La Revue Germanique de Dollfus et Nefftzler, 1858-1858
La Revue Germanique de Dollfus et Nefftzler, 1858-1858
La Revue Germanique de Dollfus et Nefftzler, 1858-1858
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qui se publie en France : mais, cher ami, est-cc que vous ne sentez pas<br />
vous-même que <strong>de</strong>puis quelques mois, il y une p<strong>et</strong>ite baisse? Je vous dis<br />
ceci timi<strong>de</strong>ment <strong>et</strong> parce que l'attention avec laquelle je tous lis, le prix<br />
que j'attache à vos travaux, m'y obligent. Je n'ai pas été, <strong>de</strong>puis trois mois,<br />
aussi satisfait que <strong>de</strong> coutume. Je ne vous citerai rien <strong>de</strong> particulier en<br />
preuve : je m'en rapporte à votre conscience <strong>de</strong> Directeur. Pourquoi vous<br />
<strong>et</strong> votre ami Ni. <strong>Dollfus</strong> ne prenez-vous pas plus souvent la parole?... Pourquoi,<br />
aussi, craignez-vous <strong>de</strong> nous donnèr <strong>de</strong> ces étu<strong>de</strong>s substantielles,<br />
nourries <strong>de</strong> citations <strong>de</strong>s grands maîtres <strong>de</strong> la philosophie <strong>et</strong> <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tres?<br />
Connait-on en France, autrement que <strong>de</strong> nom, les Lessing, les Jacobi,<br />
les Men<strong>de</strong>lsolin, les Kant, Fichte, Schelling, Hegel, Schiller <strong>et</strong> Gocuthe<br />
eux-mêmes, <strong>et</strong>c., <strong>et</strong>c.? Et parmi ceux qui les connaissent, (luel est celui<br />
qui n'aime à les revoir? - Moi, je voudrais qu'à chaque numéro, la pièce<br />
<strong>de</strong> résistance fut prise' <strong>de</strong> l'une <strong>de</strong>s sommités <strong>de</strong> l'Allemagne.<br />
Je fais mes délices <strong>de</strong> vos articles <strong>de</strong> philologie, exégèse, littérature<br />
orientale, <strong>et</strong>c. M. Maury me plaît fort; M. Renan beaucoup moins, malgré<br />
sa science <strong>et</strong> son talent <strong>de</strong> prosateur. M. Renan ne remplace pas à mes<br />
yeux MM. Abel Rému sat <strong>et</strong> E. Burnouf, esprits tout k la fois plus scientifiques<br />
<strong>et</strong> plus fins, plus francs, que lui. De ces <strong>de</strong>ux hommes k M. Renan, il<br />
y a déca<strong>de</strong>nce prononcée. Il a trop l'amour du beau style, <strong>de</strong>s élucubrations<br />
juste-milieu, pour avoir le vrai zèle <strong>de</strong> la science; il est trop indécis<br />
dans sa philosophie, trop sceptique, trop mou, trop lâche, enfin, il faut dire<br />
le mot, pour mériter l'estime... Qu'est-ce que c<strong>et</strong>te religiosité que travail-<br />
«N4ent à sous-introduire en France les Renan <strong>et</strong> autres? Signe du temps?.-.<br />
Mauvais temps, dirai-je, <strong>et</strong> mauvais signé.<br />
Merci encore, mon cher Nefftzer, <strong>de</strong> l'envoi <strong>de</strong> la Presse. Vous faites là<br />
un ru<strong>de</strong> métier. Diriger un journal sous un gouvernement qui vous fait un<br />
crime <strong>de</strong> parler <strong>et</strong> un crime <strong>de</strong> ne parler pas, <strong>et</strong> qui, en même temps, par<br />
sa politique, ses publications, ses tribunaux, ne cesse d'humilier l'écrivain<br />
dans sa conscience <strong>et</strong> dans sa raison.. C'est à faire bondir un cadavre.<br />
Vous vous taisez, c'est tout ce que vous pouvez. Mais votre silence n'est<br />
pas même compris le public, bavard <strong>et</strong> imbécile, donne raison à celui<br />
qui parle...<br />
Les attaques qui venaient du camp opposé n'étaient pas moins<br />
caractéristiques. Le théologien allemand Heinrich Ewald pratiquait<br />
la métho<strong>de</strong> critique, mais il réprouvait énergiquement les conclusions<br />
radicales <strong>de</strong> l'École <strong>de</strong> Tubïngue. Il se livra, contre la <strong>Revue</strong><br />
germanique, qu'il estimait - à tort - inféodée aux doctrines <strong>de</strong> ses<br />
adversaires, k une guerre en règle. Rien n'y manqua ni l'interminable<br />
longueur, ni les critiques, les réponses, lS ripostes, les<br />
répliques, les dupliques, ni les injures enfin bref, une vraie polémique<br />
k l'alleman<strong>de</strong>. Il suffira d'en noter ici quelques épiso<strong>de</strong>s. En<br />
rendant compte, dans les Gûttingisclie gclehrte Anzei yen' du livre <strong>de</strong><br />
Renan sur l'Origine du langage, Ewald avait déclaré qu'il ôtait<br />
j . Numéro du 6 janvier 4850, p. t-H.