N'insiste pas, c'est non!» Une campagne contre la ... - PLANeS
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#<strong>N'insiste</strong> <strong>pas</strong>! 3.0_Mise en page 1 24.05.11 10:43 Page22<br />
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Partie 1 • Ec<strong>la</strong>irages théoriques sur <strong>la</strong> violence sexuelle<br />
Principes d’intervention<br />
La violence sexuelle déclenche des émotions fortes autant chez les victimes et leurs proches que chez les professionnels:<br />
horreur, impuissance, peur, agression, rage. Si vous êtes amenés à vivre une telle situation, il s’agit avant tout<br />
de maintenir ou de ramener le calme. Si une personne est confrontée à <strong>la</strong> violence sexuelle, ce<strong>la</strong> signifie que son inté -<br />
gri té et ses frontières intimes ont été enfreintes. Même si l’entourage et les professionnels éprouvent un très fort désir<br />
d’entreprendre quelque chose <strong>contre</strong> cette violence, <strong>la</strong> personne concernée doit rester au centre des préoccupations<br />
et ses besoins doivent être pris en compte (elle a déjà été niée par l’auteur, donc ne <strong>pas</strong> répéter cet «abandon<strong>»</strong>).<br />
Lorsque <strong>la</strong> victime et l’agresseur sont des proches, <strong>la</strong> prise en charge est d’autant plus complexe qu’il existe souvent<br />
chez <strong>la</strong> victime une ambivalence entre le désir que <strong>la</strong> contrainte ou l’abus cessent, et l’espoir que <strong>la</strong> situation change<br />
tout en réussissant à maintenir <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion. Rappelez-vous que, souvent, <strong>la</strong> situation dure depuis des mois ou des<br />
années. <strong>Une</strong> p<strong>la</strong>nification rigoureuse des mesures de protection qui peuvent arrêter <strong>la</strong> violence est plus utile et efficace<br />
pour les personnes concernées qu’une intervention hâtive <strong>non</strong> inscrite dans <strong>la</strong> durée.<br />
Si un lien de confiance s’est établi avec <strong>la</strong> personne qui s’est confiée à vous, il est primordial de ne <strong>pas</strong> le rompre et<br />
de garder le contact. Ses aveux doivent être pris au sérieux. Des recherches montrent que les enfants victimes d’abus<br />
sexuels doivent en parler à plusieurs personnes avant d’être pris au sérieux et entendus. Soyez c<strong>la</strong>irs dans vos conseils<br />
et les démarches que vous proposez, par exemple: «Je vais vérifier ce que tu peux faire et qui serait en mesure de<br />
t’aider.<strong>»</strong> Il est essentiel de ne <strong>pas</strong> réagir dans l’urgence et l’excitation et de ne <strong>pas</strong> faire de fausses promesses. Encouragez<br />
<strong>la</strong> victime dans ses perceptions et l’activation de ses propres ressources. Un grand nombre de personnes touchées<br />
souffrent d’un sentiment de culpabilité; il est inutile d’essayer de les convaincre du contraire. Rappelez-leur<br />
cependant de manière c<strong>la</strong>ire que <strong>la</strong> responsabilité de l’acte incombe toujours à son auteur.<br />
Prenez contact avec un organe de conseil compétent (voir partie 4) et organisez un suivi en col<strong>la</strong>boration avec votre<br />
organisme ou institution. La victime doit être informée de toutes les mesures mises en œuvre. Ses besoins et désirs<br />
doivent être respectés. Après accord avec le lieu spécialisé ou l’institution, des mesures concrètes de protection et de<br />
soutien peuvent être mises en p<strong>la</strong>ce, tout comme un accompagnement dans les procédures civiles ou pénales.<br />
S’occuper de situations de violence sexuelle n’est <strong>pas</strong> anodin et soulève une foule d’émotions très diverses. Prenez<br />
vos propres sentiments et limites au sérieux, et recherchez si nécessaire du soutien auprès de spécialistes ou dans le<br />
cadre de supervisions ou de séances de débriefing.<br />
La découverte d’un cas de violence sexuelle provoque une situation de crise également pour l’entourage. Certaines<br />
personnes ne peuvent <strong>pas</strong> croire ce<strong>la</strong> possible dans leur milieu ou leur environnement social. Sous le choc, elles<br />
réagissent de manière confuse, remettant en question leur propre conception de l’être humain et leurs comportements.<br />
Il n’est <strong>pas</strong> rare que des personnes de confiance, proches de <strong>la</strong> victime, se sentent elles-mêmes sans défense et<br />
impuissantes et se réfugient dans <strong>la</strong> colère et l’activisme.<br />
Un renversement des rôles est parfois constaté: <strong>la</strong> personne victime se considère comme responsable et l’auteur<br />
devient victime. Ce mécanisme permet à <strong>la</strong> victime de se prémunir <strong>contre</strong> son propre choc émotionnel et idéologique.<br />
Plus les victimes et/ou les auteurs seront proches de nous, plus notre consternation sera grande. L’entourage est parfois<br />
divisé: les uns prennent parti pour <strong>la</strong> victime, les autres pour l’auteur. La responsabilité peut aussi être transférée<br />
de l’agresseur à <strong>la</strong> victime ou à de tierces personnes. <strong>Une</strong> des pires réactions pour <strong>la</strong> victime est celle qui consiste à<br />
<strong>pas</strong>ser l’agression sous silence. Rendre <strong>la</strong> situation taboue et <strong>non</strong> dite conforte <strong>la</strong> victime dans son sentiment d’être<br />
seule avec les angoisses qu’elle vit et renforce son sentiment de culpabilité et de responsabilité face à l’abus.<br />
La violence sexuelle est une violence interpersonnelle. <strong>Une</strong> attitude d’empathie et d’écoute, qui respecte les limites<br />
personnelles et <strong>la</strong> distance nécessaire, est plus adaptée qu’une approche émotionnelle exagérée ou une proximité<br />
physique excessive.