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La Revue Germanique de Dollfus et Nefftzler, 1858-1858

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LA<br />

REVUE GERMANIQUE<br />

DE DOLLFJTS ET NEFFTZEB<br />

(<strong>1858</strong>-1868)<br />

14 CI)flRESPONI)\XCE INIjlITE 0ES I)EtX IlIRECTf.!Jfl<br />

AVFC UN INDEX ALPIIÀIs]i'JQvE<br />

'A R<br />

Georges PARISET<br />

ur J (Ji 'vrsi tit doN a iicv.<br />

Document<br />

D I! I II II III O! O 111110111<br />

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PARIS, 6°<br />

F.ÉLIx ALCAN, ÉJJITELJH<br />

IOS, IiOULEVAKU SAIiT - OEHMAIY, 408<br />

1906


•&) t4 ç(4çt?a<br />

LA. REVUE GERMANIQUE<br />

DE DOLLF[JS ET NEFFTZER<br />

D'APRÈS LA CORRESPONDANCE INÉDITE DES DEUX DIRECTEURS,<br />

COMMUNIQUÉE PAR M. CHARLES DOLLFUS ET M HEIM-NEFFTZEI1<br />

I<br />

FONDATION DE LA e REVUE • GERMANIQUE n.<br />

Après quinze ans <strong>de</strong> journalisme quotidien, Nefftzer éprouvait<br />

quelque lassitu<strong>de</strong>. Parce que son libéralisme s'accommodait ruai <strong>de</strong>s<br />

procédés bonapartistes, il avait connu la prison, <strong>et</strong> maintenant la<br />

Presse, dont il était rédacteur en chef, semblait vouloir <strong>de</strong>venir<br />

dynastique'. C'était en 187 la guerre <strong>de</strong> Crimée venait <strong>de</strong> finir,<br />

jamais L'Empire n'avait paru plus soli<strong>de</strong>, ni plus lointaine la liberté.<br />

Un heureux hasard mit alors en relations Nefftzer avec Doilfus.<br />

Six ans auparavant, en 1851, l'année même où Nefftzer était<br />

condamné à un an <strong>de</strong> prison, Charles <strong>Dollfus</strong>, finissant son droit k<br />

Paris, avait mis en L<strong>et</strong>tres philosophiques le programme juvénile d'une<br />

pensée libre <strong>et</strong> généreuse, tôt sortie du dogmatisme protestant. <strong>La</strong><br />

brochure était restée chez l'éditeur, <strong>et</strong> Doilfus, rentré chez lui, avait<br />

essayé <strong>de</strong> l'industrie <strong>et</strong> du barreau, mais sans grand goût sa vocation<br />

était ailleurs. Puis, brusquement, un rédacteur aux Débats,<br />

Alloury, s'était avisé <strong>de</strong> l'opuscule, <strong>et</strong>, séduit par le jeune talent<br />

qu'il venait <strong>de</strong> découvrir (plutôt que par ses idées), il l'avait signalé<br />

au public. Dans l'Univers, le catholique Veuillot lança quelques<br />

invectives. « Matérialiste, athée, être immoral <strong>et</strong> subversif 2 n rien<br />

n'y manqua. Nefftzer, dans la Presse, prit ouvertement fait <strong>et</strong> cause<br />

t. Émue <strong>de</strong> Girardin, le fondateur du journal, avait, peu auparavant, cédé sa<br />

part <strong>de</strong> propriété au banquier littérateur Moïse Millaud, <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux (celui-là<br />

même qui <strong>de</strong>vait créer, cinq ans plus tard, le P<strong>et</strong>it Journal, <strong>de</strong> légendaire succès).<br />

2. Comme le rappelait plus tard Nelltzer & <strong>Dollfus</strong> (L<strong>et</strong>tre du 44 mars <strong>1858</strong>).<br />

PARIZET. - I -


pour le nécréant. Ce fut dès lors un beau tapage. On lut les L<strong>et</strong>tres<br />

philosophiques; une <strong>de</strong>uxième édition <strong>de</strong>vint nécessaire'. .<strong>Dollfus</strong><br />

entrevoyait la gloire S II revint à Paris (1857), il se lia avec Nefftzer.<br />

Leur amitié <strong>de</strong>vait durer autant que )a vie,<br />

Ils étaient jeunes. Nefftzer avait trente-sept ans, Dolifus trente.<br />

Tous <strong>de</strong>ux étaient Alsaciens. Or, l'Alsace est le pluseuropéen <strong>de</strong>s<br />

pays d'Europe. Quand elle était alleman<strong>de</strong>, l'Allemagne a fait la<br />

Réforme. Quand elle était française, la France a fait la Révolution.<br />

Et l'Alsace a eu ainsi le privilège unique --- qu'elle a payé cher -<br />

d'une participation nationale aux <strong>de</strong>ux grands événements dont sont<br />

issus les Temps mo<strong>de</strong>rnes. Elle a été l'auxiliaire commune <strong>de</strong><br />

l'Allemagne <strong>et</strong> <strong>de</strong> la France, ait le plus décisif <strong>de</strong> leur<br />

histoire; <strong>et</strong> les Alsaciens sont toujours restés les intermédiaires<br />

obligés entre la Franco •<strong>et</strong> l'Allemagne. Nefftzer était <strong>de</strong> Colmar,<br />

Doilfus <strong>de</strong> Mulhousc. Également désireux d'agir <strong>et</strong> d'écrire, Nelîtzer<br />

pour changer <strong>de</strong> carrière, Dolifus pour commencer la sienne, ils<br />

trouvèrent vite leur voie commune. L'idée leur vint d'une <strong>Revue</strong><br />

germanique.<br />

Ils en causèrent entre eux, puis autour d'eux. Les relations ne<br />

leur manquaient pas- Ils fréquentaient chez la comtesse d'Agoult<br />

(Daniel Stem), <strong>et</strong> • .hez sa fille, Mme <strong>de</strong> Charnacé (en littérature<br />

C. <strong>de</strong> Sault). L'esprit brillant <strong>et</strong> profond, la culture européenne <strong>de</strong><br />

D. Stern étaient alors célèbres. Philarète Chasles, E. <strong>La</strong>boulaye, le<br />

poète L. Ratisbonne, le voyageur B. Mérimée 2, Renan, Taine,<br />

Littré, qui tous, par leurs étu<strong>de</strong>s ou leurs publications 'étaient<br />

accoutumés à regar<strong>de</strong>r au <strong>de</strong>l& fies limites <strong>de</strong> la France, firent hou<br />

accueil au proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> Nefftzer <strong>et</strong> DoIlfus. Chasles eut <strong>de</strong>s cris d'enthousiasme'.<br />

Moins bruyante, mais plus sérieuse, futl'adhésion <strong>de</strong> Renan'.<br />

Dolifus lui avait parlé <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> <strong>et</strong>, dans la Presse, Nefftzer venait<br />

d'étudier ses Étu<strong>de</strong>s d'histoire religieuse récemment parues. Renan<br />

répondit par une l<strong>et</strong>tre remarquable; à plus d'un titre<br />

- Paris, 17 novembre 4857.<br />

Monsieur,<br />

Perm<strong>et</strong>tez-moi dc vous féliciter<strong>et</strong> <strong>de</strong>vons remercier cordialement <strong>de</strong>s beaux<br />

articles que vous avez bien voulu consacrer dans la Presse à mes Étioles<br />

1. En 1857. Une 3' édition parut en 1869.<br />

2. Un parent <strong>de</strong> l'Académ ici en-sénaleur, Henri Mérimée, avait parcouru toute<br />

l'Europe <strong>et</strong> séjourné longtemps en Russie. Le t" numéro <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> annonça<br />

par erreur la collaboration <strong>de</strong> P. ,\lérinièe. Henri remplaça Prosper A la couverture<strong>de</strong>s<br />

livraisons suivantes.<br />

3. DolIfus l'appelle :.l'enthousiaste promoteur <strong>de</strong> ta revue (à Nefftzer,<br />

10juill<strong>et</strong> 858).


dhistoire religieuse. Je suis fier d'avoir servi d'occasion à c<strong>et</strong> excellent travail,<br />

un <strong>de</strong>s plus approfondis <strong>et</strong> <strong>de</strong>s plus judicieux que j'aie lus <strong>de</strong>puis<br />

longtemps dans la presse quotidienne. VOUS avez en gênés-al parfaitement<br />

saisi la nuance que je voulais indiquer; vos critiques <strong>et</strong> vos objections,<br />

auxquelles souvent vous répon<strong>de</strong>z vous-même, sont pour la plupart très<br />

justes: mais vous rechnnaitrez, je crois, pie presque toutes portent ou sur<br />

<strong>de</strong>s ôontradictions nécessaires <strong>de</strong> l'esprit humain, ou sur <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong><br />

manière que je suis le premier à avouer. Vous.atiriez peut-être été en droit<br />

<strong>de</strong> me présenter comme plus affirmatif sut le chapitre du surnaturel : la<br />

négation du surnaturel est le fond même <strong>de</strong> mon livre. Seulement, je ne veux<br />

pas que l'on confon<strong>de</strong> avec le surnaturel l'iddai, que j'appelle quelquefois,<br />

d'une manière un peu métaphorique, le céleste, le divin, <strong>et</strong>c. En somme,<br />

Monsieur, vous m'avez admirablement interprété, <strong>et</strong> vos articles m'ont procuré<br />

un très vif plaisir, N. Dolifus m'a écrit il y & quelques jours pour me<br />

parler <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> germanique dont vous <strong>de</strong>vez être le directeur. Peut-être<br />

pourrai-je vous donner quelques indications <strong>et</strong> vous m<strong>et</strong>tre en rapport avec<br />

quelques collaborateurs utiles. Nous en causerons quand vous voudrbz;<br />

croyez, en attendant, qu'on ne saurait être avec une plus parfaite sympathie<br />

Votre tout dévoué serviteur, E. REXÂN.<br />

Comme Renan, Nefftzer avait débuté par la théologie, <strong>et</strong> il avait<br />

eu aussi sa crise <strong>de</strong> conscience. Il s'était fait journaliste pour ne<br />

pas <strong>de</strong>venir pasteur. De Luther, il était allé à Hegel. Mais, malgré le<br />

labeur terrible du Bull<strong>et</strong>in du joui-, qui lui avait valu si justement<br />

sa réputation <strong>de</strong> publiciste ô. la Presse, il avait gardé l'ar<strong>de</strong>ur aux<br />

idées <strong>de</strong> ses premières années, <strong>et</strong> un gpit très vif pour les élu<strong>de</strong>s<br />

d'histoire religieuse, ois Renan passait maître. <strong>La</strong> ressemblance<br />

n'allait pas jusqu'à l'affinité, mais elle suffisait pour amener Renan<br />

à la <strong>Revue</strong> <strong>et</strong> l'y attacher. D'autres vinrent encore.<br />

Vis-à-vis <strong>de</strong> la Bibliothèque impériale, au premier étage du 67 <strong>de</strong><br />

la rue Richelieu, il y avait albrs une vieille <strong>et</strong> respectable librairie.<br />

Sa longue histoire, qui aura été presque centenaire, apporterait<br />

une notable contribution à la connaissance <strong>de</strong>s relations intellectuelles<br />

entre la France <strong>et</strong>l'Allemagne. Fondée k quelques pas <strong>de</strong> là',<br />

dans les premières années du siècle, par Bossange père, elle passa,<br />

en 837, aux mains <strong>de</strong> Brockhaus <strong>et</strong> Avenarius, <strong>et</strong> s'installa dans les<br />

locaux <strong>de</strong>s Don<strong>de</strong>'-Dupré père <strong>et</strong> fils, qui, par une coïnci<strong>de</strong>nce<br />

curieuse, avaient, en juill<strong>et</strong> 1825, lancé le prospectus d'une première<br />

<strong>Revue</strong> germanique 2. En juill<strong>et</strong> 1844, le D' Albert Franck, <strong>de</strong> Breslau,<br />

4. Au numéro 00 <strong>de</strong> la rue Richelieu, ces renseignements nous ont été obligeamment<br />

donnés par la librairie E. Bouillon, héritière <strong>de</strong> la lirme.<br />

2. ' Ou recueil <strong>de</strong>s meilteurs articles, traduits <strong>de</strong>sjournaux périodiques lesplus<br />

accrédités <strong>de</strong> l'Allemagne <strong>et</strong> relatifs aux sciences (morales <strong>et</strong> politiques), à la


4—<br />

associé à Frédéric Vieweg <strong>de</strong> Brunswick, était <strong>de</strong>venu propriétaire<br />

<strong>de</strong> l'établissement. Depuis <strong>de</strong> longues années, la librairie s'était fait<br />

une spécialité <strong>de</strong> la vente <strong>de</strong>s publications étrangères, <strong>et</strong> surtout<br />

alleman<strong>de</strong>s; elle était le lieu <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>z-vous <strong>de</strong> tous ceux qui, à<br />

Paris, ne lisaient pas que du français, <strong>et</strong> Ncfftzer y allait souvent.<br />

Franck lui fut très utile. Il recruta pour la <strong>Revue</strong> quelques-uns <strong>de</strong><br />

ses meilleurs patrons ou collaborateurs t le polygraphe Alfred<br />

Maury, l'archéologue <strong>de</strong> Rougé, l'un <strong>et</strong> l'autre membres <strong>de</strong> l'Institut<br />

- référence alors insigne,»— le philologue Édélestand Duméril <strong>et</strong><br />

plusieurs autres érudits Pareillement, Maurice Hartmann, dont<br />

l'exil était alors fixé à Paris <strong>et</strong> qui venait en habitué à la librairie, -<br />

s'offrit à servir d'intermédiaire entre la <strong>Revue</strong> <strong>et</strong> les gens <strong>de</strong> l<strong>et</strong>tres<br />

allemands. Il fut convenu que la ,, librairie Franck o éditerait la <strong>Revue</strong><br />

<strong>et</strong> lui donnerait l'hospitalité <strong>de</strong> ses bureaux. En outre, elle fournirâit<br />

aux abonnés son Bull<strong>et</strong>in bibliographique français <strong>et</strong> étranger, qui,<br />

littérature (prose, poésie, critique), <strong>et</strong> aux aras (beaux-arts, arts utiles). Les<br />

principaux rédacteurs <strong>de</strong>vaient âtre, entre autres, les philosophes Victor Cousin,<br />

<strong>de</strong> Gérando <strong>et</strong> Massias, le géomètre Poncel<strong>et</strong> (<strong>de</strong> M<strong>et</strong>a), l'illustre naturaliste<br />

Cuvier (<strong>de</strong> Montbéliard), l'helléniste Hase (<strong>de</strong> Sulza, en Thuringe), le critique<br />

Stapfer (<strong>de</strong> Berne) <strong>et</strong> Mine Élisa Vosart (<strong>de</strong> Nancy, la mère <strong>de</strong> Mme Amable<br />

Tastu), sous la direction du baron 81cm. L'entreprise n'aboutit pas, à Paris du<br />

moins; mais l'idée était lancée <strong>et</strong> c'est à Strasbourg qu'elle germa. Deux jeunes<br />

avocats, - ils n'avaient l'un <strong>et</strong> l'autre que vingt-cinq ans, - tlipp. Barthélemy<br />

(<strong>de</strong> <strong>La</strong>uterbourg) <strong>et</strong> Gustave Silbermann (<strong>de</strong> Strasbourg), publièrent en 4826 une<br />

Bibliothèque alleman<strong>de</strong>, journal <strong>de</strong> littérature .., avec la collahoratiot, <strong>de</strong>s Alsaciens<br />

Bruel,, Jung, Lieehtenberger, Matter, Stoeber, WilIm, <strong>et</strong> d'ut) Lyonnais,<br />

le D' Lort<strong>et</strong>. Dès le second semestre <strong>de</strong> l'année, la Bibliothèque alleman<strong>de</strong> avait<br />

un dépôt è. Paris, chez Don<strong>de</strong>y-Dupré, l'éditeur désigné pour •la publication<br />

avortée <strong>de</strong> 1825: les Parisiens germanisants s'associèrent aux Alsaciens, <strong>et</strong>,<br />

en 1821, le 36 volume <strong>de</strong> la Bibliothèque alleman<strong>de</strong> parut sous le titre enfin<br />

r<strong>et</strong>rouvé <strong>de</strong> <strong>Revue</strong> germanique. Acquise en 1829 par l'imprimeur strasbourgeois<br />

9.-G. Levrautt, elle commença une <strong>de</strong>uxième série intitulée Nouvelle <strong>Revue</strong> germanique,<br />

puis re<strong>de</strong>vint, simplement <strong>Revue</strong> ,qerinartique (3° série) en 4835, <strong>et</strong><br />

fusionna au début <strong>de</strong> 1838 avec la <strong>Revue</strong> du Nord. Sa collection forme 28 vol.<br />

in-S' (ou 30 avec les 2 vol. <strong>de</strong> la Bibliothèque alleman<strong>de</strong>), à raison <strong>de</strong> 8 vol.<br />

<strong>et</strong>, <strong>de</strong>puis 4835 <strong>de</strong>6 vol. par an. On en trouvera, pour les années 4829 à 1836, une<br />

table so,nmaireau 1 tome VIII <strong>de</strong> la S'série (xxvi <strong>de</strong> la collection), P. 225 à 233 (omise<br />

dans la liste <strong>de</strong> Stem, Manuel <strong>de</strong> Bibliographie généràle, 4898, p. 681 <strong>et</strong> suiv.).<br />

1. Guillaume Depping (fils <strong>de</strong> l'historien franco-germain G.-B. Depping, né à<br />

MUnster en Westphalie), qui était chargé, û ta Bibliothèque impériale, <strong>de</strong> lacquisilion<br />

<strong>de</strong>s livres étrangers, le philologue Frédéric Dûbner (<strong>de</strong> Hocrselgau, près<br />

Gotha), l'érudit <strong>et</strong> consciencieux J.llunziker <strong>de</strong> la Suisse alleman<strong>de</strong> (<strong>de</strong>venu<br />

ensuite professeur à Aarau). Il serait intéressant <strong>de</strong> dresser la liste <strong>de</strong>s savants<br />

allemands qui, dans les trois <strong>de</strong>rniers quarts du six- siècle, sont venus faire en<br />

France une carrière scientifique d'autant plus aisée que les universitaires du<br />

pays étaient pour la plupart incapables <strong>de</strong> leur opposer concurrence. Rien qu'à<br />

l'Académie <strong>de</strong>s Inscriptions ont été élus, comme membres titulaires (français),<br />

les philologues J. MohI. <strong>de</strong> Stuttgart, S. Munk, <strong>de</strong> Glogau, J. Derenbourg, <strong>de</strong><br />

Mayence, J. Oppert, <strong>de</strong> Hambourg, Il. Weil, <strong>de</strong> Francfort-s.41.; à l'Académie<br />

<strong>de</strong>s Sciences morales, M. Block, <strong>de</strong> Berlin.


