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Q<br />
La pointe<br />
De retour sur la terre ferme, nous reprenons la route et roulons jusqu’à<br />
Port-Daniel, là où Gabrielle Roy a passé de nombreux étés dans les<br />
années 1940 et 1950. Elle nous raconte son coup de cœur pour Port-<br />
Daniel et ses habitants dans son livre à caractère autobiographique<br />
Le temps qui m’a manqué (Boréal) : « Que j’aime ce coin-ci! Plus je le<br />
connais et plus mon attachement est grand. » C’est d’ailleurs dans ce<br />
village qu’elle écrira son premier roman, Bonheur d’occasion.<br />
Nous nous rapprochons lentement de l’impressionnant et majestueux<br />
rocher Percé, celui qui a tant fasciné André Breton lors de son<br />
passage en Gaspésie à l’été 1944. Il le décrit dans Arcane 17 comme<br />
« une nef toujours impérieusement commandée [...] frétée pour le<br />
plus vertigineux des voyages au long cours » et nous invite aussi<br />
à découvrir l’île Bonaventure où le « repos des oiseaux épouse les<br />
anfractuosités de cette muraille à pic ».<br />
l i t t é r a t u r e Q U É B É C O I S E<br />
Jack Waterman, l’alter ego de Jacques Poulin, s’est lui aussi rendu<br />
jusqu’à Percé à bord de son bibliobus lors de sa Tournée d’automne<br />
(Leméac) en 1993. De là, il a pris la première barque qui partait<br />
pour l’île Bonaventure pour assister au spectacle grandiose que nous<br />
offrent les fous de l’île : « Entre le bord de la falaise et une clôture de<br />
bois s’agglutinaient, en une masse mouvante et piaillante, plusieurs<br />
milliers d’oiseaux à la tête blanche casquée de jaune; ils pointaient le<br />
bec en direction de leurs congénères qui tournaient au-dessus d’eux,<br />
venant de la mer bleu foncé où ils avaient plongé pour attraper un<br />
poisson. »<br />
Jack s’était aussi arrêté dans la baie de Gaspé une dizaine d’années<br />
plus tôt, dans son Volkswagen blues (Leméac). Il y avait trouvé « des<br />
bancs de brume sur la baie » et avait vu le soleil se lever avant de<br />
reprendre la route qui le mènera bien plus tard jusqu’à San Francisco.<br />
La Haute-Gaspésie<br />
Nous longeons maintenant le littoral nord et accompagnerons la<br />
poète Laure Morali jusqu’à Cap-Chat. Avec elle, nous allons écouter<br />
les gens nous parler de « l’eau devant la porte, de la montagne et des<br />
forêts derrière les fenêtres... » Nous allons voir le décor prendre vie<br />
sous sa plume : « Il est des presqu’îles au pelage d’herbes souples qui<br />
allongent de lourdes pattes vers l’horizon, comme des lionnes au<br />
repos. Certaines pointes ont une posture d’affût. On les dirait prêtes<br />
à saisir les bateaux dans leurs griffes de récifs pour les étouffer contre<br />
leur flanc... » (La route des vents, La part commune)<br />
Métis Beach<br />
Nous voilà déjà à la fin du parcours. Tant de kilomètres parcourus,<br />
de livres sillonnés. Bientôt la boucle sera bouclée. Nous traversons<br />
Métis Beach et ses « pins majestueux, les épinettes, les haies de<br />
cèdres centenaires, et les grandes demeures d’été avec leur court<br />
de tennis... […] la végétation [...] dense et vigoureuse ». Nous aurons<br />
droit pour notre retour, comme un cadeau du ciel, « à un de ces<br />
couchers de soleil rouges flamboyants. » (Métis Beach, Claudine<br />
Bourbonnais, Boréal)<br />
Savourons le spectacle.<br />
C’est ici qu’on se quitte. J’espère que vous avez fait bon voyage!<br />
LES LIBRAIRES • NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2015 • 27