le cadre supérieur<br />
du secteur public envisage<br />
de participer au principe<br />
d’“Adaptabilité” 10 du service<br />
public. C’est en élaborant<br />
des politiques publiques,<br />
en concevant des lois, en<br />
proposant de nouvelles<br />
approches tout en respectant<br />
la “Continuité” 11 de l’Etat, que<br />
le haut fonctionnaire cherche à<br />
s’épanouir intellectuellement et<br />
professionnellement.<br />
C’est d’autre part en désirant<br />
“Développer son expertise” par<br />
une forte diversité de parcours<br />
de carrière que ce même cadre<br />
supérieur entend satisfaire son<br />
besoin de défis intellectuels.<br />
Notons en effet que cette<br />
motivation apparait plus forte<br />
dans le secteur public que<br />
chez la population globale<br />
des cadres supérieurs 12 . Elle<br />
correspond davantage au souhait<br />
d’asseoir sa légitimité sur la<br />
reconnaissance de son expertise<br />
technique.<br />
Ce propos trouve sens aussi<br />
dans les qualités et aptitudes<br />
techniques dévolues au haut<br />
fonctionnaire français. Celui-ci<br />
se distingue par sa formation,<br />
le plus souvent dans des lieux<br />
élitistes (Ena, Polytechnique...),<br />
par d’indéniables capacités<br />
de gestion, des compétences<br />
techniques, des connaissances<br />
étendues, des aptitudes<br />
intellectuelles et oratoires, ou<br />
encore une vraie capacité de<br />
discernement.<br />
ۗۗEnfin, ces auteurs proposent<br />
une troisième lecture de cette<br />
motivation qui est d’ordre<br />
“affectif” : ces<br />
“serviteurs de l’Etat” sont<br />
motivés par une certaine<br />
responsabilité sociétale.<br />
Cependant, nous pouvons nous<br />
étonner de la faiblesse “absolue”<br />
de ce levier, reflétée dans l’item<br />
“Rendre Service aux Autres”.<br />
Bien plus mobilisatrice que chez<br />
les cadres en général 13 ,<br />
cette motivation se révèle en<br />
revanche moins forte chez les<br />
cadres supérieurs du service<br />
public. Ce constat n’est-il pas<br />
étonnant étant donné les valeurs<br />
de “service” portées par ces<br />
mêmes cadres et qui semblent<br />
inhérentes à leur fonction ?<br />
page 16<br />
10<br />
Lois Rolland dites “lois du service public” : Continuité,<br />
Adaptabilité, Egalité, Valeur ajoutée nulle, Neutralité, Obligation de<br />
fonctionnement correct<br />
11<br />
Idem<br />
12<br />
Cf graphique précédent<br />
13<br />
Cf graphique précédent
Nous pouvons en effet relier cet item<br />
à une motivation de “Service”, c’està-dire<br />
à celle d’un besoin intrinsèque<br />
du cadre supérieur de donner un<br />
sens à son action, impliquant des<br />
valeurs humanistes, sociales et de<br />
progrès, caractéristiques des modes<br />
d’intervention de l’Etat, notamment en<br />
France, liés par exemple à un certain<br />
idéal républicain, accordant une large<br />
place à l’Education (l’exemple de la<br />
IIIème République) ou encore aux<br />
Aides Sociales.<br />
“ Il est primordial de<br />
se positionner en tant<br />
que responsable de<br />
la qualité du service<br />
public et d’en faire<br />
respecter la mission ”<br />
Or, la question sous-jacente, à<br />
laquelle nous essaierons de répondre<br />
dans la suite de cette étude avec<br />
l’analyse approfondie du levier<br />
“Motiver les autres”, est celle de<br />
l’équilibre à trouver entre l’implication<br />
du cadre supérieur à l’intérieur<br />
(management de ses agents) et à<br />
l’extérieur (satisfaction de l’usager<br />
/ environnement relationnel). Car,<br />
le souhait de “Motiver ses équipes”<br />
(5.2/7) apparait certes comme<br />
un critère supérieur à celui de la<br />
population générale mais avec un<br />
degré de différence moins fort<br />
que dans le graphique précédent<br />
concernant la population des cadres<br />
supérieurs en général. C’est pourquoi,<br />
nous pouvons convenir que le souhait<br />
d’“Impact” recherché par le cadre<br />
supérieur du secteur public serait<br />
davantage tourné vers une réflexion<br />
et une participation à la vie de la Cité<br />
“ Nous devons nous<br />
distinguer par notre<br />
capacité décisionnelle<br />
et l’influence que<br />
nous dégageons sur<br />
les hommes et sur les<br />
projets ”<br />
qu’orienté vers un désir d’influence<br />
sur le quotidien de ses agents.<br />
Cette “motivation à l’égard du service<br />
public” correspond à une véritable<br />
notion d’engagement sociétal. Elle<br />
peut être corroborée par la faiblesse<br />
du levier “Rémunération”, bien moins<br />
mobilisateur que pour la population<br />
générale.<br />
Sous un angle RH, nous pouvons<br />
proposer l’analogie du “Contrat<br />
psychologique Employeur / Employé”<br />
(les conditions d’échanges de service<br />
entre l’organisation et l’individu,<br />
contrat) spécifique au secteur public<br />
et illustré par la réflexion de Marie-<br />
Christine Kessler évoquant le mépris<br />
de l’argent et du profit à l’inverse du<br />
sens du mérite et de l’honneur. 14<br />
Cette moindre<br />
motivation pour la<br />
rémunération montre<br />
alors l’importance de<br />
critères non PECUNIAIRES<br />
pour mobiliser un<br />
fonctionnaire ; Il<br />
accepterait ainsi une<br />
évolution salariale<br />
limitée en contrepartie<br />
d’un réel sens donné à<br />
son action.<br />
14<br />
KESSLER Marie-Christine, Les Grands Corps de l’Etat, Presse<br />
de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1986<br />
17<br />
page
Synthèse<br />
<strong>LES</strong> <strong>LEVIERS</strong> <strong>DE</strong><br />
<strong>MOTIVATION</strong> <strong>DE</strong>S <strong>CADRES</strong><br />
Supérieurs DANS LE<br />
SECTEUR PUBLIC<br />
Les plus importants :<br />
ۗۗDéfi stratégique<br />
ۗۗAvoir de l’impact<br />
ۗۗExprimer sa créativité<br />
Les moins importants :<br />
ۗۗDévelopper son expertise<br />
ۗۗFaire carrière<br />
ۗۗRémunération<br />
page 18
19 page
COMPARAISON <strong>DE</strong>S <strong>LEVIERS</strong><br />
<strong>DE</strong> <strong>MOTIVATION</strong> <strong>DE</strong>S<br />
<strong>CADRES</strong> Supérieurs <strong>DE</strong>S<br />
SECTEURS PUBLIC ET Privé<br />
3 4 5 6 7<br />
Développer son expertise * *<br />
Exprimer sa créativité *<br />
Défi stratégique *<br />
Sens entrepreneurial * *<br />
Autonomie * *<br />
Défis<br />
Motiver les autres * *<br />
Avoir de l’impact * * *<br />
Reconnaissance *<br />
Rendre service aux autres * * *<br />
Etre respecté<br />
Climat de travail positif * *<br />
Faire carrière<br />
Conditions de travail optimales * *<br />
Rémunération * * *<br />
GRAPHE 4 :<br />
<strong>CADRES</strong> Supérieurs<br />
DU SECTEUR PUBLIC<br />
VERSUS <strong>CADRES</strong><br />
Supérieurs DU SECTEUR<br />
Privé, rapportés A <strong>LA</strong><br />
POPU<strong>LA</strong>TION générale<br />
LEGEN<strong>DE</strong><br />
page 20<br />
*/**<br />
5.00<br />
Cadres supérieurs du secteur public<br />
Cadres supérieurs du secteur privé<br />
Leviers de motivation plus mobilisateurs pour les cadres supérieurs du secteur privé que pour ceux du secteur public<br />
Leviers de motivation plus mobilisateurs pour les cadres supérieurs du secteur public que pour ceux du secteur privé<br />
Degré d’importance différentielle<br />
Moyenne des réponses de la population générale
La “motivation à l’égard du service<br />
public”, analysée comparativement<br />
à la population générale et à celle<br />
des cadres supérieurs dans leur<br />
globalité, trouve aussi sens dans<br />
ce graphique qui compare les<br />
cadres supérieurs des secteurs<br />
public et privé.<br />
Les différences entre les leviers “Défi<br />
stratégique”, “Rendre service aux<br />
autres” et “Rémunération” convergent<br />
avec nos analyses précédentes. Ces<br />