, -<br />

chaque mois, dressait la liste choisie <strong>de</strong>s publications récentes en<br />

tous pays'.<br />

En novembre 1857, quand les démarches furent terminées, <strong>et</strong> que<br />

Dolifus put r<strong>et</strong>ourner à. Mulhouse, où il <strong>de</strong>vait passer l'hiver, la<br />

<strong>Revue</strong> avait déjà groué un nombre suffisant <strong>de</strong> collaborateurs,<br />

dont la valeur <strong>et</strong> le talent, même au recul d'un <strong>de</strong>mi-siècle, nous<br />

apparaissent aujourd'hui aussi brillants que soli<strong>de</strong>s. Nefftzer quitta<br />

la Presse. Le journal en fut si ému qu'il donna un coup <strong>de</strong> barre à<br />

gauche : il se fit suspendre le mois suivant à la suite d'un article<br />

très vif <strong>de</strong> Peyrat. Sa clientèle pouvait donc être rassurée: il restait<br />

libéral <strong>et</strong> d'opposition, malgré le départ <strong>de</strong> son rédacteur en chef.<br />

Au point <strong>de</strong> vue matériel, les dispositions furent aisément prises,<br />

grâce à la générosité <strong>de</strong> <strong>Dollfus</strong><br />

Il est donchien entendu, écrivit-il <strong>de</strong> Mulhouse à Nefl'tzer, te 14 novembre<br />

5857, que nous nous occuperons conjointement, en y m<strong>et</strong>tant les soins <strong>et</strong> le<br />

temps nécessaires, <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> germanique en "oie <strong>de</strong> tondation.<br />

Les fonds nécessaires à la publication seront versés par moi jusqu'à<br />

l'époque où le recueil, réalisant <strong>de</strong>s bénéfices, pourra se passer <strong>de</strong> versements<br />

ultérieurs. Le remboursement <strong>de</strong> la somme que j'aurai ainsi versée<br />

se fera, intérêts <strong>et</strong> capital, sur les bénéfices... Les bénéfices seront partagés<br />

également, ainsi que la gestion : c'est justice. Ces conventions sont <strong>de</strong>s<br />

plus simples; entre hommes d'honneur, il n'en faut point d'autres.<br />

Nefftzer accusa réception par r<strong>et</strong>our du courrier : il n'en fallut pas<br />

plus. <strong>La</strong> <strong>Revue</strong> <strong>de</strong>vait paraître k la fin <strong>de</strong> chaque mois, par fascicules<br />

<strong>de</strong> 12 feuilles ou 192 pages d'impression en moyenne, <strong>et</strong> former ainsi<br />

4 volumes par an <strong>de</strong> 576 pages chacun. Le prix <strong>de</strong> l'abonnement<br />

annuel fut <strong>de</strong> 40 francs. Les collaborateurs recevaient 100 francs <strong>et</strong><br />

exceptionnellement 150 francs par feuille, les analyses <strong>et</strong> comptes<br />

rendus étaient rétribués à raison <strong>de</strong> 100 francs, les traductions à<br />

50 francs la feuille. <strong>La</strong> proportion <strong>de</strong>vait être à peu près égale entre<br />

les articles originaux <strong>et</strong> les traductions ou analyses. Si enfin on<br />

tient compte <strong>de</strong>s frais <strong>de</strong> papier, d'impression <strong>et</strong> d'édition, on<br />

pourra conclure qu'il fallait au-moins 40 ou 500 abonnés pour<br />

couvrir les frais.<br />

4. A l'imitation <strong>de</strong> I'Allge,,,eine Bibliographie, Monatiiches Verzeichnis... (hrsg.<br />

y . F.-A. Brocichaus, in Leipzig), dont la 50' année parait en 1005.


-6-<br />

:1'<br />

LANCEMENT DE LA « REVUE GERMANIQUE )).<br />

Cétait, on le voit, une entreprise importante, <strong>et</strong> qui représentait,<br />

chaque année, un roulement <strong>de</strong> 18 à 20000 francs. Il s'agissait<br />

maintenant <strong>de</strong> bien la lancer. Nefftzer s'en chargeai Par ses relations<br />

dans la presse, la besogne lui parut aisée. Dès le FI novembre 1857,<br />

il pouvait écrire à Dollfu's<br />

Notre secr<strong>et</strong> n'est plus un secr<strong>et</strong>, <strong>et</strong> l'annonce Je notre <strong>Revue</strong> fait dès à<br />

présent le tour <strong>de</strong> tous les journaux français <strong>et</strong> étrangers.<br />

<strong>La</strong> nouvelle avait été mise en circulation par l'Indépendance belge,<br />

qui était alors, comme on sait, le, mieux renseigné <strong>de</strong>s journaux<br />

français. Le 20 novembre, Nefftzer ajoutait :.<br />

Nous faisons un bruit auquel je ne m'attendais pas... Aujourd'hui il<br />

est venu un homme <strong>de</strong>mandant si nous n'ouvrirons pas une souscription<br />

d'actions <strong>et</strong> où ou s'abonnait. il a dû aller s'inscrire chez Franck.<br />

De Mulhouse, Doflfus répondait, avec bonne humeur (le 27 nov.)<br />

Le Courrier du Bas-Rhin <strong>et</strong> l'industriel alsacien ont déjà embouché la<br />

tromp<strong>et</strong>te <strong>et</strong> notre <strong>Revue</strong> est dans toutestes bouches. Je passe pour mon<br />

compte à l'état <strong>de</strong> Germain pur. Une armée d'abonnés, venus <strong>de</strong>s quatre<br />

coins du globe, va s'ébranler <strong>et</strong> marcher sur Paris. Que Franck se tienne<br />

bien! »<br />

Mais tout n'est pas si aisé dans la création d'une revue. Deux<br />

p<strong>et</strong>its inci<strong>de</strong>nts allaient le prouver. Nefftzer avait eu Vidée <strong>de</strong> rédiger<br />

un pr&gramme auquel il se proposait <strong>de</strong> donner une gran<strong>de</strong> publicité.<br />

Il en exposait ainsi le sommaire à Doilfus (28 nov.), - <strong>et</strong> sa note<br />

indique par avance quelle sera la composition <strong>de</strong> chaque livraison<br />

Les .Recueils internationaux sont une nécessité <strong>de</strong> plus en plus pressante<br />

<strong>de</strong> notre temps. L'Allemagne, bien moins connue que l'Angl<strong>et</strong>erre,<br />

mérite pour le moins autant <strong>de</strong> l'ètre. C'est le pays qui élabore le plus<br />

d'idées, <strong>de</strong> travaux philosophiques, scientifiques, <strong>et</strong>c. Sa littérature continue<br />

à avoir sa valeur propre. L'opportunité <strong>de</strong> notre publication est donc<br />

pleinement justifiée. Des hommes éminents l'ont compris commenous <strong>et</strong> se


sont empressés <strong>de</strong> se joindre à nous. <strong>La</strong> <strong>Revue</strong> embrassera toute la vie<br />

intellectuelle <strong>de</strong> l'Allemagne analyse <strong>de</strong>s principaux ouvrages scientifiques<br />

historiques, philosophiques; traduction <strong>de</strong> romans; — correspondances<br />

(ou Couitiers); - Bull<strong>et</strong>ins critiques <strong>et</strong> bibliographiques; — p<strong>et</strong>ite revue<br />

bibliographique française (Chronique parisienne); - Mélanges. »<br />

<strong>Dollfus</strong> approuva, <strong>et</strong> le programme, écrit d'un commun accord,<br />

fut porté par Nefftzer aux quotidiens libéraux. <strong>La</strong> Presse était suspendue;<br />

restaient le Siècle <strong>et</strong> les Débats. <strong>La</strong> poste ne <strong>de</strong>mandait<br />

qu'un centime par exemplaire. Au Siècle, Nefftzer n'eut à payer eu<br />

plus (lue 10 francs <strong>de</strong> rétribution aux plieuses du journal pour l'encartage<br />

<strong>de</strong> 1.8 000 exemplaires du programme. Mais aux Débats, ce<br />

fut une autre affaire<br />

Le Journal <strong>de</strong>s Débats fait <strong>de</strong>s difficultés pour adm<strong>et</strong>tre nos prospectus<br />

sous ses ban<strong>de</strong>s. Il craint <strong>de</strong> servir une oeuvre d'athéisme. C'est du moins<br />

ce que m'a dit hier M. Bertin '. »<br />

Finalement, les Débats consentirent. Ils encartèrent 6500 exemplaires,<br />

mais comme il leur était apparemment très p ,énible <strong>de</strong> propager<br />

<strong>de</strong>s principes suspects, les plieuses réclamèrent 120 francs,<br />

soit eu proportion huit fois plus que le Siècle.<br />

A peine les programmes avaient-ils été enfin distribués — dans les<br />

<strong>de</strong>rniers jours <strong>de</strong> décembre — que Nefflzer reçut dAmédée Pichot,<br />

le directeur <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> britannique, une l<strong>et</strong>tre, d'ailleurs fort courtoise<br />

(28 décembre 1857)<br />

« Polir diverses raisons que je ne puis vous exposer ici, nous avons <strong>de</strong>ux<br />

titres, auxquels nous tenons également; nous avons noème pensé souvent à<br />

m<strong>et</strong>tre le second avant le premier. Lorsque nous primes notre second titre:<br />

Recueil international, notre pensée résumait même une <strong>Revue</strong> germanique<br />

qui avait existé, <strong>et</strong> qu'on nous proposait <strong>de</strong> joindre à la nôtre. Loin <strong>de</strong> moi<br />

la pensée, cher Confrère, <strong>de</strong> venir ressusciter une <strong>Revue</strong> germanique quelconque,<br />

<strong>et</strong> d'aller au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> notre titre, sous prétexte que nous avons toujours<br />

fait <strong>de</strong>s excursions <strong>de</strong> l'autre côté du Rhin. Mais j'attends <strong>de</strong> votre<br />

bonne fraternité que vous renonciez au titre (le Recueil international.<br />

Pich<strong>et</strong> avait raison. Fondée en 1825, la <strong>Revue</strong> britannique, recueil<br />

international, avait vu naître <strong>et</strong> disparaître la première <strong>Revue</strong> germanique<br />

2 <strong>et</strong> elle poursuivait paisiblement sa longue <strong>et</strong> utile carrière.<br />

4. Nefftzer à Dolltus, 25 décembre 1857.<br />

2. Ainsi que la <strong>Revue</strong> anglo-française (<strong>de</strong> caractère surtout historique), publiée<br />

sous la direction <strong>de</strong> <strong>La</strong> Fontenelle <strong>de</strong> Vaudoré, à Poitiers, <strong>de</strong>. 1833 à 1841,7 vol.<br />

p


- V- r -. rrr nw7 .<br />

—8-<br />

Nefftzcr avait donné comme sous-titre à sa <strong>Revue</strong> l'épithète <strong>de</strong><br />

Recueil international; il yrenonça, non sans pester quelque peu contre<br />

Pichot, « un vieux renard » De quoi celui-ci se souciait fort peu<br />

il poursuivait ses avantages<br />

t Que vous changiezvotre titre, écrivait-il encoreà Neflizer. le 2janvier 4858,<br />

ou que vous le laissiez, je crois nécessaire d'expliquer désormais le nôtre<br />

par une ligne <strong>de</strong> plus sur la couverture. Pour noirs, international ne veut<br />

pas dire seulement l'alliance <strong>de</strong> la littérature anglaise <strong>et</strong> <strong>de</strong> la littérature<br />

française, mais celle <strong>de</strong> toutes les littératures du Nord <strong>et</strong> du Midi. VOUS ne<br />

pouvez trouver ce cadre trop ambitieux, vous qui, comme c'est votre droit,<br />

vous emparez d'avance <strong>de</strong> la Suè<strong>de</strong>, <strong>de</strong> la Norvège, <strong>de</strong> la Suisse même.<br />

Pourquoi <strong>de</strong>main no voudrez-vous pas (vous le pourrez encore) considérer<br />

notre p<strong>et</strong>ite tic d'Angl<strong>et</strong>erre <strong>et</strong> notre grand continent américain comme une<br />

dépendance <strong>de</strong>s idiomes teutoniques? Je répète que vous le pourrez <strong>et</strong> que<br />

je n'en serai pas moins votre bon confrère, comme j'espère que vous serez le<br />

mien. n<br />

Concurrence <strong>et</strong> défiance : voila donc ce que la distribution <strong>de</strong>s<br />

prospectus avait rapporté k la <strong>Revue</strong> naissante, dès qu'elle s'était<br />

aventurée hors du p<strong>et</strong>it cercle <strong>de</strong>s premiers adhérents.<br />

Pour se prémunir, les <strong>de</strong>ux Directeurs imaginèrent <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

à un Français <strong>et</strong> à un Allemand <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tres d'introduction auprès du<br />

grand public.<br />

A Berlin, un cc illustre personnage »,le « patriarche <strong>de</strong> la science»,<br />

« l'Aristote allemand (style Figuier) n - ce sont les expressions <strong>de</strong><br />

<strong>Dollfus</strong> 2 , - « l'un <strong>de</strong>s plus vastes esprits <strong>de</strong>s temps mo<strong>de</strong>rnes n,<br />

bref: Alexandre <strong>de</strong> Humboldt, fut prié <strong>de</strong> donner le « baptême n àla<br />

<strong>Revue</strong>. Il envoya un bill<strong>et</strong>, intéressant à coup sér <strong>et</strong> même sibyllin,<br />

mais qui ne répondait pas à ce qui était désiré<br />

C'est avec un bien vif intérèt, Monsieur, que je reçois par vos bontés la<br />

nouvelle <strong>de</strong> la publication prochaine d'une <strong>Revue</strong> germanique. Tout ce qui<br />

se rapporte à une liaison plus intime entre les pays limitrophes porte dans<br />

iii-80 (table <strong>de</strong> la 1' série au tome V, 4881, p. 425-48; Stem, op. cil., p. 64+ <strong>et</strong><br />

105). <strong>La</strong> Bibliothèque britannique, fondée en 1196 à Genève <strong>et</strong> <strong>de</strong>venue en 1816<br />

la Bibliothèque universelle, peut être considérée comme l'ancêtre <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> britannique,<br />

<strong>de</strong> même que le Spectateur du Nord (fondé à Hambourg en 4797 par<br />

Baudus <strong>et</strong> Villers) est, suivant l'expression <strong>de</strong> Lescure (Berne germanique,<br />

L XXIII, 1862, p. 458), le frère niné <strong>de</strong> ta <strong>Revue</strong> germanique <strong>de</strong> 4825, <strong>de</strong> <strong>1858</strong><br />

- <strong>et</strong> <strong>de</strong> 1905. (Les papiers <strong>de</strong> Villers, conservés en 48 cartons à la Bibliothèque<br />

<strong>de</strong> Hambourg, vaudraient une étu<strong>de</strong> approfondie.)<br />

I. Nefftzer à Dol fus, 9 janvier £858.<br />

• 2. L<strong>et</strong>tres à Nefftzer du 4 <strong>et</strong> du 14 décembre 4851, <strong>et</strong> <strong>de</strong> mai f859.<br />

8. lin fragment en a été publié dans la <strong>Revue</strong> germanique, à la mort <strong>de</strong> Humboldt<br />

(t. VI, 4859, p-365, note 4).


-9—<br />

son sein le germe d'un bien moral. Les noms <strong>de</strong> MM. <strong>La</strong>boulaye, Renan <strong>et</strong><br />

Littré sont chers à ceux qui tiennent avec ar<strong>de</strong>ur au libre <strong>et</strong> croissant progrès<br />

<strong>de</strong> la civilisation.<br />

L<strong>et</strong>' volume du Cosmos, que j'ai détaché avc regr<strong>et</strong> du 5' volume, renferme<br />

les spécialités <strong>de</strong> ce que l'on appelle un peu fastueusement la t physique<br />

du globe . Le triste réalisme <strong>de</strong>vient d'autant plus compliqué que le<br />

problème <strong>de</strong> l'hétérogénéité <strong>de</strong> la matière (d'une activité inconnue dans notre<br />

phraséologie) se fait sentir dans chaque groupe <strong>de</strong> phénomènes.<br />

Agréez, je vous prie, Monsieur, l'assurance <strong>de</strong> ma haute considération <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> mes voeux les plus sincères pour la réussite «'une entreprise si utile.<br />

Ai.. lIwInoLor.<br />

A Berlin, ce 4f décembre 4857.<br />

<strong>Dollfus</strong> garda en portefeuille la l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> Humboldt, <strong>et</strong> le volume<br />

nouveau du Cosmos fut communiqué k Littré, dont l'étonnante compétence<br />

était alors scientifique autant que philologique.<br />

A Paris, ce fut Renan qui écrivit la préface <strong>de</strong>mandée <strong>et</strong> sa l<strong>et</strong>tre a<br />

Clé publiée dans le premier numéro <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong>'. Magistralement, elle<br />

résumait l'état <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s philologiques <strong>et</strong> orientales en Allemagne.<br />

Voire <strong>Revue</strong> doit être le tableau compl<strong>et</strong> du mouvement, intellectuel en<br />

Allemagne. Or, le côté <strong>de</strong> ce mouvement qui mérite le plus, selon moi,,<br />

d'attirer l'attention, est celui <strong>de</strong>s sciences historiques <strong>et</strong> philologiques.<br />

L'Allemagne, jusqu'à ces <strong>de</strong>rnières années, a été égalée par la France dans.<br />

le domaine <strong>de</strong>s sciences physiques <strong>et</strong> mathématiques. <strong>La</strong> philosophie aileman<strong>de</strong><br />

est quelque chose <strong>de</strong> très particulier, qui ne peut être comparé à<br />

quoi que ce soit <strong>et</strong> dont le temps seul perm<strong>et</strong>tra d'apprécier la valeur. Quant<br />

l'ensemble <strong>de</strong>s productions qu'on appelait autrefois les ouvrages <strong>de</strong> fes»rit<br />

<strong>et</strong> qu'on désigne maintenant du nom <strong>de</strong> littérature, l'Allemagne n'a point<br />

échappé à la déca<strong>de</strong>nce générale dont les oeuvres d'imagination sont frappées<br />

<strong>de</strong> nos jours.<br />

Mais elle a créé u la science critique <strong>et</strong> historique <strong>de</strong> l'esprit<br />

humain n, <strong>et</strong> ((la philologie, instrument nécessaire <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te science u.<br />

