Doctinews Octobre 2010.indd
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FONDAMENTAUX<br />
Dysménorrhée. Apprivoiser le<br />
phénomène sans les fondements<br />
scientifi ques serait aussi compliqué<br />
que la menstruation. Un<br />
état physiologique encore considéré, sous<br />
le poids d’idées simplistes, sans nécessité<br />
physiologique et qu’on tente même de<br />
supprimer !<br />
Les scientifi ques, faisant peu de cas de ce<br />
discours stigmatisant et excellant dans<br />
leurs recherches, dévoilent les quatre vérités<br />
du cycle féminin. « La menstruation<br />
est un écoulement sanguin qui se produit<br />
périodiquement chaque mois sous l’infl<br />
uence de sécrétions hormonales.» Mais<br />
qu’en est-il des douleurs abdominales<br />
basses ou lombaires qui surviennent pendant<br />
les menstruations? Comment expliquer<br />
les malaises connus sous le nom de<br />
« dysménorrhée »?<br />
DYSMÉNORRHÉE<br />
UN PHÉNOMÈNE<br />
PHYSIOLOGIQUE, MAIS …<br />
LA MENSTRUATION A TOUJOURS ÉTÉ ENTACHÉE D’UNE PERCEPTION NÉGATIVE ET<br />
NOURRIE DE PRÉJUGÉS POPULAIRES ET RELIGIEUX. SYNONYME AUTREFOIS DE MALADIE,<br />
D’IMPURETÉ ET D’ISOLEMENT, SA SURVENUE OCCASIONNE ENCORE DE NOMBREUX<br />
MALAISES AU POINT QUE CERTAINES FEMMES LA VIVENT COMME UN HANDICAP<br />
PHYSIQUE ET PSYCHIQUE. DESTIN BIOLOGIQUE OU TROUBLE GYNÉCOLOGIQUE ? VOICI<br />
QUELQUES ÉLÉMENTS DE RÉPONSE SUR CE PHÉNOMÈNE CYCLIQUE.<br />
Avec la collaboration du Pr Mohamed NOUN, gynécologue obstétricien au sein du CHU<br />
Ibnou Rochd de Casablanca et enseignant à la faculté de médecine et de pharmacie<br />
de Casablanca.<br />
Une expérience à répétition<br />
La dysménorrhée se caractérise par<br />
des spasmes menstruels douloureux,<br />
nausées, asthénie, lipothymie<br />
et autres sensations pénibles. Ces<br />
spasmes, qui débutent au niveau du<br />
bas-ventre, irradient vers le dos, parfois<br />
vers la région inguinale ou le périnée, les<br />
membres inférieurs et l’abdomen. Ces<br />
troubles apparaissent avec les règles ou<br />
dans les heures qui les précèdent et durent<br />
en moyenne 24 à 36 heures. Rarement<br />
isolés, ils s’accompagnent<br />
de nausées, vomissements,<br />
diarrhées…<br />
Cette situation pathologique<br />
fréquente (60 à 80%<br />
des adolescentes, 30 à 50%<br />
des femmes en période<br />
d’activité génitale) peut<br />
s’étaler depuis l’adolescence<br />
jusqu’à la péri-ménopause.<br />
Chez l’adolescente, les<br />
douleurs s’amenuisent avec les années et<br />
disparaissent souvent après le premier<br />
rapport sexuel, sinon après une première<br />
grossesse. Toutefois, lorsqu’elles sont<br />
très intenses et persistent après les saignements,<br />
elles peuvent être évocatrices<br />
d’une malformation génitale ou d’une<br />
endométriose pelvienne. La prévalence<br />
La<br />
dysménorrhée<br />
primaire est liée<br />
à la production de<br />
prostaglandines<br />
durant les<br />
menstruations.<br />
des douleurs menstruelles varie de 50 %<br />
à 80 %, selon le groupe d’âge, dont 5 %<br />
à 15 % ne peuvent exercer leurs activités<br />
quotidiennes habituelles. Il en découle un<br />
repos forcé et un absentéisme scolaire ou<br />
professionnel.<br />
Le mécanisme étant inconnu, plusieurs<br />
hypothèses se présentent : anomalie de la<br />
contractilité de l’utérus, trouble de la vascularisation<br />
utérine, excès de prostaglandines,<br />
troubles hormonaux, psychologiques<br />
ou hérédité. Certains pensent que<br />
cette douleur serait liée à des contractions<br />
utérines anormales et à<br />
une modifi cation de la cir-<br />
culation sanguine utérine<br />
(ischémie myométriale).<br />
Une prise en<br />
charge encore<br />
négligée<br />
Par pudeur ou pour des<br />
raisons culturelles, nombreuses<br />
sont celles qui négligent<br />
la prise en charge<br />
de cette « fatalité face à laquelle il n’y a<br />
rien à faire », quand l’automédication est<br />
sans issue chez certaines femmes. Toutefois,<br />
consulter un médecin pour ce symptôme<br />
n’est indispensable que quand les<br />
menstruations s’accompagnent de douleurs<br />
invalidantes, altérant la qualité de<br />
vie et le moral, au début de l’adolescence.