observations sont à relier à la nature<br />
des missions des secteurs public et<br />
privé qui sont bien distinctes. Si l’une<br />
comme l’autre sont au service de<br />
l’usager / du client, il n’en demeure<br />
pas moins que l’une réalise sa<br />
mission dans un objectif de “service<br />
public”, l’autre dans un objectif de<br />
“rentabilité”.<br />
L’environnement<br />
relationnel du<br />
cadre supérieur<br />
du secteur public<br />
Le contexte et l’environnement du<br />
cadre supérieur du secteur public<br />
se caractérisent par une multiplicité<br />
d’acteurs : tant en interne des<br />
structures publiques (nombreuses<br />
strates hiérarchiques, conglomérats<br />
de structures diverses) qu’en externe<br />
(fort lien avec les différents acteurs<br />
de la société civile). On peut alors<br />
supposer que l’action collective<br />
transcenderait la logique d’action<br />
individuelle et même la servirait.<br />
Cela provoquerait chez le haut<br />
fonctionnaire le souhait d’appartenir à<br />
un groupe, de rechercher une identité<br />
collective pour satisfaire ses propres<br />
besoins, valeurs et motivations.<br />
“ Savoir créer un<br />
environnement de<br />
qualité pour les clients<br />
internes et externes ”<br />
L’Institution apparaît comme<br />
première dans le secteur public,<br />
aussi bien en termes de sens donné<br />
à l’action que dans la relation du<br />
cadre supérieur manager et/ou<br />
dirigeant avec ses équipes.<br />
Cette remarque nous amène à<br />
réfléchir sur la force du collectif. Elle<br />
est illustrée par l’importance de la<br />
différence, entre les deux secteurs,<br />
des leviers “Reconnaissance”<br />
(5.2/8 pour le public contre 4.7/8<br />
pour le privé), “Climat de travail<br />
positif” (4.6/8 pour le public contre<br />
4/8 pour le privé) et “Conditions de<br />
travail optimales” (4.5/8 pour le public<br />
contre 3.9/8 pour le privé).<br />
La littérature sociopolitique ne cesse<br />
de mettre en avant les normes<br />
collectives telles que les codes, les<br />
rites et les processus d’intégration à<br />
l’égard du service public. La logique<br />
corporatiste, la force des réseaux<br />
(écoles...), la pression du groupe<br />
d’appartenance sont des lieux<br />
privilégiés de la construction d’une<br />
identité collective.<br />
“ Il est nécessaire<br />
de favoriser le<br />
management de<br />
proximité ”<br />
21<br />
page
Luc Rouban décrit d’ailleurs ce<br />
phénomène en termes de “Défiance<br />
individuelle, faible autonomie,<br />
pression du groupe d’appartenance” 15<br />
puis encore en termes de “régulations<br />
professionnelles” autrement plus<br />
puissantes qu’un système de gestion<br />
RH. 16<br />
Attardons-nous quelques instants<br />
sur l’une des composantes de cette<br />
idée de collectif : la notion de “corps”.<br />
Celle-ci est très représentative<br />
des jeux d’acteurs et de pouvoir<br />
relatifs au secteur public. Selon<br />
François Dupuy : “Le corps précède<br />
l’exercice du métier et existe par le<br />
recrutement plus que par la fonction<br />
exercée”. 17 Il explique aussi que “les<br />
corps constituent autant de réseaux<br />
parallèles considérés notamment<br />
comme “le meilleur réseau de<br />
résolution de conflits de l’univers<br />
administratif”.” 18<br />
Aujourd’hui, face aux transformations<br />
profondes des organisations<br />
(mutualisations, restructurations,<br />
externalisations...), face à la perte<br />
de repères résultant du recul de la<br />
prééminence de “l’Institution étatique”,<br />
face à certaines atmosphères de<br />
travail délétères qui en résultent, ou<br />
encore à une possible maladresse<br />
ou “incompétence” de la hiérarchie<br />
à accompagner ce changement, ce<br />
lien et cet esprit collectif sont autant<br />
de lieux de refuge et de sécurité<br />
des attentes relationnelles du<br />
fonctionnaire.<br />
“ Transformer<br />
la performance<br />
individuelle en<br />
performance collective ”<br />
Notons pour conclure que le haut<br />
fonctionnaire exprime ces motivations<br />
de type extrinsèques, c’est-à-dire<br />
tournées vers l’externe, pour se forger<br />
un réseau relationnel non seulement<br />
afin d’appartenir à un groupe, mais<br />
aussi parce que ces liens de pouvoir,<br />
d’influence et de reconnaissance<br />
tissés avec son entourage le servent<br />
dans l’avancée de sa carrière.<br />
Cette analyse permet de poser la<br />
question suivante : quelle finalité<br />
accorder à la force du collectif dans<br />
le secteur public ? Si celle-ci était<br />
davantage tournée vers l’interne et<br />
vers un renforcement des relations<br />
professionnelles et hiérarchiques,<br />
que vers l’externe et les réseaux<br />
parallèles, cela ne contribuerait-il pas<br />
à un soutien plus direct et efficace<br />
de la performance individuelle et<br />
collective de l’organisation ?<br />
page 22<br />
15<br />
ROUBAN Luc, “GRH en France ou la chasse aux vieux démons” in<br />
revue Telescope, 2005, p 66<br />
16<br />
Idem. P 82<br />
17<br />
DUPUY François, THOENIG JeanClaude, Sociologie de<br />
l’administration française, Armand Colin, 1983, p 45<br />
18<br />
Idem, p 49
ۗۗ-<br />
Motivations et<br />
style de leadership<br />
“ Nous devons<br />
apprendre à mieux nous<br />
connaître pour être en<br />
mesure de motiver nos<br />
équipes ”<br />
Nous présentons dans ce paragraphe<br />
une analyse des motivations du cadre<br />
supérieur du secteur public et de son<br />
style de leadership en différenciant<br />
d’une part les motivations qui servent<br />
son rôle de “manager” et d’autre part<br />
ce qui va lui être utile en tant que<br />
“leader” dans le contexte actuel.<br />
Rappelons les définitions de<br />
“manager” et de “leader”. Même<br />
si le management et le leadership<br />
semblent avoir les mêmes objectifs<br />
(prendre des décisions, créer des<br />
équipes...), il n’en demeure pas moins<br />
que ces notions sont différentes. 19<br />
Le management opère sur des<br />
laps de temps relativement réduits,<br />
définit les rôles de chacun, contrôle<br />
l’organisation, fonctionne sur un<br />
environnement stable et régulier.<br />
Le leadership concerne des durées<br />
beaucoup plus longues, se focalise<br />
sur l’implication des équipes avec<br />
un objectif long terme, crée des<br />
événements susceptibles de stimuler<br />
les énergies, fait naître les conditions<br />
du changement.<br />
Cette terminologie ainsi définie,<br />
reprenons la lecture du graphique :<br />
“Sens entrepreneurial” (5.3/8<br />
pour le public contre 5.8/8 pour le<br />
privé) et “Autonomie” (5.3/8 pour<br />
le public contre 6.1/8 pour le privé)<br />
apparaissent comme des leviers de<br />
motivation moins marqués dans le<br />
secteur public que dans le privé.<br />
Mis en perspective avec les résultats<br />
de notre étude précédente sur le<br />
leadership 20 , nous en comprenons<br />
l’importance relative par l’univers<br />
administratif dans lequel évoluent<br />
les cadres supérieurs du public.<br />
Leur style de leadership est<br />
emprunt d’un important respect des<br />
règles et des procédures, d’une<br />
allégeance à l’Institution et à l’autorité<br />
décisionnaire d’un tiers ou encore de<br />
la prise en considération des enjeux<br />
politiques de court terme (rôle de l’élu<br />
par exemple).<br />
Contraints par cet environnement<br />
très structuré, ayant alors peu de<br />
marges de manœuvre individuelle, les<br />
cadres supérieurs du secteur public<br />
ne peuvent trouver qu’une relative<br />
stimulation professionnelle dans<br />
l’impact personnel qu’ils cherchent<br />
à obtenir au quotidien sur leur<br />
institution.<br />
19<br />
LEVY-LEBOYER Claude, La motivation dans l’entreprise, Editions<br />