Ce sera la tâche <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> germanique <strong>de</strong> faire connaître au public<br />

français la philologie alleman<strong>de</strong>. Elle dépouillera les recueils spéciaux<br />

d'outre-Rhin, elle analysera l'oeuvre <strong>de</strong>s maures. u Vous aurez<br />

sans doute <strong>de</strong>s correspondants dans les diverses universités. C'est là<br />

qu'il faut prendre, comme à sa source, le riche développement d'idées.<br />

qui assure à l'Allemagne, dans l'ordre <strong>de</strong>s spéculations rationnelles,<br />

une si incontestable supériorité. n Et il ne faut pas « chercher le développement<br />

<strong>de</strong> l'esprit allemand seulement en Allemagne n . <strong>La</strong>.science<br />

4. Elle est datée <strong>de</strong> Paris, le 45 décembre 4851. Henné germanique t. 1, <strong>1858</strong>,<br />

P. 21 à 26. -


- 40<br />

alleman<strong>de</strong> n ses colonies à l'étranger : en Russie, eu Angl<strong>et</strong>erre, en<br />

Hollan<strong>de</strong>; <strong>et</strong> jusqu'en Asie <strong>et</strong> en Afrique, par ses voyageurs <strong>et</strong> ses<br />

« admirables missionnaires o. N'oubliez pas les juifs allemands...<br />

C'est un mon<strong>de</strong> fort mêlé, mais où se rencontrent encore <strong>de</strong>s Men<strong>de</strong>lssohn<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s Spinosa, <strong>et</strong> d'où sont sortis <strong>de</strong> bons auxiliaires du<br />

travail scientifique.<br />

• Enfin, cherchez aussi l'Allemagne en France. Nous possédons parmi<br />

nous une colonie alleman<strong>de</strong> qui, en même temps qu'elle communique largement<br />

avec le centre <strong>de</strong>s idées fran çaises, puise directement encore aux<br />

mamelles germaniques, dont eue n'est point détachée: c'est l'école dé Strasbourg.<br />

C<strong>et</strong>te mo<strong>de</strong>ste <strong>et</strong> savante école, dont l'administration centrale a<br />

parfois trop peu respecté l'individualité, est parmi nous le seul reste <strong>de</strong>s<br />

institutions provinciales -qui avaient <strong>de</strong> si bons eff<strong>et</strong>s pour la culture individuelle.<br />

Renan terminait ainsi « Que votre <strong>Revue</strong> soit l'abrégé <strong>de</strong> ce<br />

vaste mous'ementd'étudcs. Dans ma pensée, elle doit représenter<br />

non seulement l'Allemagne, mais tout ce dont l'Allemagne s'occupe,<br />

c'est-à-dire le mon<strong>de</strong> entier o. Pour peu qu'on essaie ici <strong>de</strong> serrer la<br />

pensée, il n'est pas difficile <strong>de</strong> constater qu'elle est en contradiction<br />

avec tout ce qui précè<strong>de</strong>. Si la <strong>Revue</strong> doit s'occuper du n mon<strong>de</strong><br />

entier n, comment pourra-t-elle se borner au rôle qui lui est d'abord<br />

assigné <strong>de</strong> faire conuaitie la philologie alleman<strong>de</strong>? Sera-t-elle<br />

originale <strong>et</strong> universelle, ou seulement <strong>de</strong> vulgarisation scientifique?<br />

<strong>La</strong> <strong>Revue</strong> germanique n'a pas vécu parce qu'elle n'a pas su répondre.<br />

III<br />

L'INTRODUCTION DE Dotirus ET NEFFTzER.<br />

Bien souvent, dans leur correspondance, les <strong>de</strong>ux Directeurs ont<br />

essayé d'éclaircir la question. - - -.<br />

En principe, écrivait <strong>Dollfus</strong>, le 22 novembre 1857, c'est à la France à<br />

juger l'Allemagne, <strong>et</strong> il sera bon, je crois, <strong>de</strong> ne donner la parole à l'Allemagne<br />

elle-même que lorsque les besoins <strong>de</strong> la critique ou du compterendu<br />

l'exigeront. . -<br />

Mais pour « juger '?, il faut se placer à un point <strong>de</strong> vue déterminé,<br />

<strong>et</strong> la <strong>Revue</strong> ne doit pas être dogmatique. Aussi Nefftzer pouvait-il<br />

répliquer (le 14 mars <strong>1858</strong>) : - -<br />

n


,.'ç. '-WT»' -• 1'-' r..- - tWX!ÇT -r<br />

• Nous pouvons sans nul inconvénient ne pas donner dans la <strong>Revue</strong> germanique<br />

toutes nos idées <strong>et</strong> vi<strong>de</strong>r tout notre Sac, car nous ne l'avons pas fondée<br />

comme la tribune d'un système; nous ne voulons convertir personne à nos<br />

idées qui ne sont môme pas réellement en jeu. Nous nous sommes proposé<br />

d'initier le public à <strong>de</strong>s doctrines qui ne sont pas nécessairement les nôtres<br />

<strong>et</strong> -vis-à-vis <strong>de</strong>squelles nous pouvons nous maintenir dans la plus parfaite<br />

objectivité. Nous sommes <strong>de</strong>srapporteurs, (les interprètes, bien plus que<br />

<strong>de</strong>s docteurs, <strong>et</strong> nous avons promis k toutes les doctrines <strong>et</strong> à toutes les<br />

recherches sérieuses une égale hospitalité. Notre position est avant tout une<br />

position <strong>de</strong> neutralité.-»<br />

Pourtant, Nefftzer n'était pas loin <strong>de</strong> se contredire à son tour,<br />

quand plus tard il ajoutait (fl octobre <strong>1858</strong>)<br />

t Je crois qu'il y a un écueil à éviter : celui <strong>de</strong> paraitre faire un journal<br />

sur l'Allemagne, en- l'honneur <strong>de</strong> l'Allemagne <strong>et</strong> <strong>de</strong>s grands hommes allemands.<br />

Nous <strong>de</strong>vons avant tout exploiter l'Allemagne au proflt <strong>de</strong> lascience<br />

universelle <strong>et</strong> du progrès général. »<br />

Or, comment déterminer le sens du u progrès général n, si l'on<br />

n'adopte pas une doctrine définie? Et c'était <strong>Dollfus</strong> qui reprenait<br />

l'idée <strong>de</strong> « neutralité n, quand il déclarait (le 3juin 1859)<br />

Il faut que pas un ouvrage <strong>de</strong> quelque importance ne nous échappe en<br />

Allemagne, dans n'importe quel ordre<strong>de</strong> l'esprit.<br />

Mêmes variations en ce qui concerne le caractère savant <strong>de</strong> la<br />

<strong>Revue</strong>. Au début; Lollfus jugeait que les articles u sérieux<br />

n'étaient pas assez nombreux, <strong>et</strong> il mandait à Nefftzer(le 1mars 4858):<br />

<strong>La</strong>issant <strong>de</strong> côté la part que vous faites nécessairement aux nouvelles,<br />

romans, <strong>et</strong>c., il m'a semblé qu'on n'insistait- pas assez sur ce qui recoinman<strong>de</strong><br />

particulièrement l'Allemagne parmi nous :.l'histoire, la philosophie,<br />

l'<strong>et</strong>hnographie, <strong>et</strong>c.<br />

Neffizer en convenait (40 juill<strong>et</strong> 4858)<br />

Il me semble que nous <strong>de</strong>vons être un pou plus savants que la <strong>Revue</strong> -<br />

<strong>de</strong>s Deux Mon<strong>de</strong>s. n -<br />

.4<br />

Mais alôrs, c'est Doilfus qui craint <strong>de</strong> paraître « un peu trop gavant n -<br />

(7 sept. 1859), <strong>et</strong> il insiste<br />

t L'expérience a dû nous prouver qu'il faut faire leur part à -ces lecteurs<br />

- <strong>et</strong> lectrices - un peu mondains, dont nous ne pouvons nous passer<br />

entièrement, mais qui peuvent fort bien se passer <strong>de</strong> nous. J'estime, ahan-


"w fln' "w t -'<br />

12 -<br />

donnant un point <strong>de</strong> vue' qui & été plus rigoureux au début, que chaque<br />

livraison doit avoir moitié <strong>de</strong> ses articles pour tout le inon<strong>de</strong> ».<br />

Dans l'introduction qu'ils placèrent en tête du premier numéro <strong>de</strong><br />

la <strong>Revue</strong>' les <strong>de</strong>ux Directeurs s'accordèrent sur une formule qui, au<br />

fond, ne préjugeait rien 2<br />

Les fondateurs'du recueil qui parait aujourd'hui ont pensé qu'il yavait<br />

lieu d'établir un courant régulier <strong>de</strong> l?Altemagueà la France. Ils ont voulu<br />

j<strong>et</strong>er un pont sur le Rhin pour. le commerce <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux peuples, convaincus<br />

<strong>de</strong> servir à la fois l'une <strong>et</strong> l'autre nation <strong>et</strong> avec elles le progrès auquel elles<br />

contribuent toutes <strong>de</strong>ux dans une mesure égale, avec <strong>de</strong>s aptitu<strong>de</strong>s <strong>et</strong> un<br />

génie bien différents. .<br />

Intitulée De l'esprit français <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'esprit allemand, signée par les<br />

<strong>de</strong>ux Directeurs, Ch. DoIlfus <strong>et</strong> Aug. Neffizer, l'Introduction <strong>de</strong> la<br />

<strong>Revue</strong> germanique mérite encore aujourd'hui d'être lue. Elle a été<br />

rédigée par Doilfus, qui en expose ainsi à Nefftzer (le 4 déc. I851)<br />

l'idée générale<br />

Mon article débutera par <strong>de</strong>s considérations générales <strong>et</strong> philosophiques<br />

sur le rôle <strong>et</strong> la signification <strong>de</strong> l'échange dans la nature <strong>et</strong> dans l'l,umanité.<br />

De 1h je passerai par une transition convenable aux profits qui doivent<br />

résulter <strong>de</strong> la communion entre les <strong>de</strong>ux peuples que nous entreprenons <strong>de</strong><br />

rapprocher, <strong>et</strong> c'est dans ce but que je tracerai leurs portraits pour indiquer<br />

en quoi ils différent <strong>et</strong> par quels côtés ils sont appelés à se compléter.<br />

Le manuscrit fut envoyé à Nefftzer qui donna son avis « en véritable<br />

ami, avec franchise <strong>et</strong> sans ambages" '. Remaniée ainsi presque<br />

•l. T. 1, p. là 20.<br />

2. Ibid., p. 5.<br />

3. Par exemple 'Est-il bien certain, <strong>de</strong>mandait I'(efftzer le 28 décembre 1857,<br />

que les forces individuelles <strong>et</strong> nationales ne fassent que se développer par<br />

l'échange? En d'autres termes, que les nations subsisteront telles que nous les<br />

voyons maintenant, malgré le développement <strong>de</strong>s relations internationales? Je ne<br />

le crois pas. Les nationalités se distinguent entre elles plutôt $r <strong>de</strong>s défauts que<br />

par <strong>de</strong>s qualités Les qualités <strong>de</strong> chacune d'elles appartiennent à l'idéal commun<br />

<strong>et</strong> général que l'humanité cherche à réaliser, les défauts sont ce qui les caractérise<br />

réellement. S'il peut jamais arriver que les Français ne soient plus ni<br />

superficiels ni vaniteux, ils ne seront plus <strong>de</strong>s Français, ils seront <strong>de</strong>s hommes.<br />

Et Doflfus, atténuant son affirmation première, écrivit (p. 2) On n parfois<br />

manifesté la crainte que le rapprochement plus intime <strong>et</strong> la pénétration réciproque<br />

<strong>de</strong>s peuples ne portassent atteinte à l'intégrité <strong>de</strong> leur génie personnel<br />

<strong>et</strong> n'amenassent, au lieu (l'un développement, un amoindrissement <strong>de</strong> leur<br />

existence- Alors même qu'il en pourrait étre ainsi, il n'en faudrait pas moins<br />

subir la loi évi<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> l'évolution humaine... D'ailleurs, l'individu ne s'est pas<br />

dégradé en passant <strong>de</strong> l'isolement à la vie collective, <strong>de</strong> l'état sauvage à l'état<br />

civilisé il s'est élevé, comment en serait-il autrement <strong>de</strong>s peuples, ces individualités<br />

collectives? »


- (3 -<br />

ligne par ligne, dans l'étroite collaboration <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux hommes intelligents<br />

qu'on peut classer parmi ceux qui étaient alors en France<br />

les mieux informés <strong>de</strong> la vie alleman<strong>de</strong>, l'Introduction <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong><br />

germanique o. maintenant une valeur documentaire indéniable<br />

pour la connaissance 5l e relations intellectuelles entre la France <strong>et</strong><br />

l'Allemagne au miliei du siècle <strong>de</strong>rnier. <strong>La</strong> thèse peut du reste en<br />

être résumée aisément, avec les expressions mêmes <strong>de</strong>s auteurs.<br />

<strong>La</strong> Fronce <strong>et</strong> l'Allemagne se complètent mutuellement. En pratique, la<br />

pensée française tend 'a la réalisation <strong>et</strong> à une réalisation générale. Elle est<br />

agressive <strong>et</strong> conquérante. L'esprit français 'ne poursuit pas la vérité pour<br />

elle-même. Ce qu'il estime avant tout dans l'idée, c'est sa capacité d'application.<br />

II a l'impatience du progrès. De là, ce mélange <strong>de</strong> chimère <strong>et</strong> <strong>de</strong> -<br />

réalité, ces oscillations, ces r<strong>et</strong>ours si brusques qui ont souvent fait accuser<br />

t'inquiète mobilité du cataclère français. <strong>La</strong> mesure, qui semble manquer à<br />

l'esprit français dans l'appréciation <strong>de</strong> la réalité, il la r<strong>et</strong>rouve au plus haut<br />

point dès qu'il est transporté dans la sphère idéale. Il o. le goût. li ale sens<br />

<strong>de</strong> la beauté mesurée. Le goût allié au hou sens produit la faculté critique.<br />

L'ordre <strong>et</strong> la mesure trouvent un emploi éminent dans les sciences proprement<br />

dites. Ces qualités <strong>de</strong>viennent la puissance d'analyse <strong>et</strong> la clarté<br />

d'exposition. L'esprit français est plus analytique que synthétique <strong>et</strong> par<br />

conséquent plus réaliste, naturaliste ou matérialiste (ces termes étant<br />

employés comme synonymes) qu'idéaliste, métaphysicien ou spiritualiste.<br />

Par contraste, l'Allemagne, <strong>de</strong>puis le prodigieux élan qu'elle a donné<br />

dans la secon<strong>de</strong> moitié du xvmue siècle, aime la vérité pour elle-mémo. Ce<br />

fut, dans toutes les directions, l'irruption subite d'une sève longtemps contenue.<br />

<strong>La</strong> poésie, la spéculation <strong>et</strong> la critique s'élancèrent <strong>de</strong> front. 'Fout ce<br />

grand travail s'est accompli en <strong>de</strong>hors du mon<strong>de</strong> réel. Weimar brillait <strong>de</strong><br />

tout son éclat quand l'Allemagnepolitique était en plein désarroi. On dirait<br />

que l'Allemagne a eu peur <strong>de</strong> comprom<strong>et</strong>tre l'idée par l'alliage <strong>de</strong> laréalisalion.<br />

Pour elle, penser, c'est vivre. <strong>La</strong> pensée nourrie d'elle-même <strong>et</strong> ne<br />

développant qu'elle-même ne peut produire que l'idéalisme. L'Allemagne a<br />

donc été idéaliste. L'effort suprême <strong>de</strong> l'idéalisme est la conception synthétique<br />

qui, en métaphysique, aboutit au panthéisme. Trois hommes représentent<br />

au mieux la synthèse germanique : Ilegel, Go<strong>et</strong>he <strong>et</strong> Humboldt.<br />

L'esprit <strong>de</strong> système, l'abus <strong>de</strong>s hypothèses, l'incompréhension du réel,<br />

notamment en histoire qui apparait comme le développement <strong>de</strong> l'idée<br />

plus que du fait <strong>et</strong> <strong>de</strong> la vie, l'obscurité <strong>et</strong> trop souvent l'insouci <strong>de</strong> la<br />

forme, constituent la rançon du génie synthétique.<br />

Or, par nue réaction naturelle, l'Allemagne, <strong>de</strong>puis quelques années, fait<br />

un effort réaliste. Aprèss'être enivrée <strong>de</strong> métaphysique, elle se j<strong>et</strong>te dans<br />

le matérialisme. Bacon remplace Spinosa. L'observation est proclamée<br />

l'unique institutrice <strong>de</strong> l'esprit. Le microscope <strong>et</strong> la balance ont évincé la<br />

synthèse. L'évolution est visible partout: en métaphysique, dans les sciences,<br />

en histoire, dans la poésie, le roman, le théâtre. Ainsi l'Allemagne, réagissant<br />

contre <strong>de</strong>s instincts trop exclusifs, cherche la réalité <strong>et</strong>la vie. C'est un


s<br />

L-_j 4<br />

pas qu'elle fait vers la France, S'il est certain qu'on toute situation les <strong>de</strong>u<br />

pays ont possédé dans leur génie les motifs d'un échange mutuel <strong>et</strong> les conditions<br />

nécessaires pour le rendre fécond, il semble qu'en aucun moment<br />

<strong>de</strong> leur carrière les circonstances n'aient été plus propices h ce commerce<br />

<strong>de</strong> leurs esprits. -<br />

<strong>La</strong> conclusion est ingénieuse, <strong>et</strong> ce n'est pas, à tout prendre, un<br />

mince mérite d'avoir diagnostiqué dès <strong>1858</strong> L'Allemagne réaliste,<br />

que tant <strong>de</strong> Français ignoraient encore douze ans plus tard.<br />

Iv<br />

ATTAQUES CONTRE LÀ u Rcvuu GERMANIQUE »<br />

Le premier numéro <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> germanique parut à la date fixée<br />

(31 'janvier 4858). Confectionné chez Plon - qui pour la circonstance<br />

avait été prié d'om<strong>et</strong>tre son titre d' o imprimeur <strong>de</strong> l'Empereur<br />

n - il avait fort boa air sous sa couverture verte. Le croiraiton?<br />

L'Introduction <strong>de</strong>s directeurs, la L<strong>et</strong>tre-préface <strong>de</strong> Renan, firent<br />

scandale. <strong>La</strong> campagne fut d'abord insidieuse <strong>et</strong> couverte. Mais<br />

Nefftzer la flaira vite, <strong>et</strong> dès le 45 février il en informait Doll(us<br />

J'ai maintenant la certitu<strong>de</strong> qu'on nous gu<strong>et</strong>te <strong>et</strong>! que notre premier<br />

numéro l'a échappé belle. li y a une phrase <strong>de</strong> l'introduction (je ne sais<br />

laquelle qui & failli nous attirer les <strong>de</strong>rnières rigueurs.<br />

Les orthodoxes, catholiques ou protestants, affectèrent le silence;<br />

les attaques ne vinrent que <strong>de</strong>s partis qui par principe étaient censés<br />

adm<strong>et</strong>tre la discussion les protestants libéraux <strong>et</strong> les universitaires.<br />

Dans la <strong>Revue</strong> chrétienne, E. <strong>de</strong> Pressensé souhaita à la Jievuegei'manique<br />

une bienvenue aigre-douce'.<br />

a,,. Nous applaudissons à.tout effort qui tend à abaisser la <strong>La</strong>nière entre<br />

l'Allemagne <strong>et</strong> la France. Elle a beaucoup à nous apprendre. Nous nous<br />

perm<strong>et</strong>tons cependant d'exprimer une inquiétu<strong>de</strong>. Nous craignons que la<br />

<strong>Revue</strong> germanique se borne à faire connaître un seul côté (le l'Allemagne,<br />

celui qui est le plus sympathique à ses principaux rédacteurs. Déjà dans le<br />

premier article ils nous disent que toute spéculation sérieuse aboutit au<br />

panthéisme. Noirs voulons espérer qu'ils serontfldèles à leur programme <strong>et</strong><br />

qu'avec une impartialité qui les bonoïera, ils nous feront connaitre non<br />

seulement l'Allemagne panthéiste, mais aussi l'Alleniagne chrétienne. »<br />

4. <strong>Revue</strong> chrétienne, recueil mensuel, 5' année, Paris, 4858, p . 426-ll, Chronique<br />

du mois (datée du ii février), signée E. <strong>de</strong> P[rcssensé].


