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CHAMPIONSHIPS • LOS CAMPEONATOS DEL MUNDO EN LEIPZIG<br />
2003 et 1999 mais toujours pas d’or. Côté<br />
Corée, ses équipes d’épée masculine étaient<br />
montées sur la troisième marche du podium<br />
mondial en 1994 et 2002.<br />
Au bout du compte, le titre obtenu jeudi 13<br />
octobre à <strong>Leipzig</strong> est la récompense collective et<br />
la justification du travail assidu réalisé en Asie<br />
depuis des années par la Corée du Sud, la Chine<br />
- pourtant un peu décevante à <strong>Leipzig</strong> - et même<br />
le Japon qui, bien qu’encore en retrait - manifeste<br />
de sérieux progrès. Il n’empêche. La Roumanie<br />
méritait tout autant ce titre mondial par<br />
équipes qui lui échappe depuis 1994. La performance<br />
est d’autant plus probante qu’elle a été<br />
réalisée par une équipe aux trois-quarts renouvelée.<br />
Outre Roxana Scarlat, l’équipe roumaine<br />
était composée de Cristina Stahl, Cristina Ghita<br />
et Andreaa Andrei. Un ton en dessous mais<br />
méritoire quand même : la médaille de bronze<br />
de l’équipe de France aux dépens de la Hongrie<br />
(45-33). Mieux encore qu’en individuel, Adeline<br />
Wuilleme et ses amis ont apporté à leur pays son<br />
premier podium mondial au fleuret féminin par<br />
équipes depuis 1975 - les fleurettistes françaises<br />
avaient cependant étaient médaillées olympiques<br />
à Moscou (or) et Los Angeles (bronze).<br />
Des filles qui rient mais aussi d’autres qui pleurent<br />
: cela a été le cas des Italiennes, emmenées<br />
par Valentina Vezzali, battues dès les quarts de<br />
finale par la Roumanie (21-23), des Russes dominées<br />
au même stade de la compétition par la<br />
Corée du Sud (21-18) et des Polonaises méconnaissables<br />
et battues par la France (27-29). Il reste<br />
à relativiser les leçons à tirer de leurs contre-performances:<br />
l’Italie n’était déjà pas sur le podium<br />
en 2002 et 2003 et la Russie non plus en 1999.<br />
Cela ne les pas empêchées de vite revenir sur le<br />
devant de la scène : la Russie a été championne<br />
du monde en 2002 et l’Italie en 2004.<br />
Pour ce qui concerne <strong>Leipzig</strong>, les observateurs<br />
ont noté, au cours de la compétition individuelle<br />
que les nouvelles données techniques<br />
ont débouché sur une très grande prudence des<br />
participantes féminines. Ainsi, sur les 63 matches<br />
du tableau d’élimination directe, 28 n’ont<br />
pas atteint les 15 touches, soit une proportion<br />
de presque un sur deux. Curieusement, au fleuret<br />
masculin, ce fut beaucoup moins : 10 matches<br />
sur 63. Probablement faut-il y voir un<br />
meilleur engagement physique chez les fleurettistes<br />
hommes et un meilleur sens de la distance<br />
même si toutes les difficultés ne sont pas encore<br />
résolues dans ce domaine. Ce fut manifeste avec<br />
les échecs du Français Brice Guyart, champion<br />
olympique à Athènes, de l’Italien Andrea Cassara,<br />
et du tenant du titre mondial l’Allemand<br />
Peter Joppich, tous trois prématurément éliminés<br />
à <strong>Leipzig</strong> - respectivement au premier tour<br />
par le Polonais Slawomir Mocek (13-15), en huitième<br />
de finale par le Français Nicolas Beaudan<br />
(10-15) et en seizième de finale par le Britannique<br />
James Beevers (10-15).<br />
La dragée peut paraître dure à avaler à certains<br />
mais même la quasi-totalité des opposants à<br />
toute réforme a dû reconnaître que le fleuret<br />
avait retrouvé sa raison d’être et que le spectacle<br />
présenté était de qualité infiniment supérieure.<br />
A 29 ans, et déjà champion du monde à Nîmes<br />
en 2001, Salvatore Sanzo - tout comme Valentina<br />
Vezzali - n’a pas eu besoin de refaire toutes<br />
ses gammes. En une dizaine d’années de haut<br />
niveau, le fleurettiste de Pise a beaucoup gagné<br />
sous toutes les latitudes et avec toutes les attitudes,<br />
inscrivant 17 tournois de Coupe du monde<br />
à son palmarès. En finale des championnats du<br />
monde, il a sèchement renvoyé à ses études le<br />
séduisant Chinois Zhang Liangliang, vainqueur<br />
cette année à Paris, lui confisquant la finale (15-<br />
4), avec des parades ripostes d’autorité et des<br />
attaques aussi simples que magistrales. Le<br />
podium a été complété pas le Français Nicolas<br />
Beaudan (30 ans) et le Russe Andreï Dev (battu<br />