d’organisation, 1998, p 201<br />
20<br />
BOGAERT Jeroan, VAN KEER Etienne, L’ADN des dirigeants des<br />
secteurs public et privé, Hudson, 2009, p10<br />
23<br />
page
“ Aujourd’hui, les<br />
modalités de l’action<br />
étatique nous<br />
contraignent plus<br />
qu’elles ne nous<br />
structurent ”<br />
Au regard de cette culture<br />
organisationnelle spécifique au<br />
secteur public, nous pouvons réfléchir<br />
à la triangulaire “Motivations”,<br />
“Leadership”, “Organisation” en nous<br />
posant les questions suivantes :<br />
ۗۗEst-ce un manque de motivation<br />
à agir sur son environnement qui<br />
fonde la culture organisationnelle<br />
de la fonction publique ? C’està-dire<br />
une organisation de type<br />
hiérarchique qui selon Miner 21<br />
serait axée sur les règles, les<br />
sanctions, les récompenses... ?<br />
ۗۗOu est-ce au contraire<br />
le système administratif,<br />
symbolisant force institutionnelle<br />
/ règles / procédures, qui<br />
contrecarrerait les velléités de<br />
ses dirigeants à activer plus<br />
fortement ces motivations ?<br />
Ainsi, moins autorisés par<br />
l’environnement à prendre des<br />
risques à court terme, leurs<br />
motivations à agir sur leur<br />
environnement structurel en<br />
seraient impactées.<br />
Dans le contexte de transformation<br />
actuelle, la réflexion à mener pourrait<br />
être la suivante : ces cadres ne sontils<br />
pas attendus sur leur capacité à<br />
développer un certain “leadership<br />
transformationnel” ?<br />
Reprenons la définition de Zazelnik 22<br />
décrivant le profil de ce type de<br />
leader : quelqu’un d’actif et pas<br />
seulement de réactif, qui élabore<br />
des idées originales au lieu de se<br />
contenter d’y répondre, qui est<br />
capable de provoquer l’imagination<br />
des autres, de susciter des attentes,<br />
et de conduire les activités dans des<br />
directions cohérentes avec ce qui est<br />
souhaitable pour l’organisation.<br />
Or, ce type de leadership n’est-il<br />
pas soutenu par des motivations à<br />
prendre des risques, sortir du cadre,<br />
proposer de nouvelles approches ?<br />
Comment dès lors considérer les<br />
leviers de “Sens entrepreneurial”<br />
et d’“Autonomie” dont la force<br />
mobilisatrice n’est pas à négliger<br />
dans le secteur public ?<br />
“ Nous avons besoin<br />
d’autonomie dans un<br />
cadre défini ”<br />
Il serait donc intéressant de réfléchir<br />
à la marge de manœuvre à octroyer<br />
au cadre supérieur du secteur<br />
public pour satisfaire son besoin<br />
d’entreprendre, afin de répondre aux<br />
enjeux actuels de transformations<br />
tout en respectant l’“autonomie”<br />
limitée par l’environnement et les<br />
règles de l’organisation. Par exemple,<br />
lui permettre d’exploiter au mieux sa<br />
motivation à “Exprimer sa créativité”<br />
(5.4/8 pour le public contre 5.2/8<br />
pour le privé) en tant que source<br />
d’innovation et donc d’autonomie<br />
conceptuelle, pourrait l’aider à<br />
répondre de façon efficace aux<br />
nouveaux enjeux transformationnels.<br />
De même, le levier “Motiver ses<br />
collaborateurs” (5.2/8 pour le public<br />
contre 5.8/8 pour le privé) est moins<br />
développé chez les cadres supérieurs<br />
du secteur public que chez ceux du<br />
privé. Reliant cette remarque à notre<br />
étude précédente, nous comprenons<br />
que la culture organisationnelle joue,<br />
là aussi, un rôle prédominant :<br />
contraints par un cadre d’actions<br />
très rigoureux, ils ont tendance à<br />
développer un leadership plus enclin<br />
à “contrôler” 23 , qu’à “croire et à faire<br />
confiance” et donc à développer<br />
des comportements managériaux<br />
favorisant davantage les relations de<br />
distance que de proximité.<br />
page 24<br />
21<br />
MINER JB, The early identification of managerial talent, Personnel<br />
and Guidance Journal, 1968, p 586591<br />
22<br />
ZAZELNIK A, Managers and leaders : are they different ?, Harvard<br />
Business Review, 1977, p 6778<br />
23<br />
VAN KEER Etienne, BOGAERT Jeroan, L’ADN des dirigeants des<br />
secteurs public et privé, Hudson, 2009, p10
“ Savoir communiquer<br />
et informer devient<br />
l’un de nos enjeux<br />
majeurs ”<br />
Ici encore, il faudrait se poser la<br />
question sous-jacente à la célèbre<br />
métaphore de la “poule et de l’oeuf” :<br />
qui de la culture organisationnelle<br />
ou de la motivation est première par<br />
rapport à l’autre ?<br />
Il est vrai que l’organisation du<br />
secteur public procure peu de<br />
leviers d’action pour développer une<br />
relation d’influence personnelle et de<br />
proximité entre le cadre supérieur et<br />
ses équipes ; le style de management<br />
s’en ressent.<br />
D’une part, les logiques traditionnelles<br />
contractuelles, celles du statut<br />
ou encore celles de l’avancement<br />
sont bien ancrées dans la culture<br />
du service public. D’autre part, ces<br />
hauts fonctionnaires encadrent bien<br />
souvent des collaborateurs qui leur<br />
sont imposés et qui sont présents<br />
depuis beaucoup plus longtemps<br />
qu’eux dans l’organisation. Cela limite<br />
alors l’importance de leur impact sur<br />
leurs agents.<br />
Enfin, la combinaison de postes<br />
de durée assez courte avec des<br />
promotions basées davantage<br />
sur l’ancienneté que sur les<br />
performances managériales ne peut<br />
que favoriser une motivation toute<br />
relative à s’impliquer quotidiennement<br />
dans le développement de relations<br />
personnalisées avec les agents.<br />
N’est-il pas alors opportun de relier<br />
avec logique ces trois leviers de<br />
motivation (“Sens entrepreneurial”,<br />
“Autonomie”, “Motiver les autres”)<br />
à celui assez tempéré du souhait<br />
d’“Avoir de l’impact” (5.7/8 pour le<br />
public contre 6.9/8 pour le privé) ?<br />
“ Il nous faut savoir<br />
générer une grande<br />
adhésion ”<br />
Or, pour développer son “leadership<br />
transformationnel”, le cadre supérieur<br />
du secteur public ne doit-il pas être<br />
davantage motivé pour gagner en<br />
influence et savoir susciter chez ses<br />
agents les comportements adéquats<br />
pour accompagner le changement ?<br />
A son avantage, il souhaite fortement<br />
contribuer à l’action publique via<br />
des motivations telles que le défi<br />
stratégique – pour développer une<br />
vision et donner du sens – ou encore<br />
la créativité – pour élaborer de<br />
nouvelles approches.<br />
Mais a-t-il suffisamment de clés en<br />
main et de marges de manœuvre<br />
pour communiquer cette vision<br />
et faire adhérer ses agents à des<br />
objectifs communs ?<br />
N’est-il pas nécessaire de se<br />
concentrer sur la réflexion actuelle<br />
concernant le renforcement de son<br />
influence auprès de ses équipes ?<br />
Pour cela, l’une des réponses pourrait<br />
être l’optimisation de ses marges de<br />
manœuvres, notamment en termes<br />
de communication. En effet, la<br />
communication doit privilégier une<br />
circulation fluide et uniforme, une<br />
appropriation et une exploitation<br />
des informations transmises entre<br />
dirigeants, cadres et collaborateurs.<br />
Grâce à elle, chacun devrait pouvoir<br />
mieux maîtriser son environnement<br />
pour bénéficier ainsi de marges de<br />
manœuvre plus importantes dans<br />
son quotidien et, ainsi, gagner en<br />
performance.<br />
25<br />
page
Synthèse<br />
<strong>LES</strong> <strong>LEVIERS</strong> <strong>DE</strong><br />
<strong>MOTIVATION</strong> clés <strong>DE</strong>S<br />
<strong>CADRES</strong> Supérieurs<br />
DU SECTEUR PUBLIC PAR<br />
RAPPORT A CEUX DU<br />
SECTEUR privé<br />
Les plus représentatifs du secteur<br />
public :<br />