- n -<br />

Nefftzern'eut pas <strong>de</strong> peine k répondre<br />

u Nous pouvons rassurer pleinement la Jlcuue chrétienne le panthéisme<br />

spéculatif <strong>et</strong> idéaliste qu'elle a sans doute particulièrement en vue a pour<br />

le moment cessé d'être une puissance en Allemagne <strong>et</strong> ne peut donner lieu<br />

qu'à '<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s rétrospectives. Quant à l'Allemagne chrétienne, nous<br />

n'aurons à en parler ni en bien ni en mal, parce que nous ne sommes pas<br />

un journal religieux; nous sommes un journal purement scientifique <strong>et</strong><br />

littéraire. Nous aurons sans doute à faire connaitre les travaux <strong>et</strong> les résultats<br />

<strong>de</strong> la critique <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'exégèse alleman<strong>de</strong>, <strong>et</strong> c'est là même une <strong>de</strong> nos<br />

tâches principàles, parce que ces résultats sont encore 'n peu prés inconnus<br />

en France; mais nous considérons la religion comme tout à fait en <strong>de</strong>hors<br />

<strong>de</strong> ces débats scientifiques.... Distinguons avec sojn les débats scientifiques<br />

<strong>de</strong>s controverses religieuses la religion s'en trouvera bien, <strong>et</strong> la science<br />

aussi<br />

Pressensé consentit à reconnaître que la <strong>Revue</strong> germanique avait<br />

e cherché b le rassurer ,,'. Mais il n'en alla pas <strong>de</strong> même avec les<br />

universitaires. Le Journal général <strong>de</strong> l'Instruction publique était alors<br />

l'organe officiel do la philosophie oCUielle Les professeurs qui y<br />

écrivaient - avec talent d'ailleurs, <strong>et</strong> même avec quelque érudition<br />

- enseignaient à leurs collègues ce qu'il fallait croire ou réprouver<br />

conformément aux instructions du Ministère. En général, les<br />

articles étaient signés; mais quand ils étaient anonymes, ils prenaient<br />

une autorité mystérieuse on croyait entendre la voix puissante <strong>de</strong><br />

l'Administration. <strong>La</strong> <strong>Revue</strong> gernzai.que eut les honneurs d'un article<br />

anonyme 3 . Et quel article!<br />

L'auteur commençait par flétrir, en termes énergiques, « c<strong>et</strong>te<br />

littérature équivoque, indocile aux règles trad[tionnclles. du goôt<br />

national, <strong>et</strong> qui, sous prétexte d'indépendance, reste servilement<br />

soumise it l'influence <strong>de</strong> l'art anglais ou allemand n.<br />

Il faut bien le reconnaître, continuait-il, <strong>de</strong>puis trente ans, l'action <strong>de</strong> la<br />

littérature étrangère sur tes l<strong>et</strong>tres françaises a été excessive... Cependant<br />

si l'imitation ainsi comprise nous a toujours paru présenter quelques<br />

inconvénients graves, toujours aussi nous avons appelé <strong>de</strong> nos voeux le rapprochement<br />

<strong>de</strong> l'érudition fran çaise <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'érudition étrangère... L'érudition<br />

alleman<strong>de</strong>, si profon<strong>de</strong> <strong>et</strong> si variée, méritait sous ce rapport l'attention <strong>de</strong><br />

1. <strong>Revue</strong> germanique, t. I, n' <strong>de</strong> mars 1853. p. 555. Chronique parisienne, signée<br />

A. N[e(Ttzer]. - -<br />

2. <strong>Revue</strong> chrétienne, <strong>1858</strong>, p. 254. <strong>Revue</strong> (lu mois, datée (lu 14 avril, signée<br />

E. <strong>de</strong> P.<br />

- 3. Journal général <strong>de</strong> l'Instruction publique, Charles Louandre, rédacteur en<br />

chef; bureaux 45, rue Grenelle-Saint-HOnoré, t. XXVlt, n° 21, du samedi<br />

3 avril <strong>1858</strong>, p. 209 . 211 (article paru en tête <strong>de</strong> la' partie non officielle .). -


- 16 -<br />

la France... (<strong>La</strong> <strong>Revue</strong> germanique) paraissait <strong>de</strong>stinée à rattacher par un<br />

lien nouveau l'érudition française <strong>et</strong> l'érudition <strong>de</strong> vs voisins d'outre-Rhin.<br />

Mais il y a loin du proj<strong>et</strong> k la chose, <strong>et</strong> comme les plus heureuses pensées<br />

<strong>de</strong>viennent stériles quand le mo<strong>de</strong> d'exécution est vicieux I,.. 11 suffira<br />

d'indiquer le point <strong>de</strong> vue philosophique .auquel celte publication s'est<br />

placée, <strong>et</strong> nous aurons montré qu'on ne pouvait renoncer plus ouvertement<br />

au succès.<br />

Et c'est alors une charge virulente contre l'introduction <strong>de</strong> Dolifus<br />

<strong>et</strong> Nefftzer. Quoi <strong>La</strong> France, le pays <strong>de</strong> Descartes, aurait l'esprit<br />

réaliste? Mais chacun sait qu'elle est au contraire la patrie même<br />

du spiritualisme.<br />

« Ce spiritualisme, toujours victorieux, n'a semblé fléchir cii France<br />

qu'un seul instant. Alors Helvétius, d'liolbach, <strong>La</strong> M<strong>et</strong>trie, talents <strong>de</strong> second<br />

ou <strong>de</strong> troisième ordre, cherchant le succès du scandale à défaut du succès<br />

<strong>de</strong> l'estime, poussèrent à bout quelques-uns es principes d'un sensualisme<br />

plus anglais que français, <strong>et</strong>arrivérent au matérialisme pur... Maïs, avec<br />

l'ordre matériel rétabli, le spiritualisme reprit bien vite sa place au milieu<br />

<strong>de</strong> nous, <strong>et</strong> l'Université impériale <strong>de</strong> 1808 se glorifie d'avoir contribué pour<br />

sa bonne part à la renaissance d'une doctrine qui se confond avec le génie<br />

mérite <strong>de</strong> la Fiance. » 14,<br />

<strong>La</strong> <strong>Revue</strong> gern?aniqve n'a pas craint <strong>de</strong> pommer plusieurs,niatérialistes<br />

allemands, Vogt, Moleschott, d'autres encore; elle leur a fait<br />

<strong>de</strong>s compliments '; elle n ditqu'ils sont dés « esprits éminents<br />

alors que certains d'entre eux ontnotoirement « cherché h établir là<br />

diversité <strong>de</strong>s races humaines ». Quelle téméi'itél Et quille inquiétu<strong>de</strong><br />

pour les esprits bien pensants, comme ils le sont tons dans<br />

l'Université I Mais le Journal général, grâce k son excellent service<br />

d'informations, est en mesure <strong>de</strong> publier unenouvelle réconfortante<br />

Nous annonçons à c<strong>et</strong>te occasion, <strong>et</strong> avec grand plaisir, qu'un <strong>de</strong>s plus<br />

célèbres représentants <strong>de</strong> la science française, Ni. Geoffroy Saint-hilaire, va<br />

étre amené, par le développement même <strong>de</strong>s vastes étu<strong>de</strong>s qu'il poursuit<br />

sur l'histoire naturelle, à Faire sur ce point une réponse à M.- Vogt . C<strong>et</strong>te<br />

réponse démontrera, sur nouveaux frais d'érudition, ce qui a été si souvent<br />

1. <strong>Dollfus</strong> <strong>et</strong> Nelîtzer avaient espéré que Vogt, alors établi à Genève, leur<br />

donnerait une collaboration régulière. Nais celui-ci était trop occupé. 'Je dois<br />

donner b l'Académie <strong>de</strong>ux cours nouveaux; à l'école industrielle pour les<br />

ouvriers, un cours; une dizaine <strong>de</strong> leçons publiques sur la géologie <strong>de</strong> la Suisse;<br />

j'ai au moins <strong>de</strong>ux leçons par jour, quelquefois trois, plusieurs publications en<br />

train, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s entreprises industrielles pour mes moments <strong>de</strong> loisir, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

besognes politiques pour mes jours fériés. Vraiment, je ne sais quelquefois où<br />

donner <strong>de</strong> la tête. - (Vogt à <strong>Dollfus</strong>, <strong>de</strong> Genève, le 26 nov. 185). Les attaques<br />

du Journal général mirent Au aux pourparlers,<br />

M


- 47 -<br />

démontré, quel a science s'accor<strong>de</strong>, sur le fait <strong>de</strong> l'unité <strong>de</strong> la race humaine,<br />

avec les données fournies parles Écritures .<br />

Et maintenant, au tour<strong>de</strong> Renan] On se rappelle les éloges qu'il<br />

avait donnés, dans sa l<strong>et</strong>tre introductive, k « l'École <strong>de</strong> Strasbourg p.<br />

Encore n'étaient-ils pas réellement suffisants.<br />

« Vous connaissez sans doute, avait-il écrit, la <strong>Revue</strong> <strong>de</strong> Théologie <strong>de</strong><br />

M. Criant excellent édho <strong>de</strong> ce qu'il y a <strong>de</strong> meilleur dans l'exégèse alléman<strong>de</strong>.<br />

Les travaux <strong>de</strong> M. Reuss, <strong>de</strong> M. Bergmann, honoreraient une université<br />

d'outre-Rhin; ils sont chez nous presque inconnus<br />

En fait, la <strong>Revue</strong> <strong>de</strong> Théologie a sa valeur originale; il est même<br />

permis <strong>de</strong> dire qu'elle représente, dans la pensée théologique française<br />

au xix' siècle, l'effort tout k la fois le plus sincère <strong>et</strong> le plus<br />

vigoureux pour libérer la croyance ou l'adapter aux nouvelles conditions<br />

intellectuelles. Fondée en juill<strong>et</strong> 480, elle venait <strong>de</strong> terminer sa<br />

première série avec son quinzième volume, <strong>et</strong> le premier numéro <strong>de</strong><br />

la Nouvelle <strong>Revue</strong> <strong>de</strong> Théologie paraissait juste en même temps que la<br />

<strong>Revue</strong> germanique, en janvier <strong>1858</strong> 1 . Sâ <strong>de</strong>vise était: Fi<strong>de</strong>s quxrcns<br />

i.lellectum. <strong>La</strong> plupart <strong>de</strong>s collaborateurs <strong>de</strong> Colani ont acquis une<br />

réputation méritée. Il suffit <strong>de</strong> citer les noms <strong>de</strong> Bois, Co4uerel,<br />

Ducros, Muston, Nicolas, Picaut, Reuss, Réville, <strong>de</strong> Scherer enfin,<br />

qui d'abord a<strong>de</strong>pte <strong>de</strong> la J'héopneuslie « ou pleine inspiration <strong>de</strong>s<br />

Écritures o, telle que la définissait eu 4840 k Genève l'orthodoxe<br />

Gaussen, a fini, d'étapes en étapes ou plutôt <strong>de</strong> crises en douleurs,<br />

pâr aboutir au rationalisme laïque. Au reste, tous les Strasbourgeois<br />

n'étaient pas spécifiquement théologiens. Le philologue F.-G.<br />

J3ergmanii enseignait k la Faculté <strong>de</strong>s L<strong>et</strong>tres; <strong>et</strong> ses travaux sur les<br />

eddas islandais faisaient autorité. A la Faculté <strong>de</strong> Théologie,<br />

Ch. Schmidt se déliait quelque peu <strong>de</strong>s tendances <strong>de</strong> Colani, <strong>et</strong> il se<br />

spécialisait dans ses étu<strong>de</strong>s d'histoire ecclésiastique, qui lui avaient<br />

valu, comme à Reuss, un renom européen. En <strong>1858</strong>, il refusa, pour<br />

rester k Strasbourg, la succession <strong>de</strong> Nean<strong>de</strong>r qui lui était offerte k<br />

l'Université <strong>de</strong> Berlin. Mais les Strasbourgeois, théologiens, philologues<br />

ou historiens, malgré les divergences <strong>de</strong> doctrines ou d'opinions,<br />

travaillaient tous d'après la métho<strong>de</strong> critique, que les universitaires<br />

impériaux en étaient encore k apprendre; il y avait entre eux<br />

communauté <strong>de</strong> discipline scientifique, <strong>et</strong> c'était en toute exac-<br />

t. Ernest Roch<strong>et</strong>, <strong>La</strong> <strong>Revue</strong> <strong>de</strong> Strasbourg <strong>et</strong> son influence sur la théologie<br />

mo<strong>de</strong>rne, Genève <strong>et</strong> Paris, 1904, in-80, 398 pages.<br />

PAIIISET. 2<br />

W


- 18 -<br />

titu<strong>de</strong> que Renan avait pu parler dune» École <strong>de</strong> Strasbourg ». biaisle<br />

Journal général ne l'entendait pas ainsi<br />

« On doit croire en lisant ces lignes [<strong>de</strong> Renan] qu'il existe à Strasbourg,<br />

en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s établissements universitaires, une école considérable, <strong>et</strong> que<br />

c<strong>et</strong>te école a été l'obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> rigueurs injustes. Rétablissons les faits...<br />

(M. Bergmann est professeur à la Faculté <strong>de</strong>s L<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> M. Reuss à. la<br />

Faculté <strong>de</strong> Théologie.) Quant à M. Colani, il n'a jamais rien <strong>de</strong>mandé à<br />

l'Université. Où donc trouver c<strong>et</strong>te mystérieuse école dont l'individualité<br />

aurait été trop peu respectée? Précisément dans c<strong>et</strong>te Université qu'on<br />

accuse si légèrement. Dés le commencement <strong>de</strong> ce siècle, l'Université a eu<br />

la pensée <strong>de</strong> rétablir àStrasbourg ce centre littéraire qu'avaient illustré les<br />

noms <strong>de</strong>s Schoeppfling (sic), <strong>de</strong>s Koch <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Brunk (sic). Elle voulut dés<br />

lors que Strasbourg conservât le privilège <strong>de</strong> former comme le lien scientifique<br />

entre l'4llemagne <strong>et</strong> ta France, <strong>et</strong>, pour atteindre ce but, qui n'ajamais<br />

été perdu tIc vue, elle prit grand soin d'appeler dans son sein dans les<br />

écoles <strong>de</strong> l'État, les honorables survivants <strong>de</strong> l'ancienne Université... Jusqu'ici<br />

ce respect <strong>de</strong> l'esprit local s'est constammentmaintenu, (<strong>et</strong> nombreux<br />

sont ceux) qui ont conservé ou conservent encore k Sttasbourg, dans les<br />

chaires du haut enseignement, les traditions alsaciennes.... L'élément français<br />

a été représenté sans doute <strong>et</strong> il <strong>de</strong>vait l'Ôtre... Voilà l'École <strong>de</strong><br />

Strasbourg. On n'en a jamais connu d'autre,- <strong>et</strong> il est facile <strong>de</strong> voir que<br />

non seulement l'Université ne l'a pas lésée dans son individualité, mais que<br />

c'est à l'Université qu'elle doit son existence même.<br />

Il était impossible <strong>de</strong> donner plus complètement raison à Renan<br />

sous couleur <strong>de</strong> le réfuter. Au reste, l'École <strong>de</strong> Strasbourg se<br />

soucia fort peu qu'on l'eût officiellement tuée. Entre les négations<br />

du Journal géndi'al <strong>et</strong> les invites <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> germanique, - elle passa<br />

son chemin. <strong>Dollfus</strong> aurait espéré mieux<br />

Que ferons-nous <strong>de</strong> l'École <strong>de</strong> Strasbourg, <strong>de</strong>mandait-il à Nefftzer le<br />

3 mars <strong>1858</strong>, laquelle, après Ihonneur insigne que lui fit Renan, attend<br />

sans doute nos propositions? Scherer ou Colani? Vous m'avez parlé <strong>de</strong><br />

Matter. -. Je pense maintenant que l'on pourrait tenter l'ouverture;<br />

Nefftzer répondit (le 10 mars)<br />

t Au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la fameuse École <strong>de</strong> Strasbourg, je ne suis pas d'avis <strong>de</strong><br />

courir api-éi. IL y a là Malter, Reuss, Schmidt, Colani <strong>et</strong> Scherer, qui pourraient<br />

nous être utiles, à la condition <strong>de</strong> se débarrasser <strong>de</strong> toute préoccupation<br />

dogmatique, ce qui est toujours, difficile à la plupart d'entre eux. Il<br />

y a encore Bergmann, qui est un puits <strong>de</strong> science, <strong>et</strong> qui enfouit dans la<br />

<strong>Revue</strong> d'Alsace <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> premier ordre. Malheureusement, il écrit<br />

comme un cheval. Je crois dans 'toûb les cas qu'il vaut mieux attendre que<br />

les rapports s'établissent naturellement.


