La Revue Germanique de Dollfus et Nefftzler, 1858-1858

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LA. REVUE GERMANIQUE
DE DOLLF[JS ET NEFFTZER
D'APRÈS LA CORRESPONDANCE INÉDITE DES DEUX DIRECTEURS,
COMMUNIQUÉE PAR M. CHARLES DOLLFUS ET M HEIM-NEFFTZEI1
I
FONDATION DE LA e REVUE • GERMANIQUE n.
Après quinze ans de journalisme quotidien, Nefftzer éprouvait
quelque lassitude. Parce que son libéralisme s'accommodait ruai des
procédés bonapartistes, il avait connu la prison, et maintenant la
Presse, dont il était rédacteur en chef, semblait vouloir devenir
dynastique'. C'était en 187 la guerre de Crimée venait de finir,
jamais L'Empire n'avait paru plus solide, ni plus lointaine la liberté.
Un heureux hasard mit alors en relations Nefftzer avec Doilfus.
Six ans auparavant, en 1851, l'année même où Nefftzer était
condamné à un an de prison, Charles Dollfus, finissant son droit k
Paris, avait mis en Lettres philosophiques le programme juvénile d'une
pensée libre et généreuse, tôt sortie du dogmatisme protestant. La
brochure était restée chez l'éditeur, et Doilfus, rentré chez lui, avait
essayé de l'industrie et du barreau, mais sans grand goût sa vocation
était ailleurs. Puis, brusquement, un rédacteur aux Débats,
Alloury, s'était avisé de l'opuscule, et, séduit par le jeune talent
qu'il venait de découvrir (plutôt que par ses idées), il l'avait signalé
au public. Dans l'Univers, le catholique Veuillot lança quelques
invectives. « Matérialiste, athée, être immoral et subversif 2 n rien
n'y manqua. Nefftzer, dans la Presse, prit ouvertement fait et cause
t. Émue de Girardin, le fondateur du journal, avait, peu auparavant, cédé sa
part de propriété au banquier littérateur Moïse Millaud, de Bordeaux (celui-là
même qui devait créer, cinq ans plus tard, le Petit Journal, de légendaire succès).
2. Comme le rappelait plus tard Nelltzer & Dollfus (Lettre du 44 mars 1858).
PARIZET. - I -