ۗۗDévelopper son expertise<br />
ۗۗExprimer sa créativité<br />
ۗۗDéfi stratégique<br />
ۗۗReconnaissance<br />
ۗۗRendre service aux autres<br />
ۗۗClimat de travail positif<br />
ۗۗConditions de travail optimales<br />
Les moins représentatifs du secteur<br />
public :<br />
ۗۗSens entrepreuneurial<br />
ۗۗAutonomie<br />
ۗۗMotiver les autres<br />
ۗۗAvoir de l’impact<br />
ۗۗRémunération<br />
page 26
27 page
COMPARAISON <strong>DE</strong>S Leviers<br />
de motivation ENTRE les<br />
<strong>CADRES</strong> Supérieurs <strong>DE</strong>S<br />
<strong>FONCTION</strong>S <strong>PUBLIQUE</strong>S<br />
D’éTAT ET TERRITORIALE<br />
3 4 5 6 7<br />
Développer son expertise<br />
Exprimer sa créativité<br />
Défi stratégique<br />
Sens entrepreneurial<br />
Autonomie<br />
Défis<br />
Motiver les autres<br />
Avoir de l’impact<br />
Reconnaissance<br />
Rendre service aux autres<br />
Etre respecté<br />
Climat de travail positif<br />
Faire carrière<br />
Conditions de travail optimales<br />
Rémunération<br />
GRAPHE 5 :<br />
Cadres supérieurs de<br />
la fonction publique<br />
d’état Versus cadres<br />
supérieurs de la<br />
fonction publique<br />
territoriale, rapportés<br />
à la population<br />
générale<br />
LEGEN<strong>DE</strong><br />
Cadres supérieurs de la fonction publique d’Etat<br />
Cadres supérieurs de la fonction publique territoriale<br />
Différences significatives<br />
page 28<br />
5.00<br />
Moyenne des réponses de la population générale
Même si la finalité des fonctions<br />
publiques d’Etat et territoriale<br />
est proche (servir l’usager), le<br />
contexte et l’environnement de<br />
ces deux fonctions publiques<br />
divergent en termes d’organisation<br />
structurelle et de proximité<br />
avec l’usager. Plus proche du<br />
terrain et des citoyens, le cadre<br />
supérieur de la fonction publique<br />
territoriale est étroitement soumis<br />
aux attentes et besoins des<br />
contribuables de sa collectivité<br />
ainsi qu’aux jeux d’influence des<br />
élus qui l’entourent.<br />
A la lecture du graphique, nous<br />
observons que les leviers “Autonomie”<br />
(4.7/7 pour la fonction publique<br />
d’Etat contre 5.6/7 pour la fonction<br />
publique territoriale), “Avoir de<br />
l’Impact” (5.2/7 pour la fonction<br />
publique d’Etat contre 5.8/7 pour la<br />
fonction publique territoriale) et<br />
“Motiver ses collaborateurs” (5.2/7<br />
pour la fonction publique d’Etat<br />
contre 5.7/7 pour la fonction publique<br />
territoriale) sont plus stimulants dans<br />
la fonction territoriale que dans la<br />
fonction publique d’Etat.<br />
Des motivations<br />
de “proximité”<br />
plus marquées<br />
au sein de la<br />
fonction publique<br />
territoriale<br />
Proposons l’analyse de ces items<br />
discriminants en tenant compte<br />
du principe de subsidiarité ainsi<br />
défini dans le texte de la Charte<br />
européenne de l’autonomie locale :<br />
“L’exercice des responsabilités<br />
publiques doit, de façon générale,<br />
incomber de préférence aux autorités<br />
les plus proches des citoyens”. 24<br />
Prodiguant ainsi des missions<br />
de service public de proximité, la<br />
fonction publique territoriale est au<br />
cœur des exigences des usagers.<br />
Le rapport à autrui y recèle donc<br />
une importance capitale en matière<br />
d’engagement au travail, tant sur le<br />
plan de la relation avec les différents<br />
acteurs de l’action publique locale<br />
qu’à celle avec les usagers du service<br />
public local. Les métiers spécifiques,<br />
en relation constante avec l’usager<br />
(métiers sociaux, d’éducation,<br />
d’aménagement...) démontrent<br />
d’ailleurs que l’engagement local est<br />
plus fort au sein d’une commune,<br />
d’un département, d’une région<br />
que dans une structure centralisée<br />
dans laquelle la réflexion globale et<br />
stratégique prime.<br />
Le rôle de l’élu local est aussi à<br />
prendre en compte dans cette<br />
analyse. Sa position est au cœur des<br />
enjeux liés à l’emploi, à la sécurité,<br />
à l’urbanisme et aux transports,<br />
au développement durable mais<br />
aussi à la gestion des ménages,<br />
à l’éducation, au patrimoine... “[Ils<br />
sont] les véritables dépositaires<br />
d’une décentralisation réussie”. C’est<br />
aux élus de proximité qu’il revient<br />
de “redynamiser les territoires<br />
en conciliant les attentes et les<br />
aspirations de nos concitoyens<br />
en matière de développement<br />
économique et de maintien du lien<br />
social, mais aussi de sauvegarde<br />
des services publics ou encore de<br />
protection de l’environnement”. 25<br />
En outre, tenu par un mandat<br />
électoral, ils sont à la “merci” de la<br />
reconnaissance prodiguée par les<br />
usagers / citoyens et soumis à la<br />
concurrence électorale.<br />
24<br />
Discussion par le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux et<br />
adoption le 17 juin 1999, 3e séance (voir doc. CG (6) 8, projet de<br />
Recommandation présenté par M. V. Coifan, Rapporteur)<br />
25<br />
Lettre hebdomadaire du Carrefour n° 230 du 7 novembre 2005<br />
29<br />
page
C’est pourquoi, le dirigeant<br />
fonctionnaire local (directeur général<br />
des services, directeur général<br />
adjoint, directeur des ressources<br />
humaines, etc.) doit savoir jouer<br />
subtilement entre “volonté de l’élu”<br />
et “exigences des usagers”. Sa<br />
motivation à avoir de l’“impact”<br />
se révèle ainsi comme l’une des<br />
dimensions intrinsèques à sa fonction.<br />
En outre, le manager / dirigeant<br />
local, à la tête d’une structure à<br />
taille plus humaine (à la différence<br />
d’un ministère par exemple), peut<br />
développer une relation plus proche<br />
avec ses agents. Les manifestations<br />
locales, les remises de médailles,<br />
les réunions régulières avec les<br />
cadres ou avec les autres élus<br />
locaux... concourent à une dimension<br />
managériale de proximité. Ce type de<br />
relations favorise la création d’une<br />
identité collective et d’engagement<br />
des agents. De ce fait, la motivation<br />
du dirigeant à avoir de l’impact sur<br />
ses agents et à les motiver n’en sera<br />
que plus renforcée.<br />
Enfin, il est intéressant de noter<br />
la similitude de ces trois leviers<br />
concernant la fonction publique<br />
territoriale avec ceux du secteur<br />
privé : les degrés importants des<br />
motivations “Autonomie”, “Sens<br />
entrepreneurial” et “Avoir de l’impact”<br />
concordant entre ces deux typologies<br />
de cadres supérieurs illustrent à<br />
nouveau les liens entre motivations<br />
et typologie d’organisations. En effet,<br />
ces deux figures organisationnelles<br />
sont soumises à un contact plus<br />
fréquent et direct avec l’usager/<br />
client, à l’influence des évolutions<br />
économiques des territoires ou<br />
encore à celles des politiques<br />
locales ; elles se doivent donc d’être<br />
plus souples et adaptables.<br />
page 30
Synthèse<br />
Les différences les<br />
plus significatives<br />
concernent les<br />
leviers suivants :<br />
ۗۗAutonomie<br />
ۗۗMotiver les Autres<br />
ۗۗAvoir de l’Impact<br />
31<br />
page
FOCUS SUR <strong>LES</strong> DIFFERENCES<br />
GENERATIONNEL<strong>LES</strong> CHEZ<br />
<strong>LES</strong> <strong>CADRES</strong> Supérieurs DU<br />
SECTEUR PUBLIC<br />
3 4 5 6 7<br />
Développer son expertise<br />
Exprimer sa créativité<br />
Défi stratégique<br />
Sens entrepreneurial<br />
Autonomie<br />
Défis<br />
Motiver les autres<br />
Avoir de l’impact<br />
Reconnaissance<br />
Rendre service aux autres<br />
Etre respecté<br />
Climat de travail positif<br />
Faire carrière<br />
Conditions de travail optimales<br />
Rémunération<br />