Et Doliftis répliqua ((2 mars)<br />

- 19 -.<br />

J'approuve parfaitement vos idées quant h l'École <strong>de</strong> Strasbourg. Je<br />

connais les hommes que vous citez. Bergmann, entre autres, m'a examiné<br />

sur la philosophie le jour où j'ai eu l'insigne honneur d'être créé bachelier.<br />

11 a soutenu qûc l'homme était libre, <strong>et</strong> moi qu'il ne l'était pas, du moins<br />

dans le sens que l'école attache au mot <strong>de</strong> libre arbitre. <strong>La</strong>issons donc ces<br />

illustrations être libres tout à leur aise, <strong>et</strong> si leur théologie craint <strong>de</strong> se<br />

comprom<strong>et</strong>tre avec nous, qu'elle reste chez elle.<br />

Ainsi fut fait. <strong>La</strong> Nouvelle <strong>Revue</strong> <strong>de</strong> Théologie ne mentionna mênie<br />

pas la création <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> germanique, mais elle s'absorba dans<br />

une longue polémique avec la <strong>Revue</strong> chrétienne : Scherer contre Pressensé.<br />

Et les trois revues soeurs, allant vers le même but lointain,<br />

qu'on ne connaît pas encore bien, mais qu'on appelle déjà la reli-<br />

.gion humaine <strong>de</strong> l'avenir, continuèrent leur route à la file la<br />

germanique libre penseuse, puis la théologique penseuse libre <strong>et</strong> la<br />

chrétienne en arrière, comme il est d'usage chez les libéraux. Elles<br />

ne s'aimaient pas, bien que nées du même père, le dissi<strong>de</strong>ntisme<br />

protestant, <strong>et</strong> toutes trois également nourries <strong>de</strong> l'exégèse alleman<strong>de</strong>.<br />

Mais Doflfus <strong>et</strong> Nefftzer avaient trop l'expérience du publie<br />

évangélique pour s'inquiéter outre mesure d'insinuations courtoises<br />

ou d'un silence qui était.encore une insinuation. Ce milieu était le<br />

leur, malgré les autres; <strong>et</strong> malgré eux, ils y étaient chez eux. Plus<br />

grave pour l'avenir <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> germanique était la condamnation<br />

officielle prononcée par le fouinai général, <strong>et</strong> d'autant plus que la<br />

presse gouvernementale en aggrava encore les termes. Le Pays<br />

reproduisit l'article du Journal général, <strong>et</strong> dans le Réveil, Granier <strong>de</strong><br />

Cassagnac « se déchaîne, » 1 violemment contre la <strong>Revue</strong>.<br />

V<br />

ATTITUDE DE LA «REVUE GERMANIQUE »<br />

L'affaire <strong>de</strong>venait très inquiétante. Un vieil ami <strong>de</strong> Nefftzer,<br />

Proudhon, lui écrivit, d'indignation, la l<strong>et</strong>tre que voici<br />

Paris, 43 avril 4858.<br />

Mon cher NeffLzcr,<br />

Je viens vous remercier <strong>de</strong> l'envoi que vous avez eu l'obligeance <strong>de</strong> me<br />

faire <strong>de</strong>s trois premiers numéros <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> germanique. Je n'ai pas<br />

1. Nefftzer à <strong>Dollfus</strong>, 14 avril <strong>1858</strong>.


- 20 -<br />

besoin <strong>de</strong> vous dire combien je m'associe à votre oeuvre; vous l'avez <strong>de</strong>viné<br />

<strong>et</strong> mon seul souci est <strong>de</strong> savoir en ce moment si, <strong>de</strong> mon côté, je marche<br />

droit <strong>et</strong> ferme dans votre communion. Je viens <strong>de</strong> terminer un gros livre',<br />

beaucoup trop gros pour le public, trop mince pour les questions <strong>de</strong> principe<br />

qu'il a la prétention <strong>de</strong> résoudre, <strong>et</strong> je tremble, à présent que c'est fait,<br />

que les juges dont j'ambitionne le plus le suffrage, tels que vous, 'non cher<br />

Nefftzer, ne le trouvent trop faible, <strong>de</strong> fond <strong>et</strong> <strong>de</strong> forme. Quoi qu'il en soit,<br />

vous me tiendrez compte <strong>de</strong> l'intention, qui a été, je crois, on ne peutmeillèure.<br />

Dans dix jours au plus, vous recevrez ce fatras.<br />

Pour le moment, une seule chose m'importe; c'est <strong>de</strong> savoir ce que vous<br />

pouvez avoir à redouter <strong>de</strong> dénonciations qui pleuveiit sur vous du Réveil <strong>et</strong><br />

du Journal <strong>de</strong> l'Instruction publique. Où en sommes-nous donc? Travaill<strong>et</strong>-on<br />

sérieusement à nous acculer au désespoir? Qu'est-ce que cela signifie<br />

enfin?<br />

Si vous avez mérité d'être signalé une fois, je mériterai bientôt <strong>de</strong> l'être<br />

cent fois; <strong>et</strong> vous pouvez compter que je suis décidé à recevoir le coup en<br />

pleine poitrine, c'est-à-dire à dénoncer moi-même les délateurs <strong>et</strong>ieur idole.<br />

Il n'y a qu'une conduite avec la tyrannie, quelle qu'elle soit, c'est <strong>de</strong> l'aRaquer<br />

d'emblée <strong>et</strong> en face. Je ne vous dis que cela.<br />

Ne pouvant aller vous voir encore, à cause <strong>de</strong> la distance <strong>et</strong> <strong>de</strong> nia faible<br />

tête, je me borne pour aujourd'hui à vous serrer cordialement la main.<br />

Bonjour.<br />

Pit000iiox.<br />

Le jour mme (13 avril <strong>1858</strong>), Nefftzer se rendait au Ministère<br />

<strong>de</strong> l'intérieur.<br />

« Je vous avoue, confiait-il à J3ollfus le len<strong>de</strong>main, que je n'étais plus<br />

tranquille, tout en me <strong>de</strong>mandant par quoi nous avions pu déplaire en haut<br />

lieu, car jusqu'à présent, cc n'était assurément pas par témérité que nous<br />

avons brillé.... (Au reste, ces attaques) ne peuvent que nous servir. Cela<br />

fait beaucoup parler <strong>de</strong> nous <strong>et</strong> déjà je vois dans quelques cabin<strong>et</strong>s <strong>de</strong> lecture<br />

c<strong>et</strong>te inscription agréable ici on lit la <strong>Revue</strong> germanique-<br />

Aû Ministère, Nefftzer reçut l'assurance que le gouvernement<br />

n'avait rien contre la <strong>Revue</strong> <strong>et</strong>, pour m<strong>et</strong>tre Lin à l'inci<strong>de</strong>nt, il se<br />

contenta, dans le fascicule suivant, paru quinze jours plus tard 2, <strong>de</strong><br />

relever, eu termes très modérés, les attaques récentes:<br />

« <strong>La</strong> <strong>Revue</strong> germanique entend se défendre par ses oeuvres <strong>et</strong> non par<br />

l'injure, <strong>et</strong> elle se croit <strong>de</strong> toutes les manières le droit <strong>de</strong> dédaigner certaines<br />

attaques. C'est tout ce que nous avons à repoudre à ceux qui nous appellent<br />

<strong>de</strong>s barbares parce que nous essayons <strong>de</strong> servir la civilisation dans la<br />

1. Il s'agit <strong>de</strong> la Justice dans la Révolution <strong>et</strong> dans l'Église. Pru<strong>de</strong>mment,<br />

Nefftzer s'abstint d'en parler dans la <strong>Revue</strong> germanique. On sait que le livre fut<br />

poursuivi, condamné, <strong>et</strong> Proudhon alla chercher refuge en Belgique.<br />

2. <strong>Revue</strong> germanique, t. II, avril <strong>1858</strong>. Chronique parisienne, p. 207.


- 21.—<br />

mesure <strong>de</strong> nos forces. Quant au Journal <strong>de</strong> l'Instruction publique, nous <strong>de</strong>vons<br />

lui dire qu'il ne nous a pas compris, bien qu'il ait pris le temps <strong>de</strong> la<br />

réflexion... (Par exemple) nous concédons que M. Vogt est matérialiste, ce<br />

qui ne l'empêche nullement d'être un homme <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> valeur <strong>et</strong> fort<br />

estimé <strong>de</strong> ses adversaires. On nous fait un crime, non pas d'avoir approuvé<br />

ses doctrines, dont il n'a pas encore été question dans la <strong>Revue</strong>, <strong>et</strong> qui auront<br />

leur tour, mais d'avoir mentioniÇé les éminents services qu'il a rendus aux<br />

sciences naturelles. Franchement, il nous semble que c'est abuser <strong>de</strong><br />

l'excommunication.<br />

<strong>La</strong> polémique paraissait terminée. Elle eut pourtant, sur les <strong>de</strong>stinées<br />

<strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> gèrmanique, <strong>de</strong> notables conséquences. Certes il<br />

serait exagéré <strong>de</strong> parler d'une débanda<strong>de</strong> parmi les promoteurs <strong>et</strong><br />

les membres <strong>de</strong> l'institut qui l'année précé<strong>de</strong>nte avaient patronné<br />

l'entreprise. Mais leur groupe se désagrégea rapi<strong>de</strong>ment: Plusieurs<br />

n'ont jamais donné la moindre contribution à la <strong>Revue</strong>. Les trois<br />

premiers volumes trimestriels portent au titre qu'ils ont été<br />

« publiés par MM. Charles Doilfus <strong>et</strong> Auguste Nefftzer avec le concours<br />

<strong>de</strong>s illustrations dont la liste nominative suivait. <strong>La</strong> liste disparaît<br />

dès le quatrième trimestre: elle avait cessé d'étre vraie. D'une<br />

façon plus générale, les universitaires s'abstinrenL<strong>de</strong> toute collaboration<br />

à un recueil si mal famé. Au début, ils venaient s'offrir<br />

d'eux-mêmes, <strong>et</strong> la <strong>Revue</strong> avait cru pouvoir compter sur les historiens<br />

Geffroy, Reynald, sur Zeller que recommandait Prévost-Paradol,<br />

sur d'autres professeurs encore: utiles <strong>et</strong> précieuses recrues,mais qui<br />

manquèrent. Ce n'est apparemment pas sans raison que Nefftzer<br />

pouvait écrire à <strong>Dollfus</strong> (le 4juin 1859) qu'ils avaient été détournés<br />

par u les clameurs universitaires contre nous ».<br />

L'attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Taine est particulièrement significative. Il avait consenti<br />

que son nom fût sur la liste <strong>de</strong>s promoteurs, <strong>et</strong> il se<br />

rendit en eff<strong>et</strong> d'abord fort utile. il amena à la <strong>Revue</strong> son ami<br />

intime E. <strong>de</strong> Suckow', puis un autre <strong>de</strong> ses camara<strong>de</strong>s d'École<br />

normale qu'il présenta ainsi à Nefftzer<br />

Monsieur,<br />

Un <strong>de</strong> mes amis, M. Challemel-<strong>La</strong>cour, sollicite l'honneur d'écrire dans la<br />

<strong>Revue</strong> germanique.<br />

M. Challemel .<strong>La</strong>cour est ancien élève <strong>de</strong> l'École normale, premieragrégé<br />

<strong>de</strong> philosophie, aujourd'hui professeur <strong>de</strong> littérature française à l'Université<br />

fédérale <strong>de</strong> Zurich. Il a rendu compte dans la Presse <strong>de</strong> la traduction <strong>de</strong><br />

Kant par M. Datai. J'ajoûte, ne sachant si c'est un titre ou le contraire d'un<br />

1. Ou : Suekau, fils <strong>de</strong> Wilhelm <strong>de</strong> Suekow, né à Riga <strong>et</strong> <strong>de</strong>venu professeur<br />

dans l'université <strong>de</strong> France.<br />

ow


- -<br />

titre, qu'il est hors <strong>de</strong> France pour ses opinions politiques. Il est fort libéral<br />

en philosophie <strong>et</strong> sait l'allemand.<br />

Je crois que la <strong>Revue</strong> ferait -en sa personne une acquisition brillante <strong>et</strong><br />

soli<strong>de</strong>, <strong>et</strong> que notamment il serait très propre à exposer l'ouvrage sur<br />

Hegel dont vous m'avez parlé. -<br />

Agréez, Monsieur, l'assurance <strong>de</strong> la considération <strong>et</strong> <strong>de</strong>s sympathies <strong>de</strong><br />

votre bien dévoué:<br />

H. 'FAINE.<br />

98, rue Saint.Louis.en-l'lle, 41 décembre 1157.<br />

Mais quand le Journal général eut prononcé son réquisitoire, Taine<br />

écrivit à Suckow':<br />

t Je n'ai reçu que les trois premiers numéros <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> germanique; je<br />

n'y ai encore rien vu <strong>de</strong> toi; n'y signe pas; prends un pseudonyme elle<br />

est mal vue; son exégèse j sa philosophie sentent le fagot.<br />

Et, docilement, Suckow signa: E. Palman, tout ce qu'il donna à la<br />

<strong>Revue</strong> germanique 2. Plus pru<strong>de</strong>mment encore, Taine oublia pendant<br />

cinq ans la <strong>Revue</strong> qu'il avait aidé k fon<strong>de</strong>r. Le premier article qu'il<br />

lui apporta ne parut que le 1" janvier 1863, <strong>et</strong> il se trouve encore<br />

en avance d'un mois sur la première signature <strong>de</strong> Challemel-<strong>La</strong>cour<br />

à la <strong>Revue</strong>.,Pourtant Challemel-<strong>La</strong>cour n'était pas tenu kla même<br />

réserve que sescamara<strong>de</strong>s restés en France. Mais, pendant les premières<br />

années <strong>de</strong> son existence, la <strong>Revue</strong> germanique, qui n'est pas<br />

universitaire, n'est pas normalienne non plus. Le talent <strong>de</strong>s<br />

agrégés <strong>et</strong> <strong>de</strong>s docteurs allait à d'autres recueils, <strong>et</strong> d'abord à la<br />

<strong>Revue</strong> <strong>de</strong>s Deux Mon<strong>de</strong>s.<br />

4. Le 29 avril 4858. 11. l'aine, sa vie <strong>et</strong> sa correspondance, t. Il, 1964, 5. 165.<br />

2. Articles sur Georges Forster (t. VIII) <strong>et</strong> sur les légen<strong>de</strong>s, contes, proverbes,<br />

énigmes, chants <strong>et</strong> chansons populaires en Lithuanie (t. 111), en Allemagne<br />

(t. VI), en Danemark (t. VII): série t laquelle on peut joindre l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> J. llun<br />

ziker sur les légen<strong>de</strong>s suisses du canton d'Argovie (t. IV). Plus tard, Suckow<br />

renonça à son pseudonyme.<br />

3. L'ouvrage <strong>de</strong> Ila ym sur llegcl,auquel il est fait allusion dans la l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong><br />

'Faine, avait parti en 1857 <strong>et</strong>, à défaut <strong>de</strong> Challemel .Lnco,,r, tNefftzer en rendit<br />

compte (livraisons <strong>de</strong> sept. <strong>et</strong> nov. (858, <strong>Revue</strong> germanique, t. III <strong>et</strong> IV, articles<br />

reproduits dans les Œuvres <strong>de</strong> Nefftzer, Paris, 1886, p. 349 à 424). Chatlemel-<br />

<strong>La</strong>cour en complimenta Nefftzer (l<strong>et</strong>tre datée <strong>de</strong> Zurich, 8 janvier 1859) t<br />

J'espère, Monsieur, que les relations que j'ai eu l'avantage <strong>de</strong> nouer avec<br />

vous ne sont qu'interrompues. Si ma mauvaise santé, <strong>de</strong> longues absences <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong>s circonstances exceptionnelles ne m'ont pas permis d'envoyer h la <strong>Revue</strong> germanique<br />

le travail sur Hegel dont je m'étais chargé, je le regr<strong>et</strong>te d'autant moins<br />

que vous venez <strong>de</strong> vous acquitter <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te besogne d'une manière qui fait le -<br />

plus grand honneur à votre talent d'écrivain, à votre pénétration philosophique<br />

-<strong>et</strong> à la <strong>Revue</strong>. L'occasion viendra certainement pour moi <strong>de</strong> revendiquer au<br />

profit <strong>de</strong> quelque travail sur l'Allemagne la p<strong>et</strong>ite place que vous m'avez fait<br />

l'honneur <strong>de</strong> m'accor<strong>de</strong>r parmi vos collaborateurs. L'occasion se fit attendre<br />

jusqu'au t" février 4863. - -


23<br />

« Je ne sais pourquoi, écrivait Nefftzer', je m'imagine que Butez agit<br />

auprès <strong>de</strong> tout son mon<strong>de</strong> pour l'empêcher <strong>de</strong> nousrien donner.<br />

De fait, la <strong>Revue</strong> <strong>de</strong>s fleure Mon<strong>de</strong>s; comme la <strong>Revue</strong> britannique,<br />

faisait large part aux hommes <strong>et</strong> aux choses d'Allemagne'. Les<br />

universitaires collaboraient aussi à, un recueil 'aujourd'hui bien<br />

oublié, mais qui, pendant sa courte existence, se maintint toujours<br />

à. un niveau très élevé le Magasin <strong>de</strong> Librairie 1 . On ' trouvera<br />

plusieurs articles d'histoire ou <strong>de</strong> littérature germaniques. Par une<br />

coïnci<strong>de</strong>nce qui est à noter, le Magasin <strong>de</strong> Librairie commença h<br />

panUre juste en même temps que la <strong>Revue</strong> germanique. Seule, la<br />

<strong>Revue</strong> <strong>de</strong> Paris entr<strong>et</strong>int avec la <strong>Revue</strong> germanique d'amicales<br />

relations; les <strong>de</strong>ux recueils adoptèrent même, pendant quelque<br />

temps, une combinaison d'abonnements en commun 1 . <strong>La</strong> concurrence<br />

<strong>de</strong>s publications similaires nuisit peut-être aux intérêts<br />

immédiats <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> germanique, mais elle servait son <strong>de</strong>ssein<br />

supérieur qui était <strong>de</strong> faire connaître l'Allemagne à. la France; si<br />

bien qu'en définitive la <strong>Revue</strong> germanique rendait encore service,<br />

même quand d'autres qu'elle exploitaient son domaine.<br />

<strong>La</strong> grève <strong>de</strong>s professeurs ne causa k la <strong>Revue</strong> qu'un seul domnuage<br />

réel dans les premiers temps tout au moins, la <strong>Revue</strong> germanique<br />

s'occupa fort peu du passé historique <strong>de</strong> l'Allemagne, <strong>et</strong> ni<br />

