le consentement matrimonial a l'epreuve des realites africaines: cas ...
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veuve et un parent du de cujus (mariage forcé par lévirat) 55 . S’agissant du lévirat, <strong>le</strong><br />
parent "bénéficiaire" de la veuve est généra<strong>le</strong>ment un frère du défunt mais, <strong>le</strong> fils (en<br />
principe <strong>le</strong> beau fils de la veuve) de ce dernier peut l’être aussi dans certains <strong>cas</strong> 56 . Le<br />
mariage par lévirat peut être considéré comme un mariage par "héritage" (on hérite de la<br />
veuve). Il convient de noter que, a priori, ce type de mariage n’est pas contraire au<br />
principe du libre <strong>consentement</strong> <strong>matrimonial</strong>. Cela signifie qu’il ne constitue pas, a priori,<br />
une forme de mariage forcé. Le mariage par lévirat, sur <strong>le</strong> plan coutumier, constitue une<br />
forme de protection de la veuve et de ses enfants 57 ou une continuité dans l’exécution <strong>des</strong><br />
obligations conjuga<strong>le</strong>s du chef de famil<strong>le</strong> (l’homme voire la puissance paternel<strong>le</strong>). La<br />
veuve peut refuser l’offre de lévirat dans la mesure où el<strong>le</strong> est consultée, à ce sujet,<br />
avant <strong>le</strong> cérémonial du remariage. En <strong>cas</strong> de refus, el<strong>le</strong> est considérée comme en rupture<br />
de liens avec la famil<strong>le</strong> du de cujus. Le refus est pratiquement synonyme de "divorce"<br />
mais sans aucun droit lié au mariage précédent. En conséquence, d’un point de vue<br />
juridique, la veuve ayant opté de jouir de sa liberté (de ne pas se remarier) perd l’autorité<br />
parenta<strong>le</strong> (par rapport à ses enfants si el<strong>le</strong> en a eu) et n’hérite d’aucun bien acquis (dans<br />
<strong>le</strong> mariage précédent). Les enfants, dans certaines sociétés traditionnel<strong>le</strong>s (<strong>cas</strong> <strong>des</strong><br />
groupes ethniques mossis), sont considérés comme la propriété de l’homme (<strong>le</strong> père).<br />
Dans <strong>le</strong> milieu traditionnel, la veuve qui refuse la nouvel<strong>le</strong> union endogamique (ici <strong>le</strong><br />
remariage à l’intérieur de la famil<strong>le</strong> de son époux défunt) 58 n’a ni un droit de garde <strong>des</strong><br />
enfants, ni un droit visite de ceux-ci.<br />
En somme, <strong>le</strong> mariage forcé, sous toutes ses formes, vio<strong>le</strong> <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s soutenant la liberté<br />
matrimonia<strong>le</strong> et en particulier la liberté du <strong>consentement</strong>. Le libre <strong>consentement</strong> qui<br />
suppose <strong>le</strong> libre choix du conjoint, la possibilité de se rétracter à tout moment de la<br />
procédure conduisant à la célébration du mariage fait défaut dans un mariage forcé. Le<br />
mariage forcé contredit gravement <strong>le</strong> principe de la liberté matrimonia<strong>le</strong> et par<br />
conséquent <strong>le</strong> principe du libre <strong>consentement</strong> <strong>matrimonial</strong>.<br />
peut être accordée en aucun <strong>cas</strong> pour un homme ayant moins de dix-huit ans et une femme ayant moins de quinze<br />
ans ».<br />
55 Le lévirat, pratique coutumière, est <strong>le</strong> mariage unissant une veuve et <strong>le</strong> frère de son épouse défunt. Ce type de<br />
mariage a pour finalité la continuité de la famil<strong>le</strong> du de cujus. Dans <strong>le</strong> <strong>cas</strong> où <strong>le</strong> défunt n’a pas de frère, il peut s’agir<br />
d’un autre membre de la famil<strong>le</strong> (au sens large) du défunt.<br />
56 V. Bernard TAVERNE, « Stratégie de communication et stigmatisation <strong>des</strong> femmes : lévirat et sida au Burkina<br />
Faso », In Sciences Socia<strong>le</strong>s et Sante, Vol. 14, nº2, juin 1996, p. 90 & SS.<br />
57 A ce sujet, il ressort du rapport 2001 du PNUD sur <strong>le</strong> développement humain au Burkina Faso que, « Les objectifs<br />
majeurs visés par la pratique du lévirat ont toujours été, d’une part, d’assurer la protection socia<strong>le</strong> de la veuve en la<br />
remariant aux frères du défunt mari, et d’autre part, d’assurer l’éducation <strong>des</strong> enfants et la bonne gestion de l’héritage<br />
familial », in Rapport sur <strong>le</strong> développement humain au Burkina Faso : la lutte contre <strong>le</strong> VIH-SIDA, p. 120, voir<br />
http://www.pnud.bf/FR/RNDH.HTM<br />
58 Laurent S. BARRY, "L’union endogame en Afrique et à Madagascar", in L'Homme, 2000, p. 73 & SS.