GRAPHE 6 :<br />
Cadres supérieurs du<br />
secteur public de moins<br />
de 40 ans Versus 40-50<br />
ans versus de plus de<br />
50 ans, rapportés à la<br />
population générale<br />
LEGEN<strong>DE</strong><br />
Cadres supérieurs du secteur public de moins de 40 ans<br />
Cadres supérieurs du secteur public de 40 à 50 ans<br />
Cadres supérieurs du secteur public de plus de 50 ans<br />
Différences significatives<br />
page 32<br />
5.00<br />
Moyenne des réponses de la population générale
Nous avons souhaité analyser les<br />
résultats de cette étude à l’aune<br />
de la rupture générationnelle,<br />
comparant les motivations des<br />
“générations X” (nés entre 1959<br />
et 1980) et “Baby boomer” (nés<br />
entre 1947 et 1958).<br />
Notons que les jeunes managers /<br />
dirigeants sont peu nombreux. En<br />
effet, ce niveau de responsabilités<br />
ne s’atteint généralement qu’après<br />
un certain nombre d’années<br />
d’expérience professionnelle. Les<br />
statistiques liées aux réponses le<br />
reflètent : 55 répondants sur 244<br />
ont moins de 40 ans.<br />
Il nous a semblé néanmoins<br />
intéressant d’en découvrir<br />
les grandes tendances<br />
motivationnelles, et cela sur trois<br />
types de générations : ceux de<br />
moins de 40 ans, ceux qui ont<br />
entre 40 et 50 ans, et les plus de<br />
50 ans.<br />
Des tendances<br />
d’évolution<br />
logique<br />
Analysons tout d’abord le levier “Défi<br />
stratégique”. Celui-ci apparaît plus<br />
motivant pour les plus de 50 ans<br />
(6.8/7) comparativement aux autres<br />
générations (6.4/7 pour la génération<br />
intermédiaire et 5.6/7 pour la plus<br />
jeune). En effet, ce levier relève d’une<br />
motivation intrinsèque qui s’acquiert<br />
et se développe au fur à mesure de<br />
l’expérience. Néanmoins, il demeure<br />
le levier le plus motivant dans l’absolu<br />
quelque soit la génération analysée.<br />
L’observation concorde avec nos<br />
analyses précédentes.<br />
Le levier “Faire carrière” répond lui<br />
aussi à une évolution logique. Moins<br />
motivés que la population générale<br />
pour avancer dans leur carrière du<br />
fait d’un niveau de responsabilités<br />
déjà atteint, les plus jeunes cadres<br />
supérieurs du secteur public (4.6 /7)<br />
souhaitent néanmoins se mobiliser<br />
davantage que leurs aînés (3.6/7<br />
pour la génération du milieu et<br />
3.9/7 pour les plus de 50 ans) pour<br />
avancer professionnellement et<br />
bénéficier d’un déroulé de carrière<br />
prestigieux. Cela montre l’importance<br />
d’une réflexion à mener quant au<br />
spectre des choix de carrières<br />
possibles à proposer : évolutions<br />
hiérarchiques, mobilités transversales<br />
interministérielles ou encore inter<br />
fonctions publiques.<br />
Enfin, la forte mobilisation des<br />
plus jeunes pour être “Autonome”<br />
(5.4/7 contre 4.7/7 pour les cadres<br />
supérieurs âgés de 40 à 50 ans et<br />
5./71 pour leurs aînés) étonne peu.<br />
Ayant vécu les “Trente glorieuses”, la<br />
“Chute du Mur” de 1989 ou encore<br />
les évolutions des modèles familiaux<br />
et sociaux, cette jeune génération<br />
a dû apprendre à se créer de<br />
nouveaux repères, et cela de façon<br />
très autonome. Elle est ainsi moins<br />
encline et habituée à se référer à un<br />
cadre d’actions strict et rigoureux,<br />
comportement qui se reflète en<br />
termes professionnels. Pour avancer,<br />
elle préfère bénéficier d’une certaine<br />
marge de manœuvre assortie de<br />
marques de confiance de la part de<br />
son environnement.<br />
33<br />
page
Des résultats qui<br />
interrogent<br />
L’intérêt porté par les trois<br />
générations au “Sens entrepreneurial”<br />
peut surprendre. Ce goût du risque<br />
que suppose ce levier se renforce au<br />
fur et à mesure des années (5.1/7<br />
pour les plus jeunes, 5.4/7 pour les<br />
suivants et enfin 5.9 pour les plus<br />
de 50 ans). Pourrait-on comprendre<br />
cette évolution comme la présence<br />
d’une certaine prudence chez les<br />
jeunes générations pour sortir du<br />
cadre et avancer “dans l’inconnu” ?<br />
Cette réflexion serait à mettre en<br />
lien avec notre étude précédente<br />
sur le leadership 26 décrivant la jeune<br />
génération de manager / dirigeant<br />
comme moins impliquée dans les<br />
processus décisionnels et faisant<br />
preuve de plus d’esprit critique que<br />
leurs aînés.<br />
Nous pouvons tenter d’expliquer<br />
ce résultat en reliant ce levier à la<br />
faiblesse de celui de “Créativité” pour<br />
la jeune génération (5.3/7 pour les<br />
moins de 40 ans puis 5.7/7 puis 6/7)<br />
et l’importance de “Conditions de<br />
travail optimales” (4.6/7 pour les plus<br />
jeunes puis 3.6/7 et enfin 3.9/7 pour<br />
les plus de 50 ans).<br />
En effet, l’analyse comparative de<br />
ces trois leviers ne souligne-t-elle<br />
pas chez la plus jeune génération<br />
un désir certain de bénéficier d’un<br />
équilibre entre vie professionnelle et<br />
privée (à lier au levier “Conditions de<br />
travail optimales”) en s’investissant<br />
de manière limitée dans le<br />
développement de la structure (à<br />
lier au levier “Sens entrepreneurial”),<br />
étant de ce fait peu motivée à<br />
développer de nouvelles approches<br />
et angles de vue organisationnels et<br />
stratégiques (à lier avec “Exprimer sa<br />
créativité”) ?<br />
Enfin, l’aspiration à “Motiver les<br />
autres” est à son tour plus faible<br />
chez la jeune génération (5.1/7)<br />
que chez ses aînés (5.4/7 pour<br />
celle du milieu et 5.6/7 pour les<br />
plus de 50 ans). Cela pourrait-il<br />
s’expliquer simplement par une<br />
maturité peu développée à concevoir<br />
l’intérêt d’une relation managériale<br />
ou alors plus spécifiquement par<br />
un désengagement vis-à-vis de<br />
l’Institution ? Par une volonté de<br />
gagner en autonomie ? Et donc<br />
à s’attacher de façon moindre<br />
au développement d’une relation<br />
d’influence interpersonnelle au profit<br />
de l’organisation ? Tout ceci étant<br />
amplifié par une courte durée dans le<br />
même poste.<br />
Or, dans le chapitre “Motivations<br />
et Leadership”, ont été mis en<br />
exergue d’une part la triangulaire<br />
entre les thématiques “Motivations”,<br />
“Leadership” et “Organisation”, et<br />
d’autre part le défi de développer<br />
un “leadership transformationnel”<br />
chez ces managers / dirigeants ;<br />
l’objectif étant de mener à bien les<br />
transformations actuelles et à venir.<br />
Afin de répondre à ces nouveaux<br />
enjeux, la gestion des motivations<br />
“Sens entrepreneurial”,<br />
“Autonomie”, “Motiver les autres”<br />
semble alors un sujet primordial<br />
à valoriser pour la génération<br />
des managers et dirigeants de<br />
demain.<br />
26<br />
VAN KEER Etienne, BOGAERT Jeroan, L’ADN des dirigeants des<br />
page 34<br />
secteurs public et privé, Hudson, 2009, p16
Le secteur public<br />
comme lieu prédisposé<br />
pour manager les<br />
spécificités de la<br />
génération “Y”<br />
Analysée sous le sceau du “Why”,<br />
du “Pourquoi”, cherchant un sens à<br />
son action, animée par le désir de<br />
servir une cause qui fait écho en elle,<br />
marquée par un besoin d’immédiateté<br />
ou encore attirée par une soif de<br />
compétences, la génération Y (cadres<br />
nés après 1980) peut trouver dans<br />
l’essence même du secteur public et<br />
dans son évolution une réponse à ses<br />
spécificités générationnelles.<br />
C’est en effet en proposant un<br />
engagement sociétal et citoyen<br />
répondant au besoin de sens,<br />
un système de gestion des<br />
compétences adapté favorisant<br />
l’autonomie, des conditions de<br />
travail flexibles facilitant l’équilibre<br />
