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Q
BLANC DEHORS
Martine Delvaux, Héliotrope, 190 p., 21,95$
Le blanc du titre est cette neige
qui brouille l’écran, ce temps qui
passe entre les lignes non écrites,
cette page perdue, ou vide, ces
espaces manquantes à partir
desquelles se construisent les
récits… L’utilisation d’un langage
cinématographique et les courts
chapitres donnent forme à des
plans et des images. La narratrice accepte et, dans
le même mouvement, refuse la recherche d’une
histoire où le père est absent. C’est le récit sensible
d’une filiation insaisissable. Entre fiction et discours,
il y a cette violence faite aux femmes; celles qu’on
assassine, qu’on fait disparaître. Un récit puissant, où
apprendre à exister devient le leitmotiv du film de sa
vie. À travers ce texte hybride, Delvaux écrit l’histoire
d’un dénouement en construction.
Marie-Ève Blais Monet (Montréal)
VA ET NOUS VENGE
France Théoret, Leméac, 256 p., 24,95$
Dans Va et nous venge, se déploient
les voix de quatre femmes. Un
premier tableau s’ouvre sur une
grand-mère qui incite sa petitefille
à se soumettre au modèle
féminin. L’adolescente sera violée
par un ami de la famille. Par la
suite, une préposée d’un centre
pour personnes âgées est renvoyée
pour avoir défendu son intégrité.
Louky, auteure féministe dont les textes n’ont pas été
reconnus, se fait critique d’un monde où les femmes
sont des proies. Un dernier tableau met en scène une
intellectuelle impliquée dans une relation malsaine
avec un homme reconnu par le milieu universitaire et
artistique. Chacune de ces femmes mène une lutte
constante pour trouver sa parole propre, une quête
ardue pour sortir des discours imposés. Un ouvrage
féministe à la qualité littéraire indéniable.
Marie-Ève Blais Monet (Montréal)
l i t t é r a t u r e Q U É B É C O I S E
LE PARFUM DE LA TUBÉREUSE
Élise Turcotte, Alto, 128 p., 18,95$
Ce roman bercé par de multiples
effluves est une déclaration d’amour
à la littérature et à l’éducation.
Ce récit à deux narrations qui se
confondent nous plonge dans
l’univers d’une enseignante, Irène,
qui est piégée dans une amitié
destructrice avec une collègue.
D’un côté, nous retrouvons Irène
dans un purgatoire où tout se
trouve planant, inquiétant et presque surréaliste.
Violemment, nous nous retrouvons dans la réalité,
dans un collège de Montréal où l’héroïne tente de
garder la flamme de l’enseignement en elle malgré
tous les facteurs qui pourraient l’en empêcher. Ce
court roman pourrait aussi s’apparenter à un conte
ou à un plaidoyer. La prose engagée et poétique à
souhait de Turcotte guide ce roman libérateur qui
fait du bien au cœur et surtout à l’esprit.
Victor Caron-Veilleux Livres en tête (Montmagny)
AMANITA VIROSA
Alexandre Soublière, Boréal, 312 p., 25,95$
Ce que j’aime d’Alexandre Soublière,
c’est qu’il arrive dans le milieu
littéraire avec ses gros sabots,
arborant un style et une langue
jeunes et rafraîchissants. Avec ce
nouveau roman, ce n’est plus un
adolescent maladif que nous suivons
(Charlotte before Christ), mais un
ancien mercenaire qui exploite un
commerce d’espionnage privé.
L’auteur ne fait pas dans la dentelle. Sexe et dépravation
se retrouvent presque à chaque page et le lecteur n’a
qu’un seul désir : que ce type d’entreprise n’existe pas
réellement. Ce qui me couple le souffle, c’est qu’au
travers toute cette souillure humaine, Soublière arrive
à cueillir la fleur du pur sentiment amoureux! Tout le
reste n’est qu’accessoire. Les personnages d’Amanita
virosa aiment, et ce, profondément! À lire absolument;
je vous surveille!
Shannon Desbiens Les Bouquinistes (Chicoutimi)
LA BELLE MÉLANCOLIE
Michel Jean, Libre Expression, 264 p., 24,95$
Ce nouveau roman de Michel Jean
se déroule à Montréal et dans le
Grand Nord québécois. C’est son
amour pour les Premières Nations
qui m’a amené à lire cet auteur
et, une fois de plus, je n’ai pas été
déçu. Nous suivons Arnaud, un
spécialiste de la gestion de crise qui
doit se rendre au Nunavik afin de
couvrir de curieux accidents… qui
pourraient avoir été provoqués intentionnellement. Il
y a aussi une histoire d’amour avec une jeune femme
très ambitieuse, qui désire suivre les traces de sa mère.
À nouveau, par le biais de ses personnages, Michel
Jean nous pousse à nous questionner sur la nature de
nos actes, de nos choix et de ce qui se cache parfois
sous les préjugés.
Shannon Desbiens Les Bouquinistes (Chicoutimi)
LA PETITE FILLE QUI AIMAIT STEPHEN KING
Claudine Dumont, XYZ, 184 p., 21,95$
Claudine Dumont sera un nom à
surveiller dans le paysage littéraire
québécois. Préparez-vous à vivre
l’angoisse et l’horreur! Elle avait
attiré mon attention avec Anabiose,
un roman qui ne m’avait pas
laissé indemne et qui jouait
beaucoup avec la psychologie
d’un personnage confronté à une
situation extrême. Je savais qu’avec
ce nouveau titre, je ne serais pas déçu! Ce qui est
bien, c’est que l’auteure pousse le malaise et l’horreur
à s’immiscer lentement, en catimini, à travers l’histoire
de deux sœurs, dont l’une est autiste. Une chute
dans un trou et tout chavire. C’est avec un soupir de
soulagement qu’on referme le livre, avec le sentiment
d’avoir vécu quelque chose de fort. Je vois en cette
auteure une nouvelle chef d’orchestre de l’horreur!
Shannon Desbiens Les Bouquinistes (Chicoutimi)
BIBLIOTHÈQUE QUÉBÉCOISE
LES LIBRAIRES • NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2015 • 13