,le Saint-Empire, ni la Réforme, ni Frédéric Il n'eurent jamais les<br />

honneurs d'articles originaux 5 . <strong>La</strong> <strong>Revue</strong> manquait d'historiens.<br />

D'autre part, la surveillance rigoureuse que le gouvernement<br />

impérial exerçait sur la presse l'obligeait k une extrême réserve.<br />

Les questions contemporaines diplomatiques, politiques, sociales,<br />

- économiques, ecclésiastiques, lui étaient interdites. Elle resta donc<br />

surtout une revue d'idées, plus que <strong>de</strong> faits, historiques ou présents.<br />

Par là même, elle n'a pas seulement gardé sa valeur, pour<br />

4. A DoIlfus, 6 mars <strong>1858</strong>. -<br />

2. Mais toutes <strong>de</strong>ux s'intéressaient beaucoup plus encore à l'Angl<strong>et</strong>erre. A la<br />

<strong>Revue</strong> <strong>de</strong>s Deux Mon<strong>de</strong>s, le germanisant attitré était le superficiel <strong>et</strong> distingué<br />

Saint-René Taillandier.<br />

3. Le Magasin <strong>de</strong> Librairie Gitiérature, histoire, philosophie, voyages, poésie,<br />

théâtre, mémoires, <strong>et</strong>c.), publié par Charpentier, Paris, <strong>1858</strong> à 1850, 12 vol. in-8'<br />

(table sommaire au t. XII, p- 637 à 640, omise dans la liste <strong>de</strong> Stem, Manuel<br />

<strong>de</strong> bibliographie générale, 1808, p- 031 <strong>et</strong> suiv.).<br />

4. Encore. la <strong>Revue</strong> <strong>de</strong> Paris (dirigée par <strong>La</strong>urent-Pichru), fut-elle supprimée<br />

dès 4858.<br />

5. Les étu<strong>de</strong>s d'Oppenheim sur les historiens allemands du xvii" siècle (t. il)<br />

<strong>et</strong> Schlosser (t. III), <strong>de</strong> Grenier sur Ranke (t. VIII), <strong>de</strong> Rog<strong>et</strong> sur Sybel (I. X à XII)<br />

<strong>et</strong> Droysen (L. XIX <strong>et</strong> XXII), <strong>de</strong> Vallier sur Mommsen (t. I), <strong>et</strong> plus <strong>La</strong>rd <strong>de</strong> fille.<br />

brand sur H,eusser (L XLIII), ne suffisent pas à combler c<strong>et</strong>te lacune.


u24 -<br />

qui la feuill<strong>et</strong>te aujourd'hui elle en a pris une nouvelle. Dans les<br />

limites qui lui étaient assignées, en raison même <strong>de</strong> ces limites, elle<br />

marque exactement ce que l'Allemagne pensait, <strong>et</strong> ce que la France<br />

pensait <strong>de</strong> l'Allemagne. Elle est le monument original, <strong>et</strong> qu'on ne<br />

pourra se passer <strong>de</strong> consulter, <strong>de</strong> l'état d'esprit d'une époque.<br />

VI<br />

LES RÉDACTEURS DE LA (< REVUE GERMANIQUE s.<br />

Dans l'enquête qui fut alors institue, il faut d'abord m<strong>et</strong>tre hors<br />

<strong>de</strong> pair les <strong>de</strong>ux Directeurs <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong>. Leur activité est étonnante.<br />

Après le faux départ <strong>et</strong> la crise du début, la copie ne fut pas toujours<br />

très abondante. Nefftzeï', k la l<strong>et</strong>tre, se multiplia. li ne signait pas<br />

seulement <strong>de</strong> son nom <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses initiales; il eut encore <strong>de</strong>ux pseudonymes<br />

Armand Vallier <strong>et</strong> Th. Dubois ', <strong>de</strong> sorte qu'avec les initiales<br />

<strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ux pseudonymes, il disposait <strong>de</strong> six signatures. Et<br />

parfois encore, il ne signait pas, restant anonyme. Il se triplait,<br />

il se sextuplait, il se décuplait. Traducteur, adaptateur, Voyageur,<br />

géographe, historien littéraire, critique, chroniqueur, exégète, philosophe,<br />

il savait tout, il était tout. Tel fascicule <strong>de</strong> la première année<br />

a été écrit pour plus <strong>de</strong> la moitié par Nefftzer seul, sans que le public<br />

s'en doutât. Le miracle est que Nefftzer supportait sans fléchir ce<br />

labeur écrasant. Sa rapidité d'assimilation, sa facilité <strong>de</strong> travail, son<br />

talent d'organisateur, sont presque déconcertants. Dans c<strong>et</strong>te production<br />

intensive, aucune trace <strong>de</strong> hâte. Les articles <strong>de</strong> vulgarisation<br />

ou d'adaptation sont rédigés avec le même soin que les travaux<br />

originaux. Dubois <strong>et</strong> Vallier n'étaient pas indignes dé Nefftzer. Les<br />

mémoires sur Her<strong>de</strong>r (t. I), Bunsen (t. Il), Hegel (t. III-1V '), Schleiermacher<br />

(t. VI), Alex. <strong>de</strong> Humboldt (t. IX <strong>et</strong> XII), Sophie <strong>de</strong> la Roche<br />

(t. X), Baur (t. XIII), sur la littérature apocalyptique (t. III, IV <strong>et</strong> VII),<br />

sur la Bible <strong>et</strong> les partis chez les Juifs (t. IX), sont pour la plupart<br />

dignes encore <strong>de</strong> toute attention. Nefftzer n'était pas seulement un<br />

politique perspicace, mais un historien <strong>et</strong> un philosophe.<br />

4.11 lui arriva même <strong>de</strong> signer encore autrement: T.-Il. Dubois. Quelques-uns<br />

seulement <strong>de</strong>s pseudonymes qui sont i<strong>de</strong>ntifiés l<strong>et</strong> se trouvent notés dans le<br />

curieux <strong>et</strong> utile Dictionnaire <strong>de</strong>s pseudonymes <strong>de</strong> Geo. d'HeylIi (<strong>de</strong> son vrai nom<br />

E.-A. Poinsot), 3' édit., 1887.<br />

2. Cf. supra, p. 22, n. 3. -


- Dolifus ne fut pas moins actif. Presque chaque trimestre, il donna<br />

un ou <strong>de</strong>ux articles. <strong>La</strong> souplesse <strong>de</strong> son ingénieux talent, les fac<strong>et</strong>tes<br />

<strong>de</strong> son style spirituel <strong>et</strong> imagé, s'adaptaient aussi aisément aux<br />

généralisations philosophiques <strong>et</strong> à la notation précise du détail.<br />

Successivement il étudia le voyage philosophique <strong>de</strong> Cousin en<br />

Allemagne (t. I), la correspondance entre Schillèr <strong>et</strong> Go<strong>et</strong>he (t. Il <strong>et</strong><br />

III), les jeunes poètes autrichiens (Maùrice Hartmann, Cli: Beck,<br />

Alfr. Meissner), Varnhagen d'Ense (t. IV), les pédagogues allemands',<br />

la nouvelle école matérialiste <strong>de</strong> Moleschott, Buchner, Vogt (t. V),<br />

Lenau, Schopenhauer (t. VIII), Lessing (t. IX) Go<strong>et</strong>he, (t. X), Bunsen<br />

(1.X.11), <strong>et</strong>, pour se délasser, il écrivit <strong>de</strong>s nouvelles (t. XI <strong>et</strong> XIII). En<br />

trois ans il institua ainsi un cours presque compl<strong>et</strong> <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> la<br />

pensée alleman<strong>de</strong> 2, avec une ampleur, une abondance, une compétence<br />

alors toutes nouvelles en Franco.<br />

Certains <strong>de</strong> ces articles ont été, pour les lecteurs <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong>, <strong>de</strong><br />

véritables révélations. <strong>La</strong> pénurie <strong>de</strong> germanistes était telle, il y a<br />

cinquante ans, qu'on a peine à sen faire une idée. Par exemple,<br />

Doilfiis voulait m<strong>et</strong>tre son public au courant du mouvement pédagogique<br />

en Allemagne. Il s'adressa au gymnase <strong>de</strong> Strasbourg.<br />

L'article <strong>de</strong>mandé n'avait rien <strong>de</strong> comprom<strong>et</strong>tant, même pour les<br />

orthodoxes les plus stricts. Le directeur du gymnase, Ch. Schmidt<br />

(qui allait, quelques mois plus tard, être remplacé par Ed. Reuss),<br />

s'entremit obligeamment, mais ni Leser, ni Kuhif n'envoyèrent rien<br />

à la <strong>Revue</strong>. A Paris, ou était aussi à la recherche d'un pédagogue.<br />

Gràce it Michel<strong>et</strong>, Nefftzer trouva enfin Chassin. Mais il était trop<br />

<strong>La</strong>rd, <strong>et</strong> Doilfus venait lui-même <strong>de</strong> traiter la question. Michel<strong>et</strong><br />

écrivit à c<strong>et</strong>te occasion à Nefftzer un délicieux bill<strong>et</strong><br />

-<br />

Saint-Georges près Royan, 15 sept. 4859.<br />

Cher Monsieur, voici un entracte. <strong>La</strong> guerre certainement ne commencera<br />

pas à l'entrée <strong>de</strong> l'hiver 3 . Est-ce qu'il serait impossible d'insérer les articles<br />

<strong>de</strong> CltassM sur les Jardins d'enfance, suj<strong>et</strong> si cher à ] !Allemagne, qu'on<br />

l'avait prié <strong>de</strong> traiter? - suj<strong>et</strong> si important aussi, car c'est la liberté <strong>de</strong><br />

l'avenir commencée par sa vraie base, la plus jeune génération.<br />

I. Comenius, Basedow, Pestaloazi, Fellenberg. Cf., du même, t. XXXIX <strong>de</strong><br />

l'éducation (<strong>et</strong> <strong>de</strong>s écoles) en Allemagne.<br />

2. A la série <strong>de</strong>s articles écrits par les <strong>de</strong>ux directeurs <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong>, on peut<br />

joindre les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la baronne Aloise <strong>de</strong> Carlowiz sur Jean-Paul Richter (t. IV<br />

el XII), <strong>de</strong> Mad. E. <strong>de</strong> Villers sur Hebbel <strong>et</strong> Ptnu (t. XII), <strong>de</strong> Scinguerl<strong>et</strong> sur.<br />

Xossack (t. XI) <strong>et</strong> la Passion d'Oberammcrgau (t. XII).<br />

B. Allusion aux décevants préliminaires <strong>de</strong> Villafranca, dont personne ne pouvait<br />

croire qu'ils résoudraient ta question d'Italie.<br />

s


Chassin lui-même prêche d'exemple. Il élève son ainé par c<strong>et</strong>te métho<strong>de</strong>,<br />

- <strong>et</strong> sa femme vient d'accoucher. Si vous le pouvez, m<strong>et</strong>tez ses articles.<br />

Je vous serre la main affectueusement.<br />

J. MICIIELET.<br />

C<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre venait trop tard :I'article <strong>de</strong> Dolifus avait paru dans la<br />

<strong>Revue</strong> du 31 mars. Absent <strong>de</strong> Paris, Michel<strong>et</strong> n'en eut connaissance<br />

que l'année suivante'. -<br />

Parmi les promoteurs <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong>, il convient <strong>de</strong> nommer d'abord,<br />

pour la régularité <strong>de</strong> leurs contributions, Alfred Maury <strong>et</strong> Édélestand<br />

Ouméril. Ils mirent h la portée du public français les conclusions<br />

récentes <strong>de</strong> la 'critique alleman<strong>de</strong> le premier sur l'assyriologie<br />

(t. Il), le culte dé Mithra (t. III), les peuples <strong>de</strong> l'Altaï (t. iv), la<br />

langue étrusque (t. V), <strong>et</strong> les origines celtiques (t. VIII); le second<br />

sur les romances espagnoles (t. I), les contes <strong>de</strong> Grimm (t. IV) <strong>et</strong><br />

les origines <strong>de</strong> la tragédie en France (t. XI). Daniel Stem-raconta la<br />

mort <strong>de</strong> Barnevelt (t. VII) <strong>et</strong> 6. <strong>de</strong> Sault étudia l'art allemand au<br />

xiv siècle (t. V-VI) <strong>et</strong> les historiens allemands <strong>de</strong> la littérature<br />

française (t. X). Littré fournit un article magistial sur la conception<br />

comparée du mon<strong>de</strong> d'après Pline <strong>et</strong> Humboldt (t. II) <strong>et</strong>, comme son<br />

labeur l'empêchait <strong>de</strong> continuer une collaboration régulière, il<br />

envoya ... <strong>de</strong>s vers. Littré poète, par sympathie pour la <strong>Revue</strong> germanique<br />

Paris, le 45 janviers 4800.<br />

Mon cher Monsieur Nefftzer,<br />

Vous rencontrant vendredi chez Mine <strong>de</strong> Charnacé, j'ai senti se renouveler<br />

mon .regr<strong>et</strong> <strong>de</strong> ne pou9oir vous ai<strong>de</strong>r en rien pour votre <strong>Revue</strong>, <strong>et</strong> ce<br />

regr<strong>et</strong> m'a suggéré l'idée que voici j'ai traduit en vers quelques-unes <strong>de</strong>s<br />

Gedichte <strong>de</strong> Schiller, il y a bien longtemps, salis avoir jamais songé à les<br />

publier- Si vous pensiez qu'en raison du bruit qui se fait en ce moment<br />

autour du nom <strong>de</strong> Schiller 1 , ces pièces pourraient convenir la <strong>Revue</strong>, dites-<br />

1. Il en fit complimenter l'auteur. • J'ai lu avec plaisir ce que M. Dolttus s dit<br />

<strong>de</strong> la pédagogie alleman<strong>de</strong> <strong>et</strong> spécialement sa belle vie <strong>de</strong> Pestalozzi s (Nieltel<strong>et</strong><br />

Nefltzcr, 4 juin 1860). foutus n'avait pourtant pas parlé <strong>de</strong> Froebel cl <strong>de</strong>s<br />

Jardins d'entants. - Un novateur qui eut son temps <strong>de</strong> célébrité,Chavèe, tenait <strong>de</strong><br />

donner t la <strong>Revue</strong> un autre article pédagogique sur la science <strong>de</strong>s langues appliquée<br />

à l'enseignement <strong>de</strong>s langues (t. X). ¼<br />

2. Concurremment avec Th. Dubois (t. I, p. 163) <strong>et</strong> A. \TaI]ier (t. II), sous le<br />

même titre général Historiens allemands <strong>de</strong> la littérature française (Bellmer,<br />

Julian Schmidt <strong>et</strong> autres).<br />

3. Pour lecentenaire <strong>de</strong> la mort du poète. Cf. <strong>Revue</strong> germanique, t. VIN,<br />

p. 421 les têtes <strong>de</strong> Schiller k Paris, p. 434 les (êtes <strong>de</strong> Sel,illereu Allemagne,<br />

p. 641, traduction du discours sur Schiller prononcé dans la séance solennelle<br />

<strong>de</strong> l'Académie royale <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> Berlin, le 40 nov. 1359, par Jacob Grimm,<br />

<strong>et</strong> prêcédèmment, t. V <strong>et</strong> VI traduction <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux conférences <strong>de</strong> Kuno Fischer<br />

L - - - -


-.'n-----,r"v.' -_...v, --- ---':'-'-• .,.-.'- —,-----<br />

- 27 —<br />

'le moi <strong>et</strong> je vous les en-verrai. Mais remarquez-le bien, l'offre que je vous<br />

fais est tout entière dans l'intérêt <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong>, <strong>et</strong> non dans un intérêt <strong>de</strong><br />

publication pour ces vers qui n'ont jamais été qu'un hommage secr<strong>et</strong> rendu<br />

à Schiller. Ne consultez donc, en me répondant, quo c<strong>et</strong> intérêt <strong>de</strong> la<br />

<strong>Revue</strong>, <strong>et</strong> ne dites oui que si vous y voyez pour elle quelque avantage.<br />

Je vous serre la main.<br />

E. LITTIIÉ.<br />

Et la <strong>Revue</strong> publia les vers <strong>de</strong> Littré (t. IX) ':0e Renan, elle donna<br />

<strong>de</strong>s mémoires sur le Cantique <strong>de</strong>s Cantiques (t. VIII) <strong>et</strong> l'ancienne<br />

littérature babylonienne (t. X), ainsi que la traduction d'un important<br />

fragment <strong>de</strong> Max Müller sur la mythologie comparée (t. 11-III).<br />

Renn fut toujours fidèle à la <strong>Revue</strong> <strong>et</strong> sa bonne volonté n'eut pas<br />

d'intermittences. Il lui amena <strong>de</strong>s collaborateurs. Ce fut grâce à son<br />

intermédiaire que la <strong>Revue</strong> germanique eut la gloire <strong>de</strong> publier la<br />

première les conclusions <strong>de</strong> Berthelot sur la formation <strong>de</strong>s matières<br />

organiques par la synthèse chimique (t. XI). Le Danois Soldi, intro:<br />

duit par Renan ', apporta une intéressante étu<strong>de</strong> sur Holberg (t. V).<br />

C'est encore à Renan que la <strong>Revue</strong> est re<strong>de</strong>vable d'un <strong>de</strong> ses collaborateurs<br />

les plus utiles Michel Nicolas ', un libre penseur fourvoyé<br />

à la Faculté <strong>de</strong> théologie <strong>de</strong> Montauban ». DoHfus <strong>et</strong> Nefftzer se tinrent<br />

d'abord sur une pru<strong>de</strong>nte réserve : o il faut toujours se défier<br />

du caractère théologique n; mais, bientôt, Nicolas leur <strong>de</strong>vint indispensable.<br />

Ses articles sur la critique biblique en Allemagne (t. Il),<br />

les antécé<strong>de</strong>nts du Christianisme (t. III), là théologie <strong>de</strong>s apôtres<br />

(t. IV), la formation du Pentateuque (t. VI), le Parsisme (t. VII-VIII),<br />

les Prophètes (t. X-XI), le <strong>La</strong>maïsme (t. XII), sont mieux qu'une adaplation<br />

<strong>de</strong> l'exégèse alleman<strong>de</strong>; ils ont une valeur originale qui est<br />

souvent <strong>de</strong> premier ordre e . Nicolas fut le premier <strong>de</strong>s collaborateurs<br />