vie professionnelle / privée,<br />
ou encore des possibilités de<br />
mobilité servant la volonté de<br />
“faire carrière”, que le secteur<br />
public parviendra à consolider une<br />
véritable “image employeur” de<br />
qualité, répondant aux exigences<br />
de cette nouvelle génération.<br />
35<br />
page
Synthèse<br />
<strong>LES</strong> <strong>LEVIERS</strong> <strong>DE</strong><br />
<strong>MOTIVATION</strong> EN LIEN<br />
AVEC <strong>LES</strong> différences<br />
générationnelles AU<br />
SEIN DU SECTEUR PUBLIC<br />
Les différences les plus significatives<br />
concernent les leviers suivants :<br />
ۗۗDéfi stratégique<br />
ۗۗFaire carrière<br />
ۗۗAutonomie<br />
ۗۗSens entrepreunerial<br />
ۗۗExprimer sa créativité<br />
ۗۗConditions de travail optimales<br />
ۗۗMotiver les autres<br />
page 36
<strong>LES</strong> <strong>DE</strong>FIS DU<br />
DIRIGEANT<br />
Quelle est la<br />
question à se<br />
poser ?<br />
A la suite de l’analyse des<br />
graphiques qui vient d’être<br />
réalisée, la conclusion qui s’en<br />
dégage pourrait être être la<br />
suivante :<br />
Y a-t-il certains leviers à prendre<br />
davantage en considération ou<br />
à activer de façon plus marquée<br />
pour favoriser l’engagement des<br />
cadres supérieurs dans des enjeux<br />
d’accompagnement du changement ?<br />
Au regard des résultats des deux<br />
études Hudson sur le leadership<br />
des dirigeants du secteur public et<br />
sur leurs motivations spécifiques, il<br />
nous semble opportun de les mettre<br />
en perspective avec leurs défis<br />
individuels, afin de répondre au mieux<br />
aux enjeux actuels.<br />
ۗۗComment le cadre supérieur<br />
du secteur public peut-il<br />
concrètement parvenir à<br />
proposer une direction porteuse<br />
de sens pour rassembler<br />
les agents autour de valeurs<br />
communes et contribuer<br />
activement et efficacement aux<br />
transformations de la sphère<br />
publique ?<br />
ۗۗComment faire mieux avec les<br />
attributs du cadre supérieur<br />
public d’aujourd’hui ?<br />
ۗۗComment utiliser son<br />
leadership et ses ressources<br />
motivationnelles pour lui<br />
permettre de conduire du mieux<br />
possible les réformes en cours ?<br />
Et ainsi pouvoir ancrer la<br />
dynamique de changement dans<br />
le long terme en respectant<br />
les spécificités structurelles du<br />
secteur public.<br />
Nous proposons ci-après quelques<br />
axes de réflexion afin d’accompagner<br />
ces cadres supérieurs dans une<br />
meilleure appréhension et maîtrise de<br />
leur environnement complexe.<br />
“ L’une de nos clés<br />
pour être un bon<br />
dirigeant est d’avoir<br />
une personnalité<br />
et des compétences<br />
adaptables ”<br />
“ Il nous faut savoir<br />
lutter contre<br />
l’habitude ”<br />
37<br />
page
Inspirer pour<br />
donner du sens et<br />
générer l’adhésion<br />
L’enjeu actuel DU<br />
CADRE SUPéRIEUR DU<br />
SECTEUR PUBLIC<br />
PARTICIPER A <strong>LA</strong> CRéATION<br />
D’UNE VéRITABLE “CONSCIENCE<br />
COLLECTIVE” DU SERVICE<br />
PUBLIC EN S’APPUYANT SUR<br />
SES VALEURS (SENS DU<br />
SERVICE, INTéRêT GéNéRAL...)<br />
POUR ACCOMPAGNER LE<br />
CHANGEMENT ACTUEL ET<br />
L’ANCRER AINSI DANS <strong>LA</strong><br />
CONTINUITé <strong>DE</strong> L’ACTION<br />
<strong>PUBLIQUE</strong>.<br />
Ses Points d’appui<br />
Pour ce faire, il doit trouver sa<br />
légitimité en s’appuyant sur ses<br />
motivations à avoir une vision long<br />
terme, sur ses capacités à élaborer<br />
une stratégie et à appréhender la<br />
complexité. Elles constituent alors ses<br />
ressources nécessaires pour inspirer<br />
davantage ses agents.<br />
Son Défi<br />
Développer sa capacité à<br />
communiquer et à transmettre cette<br />
vision pour inspirer et répondre ainsi<br />
aux inquiétudes et pertes de repères<br />
des agents, provoquées notamment<br />
par les bouleversements actuels de la<br />
structure étatique.<br />
NOS CONSEILS HUDSON<br />
ۗۗDévelopper une vision en<br />
s’appuyant sur sa motivation<br />
à privilégier une approche<br />
stratégique des situations et sur<br />
son style de leadership orienté<br />
long terme.<br />
ۗۗConstruire cette vision sur<br />
les principes et les valeurs du<br />
service public afin de donner du<br />
sens à l’action des agents. C’est<br />
en incarnant son action dans<br />
l’ADN de l’organisation que le<br />
dirigeant gagnera en adhésion.<br />
“ LE DIRIGEANT DU<br />
SECTEUR PUBLIC DOIT de<br />
PLUS EN PLUS DONNER DU<br />
SENS ”<br />
ۗۗCommuniquer clairement et de<br />
façon transparente une vision<br />
long terme déclinée en objectifs<br />
de court terme, en utilisant ses<br />
capacités à convaincre pour<br />
gagner en impact et en<br />
influence : maîtriser les<br />
techniques de communication.<br />
ۗۗAssumer le rôle de<br />
représentation et de modèle<br />
en adoptant un mode de<br />
fonctionnement exemplaire et<br />
sincère au sein de l’organisation ;<br />
celui-ci lui permettra de<br />
rassembler les agents et créer<br />
une émulation collective au<br />
service du projet. L’objectif pour<br />
un dirigeant étant d’être cohérent<br />
entre “le dire” et “le faire”, il doit<br />
aussi savoir susciter et accepter<br />
les retours de ses collaborateurs<br />
sur sa manière de manager. Par<br />
cela, il gagnera en leadership.<br />
“ Il est plus facile<br />
de développer le<br />
collaborateur<br />
dans le secteur<br />
public car le sens<br />
est plus facilement<br />
appréhendable ”<br />
page 38
Responsabiliser<br />
pour motiver<br />
L’enjeu actuel DU<br />
CADRE SUPéRIEUR DU<br />
SECTEUR PUBLIC<br />
DéPASSER UN SYSTèME<br />
ADMINISTRATIF EMPRUNT <strong>DE</strong><br />
RèG<strong>LES</strong> ET <strong>DE</strong> PROCéDURES<br />
POUR S’EFFORCER <strong>DE</strong><br />
CRéER UNE RE<strong>LA</strong>TION <strong>DE</strong><br />
PROXIMITé AVEC <strong>LES</strong> éQUIPES<br />
ET <strong>LES</strong> USAGERS, TOUT EN<br />
RESPECTANT L’OBLIGATION<br />
<strong>DE</strong> TRANSPARENCE ET <strong>DE</strong><br />
NEUTRALITé <strong>DE</strong> SON ACTION.<br />
Ses Points d’appui<br />
A son avantage, il détient une vraie<br />
motivation à avoir de l’impact et à<br />
rendre service aux autres ainsi que<br />
des capacités à convaincre et à<br />
contrôler.<br />
Son Défi<br />
Prendre davantage en considération<br />
les leviers de motivation de ses<br />
agents et développer ainsi un<br />
leadership plus motivant. Le cadre<br />
supérieur doit apprendre à “entendre<br />
et comprendre” ses équipes pour<br />
“se faire entendre et se faire<br />
comprendre” en réinventant une<br />
relation “manager/managé”.<br />
NOS CONSEILS HUDSON<br />
ۗۗS’appuyer sur son style de<br />
leadership marqué par une<br />
capacité à être “directif” et à<br />
“contrôler” pour garantir l’identité<br />
organisationnelle du service<br />
public et la neutralité de l’action<br />
publique.<br />
ۗۗSavoir adopter une approche de<br />
“service” et de “reconnaissance”<br />
en interne lorsque celle-ci se<br />
révèle nécessaire : accentuer<br />
par exemple l’accompagnement<br />
au développement et<br />
la reconnaissance des<br />
compétences individuelles :<br />
tutorat, coaching, formations,<br />
systèmes de rémunération...<br />
“ LE DIRIGEANT DU SECTEUR<br />
PUBLIC DOIT MANAGER PAR<br />
<strong>LA</strong> CONFIANCE ”<br />
ۗۗEntraîner la confiance<br />
interpersonnelle dans les<br />
relations professionnelles, en<br />
favorisant l’objectivité pour créer<br />
l’engagement ; développer, aussi<br />
bien pour soi-même en tant que<br />
“leader” ou “manager” que pour<br />
ses N-1, un système d’évaluation<br />
objectif et constructif de ses<br />
agents : s’appuyer sur des<br />
référentiels de métiers et de<br />
