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LK LIVRE n'RSTIIER 435<br />
saisissante. Les mots d'origine persane sont relativement fréquents ; de même<br />
les expiessions liébraïques de date plus récente et les aramaïsmes : ce qui s'explique<br />
par le lieu et l'époque de la composition.<br />
4" Le caractère historique et la canonicité du livre. — On s'est plu, de<br />
nos jours, à attaquer la véracité de certain^ détails, que l'on a affecté de regarder<br />
comme invraisemblables. Ces détails, relatifs surtout au roi Assuérus,<br />
s'expliquent sans peine par ce que l'histoire nous révèle des mœurs et de la<br />
nature de ce prince despotique ^ Bien plus, des traits nombreux du livre sont<br />
en parfaite conformité avec les usages persans, tels qu'ils nous sont connus par<br />
les auteurs classiques ^. La fête des Sorts, célébrée de tout temps dans Israël<br />
depuis le règne de Xercès 1«""^, atteste la croyance de la nation théocratique à<br />
la vérité des faits sur lesquels cette solennité était fondée.<br />
Sous le rapport de la canonicité, il faut distinguer deux parties dans le livre<br />
d'<strong>Esther</strong> : les deux premiers tiers, i, 1-x, 3, existent seuls dans la Bible hébraïque;<br />
le reste, x, 4-xvi, 24, en est absent. La première partie est donc protocanonique,<br />
comme l'on dit ; la seconde, deutérocanonique *, c'est-à-dire égale<br />
à l'autre au point de vue de l'inspiration, mais reçue plus tard dans le canon<br />
sacré. Cette seconde partie se compose de sept fragments distincts, qui sont<br />
entremêlés au récit dans la traduction des Septante, mais que saint Jérôme a<br />
groupés ensemble dans la Vulgate, et placés à la fin du livre : ! prologue, qui<br />
contient le songe de Mardochée (Vulg., xi, 2-xii, 6; dans les LXX, avant i, 1);<br />
2° l'édit d'Assuérus contre les Juifs (Vulg., xiii, 1-7; LXX, à la suite de m, 13);<br />
30 le message pressant de Mardochée à <strong>Esther</strong> pour l'inviter à se présenter<br />
devant Assuérus (Vulg., xv, 1-3; LXX, après iv, 8) ; 4° les prières de Mardochée<br />
et d'<strong>Esther</strong> (Vulg., xiii, 8-xiv, 19; LXX, après iv, 17) ; 5° la description<br />
de la visite d'<strong>Esther</strong> au roi (Vulg., xv, 4-19 ; LXX, à la suite de v, 1-2) ; 6» le<br />
décret d'Assuérus en faveur des Juifs (Vulg., xvi, 1-24; LXX, après viii, 13);<br />
7° épilogue, qui donne l'interprétation du songe de Mardochée (Vulg., x, 4-xi, 1 ;<br />
LXX, après x, 3).<br />
Il est certain que ces fragments firent primitivement partie du texte du livre<br />
Il «xiste plusieurs anciens midrasim (commentaires) juifs qui les contiennent;<br />
l'historien Josèphe les a connus^; la paraphrase chaldaique les renferme, aussi<br />
bien que les Septante; les traducteurs alexandrins, dans les dernières lignes du<br />
livre (Vulg., xi, 1 *), affirment clairement qu'ils les ont reçus de Jérusalem environ<br />
deux siècles avant l'ère chrétienne : que faut-il de plus, en fait de témoignages,<br />
pour une démonstration solide? Les preuves intrinsèques viennent aussi<br />
corroborer l'argument extrinsèque et attester que, sans ces passages, le livre<br />
d'<strong>Esther</strong> serait mutilé, incomplet. On a remarqué depuis longtemps que la<br />
partie protocanonique ne contient pas une seule fois le nom de Dieu, qu'il n'y<br />
est question ni du choix spécial que le Seigneur avait fait des Juifs pour qu'ils<br />
fussent sa nation sainte, ni de leur histoire antérieure, tandis que ces détails,<br />
qui caractérisent si bien tous les écrits inspirés, abondent dans les fragments<br />
deutérocanoniques. Qu'on remette ces derniers à leur place, ce fait bizarre et<br />
anormal disparaît ; ils complètent admirablement le livre, et lui donnent sa<br />
vraie couleur théocratique. Ils en devaient donc faire partie intégrante à l'origine;<br />
mais il est probable, comme le supposait Aben-Esra, que le petit volume<br />
d'<strong>Esther</strong> fut traduit aussitôt en persan, pour être annexé aux annales de l'em-<br />
' Voyez le 2°, page 434, et le commentaire,<br />
piissvm.<br />
* Notamment par Hérodote , qui sera souvent<br />
cité dans les notes exégétiques.<br />
' CL II Mach. XV, 37 ; Josèphe, Ant., xi, 6, 13.<br />
* Voyez le tome I, p. 12 et 13, et U' Mon.<br />
bibl.: t. I, n. 35.<br />
^ Cf. Ant., XI, 6, 1 et S8.<br />
® Voyez le commentaire.