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L’enquête nationale sur les délivrances a<br />

montré que plus de 50% des médicaments<br />

sont délivrés par le pharmacien sans ordonnance<br />

; il s’agit dans bon nombre de<br />

cas de produits comme les corticoïdes,<br />

les antibiotiques, les antihypertenseurs,<br />

les antidiabétiques, etc. Le médecin est<br />

court-circuité et les conséquences sont<br />

insidieuses, mais graves. Par ailleurs, au<br />

Maroc existent certaines situations où le<br />

médicament est dispensé sans l’intervention<br />

et le contrôle du pharmacien ; je cite<br />

la vente du médicament dans certaines<br />

offi cines par des vendeurs sans compétence,<br />

ou dans des cliniques ne disposant<br />

pas de pharmacien, voire la vente des<br />

médicaments dans les souks des régions<br />

frontalières, Oujda en l’occurrence…<br />

Garantir la sécurité sanitaire et la qualité<br />

des médicaments est un des objectifs<br />

de tout système de santé. Comment se<br />

présentent les activités de pharmacovigilance<br />

dans notre pays ?<br />

La pharmacovigilance chez nous est en<br />

très bonne position. Le Maroc est considéré<br />

parmi les premiers pays arabes et<br />

africains à avoir un plan d’activité. Notre<br />

expérience de plus de vingt ans nous<br />

a permis de développer une expertise<br />

dans ce domaine appuyée en cela sur une<br />

équipe qualifi ée et compétente et sur des<br />

moyens suffi sants. Toutefois, l’évolution<br />

souhaitée de cette discipline reste tributaire<br />

de l’implication des autres partenaires<br />

et des notifi cations déclarées, heureusement<br />

en constante augmentation<br />

d’année en année.<br />

La collaboration qui existe aujourd’hui<br />

entre le Centre national de pharmacovigilance,<br />

les autres départements sanitaires,<br />

les professionnels de santé, les<br />

industries pharmaceutiques, etc., nous<br />

donne une visibilité assez claire sur les<br />

dysfonctionnements dont souff re l’usage<br />

rationnel du médicament, mais le chemin<br />

est encore long pour mettre en place<br />

des actions de synergie capables de limiter<br />

le préjudice.<br />

Quelles mesures adopter devant un cas<br />

d’effet indésirable d’un médicament et<br />

que faire en cas d’alerte ?<br />

Deux cas de fi gure se présentent à nous :<br />

soit l’eff et indésirable est dû au médicament<br />

lui-même, dans ce cas les mesures<br />

à prendre vont le concerner directement<br />

(retrait ou limitation d’utilisation). Dans<br />

la majorité des cas, l’eff et indésirable est<br />

plutôt dû au mauvais usage du médicament<br />

; dans cette situation, les mesures<br />

sont beaucoup plus diffi ciles car elles<br />

doivent s’attaquer à des pratiques et à<br />

des changements de comportement et<br />

d’attitudes : réglementation, éducation,<br />

sensibilisation, révision de l’information<br />

délivrée, changement de la forme du médicament.<br />

Le renforcement des structures du ministère<br />

de la Santé (département du médicament,<br />

centre de pharmacovigilance,<br />

etc.) permettra une meilleure réactivité<br />

pour réagir effi cacement contre ces problèmes<br />

sanitaires.<br />

Pourquoi notre pays souffre-t-il d’un réel<br />

problème de sous-notifi cation des effets<br />

indésirables des produits pharmaceutiques,<br />

comparativement à d’autres pays<br />

voisins ?<br />

La sous-notifi cation des eff ets indésirables<br />

des médicaments est un problème<br />

commun à plusieurs pays avec un certain<br />

degré de relativité.<br />

Au Maroc, certes la notifi cation est surtout<br />

supportée par des médecins et des<br />

pharmaciens qui ont la fi bre santé publique<br />

et qui ont compris l’intérêt et la<br />

fi nalité de la notifi cation des eff ets indésirables<br />

des médicaments. Des eff orts<br />

de sensibilisation sont à déployer par le<br />

centre de pharmacovigilance pour faire<br />

adhérer plus de professionnels.<br />

Il est nécessaire également de diff user<br />

plus largement la fi che de notifi cation et<br />

de faciliter le circuit de notifi cation. Ceci<br />

dit, nous pouvons être fi ers de la qualité<br />

des données recueillies et des mesures qui<br />

ont été prises grâce à ces notifi cations.<br />

Qu’en est-il de la pharmacovigilance au<br />

sein de l’industrie pharmaceutique ?<br />

L’industrie pharmaceutique est tenue de<br />

collecter les eff ets indésirables relatifs<br />

aux produits qu’elle commercialise et à les<br />

notifi er au centre national de pharmacovigilance.<br />

Certaines industries disposent<br />

aujourd’hui de départements spécialisés<br />

dans la pharmacovigilance et collaborent<br />

largement. D’autres industries ont du<br />

mal à concilier leur objectif marketing et<br />

la sécurité du patient.<br />

INTERVIEW 51<br />

Il faudra rappeler qu’il n’existe aucun<br />

médicament dénué d’eff ets indésirables.<br />

L’industriel qui va promouvoir la collecte<br />

des eff ets indésirables des médicaments<br />

est un industriel alerte, conscient de<br />

l’intérêt de surveiller ses médicaments<br />

justement pour protéger son intérêt<br />

commercial et celui du patient. La mise<br />

en place de mesures réglementaires pour<br />

l’instauration de départements de pharmacovigilance<br />

dans toutes les fi rmes<br />

pharmaceutiques est aussi un préalable<br />

indispensable.<br />

Pour certains, l’interdiction d’essais<br />

cliniques chez nous aggrave davantage<br />

cette défaillance. Qu’en dites-vous ?<br />

Certes, une meilleure connaissance du<br />

médicament nécessite des essais cliniques<br />

spécifi ques à notre population.<br />

Participer aux essais cliniques permettra<br />

aux professionnels de santé de participer<br />

aux grandes études internationales et<br />

de développer leur compétence dans la<br />

recherche. Il est bien sûr indispensable<br />

que ces études soient faites dans un cadre<br />

réglementaire respectant l’éthique et la<br />

dignité du patient. Contrairement à des<br />

pays voisins, le Maroc souff re d’un vide<br />

juridique à ce niveau qu’il faudra rapidement<br />

combler. Dans tous les cas, nous<br />

ne pouvons exiger que la communauté<br />

scientifi que marocaine soit exclue du<br />

développement international sur le médicament.<br />

Quelles sont les perspectives d’avenir du<br />

Centre antipoison et de pharmacovigilance<br />

du Maroc ?<br />

Je peux dire que l’avenir du Centre antipoison<br />

et de pharmacovigilance du<br />

Maroc est largement assuré grâce aux<br />

moyens qui ont été injectés et grâce au<br />

travail qui a été fait. La qualité de ses<br />

ressources humaines compétentes et dynamiques<br />

et le réseau de collaboration<br />

national et international lui permettra<br />

un développement certain. La clé de son<br />

épanouissement réside dans l’attribution<br />

à ce centre d’un meilleur statut réglementaire<br />

lui assurant une défi nition<br />

claire de ses missions et attributions et<br />

une plus grande autonomie pour qu’il<br />

puisse amplement jouer son rôle de vigilance<br />

et de sécurité du patient.

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