<strong>de</strong> Colani qui se soit décidé à entrer à la I?cvve germanique (sans<br />

d'ailleurs rompre avec la <strong>Revue</strong> <strong>de</strong> Strasbourg), <strong>et</strong> il resta longtemps<br />

le seul. En 1861, Albert Réville suivit son exemple : le recrutement<br />

s'arrêta là.<br />

sur la personne <strong>et</strong> les idées <strong>de</strong> Schiller. <strong>La</strong> fondation <strong>de</strong> Schiller, créée en 4855<br />

pour fonctionner en1859, avait été annoncée par Nefl'tzer en £858 (t. Il).<br />

4. On trouvera encore <strong>de</strong>s poésies <strong>de</strong> Littré dans la Philosophie positive (revue<br />

fondée en 1867 par Littré <strong>et</strong> Wyrouhoff).<br />

2. Renan h Ne(ttzer, s. d. (fin 4858). -<br />

3.Nicolas h NelTtzer, <strong>de</strong> Mon tauban,2janvier <strong>1858</strong> o M. Renan vient <strong>de</strong> m'écrire<br />

pour m'engager h prendre part b la <strong>Revue</strong> germanique que vous fon<strong>de</strong>z<br />

4. Nefftzer ii <strong>Dollfus</strong>, Paris, 7janvier <strong>1858</strong>.<br />

5. Ewald, dans son Jahrb. d. bibi. Wissensc/ufi, t.. X, p. 262,266, t. XI, p. 265,<br />

reprochait h Nicolas d'être trop tnhingieu. Cf. SIX, p. 39-41.<br />

6. Avec en article sur les Moines d'Occi<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Montalembert (t. XIII).


— 28 -<br />

D'Alsace arrivèrent Victor Chauffour-Kestner, industriel, ancien<br />

professeur à la Faculté <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> Strasbourg <strong>et</strong> ancien représentant<br />

du peuple'; le savant profond qu'était Gustave-Adolphe llirn 2,<br />

le littérateur Widal 8 , le critique nitisical Johannès Weber 1 , qui succéda<br />

à Louis <strong>La</strong>coinhe, pianiste-compositeur 5 , <strong>et</strong> fut remplacé<br />

ensuite par Gustave Bertrand °. <strong>La</strong> critique d'art fut confiée à Thoré,<br />

un exilé du coup d'État, qui signait W. Bürger , . Les questions<br />

scientifiques étaient traitées par le Créole slave Boscowitz 9 , le Parisien<br />

Camille Dareste 9 <strong>et</strong> le Strasbourgeois Aug. <strong>La</strong>ugel 10 Charles<br />

Martis, professeur à la Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>et</strong> directeur du Jardin<br />

<strong>de</strong>s Plantes <strong>de</strong> Montpellier, fut, avec Nicolas (puis Widal <strong>et</strong> Dareste),<br />

le seul universitaire prôvincial qui pendant les premières années vint<br />

donner son nom à la <strong>Revue</strong> ". Eugène Marie (pseud. d'Eug. Risler)<br />

décrivit les expériences agricoles en Allemagne (t. IX). <strong>La</strong> géographie<br />

<strong>et</strong> l'<strong>et</strong>hnographie furent trs brillamment représentées. Vivien<br />

<strong>de</strong> Saint-Martin composa une longue <strong>et</strong> importante série d'articles<br />

• sur les voyageurs allemands '. Nicolas <strong>et</strong> lui o sont incontestablement<br />

nos meilleurs collaborateurs o, disait Nefftzer à <strong>Dollfus</strong>' 3 . Deux<br />

jeunes hommes avaient un jour offert leurs services, dans une<br />

l<strong>et</strong>tre qui est une confession autaivt qu'un programme <strong>de</strong> vie<br />

• Les Ternes, 6janvier <strong>1858</strong>.<br />

Monsieur,<br />

Nous venons vous offrir nos services pour coopérer, selon nos moyens,<br />

à l'oeovrc <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> germanique, <strong>de</strong>nt le programme a immédiatement.<br />

acquis toutes nos sympathies.<br />

I. <strong>La</strong> Renaissance en Italie, d'après Burckardt (t. XIII).<br />

2. OErsted (t. lx). VoIlier avait précé<strong>de</strong>mment exposé les idées <strong>de</strong> Hirn sur<br />

l'équivalent mécanique <strong>de</strong> la chaleur (t. 1V).<br />

3. Pseudonyme; Daniel Stauben; traducteur <strong>de</strong> Léop. I


Nous sommes <strong>de</strong>ux frères qui, ayant séjourné en Allemagne à plusieurs<br />

époques <strong>et</strong> pendant plusieurs années, pouvons dire, sans nous vanter, que<br />

la langue alleman<strong>de</strong> n'a plus <strong>de</strong> difficultés pour nous.<br />

Tous les <strong>de</strong>ux nous avons étudié la théologie protestante <strong>de</strong> 1846 à 4851<br />

à Genève, Berlin, Montauban <strong>et</strong> Strasbourg; mais, pour <strong>de</strong>s motifs que <strong>de</strong>s<br />

libres penseurs apprécieront facilement, nous n'avons jamais exercé le<br />

ministère.<br />

Philosophiquement, nous nous rattachons à l'école <strong>de</strong> Spiuosa.<br />

Nos étu<strong>de</strong>s théologiques terminées, nous nous sommes adonnés en<br />

Angl<strong>et</strong>erre à l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sciences naturelles, autant du moins que nous le<br />

perm<strong>et</strong>taient les nécessités <strong>de</strong> la vie <strong>et</strong> le besoin <strong>de</strong> gagner le pain quotidien.<br />

L'un <strong>de</strong> nous a méme voyagé dans l'Amérique du Nord <strong>et</strong> l'Amérique du<br />

Sud <strong>et</strong> s'offre pour la critique <strong>de</strong>s ouvrages scientifiques <strong>et</strong> Spécialement <strong>de</strong><br />

tous les livres <strong>de</strong> géographie <strong>et</strong> db géologie.<br />

L'autre pourrait, indépendamment <strong>de</strong> la critique littéraire, m<strong>et</strong>tre<br />

à profit ses étu<strong>de</strong>s spéciales pour vous donner <strong>de</strong>s travaux sur le mouvement<br />

si remarquable où <strong>de</strong>s penseurs comme Oken, Schubert, Baa<strong>de</strong>r,<br />

Stefl'ens, Guerres, Hamann <strong>et</strong> autres, ont tenté d'asseoir sur les fon<strong>de</strong>ments<br />

(le l'histoire naturelle leurs systèmes philosophiques <strong>et</strong> théologiques.<br />

Ci-joint un p<strong>et</strong>it article sur la Théogonie <strong>de</strong> Feuerbach, son <strong>de</strong>rnier<br />

ouvrage, où l'on a tâché <strong>de</strong> reproduire son système avec ses propres<br />

paroles. S'il vous agrée, on m<strong>et</strong>tra au n<strong>et</strong>, pour la <strong>Revue</strong> germanique,<br />

un travail sur Lenau, ce poète encore inconnu, en France, mais dont vous<br />

connaissez toute la gran<strong>de</strong>ur.<br />

Agréez, Monsieur, l'expression <strong>de</strong> notre estime <strong>et</strong> nos voeux pour le boa<br />

succès <strong>de</strong> l'entreprise.<br />

- ÉLIE ET ÉLISÉE RECLUS<br />

Pour diverses raisons, lès articles proposés par Élie Reclus ne<br />

furent pas insérés dans la <strong>Revue</strong> germanique 2, mais les <strong>de</strong>ux frères<br />

en écrivirent d'autres. Sous son nom <strong>et</strong> sous son pseudonyme <strong>de</strong><br />

Jacques Lefréne, Élie Reclus promena ses lecteurs <strong>de</strong>s universités<br />

1. <strong>La</strong> l<strong>et</strong>tre a été écrite par Élie Reclus <strong>et</strong> signée parles <strong>de</strong>ux frères. Dans le<br />

voyageur géographe on a reconnu Misée Reclus. Peu <strong>de</strong> jours avant sa mort,<br />

celui-ci, rappelant ses vieux souvenirs, nous écrivait <strong>de</strong> la Rente germanique<br />

qu'elle est « un <strong>de</strong> ces rares recueils qui ont laissé, avec une réputation <strong>de</strong> probité<br />

parfaite, une valeur <strong>de</strong> premier ordre pour l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s problèmes contemporains<br />

-. (L<strong>et</strong>tre du 20 juin 1205.)<br />

2. Dans leur Introduction à la <strong>Revue</strong>, nollfus <strong>et</strong> Nelttzer avaient dit (p. 16) que<br />

Feuerbach, modifiant la doctrine <strong>de</strong> Hegel <strong>et</strong> l'humanisant <strong>de</strong> toutes les<br />

manières ., l'avait fait <strong>de</strong>scendre <strong>de</strong>s hauteurs abstraites. M. Feuerbach est<br />

resté., ajoutaient-ils. Sur quoi, le Journal générai avait conclu que l'iudacieux<br />

propagateur <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te théorie <strong>de</strong> l'humanisme qui nie toute spiritualité, toute<br />

religion, semble être le philosophe <strong>de</strong> choix <strong>de</strong> In <strong>Revue</strong> (lac. cil., p. 210). Par<br />

pru<strong>de</strong>nce, l'article sur Feuerbachfut donc éliminé, <strong>et</strong>, d'autre part, DolIfus<br />

s'était déjà réservé l'article sur Lenau.<br />

r"


n<br />

alleman<strong>de</strong>s d'autrefois l à la cour <strong>de</strong> Catherine 112, <strong>de</strong>s proverbes<br />

indiens aux légen<strong>de</strong>s tatares' d'après <strong>de</strong> récents travaux allemands<br />

sa culture universelle s'accommodait <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s les plus<br />

divers. Déjà plus spécialisé, Élisée Reclus apporta une notice sur<br />

Cari Ritter, dont il avait été l'élève, <strong>et</strong> un mémoire du grand géographe,<br />

« traduit sur sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>et</strong> bous ses yeux'<br />

<strong>La</strong> Suisse donna Marc Monnier, dont la collaboration ne fut, il est<br />

vrai, qu'intermittente , <strong>et</strong> sur la recommandation <strong>de</strong> Daniel Stem :<br />

« Un jeune homme très érudit, tout à fait libre penseur, qui a fait toute<br />

son éducation intellectuelle en Allemagne <strong>et</strong> connaît aussi bien que personne<br />

le mouvement nouveau, scientifique, critique <strong>et</strong> philosophique c'est<br />

le fils du professeur Cherbuliez, le neveu du libraire.<br />

- Victor Cherbuliez donna quatre articles pénétrants <strong>et</strong> fins sur la<br />

philosophie du Beau d'après le système d'esthétique <strong>de</strong> Th. Vischer<br />

(t. VII, X <strong>et</strong>. j15 Les Belges E. <strong>de</strong> <strong>La</strong>veleye, avec un travail sur les<br />

Nibelungen (t. XI), <strong>et</strong> A. Stap, avec une série d'étu<strong>de</strong>s originales sur<br />

l'histoire primitive <strong>de</strong> i'Église'(t. VII, VIII <strong>et</strong> XI), Firent aussi partie<br />

du groupe <strong>de</strong>s premiers rédacteurs <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> germanique.<br />

VII<br />

LES TRADUCTEURS ET LES CORRESPONDANTS.<br />

- Une très nombreuse équipe <strong>de</strong> traducteurs coopérait à la confection<br />

<strong>de</strong> chaque numéro. En règle générale, pendant la première<br />

partie <strong>de</strong> son existence, la <strong>Revue</strong> donnait moitié d'articles traduits,<br />

contre moitié d'articles «édijés en français. Souvent les traducteurs<br />

restaient anonymes ou pseudonymes, <strong>et</strong> peut-être n'est-il-pas sans<br />

intérêt d'en donner la liste. On y verra, côte'à côte, <strong>de</strong>s inconnus,<br />

pauvres manoeuvres <strong>de</strong> l<strong>et</strong>tres, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s noms <strong>de</strong>venus illustres<br />

Ch. Adam, F. Baudry, Ch. Berthoud, X. Bonnand (pour l'anglais),<br />

- I. T. I". cc. GuilI. Depping Les anciennes foires <strong>de</strong> Leipzig <strong>et</strong> la. librairie<br />

alleman<strong>de</strong> (t. Il), <strong>et</strong> H. Wilrnès Du costume <strong>et</strong> <strong>de</strong>s moeurs en Allemagne au'<br />

moyen âge (t. XI).<br />

2. D'après les mémoires <strong>de</strong> la princesse D*chkof (t. IV).<br />

• 3. T. X <strong>et</strong> xi. cc. Aug. Dozon, contes <strong>et</strong> apologues indiens (t. XII).<br />

4. T. VIII.<br />

. Que tes Grecs sont dés Slaves, d'après une polémique alleman<strong>de</strong> (t. IV);<br />

-. - cf. la réplique d'llermile Reynald (t. Y, p. 2-455).<br />

.6. L<strong>et</strong>tre à NelTLzer, du 4 déc. tsvi.<br />

t..


-<br />

Aru. Boscowitz, baronne <strong>de</strong> Carlowitz, Em. Chasles, <strong>de</strong> Clair<strong>et</strong>, <strong>de</strong><br />

Chaulin, Cam. Dareste, Guiill. ]3epping, L. Dépr<strong>et</strong>, Ch. Dolifus,<br />

J. Duesberg, Flocon, E. Franz. J. Grenier, Ch. Guillemot, Haillot<br />

($eud. Ch. <strong>de</strong> Robertsau), UI. Hinglais, E. Jonveaux, 1h. Karcher,<br />

Mile Karr (pseud. Marie d'Asa), Mme <strong>de</strong> Krinitz (pseud. Cam.<br />

Sel<strong>de</strong>n), Aug. <strong>La</strong>ugel, Leclaire, A. Maillard, A. Materne, Mad.<br />

Maynieu (pour l'anglais), Mad. Caroline <strong>de</strong> Montfort, L. Mossmann,<br />

Aug. Nefftzer, Ch.-N. Pisehon (qui écrivait aussi en allemand),<br />

Mme Xavier Raymond, Élie <strong>et</strong> Élisée Reclus, Rich. Reinhardt,<br />

E. Renan, C. <strong>de</strong> Sault, Schwalb, Eug. Seinguerl<strong>et</strong>, A. Stap, Mme E.<br />

<strong>de</strong> Villers, Vouga, Alex. Weill, Aug. Widal, F. Zurcher. On peut,<br />

sans exagération, estimer k la valeur <strong>de</strong> quarante ou cinquante<br />

volumes ordinaires le total <strong>de</strong>s traductions faites <strong>de</strong> l'allemand<br />

par la <strong>Revue</strong> germanique en sept ans. Il -n'est guère d'autre<br />

exemple d'une entreprise <strong>de</strong> traduction organisée avec une telle<br />

ampleur .<br />

Par système, tout ce qui, dans la <strong>Revue</strong>, <strong>de</strong>vait contribuer au<br />

délassement ou au plaisir du lecteur, était traduit <strong>de</strong>)'allemand. Les<br />

romans, contes <strong>et</strong> nouvelles <strong>de</strong> B. Âuerbach (t. 1V à VI), <strong>de</strong> J. d'Eichendorif<br />

(t. VII-VIII <strong>et</strong> XIII), <strong>de</strong>s frères Grimm (t. XIII), <strong>de</strong><br />

NI. Groth (t. Il), <strong>de</strong> Maurice Hartmann (t. I k III <strong>et</strong> V), <strong>de</strong> P. Heyse<br />

(t. V à VII <strong>et</strong> X), <strong>de</strong> Ch. Immermann (t. VIII k X), <strong>de</strong> Gottfried<br />

Keller (t. I), <strong>de</strong> Gottfried Kiukel (t. XII), <strong>de</strong> H. <strong>de</strong> Kleist (I. VI-VII <strong>et</strong><br />

Xlfl), d'Alfr. Meissner (t. XII), <strong>de</strong> Th. Magge (t. III-IV), d'Adalbert<br />

Stifter (t. VI-VII <strong>et</strong> X-XI), d'Oltilie Wil<strong>de</strong>rmuth (t. XII) <strong>et</strong> d'Ernest<br />

Willkomm (t. XIII); les piètes <strong>de</strong> Geihel (t. III <strong>et</strong> XII), <strong>de</strong> Grabbe<br />

(t. XII), <strong>de</strong> Grillparzer (t. V), <strong>de</strong> Gutzkow (t. IX), <strong>de</strong> lIaIm (t. I, IV<br />

<strong>et</strong> X), <strong>de</strong> Hebbel (t. It), <strong>de</strong> Tieck (t. VIII) <strong>et</strong> <strong>de</strong> \Volfsohn (t. I-Il); les<br />

pensées, maximes <strong>et</strong> réflexions réunies en anthologie par Seinguerl<strong>et</strong><br />

(t. IV); eu philosophie, <strong>de</strong>s notices <strong>de</strong> Faber sur Hamann (t. XI), <strong>de</strong><br />

K.Fischer sur Schiller (t. V-VI) <strong>et</strong> sur Kant (t. XIII) 2, <strong>de</strong>s fragments <strong>de</strong><br />

Schopenhauer', une étu<strong>de</strong> d'ensemble <strong>de</strong> K. Schwartz sur la critique<br />

biblique <strong>et</strong> la théologie contemporaine en Allemagne (t. IX); en philologie<br />

orientale, un résumé <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers travaux sur l'In<strong>de</strong> antique (t. II)<br />

<strong>et</strong> sur le bouddhisme (t. IV), par Alb. Weber; un aperçu général du<br />

4. lI fut question <strong>de</strong> réunir les traductions faites à la <strong>Revue</strong> dans une collection<br />

intitulée Bibliothèque <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> germanique, qu'aurait éditée H<strong>et</strong>zel<br />

(Nefftzer à <strong>Dollfus</strong>, 4 <strong>et</strong> 16 août 1860). Le proj<strong>et</strong> n'aboutit pas.<br />

2. L. Filliard avait, d'autre part, analysé le flacon <strong>de</strong> K. Fischer (t. Il).<br />

3. Du style <strong>et</strong> <strong>de</strong>s écrivains (t. V); Métaphysique <strong>de</strong> l'Amour (t. XIII).


