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Cinéma<br />
Obscurité… Et cinéma. Au premier abord, ces deux termes recèlent une pointe d’antinomisme,<br />
car le cinéma est une projection de lumière et l’obscurité n’en admet<br />
pas. Mais en y regardant de plus près, et avec un soupçon de poésie, le cinéma s’offre <strong>à</strong><br />
nos yeux, nous charme, uniquement grâce au bon vouloir de l’obscurité, qui permet la<br />
projection de lumière et fixe une image nette. Sans elle, le cinéma serait invisible, car sa<br />
lumière serait perdue dans la masse de celle qui l’entoure. L’obscurité permet donc de dé-<br />
voiler le travail d’une vaste équipe de professionnels et d’amateurs, qui ont œuvré pendant<br />
quelques semaines, au minimum, pour le plaisir de nos yeux, de notre esprit imaginatif<br />
(ou pas), de notre cœur de gosse, et accessoirement pour gagner leur vie. L’obscurité ainsi<br />
parée attire les hommes, plutôt timorés <strong>à</strong> son approche habituellement, dans les cinémas.<br />
Le terme « salles obscures », souvent attribué aux salles de projection, parle de lui même :<br />
cinéma et obscurité vivent en symbiose parfaite.<br />
Mais, si l’on excepte l’aspect purement matériel et extérieur de cette entente, dans quelle<br />
mesure s’applique-t- elle <strong>à</strong> l’intérieur même d’un film ?<br />
Sin City<br />
Sin City est sans nul doute un exemple très pertinent de l’utilisation de l’obscurité dans un film.<br />
Ses réalisateurs, Robert Rodriguez et Frank Miller, sont parvenus <strong>à</strong> marier septième art et obscurité avec<br />
une précision d’orfèvre. Ils ont transposé avec une grande fidélité l’esprit de la bande-dessinée originale<br />
de Frank Miller. L’obscurité n’est pas uniquement un élément de décor esthétique, elle fait corps avec le<br />
film, son cadre et son ambiance. À quoi cette réussite est-elle due ? Au montage numérique et <strong>à</strong> la 3D,<br />
via une combinaison de caméras spéciales, largement utilisés par les réalisateurs. L’obscurité compose tout<br />
un univers où se trament et se déjouent sans cesse crimes et attentats, où les prostituées sont reines et où<br />
vous rencontreriez un homme capable de ressortir indemne d’un choc avec une voiture lancée <strong>à</strong> pleine<br />
vitesse. Afin de souligner certains détails, comme le faisait Frank Miller dans sa bande dessinée, quelques<br />
rares couleurs trompent le noir, le blanc et leurs nuances : le jaune, le bleu, mais une, surtout, dirige notre<br />
regard : le rouge. Un rouge dominant, rouge de l’amour, des tentations, de la fureur et… Du sang. Sin<br />
City est un petit monde, métaphore de la réalité et de sa décadence, régi par la cruauté, la vengeance, le<br />
sexe et la prison, où se mélangent et se croisent plusieurs histoires, plusieurs vies, plusieurs destins.<br />
Tous ces récits sont assez sombres, ils font ressortir l’obscurité psychologique, la part d’ombre et<br />
d’horreur que chacun abrite. Mais bien qu’une grande violence les englobe, certains des personnages<br />
gardent une part d’humanité, en signe de la dualité des hommes.<br />
Peu de gens sont restés insensibles <strong>à</strong> cette adaptation où l’obscurité joue un grand rôle et renforce<br />
le climat fantastique et irréel du film.<br />
Un casting impressionnant (Bruce Willis, Mickey Rourke, Jessica Alba, Elijah Wood, Clive Owen)<br />
vous aura peut-être également séduit, mais il n’est pas non plus évident de savoir apprécier l’originalité de<br />
ce film. Casting, scénarios multiples, couleurs, érotisme... Toutes les raisons sont bonnes pour apprécier<br />
ou non ce film inhabituel (film interdit aux moins de 12 ans lors de sa sortie en France).<br />
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L’Obscurité