La Revue Germanique de Dollfus et Nefftzler, 1858-1858

dhistoire religieuse. Je suis fier d'avoir servi d'occasion à cet excellent travail,
un des plus approfondis et des plus judicieux que j'aie lus depuis
longtemps dans la presse quotidienne. VOUS avez en gênés-al parfaitement
saisi la nuance que je voulais indiquer; vos critiques et vos objections,
auxquelles souvent vous répondez vous-même, sont pour la plupart très
justes: mais vous rechnnaitrez, je crois, pie presque toutes portent ou sur
des ôontradictions nécessaires de l'esprit humain, ou sur des différences de
manière que je suis le premier à avouer. Vous.atiriez peut-être été en droit
de me présenter comme plus affirmatif sut le chapitre du surnaturel : la
négation du surnaturel est le fond même de mon livre. Seulement, je ne veux
pas que l'on confonde avec le surnaturel l'iddai, que j'appelle quelquefois,
d'une manière un peu métaphorique, le céleste, le divin, etc. En somme,
Monsieur, vous m'avez admirablement interprété, et vos articles m'ont procuré
un très vif plaisir, N. Dolifus m'a écrit il y & quelques jours pour me
parler de la Revue germanique dont vous devez être le directeur. Peut-être
pourrai-je vous donner quelques indications et vous mettre en rapport avec
quelques collaborateurs utiles. Nous en causerons quand vous voudrbz;
croyez, en attendant, qu'on ne saurait être avec une plus parfaite sympathie
Votre tout dévoué serviteur, E. REXÂN.
Comme Renan, Nefftzer avait débuté par la théologie, et il avait
eu aussi sa crise de conscience. Il s'était fait journaliste pour ne
pas devenir pasteur. De Luther, il était allé à Hegel. Mais, malgré le
labeur terrible du Bulletin du joui-, qui lui avait valu si justement
sa réputation de publiciste ô. la Presse, il avait gardé l'ardeur aux
idées de ses premières années, et un gpit très vif pour les éludes
d'histoire religieuse, ois Renan passait maître. La ressemblance
n'allait pas jusqu'à l'affinité, mais elle suffisait pour amener Renan
à la Revue et l'y attacher. D'autres vinrent encore.
Vis-à-vis de la Bibliothèque impériale, au premier étage du 67 de
la rue Richelieu, il y avait albrs une vieille et respectable librairie.
Sa longue histoire, qui aura été presque centenaire, apporterait
une notable contribution à la connaissance des relations intellectuelles
entre la France etl'Allemagne. Fondée k quelques pas de là',
dans les premières années du siècle, par Bossange père, elle passa,
en 837, aux mains de Brockhaus et Avenarius, et s'installa dans les
locaux des Donde'-Dupré père et fils, qui, par une coïncidence
curieuse, avaient, en juillet 1825, lancé le prospectus d'une première
Revue germanique 2. En juillet 1844, le D' Albert Franck, de Breslau,
4. Au numéro 00 de la rue Richelieu, ces renseignements nous ont été obligeamment
donnés par la librairie E. Bouillon, héritière de la lirme.
2. ' Ou recueil des meilteurs articles, traduits desjournaux périodiques lesplus
accrédités de l'Allemagne et relatifs aux sciences (morales et politiques), à la