La Revue Germanique de Dollfus et Nefftzler, 1858-1858

Ce brave homme ne se fait pas la moindre idée du public auquel nous
nous adressons et, par suite, de la manière dont nous avons à présenter la
théologie allemande; il ne peut pas, d'ailleurs, digérer qu'on trouve quelque
chose de bon dans les travaux de l'lcole de Tubiugue. Sa sortie contre
Paris bonapartiste est assez plaisante, dirigée comme elle l'est contre la
Revue germanique. 11 parait que parmi ses toquades il s'en trouve une
contre notre empereur. li disait l'année dernière à un de nos étudiants qui
visitait l'Allemagne, que Napoléon III était l'Antéchrist I
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TItANSFORMATION DE LA '( REVUE GERMANIQUE o
Nefftzer voyait les choses plus gravement li discernait, dans les
virulences d'Ewald, non pas seulement une querelle de doctrine,
mais la haine du Germain contre o l'ennemi héréditaire n La
politique impériale lui paraissait de plus en plus dangereuse
Je suis assez triste pour le quart d'heure, avoifait-il à Dollfus au lendemain
des sanglantes victoires d'Italie 2, et je ne vous disimule pas que
nos triomphes en Italie ne me remplissent pas d'une joie sans mélange.
Je ne suis pas assez étranger au sentiment patriotique pour ne pas admirer
l'étonnante et prodigieuse valeur de notre armée. Mais quelles épouvantables
boucheries Et qui aurait dit que nous en verrions encore de pareilles? Si
la liberté de l'Italie en sort, ce sera bien; mais les Italiens sauront-ils la
pratiquer et valent ils tout ce qu'on fait pour eux? Sans compter que les
perspectives qui s'ouvrent peur nous ne sont rien moins que satisfaisantes.
Vous connaissez assez mon opinion pour que je n'aie pas besoin d'insister
plus longtemps là-dessus.
Nefftzer prévoyait en effet la guerre prochaine entre la France et
l'Allemagne. Cette pensée l'obsédait. Dans son coeur d'Alsacien
français, elle devenait par moments comme un drame de conscience
• -i Je ne résisterais pas à une guerre entre la France et l'Allemagne
elle se reproduirait en moi-môme'.
Ces craintes terribles, il aurait fallu pouvoir les crier à l'opinion.
Dans l'esprit de Nefftzer et Dolifus, la Revue germanique n'était
qu'un moyen pour réaliser une des idées auxquelles ils tenaient le
I. On sait que 3 dans le langage théologique, Rrbfeind désigne souvent le Diable
en personne.
2. Magenta r 4juin; Solferino 24 juin; la lettre est du 5 juillet 4859..
3. A DolIfus, 17 mai 1864. Cf. les conclusions de Seingueriel, XII, p. 54, n.2.
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