compétences, connus de tous,<br />
pour que l’évaluation annuelle<br />
remporte les effets escomptés<br />
par la suppression de la notation.<br />
Il est en outre nécessaire de<br />
former les managers à utiliser<br />
les entretiens annuels ou les<br />
entretiens de carrière de façon<br />
objective et neutre pour favoriser<br />
l’aspect constructif de ces temps<br />
d’échange.<br />
ۗۗRecruter de façon objective<br />
et respecter ainsi le principe<br />
“d’égalité” dévolu au secteur<br />
public.<br />
ۗۗManager par missions (et non<br />
pas seulement par tâches ou<br />
objectifs) pour responsabiliser,<br />
tout en maintenant le sens<br />
donné : développer ainsi le sens<br />
de l’initiative et d’innovation des<br />
agents en reconnaissant leur<br />
performance individuelle.<br />
ۗۗVeiller au respect de la notion<br />
d’identité collective suggérée<br />
par les organisations publiques,<br />
en sachant mettre en valeur<br />
le fait que l’amélioration de la<br />
performance individuelle est au<br />
service du collectif.<br />
39<br />
page
Piloter en<br />
développant<br />
une stratégie<br />
organisationnelle<br />
L’enjeu actuel DU<br />
CADRE SUPéRIEUR DU<br />
SECTEUR PUBLIC<br />
êTRE CAPABLE <strong>DE</strong> DéCI<strong>DE</strong>R<br />
RAPI<strong>DE</strong>MENT, EN DéPASSANT <strong>LA</strong><br />
SEULE CAPACITé à RéAGIR ET<br />
EN FAVORISANT L’ANTICIPATION<br />
ET <strong>LA</strong> GESTION DU RISQUE à<br />
COURT ET LONG TERME.<br />
Ses Points d’appui<br />
Le cadre supérieur adopte un<br />
leadership propice à l’innovation et<br />
à la stratégie. En outre, ses relations<br />
interpersonnelles sont marquées<br />
par une capacité à favoriser la<br />
coopération et à travailler dans un<br />
climat de travail positif.<br />
Son Défi<br />
Contraint par une culture de la<br />
mobilité (changements fréquents<br />
de postes), le cadre supérieur doit<br />
s’efforcer de servir son entourage en<br />
prenant conscience de la mission<br />
“stratégique” à long terme dont il est<br />
investi, tout en sachant l’ancrer dans<br />
une dynamique “tactique” de gestion<br />
de projets à court terme.<br />
NOS CONSEILS HUDSON<br />
ۗۗS’appuyer sur son ancrage de<br />
“Créativité entrepreneuriale”, 27<br />
en étant imaginatif et adaptable,<br />
pour trouver les ressources<br />
nécessaires aux contraintes<br />
rencontrées.<br />
ۗۗSavoir mieux s’entourer, en<br />
utilisant un style de leadership<br />
favorisant la coopération : utiliser<br />
son réseau pour favoriser les<br />
échanges transversaux et de<br />
bonnes pratiques ; développer<br />
une dynamique d’apprentissage<br />
entre les pairs / collaborateurs /<br />
responsables hiérarchiques /<br />
organisations syndicales.<br />
ۗۗResponsabiliser et<br />
professionnaliser les N-1 dans<br />
le pilotage de la stratégie<br />
organisationnelle.<br />
“ C’est l’optimisation des<br />
processus que nous<br />
devons viser ”<br />
ۗۗSe rapprocher de la réalité terrain<br />
en adoptant une démarche plus<br />
participative et “cocréative” :<br />
favoriser la méthode “lean”,<br />
les groupes de travail pour<br />
encourager l’intelligence<br />
collective, pour contrecarrer le<br />
“doute” et la solitude du cadre<br />
supérieur en sécurisant ses<br />
décisions par cette approche<br />
collégiale.<br />
“ Nous devons Savoir<br />
manager par objectifs<br />
individuels et<br />
collectifs ”<br />
ۗۗS’appuyer aussi sur le collectif<br />
en externe (la société civile)<br />
comme “agent” du changement<br />
pour favoriser l’innovation et<br />
fournir un service public de<br />
qualité.<br />
page 40<br />
27<br />
Le concept des ancres de carrière a vu le jour dans les années 1970, par l’entremise des travaux de recherche de Edgar H. Schein (1968, 1975, 1978, 1985,<br />
1987, 1990, 1992, 1996, 2006). Il permet de mieux comprendre chez une personne la relation étroite qu’elle établit entre ses valeurs et ses choix de carrière.<br />
Aussi, Schein définit 8 ancres de carrière que sont : (1) la compétence technique et fonctionnelle, (2) la gestion, (3) l’autonomie/indépendance, (4) la sécurité/<br />
stabilité ou l’identité organisationnelle, (5) le service/dévouement à une cause, (6) le défi (ou variété), (7) le style de vie et (8) la créativité entrepreneuriale.
41 page
Conclusion<br />
Le rôle de la<br />
fonction RH<br />
Cette étude nous a permis<br />
d’appréhender les motivations<br />
clés des cadres et dirigeants de la<br />
fonction publique : défi stratégique,<br />
rendre service aux autres, avoir de<br />
l’impact, évoluer dans un collectif...<br />
C’est en prenant en considération ces<br />
différents leviers que l’Administration<br />
pourra attirer, impliquer et fidéliser les<br />
“clés de voûte” des réformes en cours<br />
et à venir.<br />
Pour réaliser cela, il est néanmoins<br />
nécessaire d’identifier les “leaders<br />
et/ou managers à potentiel”, et<br />
d’accompagner leur développement.<br />
Selon l’Institut Montaigne : “L’objectif<br />
est de faire évoluer le profil type<br />
d’un bon fonctionnaire de celui<br />
d’un généraliste respectueux<br />
des procédures, vers celui d’un<br />
cadre imaginatif, doté de solides<br />
compétences managériales et<br />
prêt à participer ou à mener la<br />
modernisation permanente de son<br />
service”. 28<br />
Dans le contexte actuel, le rôle<br />
des RH est donc déterminant afin<br />
d’influer sur le déclenchement,<br />
l’orientation et l’intensité des<br />
comportements des cadres<br />
supérieurs pour répondre aux<br />
exigences organisationnelles<br />
et conjoncturelles en cours. La<br />
fonction d’accompagnement et<br />
de gestion des compétences doit<br />
donc nécessairement prendre en<br />
compte les motivations. En outre,<br />
cette mission nécessite une grande<br />
implication, de la cohérence et de la<br />
durée pour que l’engagement des<br />
cadres supérieurs soit un véritable<br />
soutien à l’accompagnement au<br />
changement. Pour cela, les politiques<br />
d’accompagnement RH doivent être<br />
capables d’intégrer et de différencier<br />
les compétences des “managers” et<br />
des “leaders” pour faire évoluer les<br />
cadres supérieurs avec succès.<br />
Le risque de la<br />
démotivation<br />
Si les moyens de motivations (de<br />
type motiver par la reconnaissance,<br />
par la gestion des compétences...)<br />
ne sont pas mis en œuvre, le risque<br />
de démobilisation apparaît. La “non<br />
activation” de certaines motivations<br />
peut générer de la frustration et<br />
entraîner un frein au changement.<br />
C’est pourquoi, le cadre supérieur doit<br />
dans un premier temps réfléchir à<br />
son identité et à son rôle, notamment<br />
en étant accompagné (formations,<br />
coaching...) pour s’enraciner ainsi<br />
davantage dans ce qu’il est. Ce retour<br />
sur soi doit l’amener dans un second<br />
temps à mieux comprendre les<br />
besoins, les valeurs, les motivations<br />
de ses agents, ce qui lui permettra<br />
de les solliciter de façon adaptée.<br />
Sinon, le risque est fort de créer<br />
chez les cadres et leurs agents des<br />
situations inconfortables où la réalité<br />
s’opposera à leur désir d’engagement<br />
professionnel ; au delà d’une moindre<br />
efficacité et d’une résistance aux<br />
changements, les conséquences<br />
peuvent rejoindre les thématiques de<br />
la souffrance au travail et des risques<br />
psychosociaux.<br />
page 42<br />
28<br />
Institut Montaigne, 15 pistes (parmi d’autres...) pour moderniser la<br />
sphère publique, rapport novembre 2005, p 34
Le leader de<br />
demain<br />
Le cadre supérieur du secteur public<br />
doit veiller à accompagner et gérer<br />
le changement de façon cohérente<br />
avec ses motivations, son leadership,<br />