8-7 par Sanzo en demi-finale) dont les médailles<br />
de bronze couronnent des années de travail<br />
dans la bonne direction.<br />
Par équipes, même chose, les amoureux du fleuret<br />
académique ne pouvaient pas espérer<br />
mieux. La finale a opposé la France et l’Italie<br />
dans un match pour la médaille d’or, ou pour le<br />
prestige, comme les plus anciens en ont vu des<br />
dizaines même si le dernier duel entre les deux<br />
équipes pour un titre mondial ou olympique<br />
remontait à Séoul en 1999 et le précédent à ...<br />
1956. Les Français Guyart, Le Pechoux, Beaudan,<br />
Sintes ont finalement triomphé, sans<br />
jamais trembler (45-32), d’une équipe italienne<br />
- qui a perdu son self-contrôle et vraisemblablement<br />
ainsi l’essentiel de ses chances - en réussissant<br />
à élever leurs partitions au dessus de toutes<br />
polémiques. Dans le match pour la troisième<br />
place, l’Allemagne a dominé la Chine décidemment<br />
loin, à <strong>Leipzig</strong>, de son meilleur niveau.<br />
Les Italiens ne s’inclinent jamais de gaîté de<br />
cœur devant les Français. Mais force est de<br />
reconnaître qu’après la mini-tragédie qu’ils<br />
avaient vécu la veille dans les ultimes secondes<br />
de la finale du sabre par équipes, il y avait un<br />
peu de quoi perdre son latin. Imaginez qu’au<br />
moment de croiser le fer pour le dernier assaut,<br />
Luigi Tarantino disposait d’un avantage conséquent<br />
(40-35) sur Stanislaw Podzniakov. Certes,<br />
par équipes, aucune situation n’est jamais complètement<br />
désespérée. Certes, aussi, le tsar du<br />
sabre russe n’est pas homme à avoir le bras qui<br />
■ Belle attitude de la sabreuse française Anne-Lise Touya dans la finale individuelle<br />
contre la Russe Sophia Velikaïa.<br />
■ Superb attitude from French sabre fencer Anne-Lise Touya in the final of the<br />
individual competition against Sophia Velikaïa.<br />
■ Bella actitud de la sablista francesa Anne-Lise Touya durante la final individual<br />
contra la Rusa Sophia Velikaïa.<br />
tremble lorsqu’il faut sortir de grand jeu. Mais<br />
tout de même. Pour espérer renverser la situation<br />
à son avantage, le Russe - trois fois champion<br />
du monde (2001, 2002, 2003) et 2e de la<br />
compétition individuelle derrière le Roumain<br />
Covaliu - devait inscrire 10 touches et ne pas en<br />
recevoir plus de 4... Cela exige une maîtrise parfaite<br />
des pires conditions, un ascendant manifeste<br />
et une réussite insolente. Luigi Tarantino,<br />
de surcroît, n’est pas le premier venu - il a été<br />
champion du monde en 1998 - et son équipe<br />
n’avait aucun complexe à avoir puisque, juste<br />
avant le début de cette finale, elle avait été<br />
récompensée par la Fédération internationale<br />
pour sa victoire au classement général de la<br />
Coupe du monde. C’est dire que tout pouvait<br />
arriver. Une victoire de la Russie qui avait gagné<br />
les trois championnats du monde par équipes<br />
précédents (2001, 2002, 2003). Ou une victoire<br />
de l’Italie qui n’avait plus été médaillée d’or au<br />
sabre par équipes depuis dix ans.<br />
À 43-38, Luigi Tarantino, Aldo Montano, Gianpiero<br />
Pastore et Andrea Aquili n’en étaient<br />
même plus à se rappeler prudemment que la<br />
roche Tarpéienne n’est jamais très loin du capitole.<br />
Mais, comment imaginer ce qui allait suivre<br />
? En attaques, en contre-attaques ou en<br />
parades et ripostes, Stanislaw Podzniakov inscrivit<br />
sept touches d’affilée. 43-43 ! Tarantino se<br />
ménagea bien un petit sursis - 44-43 - mais en<br />
pure perte. Podzniakov l’aurait rêvé, il ne l’aurait<br />
peut-être pas fait. En définitive, les annales<br />
retiendront l’exploit de ce talent incomparable,<br />
un des tout meilleur sabreurs de tous les temps,<br />
qui a permis à la Russie, composée également de<br />
Yakimenko, Frossine et Diatchenko, de conquérir,<br />
dans la douleur, son 5 è titres mondial dans<br />
cette discipline, après quinze autres remportés<br />
sous l’étiquette de l’URSS. En début d’aprèsmidi,<br />
Podzniakov avait de surcroît déjà qualifié<br />
son équipe pour la finale dans des conditions de<br />
suspense assez comparables, portant finalement<br />
la dernière touche (45-44) au Français Nicolas<br />
Lopez. La France, championne olympique à<br />
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ESCRIME INTERNATIONALE • 9