la culture organisationnelle du service<br />
public et les enjeux sociétaux actuels.<br />
A cette fin, dans les transformations<br />
actuelles, ce cadre supérieur doit<br />
dépasser l’amalgame entre son rôle<br />
et celui dévolu à l’organisation. Est-ce<br />
l’organisation qui doit s’adapter à<br />
l’individu ou le contraire ? L’analyse<br />
ci-dessus démontre qu’une réponse<br />
tranchée n’existe pas.<br />
Le cadre supérieur du secteur public<br />
doit en effet être capable de conduire<br />
son action de façon subtile en<br />
parvenant à réaliser “un grand écart”<br />
entre l’exigence organisationnelle<br />
et conjoncturelle relative au<br />
secteur public et une capacité à<br />
gérer ses équipes de façon plus<br />
individualisée, tout en se développant<br />
personnellement.<br />
De plus, c’est en se sentant utile<br />
pour la société, en se nourrissant<br />
intellectuellement, en représentant<br />
“l’Etat”, en étant reconnu et accepté<br />
par un collectif, qu’il pourra donner, le<br />
meilleur de lui-même dans sa mission.<br />
Enfin, c’est par sa capacité à<br />
utiliser et optimiser les outils<br />
d’accompagnement du changement<br />
qu’il pourra respecter le cercle<br />
vertueux suivant : communiquer pour<br />
donner du sens, responsabiliser pour<br />
motiver, piloter pour décliner une<br />
nouvelle stratégie organisationnelle,<br />
mettre en œuvre cette stratégie en<br />
responsabilisant...<br />
Si les cadres supérieurs du<br />
secteur public parviennent à<br />
construire cette ۗ<br />
“conscience collective” du service<br />
public, à favoriser l’engagement<br />
quotidien des agents en vue de<br />
cette finalité, leur leadership<br />
n’en sera que plus efficace. Ils<br />
seront alors les vrais artisans des<br />
impressionnantes transformations<br />
qui touchent actuellement toutes<br />
les strates de la sphère publique.<br />
“ Notre défi : Faire<br />
bouger la machine ”<br />
43<br />
page
NOTRE CENTRE<br />
EUROPEEN <strong>DE</strong> R&D<br />
Le Groupe Hudson, par volonté<br />
stratégique, a investi depuis de<br />
nombreuses années dans la<br />
recherche et le développement. A<br />
une époque où le “talent” se fait rare<br />
et devient un avantage compétitif,<br />
notre centre européen de R&D<br />
a pour vocation de proposer aux<br />
organisations et aux entreprises<br />
des solutions et des produits<br />
innovants en matière de Ressources<br />
Humaines. Ce centre est placé<br />
sous la responsabilité d’Etienne<br />
Van Keer, Directeur Exécutif<br />
R&D Europe, qui compte plus de<br />
30 années d’expérience dans le<br />
développement de techniques et<br />
d’outils d’évaluation et de sélection,<br />
notamment via les tests et les mises<br />
en situation. Il anime une équipe de<br />
plus de 17 psychologues de haut<br />
niveau et spécialistes informatiques<br />
qui développent des modèles, des<br />
méthodologies et des outils RH pour<br />
l’usage interne d’Hudson ainsi que<br />
pour ses clients des secteurs public<br />
et privé.<br />
Notre époque, marquée par la course<br />
aux talents, est fortement impactée<br />
par les spécificités de la génération Y,<br />
par la chance que représente la<br />
diversité, par les opportunités<br />
de la mondialisation, par une<br />
mobilité accrue des populations.<br />
L’objectif de l’équipe de R&D est de<br />
mettre au point des analyses, des<br />
méthodologies, des outils RH qui<br />
vont offrir la meilleure valeur ajoutée<br />
possible, tant pour les organisations<br />
et les entreprises que pour leurs<br />
(futurs) collaborateurs et agents.<br />
page 44
HUDSON<br />
SECTEUR PUBLIC<br />
QUI SOMMES-NOUS ?<br />
ۗۗActeur majeur du conseil en<br />
recrutement et en gestion des<br />
compétences, nous sommes<br />
au service de nos clients :<br />
collectivités territoriales, services<br />
de l’Etat, structures hospitalières,<br />
entreprises publiques et<br />
parapubliques.<br />
ۗۗForts d’une couverture nationale<br />
(Lille, Lyon, Nantes, Marseille,<br />
Paris et Strasbourg), nos 160<br />
collaborateurs sont experts<br />
dans leur domaine d’intervention<br />
sectoriel et/ou fonctionnel.<br />
ۗۗSignataire de la Charte de<br />
la Diversité, co-fondateur de<br />
l’association A Compétence<br />
Egale et membre de IMS<br />
Entreprendre pour la Cité, nous<br />
cultivons une approche centrée<br />
sur la non-discrimination et la<br />
diversité.<br />
ۗۗNous disposons de partenariats<br />
privilégiés (Syntec conseil en<br />
recrutement et en évolution<br />
professionnelle, l’Observatoire de<br />
l’innovation publique, Territoria,<br />
ParisTech...) favorisant l’échange<br />
de pratiques et le mécénat de<br />
compétences.<br />
NOTRE EXPERTISE<br />
ۗۗL’accompagnement de nos<br />
clients dans la gestion RH de<br />
leurs organisations, vecteur<br />
principal de la modernisation du<br />
service public.<br />
ۗۗDes consultants, tous experts de<br />
l’identification des profils rares et<br />
pointus, formés et certifiés dans<br />
les démarches de recrutement,<br />
d’accompagnement individuel et<br />
collectif<br />
ۗۗLa publication d’études pointues<br />
et le développement d’outils<br />
propriétaires par notre centre<br />
de R&D, composé de 17<br />
chercheurs.<br />
NOS INTERVENTIONS<br />
ۗۗRecrutement: identification des<br />
compétences en adéquation<br />
avec vos spécificités, évaluation<br />
des potentiels qui seront acteurs<br />
de votre développement et suivi<br />
de l’intégration de vos agents et<br />
dirigeants.<br />
ۗۗDéveloppement des<br />
compétences individuelles:<br />
bilan, coaching, démarche 360°,<br />
accompagnement des séniors...<br />
ۗۗAccompagnement à la<br />
mobilité: gestion des hauts<br />
potentiels, assessment center,<br />
outplacement...<br />
ۗۗAccompagnement à la<br />
performance collective: coaching<br />
d’équipes, formation aux<br />
entretiens (de recrutement, de<br />
carrière...), formation managériale<br />
ۗۗMéthodologie RH: audit,<br />
mise en place de référentiels<br />
métiers et de dictionnaires de<br />
compétences, GPEC...<br />
Pierre-Yves De BECO, Directeur<br />
Général Adjoint, Directeur du Pôle<br />
Secteur Public<br />
Nicole PRUDHOMME, Directrice<br />
Management des Talents<br />
Ludovic GRELET, Consultant en<br />
Recrutement du Pôle Secteur Public<br />
Guillemette RENARD, Consultante<br />
en Management des Talents du Pôle<br />
Secteur Public<br />
E: guillemette.renard@hudson.com<br />
45<br />
page
BIBLIOGRAPHIE<br />
Ouvrages<br />
BOGAERT Jeroan, VAN KEER<br />
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française, Editions Armand Colin,<br />
1983<br />
FEERTCHAK Hélène, Les<br />
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Editions Armand Colin,<br />
1996<br />
GAIL<strong>LA</strong>RD Thierry, GIAUQUE David,<br />
Motiver par le service public, c’est<br />
possible, in Revue Affaires Publiques<br />
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HON<strong>DE</strong>GHEM Annie,<br />
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Review, 1977<br />
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Coifan, Rapporteur)<br />
IGP<strong>DE</strong>, Les Citoyens au cœur des<br />
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Lettre hebdomadaire du Carrefour<br />
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ROUSSEL Patrice, La motivation<br />
au travail – Concept et théories, Les<br />
notes du LIHRE n°326, Université<br />
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ROUBAN Luc, L’Univers<br />
sociopolitique des fonctionnaires<br />
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ZAZELNIK A, Managers and leaders :<br />
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