TrN<br />

- 32 --<br />

rôle <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'importance <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s philologiques en Allemagne par<br />

O. Jahn (t. XII), ainsi que <strong>de</strong> la poésie <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'art dans la Grèce<br />

antique dans leurs rapports avec la religion par F.-G. Weleker<br />

(t. VII), un mémoire sur le mythe <strong>de</strong> Polyphème par GuilI. Grimm<br />

(t. IX), sur Mahom<strong>et</strong>, par E. Meyer (t, VII) <strong>et</strong> par A. Sprenger (L XII),<br />

sur les Mameluks d'Égypte par G. Weil (L IX), un discours sur<br />

Schiller par Jacob Grimm (t. VIII) <strong>et</strong> un article <strong>de</strong> D.-F. Strauss sur<br />

Immermann (t. VII) <strong>et</strong> la Neuvième Symphonie <strong>de</strong> Be<strong>et</strong>hoven (t. V),<br />

<strong>de</strong> W.-H. Riehl sur le compositeur Kreutzer (t. X) <strong>et</strong> l'acoustique<br />

musicale (t. V), <strong>de</strong> G-F. Waagen sur Raphaël (t. VI); en , histoire,<br />

un chapitre <strong>de</strong> Freytas sur le Diable en Allemag,ne au xvt siècle<br />

(t. X), un résumé du livre <strong>de</strong> D.-F, Strauss sur tflrich<strong>de</strong> liutten par<br />

Seinguerl<strong>et</strong> (t. J), <strong>de</strong>s documents sur . l'histoire anecdotique du<br />

xvmsiècle, publiés par Ch. <strong>de</strong>.Weber, directeur <strong>de</strong>s archives <strong>de</strong> Saxe<br />

(t. VI <strong>et</strong> XI), <strong>de</strong>s extraits <strong>de</strong>s Souvenirs <strong>de</strong> Varnhagen dEnse (t. VI<br />

IX), lejournai <strong>de</strong> Hans Wachenhusen sur la guerre d'Italie en 1859<br />

(t. VII), <strong>de</strong>s discours ou mémoires <strong>de</strong> vulgarisation scientifique', <strong>de</strong>s<br />

récits <strong>de</strong> voyages ou <strong>de</strong>scriptions géographiques 2 telle fut, sommairement,<br />

mais au compl<strong>et</strong>, la table <strong>de</strong>s traductions publiées dans les<br />

premiers volumes <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong>. <strong>La</strong> liste <strong>de</strong>s auteurs traduits est, on<br />

le voit, aussi bigarrée que la liste <strong>de</strong>s traducteurs eux-mêmes. Une<br />

mention spéciale doit être faite <strong>de</strong>s poètes. Les vers donnés dans la<br />

<strong>Revue</strong> germanique sont toujours, k l'origine tout au moins, translatés<br />

<strong>de</strong> l'allemand, <strong>et</strong> Chamisso, Freiligrath, Geibel, Go<strong>et</strong>he, Grün,<br />

Hebbel, Heine, Koerner, Lenau, Lessing, PfeffeI, Rückert, Schiller,<br />

Tanner, Uhiand, Wackernagel, inspirèrent plus ou moins heureusement<br />

Aug. Béranger (t. IX), Im Deschamps (t. XII), Littré (t. IX),<br />

I. Extraits du Cosmos <strong>de</strong> Humboldt (t. I) <strong>et</strong> traduction d'un article anonyme<br />

sur l'influence <strong>de</strong> Humboldt dans les sciences naturelles (t. VI); extraits <strong>de</strong>s<br />

Alpes <strong>de</strong> Tschudi (t. I <strong>et</strong> Il); discours <strong>de</strong> Baumgartner, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'Aca-<br />

,démie <strong>de</strong>s Sciences <strong>de</strong> Vienne, sur l'équivalent mécanique <strong>de</strong> la chaleur (t. II) <strong>et</strong><br />

sur les lois fondamentales <strong>de</strong>s sciences naturelles <strong>et</strong> leur valeur dans la vie<br />

pratique (t: X»; notices <strong>de</strong> Moebius sur les perles (t. III) <strong>et</strong> <strong>de</strong> ]Reichenbach<br />

sur tes comètes (t. VI).<br />

2. Voyages du prince Wal<strong>de</strong>mar dé Prusse dans Iliindoustan (t. I), <strong>de</strong><br />

£.loellhausen dans l'Amérique du Nord (t. III <strong>et</strong> V), d'Avé-<strong>La</strong>llemant dans lAinérique<br />

du Sud (t. XII) relations (très curieuses) <strong>de</strong> la mission ecclésiastique russe<br />

à Pékin (t. t à III); notices <strong>de</strong> cotta sur la géographie physique <strong>de</strong> l'Allemagne<br />

(t. X), <strong>de</strong> G. Riehl sur Augsbourg (t. VII) <strong>de</strong> Valuer sur les ascensions alpestres<br />

d'après <strong>de</strong>s récits allemands (t. IX), <strong>de</strong> Froebel sur l'émigration alleman<strong>de</strong><br />

(t. IX), <strong>de</strong> Th. Dubois sur les Druses d'après <strong>de</strong>s <strong>de</strong>scriptions alleman<strong>de</strong>s (t. XI),<br />

<strong>de</strong> Bo<strong>de</strong>nstedt sur Schamyt <strong>et</strong> les peuples du Caucase (t. VIII), <strong>de</strong> Gregorovius<br />

sur la Corse <strong>et</strong> Sampiero (t. XIII), <strong>de</strong> Seblei<strong>de</strong>n sur l'isthme <strong>de</strong> Suez (t. VII!,<br />

avec une réplique <strong>de</strong> Vivien <strong>de</strong> Saint-Martin). -


- 33 -<br />

Ch. <strong>de</strong> Lorbac (t. VII), A. <strong>de</strong> Polignac (t. XI), L. Ratisbonne (t. IX),<br />

Sabatier (t. IX), Paul Yrignault (t.Il, 1V <strong>et</strong> VIT).<br />

Les rédacteurs <strong>et</strong> les traducteurs, si nombreux qu,ils fussent, ne<br />

formaient pas encore tout le personnel <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> germanique: Dans<br />

chaque ville importante <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> langue alleman<strong>de</strong>, 1e.Directeurs<br />

voulaient un « correspondant n attitré qui leur envoyât <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>trés<br />

originales. En vieux routier dujournalisme, Nefftzer adm<strong>et</strong>tait qu'au<br />

besoin on composât k Paris <strong>de</strong>s correspondances fictives, d'après<br />

les journaux; mais, en principe, les correspondants étaient préférables<br />

'. Ils <strong>de</strong>vaient être « aussi bien au courant <strong>de</strong> la vie scientifique<br />

que <strong>de</strong> la vie littéraire <strong>et</strong> même un peu <strong>de</strong> la vie du mon<strong>de</strong> n<br />

ils n'étaient pus dan recrutement aisé.<br />

Le premier correspondant <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> fut le Strasbourgeois Eug.<br />

Sein Èuerl<strong>et</strong> , qui, <strong>de</strong>puis le coup d'Etat, 'vivait en exil à Hei<strong>de</strong>lberg.<br />

Très actif <strong>et</strong> dévoué, très informé <strong>de</strong> la vie alleman<strong>de</strong> 2 , qu'il jugeait,<br />

il est vrai, en libéral impénitent, sansdiscerner.assez, <strong>de</strong>rrière le<br />

germanisme idéal, la Prusse réaliste <strong>et</strong> bismarckienne qui commençait<br />

ses préparatifs, il fut un <strong>de</strong>s amis les plus fidèles, un <strong>de</strong>s collaborateurs<br />

les plus réguliers <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong>, <strong>de</strong> l'origine jusqu'à la fin.<br />

A Vienne, Maurice Hartmann procura W. Kreissler,. <strong>et</strong> à Berlin,<br />

Kossack (doublé le plus souvent par F. Werner); à Dres<strong>de</strong>, il<br />

négocia, ainsi que Mine <strong>de</strong> Charnùcé, avec Auerbach, Gutzkow <strong>et</strong><br />

Wolfsohn sans aboutir à un engagement ferme; à Go<strong>et</strong>tingue enfin,<br />

la <strong>Revue</strong> avait pour correspondant<br />

Le fils <strong>de</strong> M. Paulia Paris, <strong>de</strong> la Bibliothèque impériale <strong>de</strong> Paris, que<br />

son père a envoyé là au sortir <strong>de</strong> ses classes. Ce n'est encore qu'une espèce<br />

<strong>de</strong> moutard, mais il suffira pour nous renseigner sur ic programme <strong>de</strong>s<br />

cours .<br />

Il est possible que les l<strong>et</strong>tres, signées d'initiales diverses <strong>et</strong> datées<br />

en <strong>1858</strong> <strong>et</strong> 4859 <strong>de</strong> diverses villes universitaires', aient été écrites,<br />

I. N'eût-ce été que parce qu'ils se ' transroriient naturellement en agents <strong>de</strong><br />

propagan<strong>de</strong> <strong>et</strong> d'abonnement '. (L<strong>et</strong>tres <strong>de</strong> Neffter à Dolifus <strong>de</strong>s 7 <strong>et</strong> 10 avril<br />

<strong>et</strong> 31 juill<strong>et</strong> <strong>1858</strong>).<br />

2. Certains journaux allemands, surpris qu'un Français connût si bien l'Allemagne,<br />

publièrent quo l'auteur <strong>de</strong>s correspondances <strong>de</strong> Hei<strong>de</strong>lberg cachait sa<br />

personnalité sous un pseudoàyme M. Seinguerl<strong>et</strong> est un honnête Souabe, du<br />

nom <strong>de</strong> Zoengerle, qui vit <strong>de</strong>puis quelque temps à Paris <strong>et</strong> qui, par pitié sans<br />

doute pour la langue française, a changé l'orthographe <strong>de</strong> son vieux nom wurtembergeois.<br />

Cf. <strong>Revue</strong> germanique, t. Vil, p. 237.<br />

3.Nefftaer à Dollius, 40 avril <strong>1858</strong>.<br />

4. <strong>Revue</strong> germanique, L. III, p. 201 l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> Leipzig, 25 juill<strong>et</strong> <strong>1858</strong> signée<br />

VM11SEr. - : 2


•W'-''' -p<br />

- 34 -<br />

toutes ou quelques-unes, par Gaston Paris. Mais l'organisation était<br />

bien incomplète encore, <strong>et</strong> Dolifus se décida, <strong>de</strong> Mulhouse, à partir<br />

pour l'Allemagne S « voyage d'exploration' ». Il partit au milieu<br />

d'avril <strong>1858</strong>. A Hei<strong>de</strong>lberg, il vit Strauss, - un ami <strong>de</strong> Nefttzer, -<br />

Bunsen, k qui il était recommandé par <strong>La</strong>boulaye, <strong>et</strong> les historiens<br />

Schlosser, Gervinus <strong>et</strong> Hausser. -<br />

Ges-vinus était souffrant... llwusser prend une part très active à notre<br />

entreprise. Je l'ai vu chei lui <strong>et</strong> entendu à son cours; c'est-un professeur<br />

très remarquable, plein <strong>de</strong> vie <strong>et</strong> (le force... Le vieux Schiosser est vieux.,. 2<br />

Après s'être entendu avec Seinguerl<strong>et</strong>, Dolifus se rendit à Iéna<br />

* J'ai passé près <strong>de</strong> trois jours à Ténu, presque toujours avec Fischer,<br />

que j'ai entendu professer. Je rai vu <strong>de</strong> près; il est facile à comprendre.<br />

Critique d'un grand <strong>La</strong>ient, esprit très clair, sûr, étendu, professeur <strong>de</strong><br />

premier ordre. Dans peu <strong>de</strong> temps, Fischer sera à Berlin. Il préférerait,<br />

dit-il, r<strong>et</strong>ourner à Hei<strong>de</strong>lberg. Il forme une frontière entre le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

Litteraten <strong>et</strong> celui <strong>de</strong>s professeurs où universitaires allemands <strong>de</strong>ux<br />

mon<strong>de</strong>s qui se méprisent mutuellement. Comme homme, il est habile, un<br />

peu trop peut-être. lI veut se servir <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong>; mais la <strong>Revue</strong> ne perdra<br />

rien à servir, en <strong>de</strong>s limites convenables, c<strong>et</strong>te ambition. Tous ces messieurs<br />

eu sont là; ils veulent que l'on parle d'eux eu France. Une traduction-,<br />

pour l'amour- <strong>de</strong> Dieu! voilà le refrain intérieur.<br />

« J'ai vu Droysen professeur (l'histoire à Iéna un homme fort éminent.<br />

Il parait tenir beaucoup plus à sa qualité <strong>de</strong> professeur qu'à celle d'écrivain;<br />

il a beaucoup insisté là-<strong>de</strong>ssus auprès <strong>de</strong> moi. Il m'a remis une p<strong>et</strong>ite<br />

brochure impiimée, mais non publiée (elle ne s'adresse qu'à quelques<br />

a<strong>de</strong>ptes) sur sa manière <strong>de</strong> comprendre l'histoire 3.<br />

Quand Doilfus arriva à Weimar, Liszt était absent. Dingelstedt,<br />

qui « me parait connaître à fond les coulisses du mon<strong>de</strong> littéraire<br />

<strong>de</strong> l'Allemagne il a vécu longtemps k Munich comme directeur<br />

<strong>de</strong> théâtre, <strong>et</strong> sait son Berlin également» , promit <strong>de</strong>s correspondances -<br />

régulières, qui ne furent jamais écrites, non plus d'ailleurs que celles<br />

dont Liszt fit la promesse <strong>et</strong> qui <strong>de</strong>vaient être accompagnées <strong>de</strong><br />

« quelques dissertations sur la musique <strong>de</strong> l'avenir «. A Dres<strong>de</strong>,<br />

Doilfus ne fut pas beaucoup plus heureux. Gutzkow se tro'uvait en<br />

W.; t. 1V, p. 422, <strong>de</strong> Gc<strong>et</strong>tingm'e, 20 nov. 4858 signée R.; t. Vil, p. 453, d'léna,<br />

25 août 4859, signée G.; t. VIII, p. 233, <strong>de</strong> Bonn, 20 CCL. 4859, signée L.<br />

4. <strong>Dollfus</strong> il <strong>de</strong> Mulhouse, 12 avril 1818.<br />

2. DolIfus k NelTLzer, <strong>de</strong> Weimar, le 28 avril 4858.<br />

3. Mé,ne l<strong>et</strong>tre- - <strong>La</strong> brochure, in titulée G-rundri-ss (le,' Rzstorik, a été éditée<br />

il en 1868 (puis 1815 <strong>et</strong> 4882). C'est bien le plus nébuleux produit <strong>de</strong> -<br />

toute la méthodologie historique alleman<strong>de</strong>. - -


'rrr wr-,--7, rw<br />

— 35—<br />

Italie. Auerbach offrit, pour-être traduit, son roman <strong>de</strong> Spinosa qui<br />

datait<strong>de</strong>1837, <strong>et</strong> quela <strong>Revue</strong> accepta'; H<strong>et</strong>tner se montra fortbien<br />

disposé, comme,- quelques jours plus tard k Berlin, Humboldt,<br />

J. Grimm, Varnhagen d'Ense <strong>et</strong> Ranke. -<br />

J'ai constaté partout la certitu<strong>de</strong> du succès <strong>de</strong>-notre recueil dans un<br />

avenir prochain, écrivait <strong>Dollfus</strong> en quittant Weimar, le 28 avril; <strong>de</strong>s sympathies<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s espérances partout. Le temps convertira tous ces germes en<br />

abonnés. Rien ne se fait en Allemagne, vous le savez, sans le temps.<br />

Dolirus - il <strong>de</strong> r<strong>et</strong>our k Mulhouse vers la fin <strong>de</strong> mai, son utile<br />

propagan<strong>de</strong> rminée, mais sans avoir, en somme, réussi à augmonter<br />

le nombre <strong>de</strong>s correspondants. L'auteur- <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tres datées<br />

<strong>de</strong> Munich' nous est inconnu. A Dres<strong>de</strong>, la correspondance ne<br />

commença qu'en 4859; mais elle fut dès, lors aussi régulière que<br />

celle <strong>de</strong> Hei<strong>de</strong>lberg. Les l<strong>et</strong>tres étaient écrites par A. Maillard, qui,<br />

longtemps, ne signa qu'avec ses initiales. Quand le 'service fut défi-<br />

nitivement organisé, la <strong>Revue</strong> n'eut donc au total que cinq correspondants<br />

attitrés <strong>et</strong> envoyant leurs l<strong>et</strong>tres avec régularité k Berlin,<br />

Dres<strong>de</strong>, Hei<strong>de</strong>lberg, Munich <strong>et</strong> Vienne aussi bien, n'en fallait-il<br />

pas plus. -<br />

VIII<br />

PusLlcAl'lorç DE LA « REVUE GERMANIQUE<br />

Sans élargir son programme, qui restait strictement consacré à<br />

l'Allemagne', la <strong>Revue</strong> germanique s'élargissait peu k peu. Les<br />

volumes trimestriels passèrent, par une progression régulière, <strong>de</strong><br />

658 pages au tome fer, à 752 pages au tome XII (lie trimestre <strong>de</strong> 1860).<br />

Les frais augmentèrent d'autant; mais non les abonnés.<br />

1. Il y eu t par la suite, entre l'auteur <strong>et</strong> la <strong>Revue</strong>, une discussion, d'ailleurs,<br />

fort courtoise <strong>et</strong> aisément aplanie, mais qu'il convient <strong>de</strong> noter, car elle est<br />

intéressante au point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s droits d'auteur. A qui appartenait la propriété<br />

<strong>de</strong> la traduction? A l'auteur ou à la <strong>Revue</strong>? On s'entendit à l'amiable, par un<br />

égal désir d'accord. Mais il ne fut pas touché au point <strong>de</strong> droit. D'habitu<strong>de</strong> les<br />

auteurs traduits tic réclamaient pas <strong>de</strong> droits sur les traductions.<br />

2. Elles sont signées D. F., <strong>et</strong> vont du 26 avril 4858 au 2s avril 1860 du L. 11 au<br />

t. X: puis, après un an d'interruption, le correspondant signe G. Il. (6 mai 1861,<br />

t. XV). Peut-étre était-ce-un correspondant fictif. -<br />

3. On ne compte dans les treize premiers volumes <strong>de</strong> la collection que trois<br />

articles qui ne soient pas traduits <strong>de</strong> l'allemand ou qui ne se rapportent pas à<br />

l'Allemagne valuer, Les poésies italiennes attribuées à Pétrarque (t. VI); Pouchkine,<br />

Poèmes dramatiques traduits du russe par 1. Tourguéni<strong>et</strong>T <strong>et</strong> L. Viardot<br />

(I. X); Dozon, Un poète magyar; Alex. P<strong>et</strong>ofi (t. XIII). -


-3G--7<br />

41 C'est une chose bizarre, écrivait Nejttzer k Dolifus le 7 janvier <strong>1858</strong>;<br />

mais l'esprit humain est ainsi fait que je crois que nous aurions plutôt<br />

recruté 500 actionnaires que 500 abonnés... J'ai reçu pour mon compte<br />

plusieurs <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d'actions. Mais, quant aux abonnés, il faut bien que je<br />

vous le dise je crois que si nous en avons une centaine d'ici à la fin du<br />

mois, nous pourrons nous estimer heureux... Deux années <strong>de</strong> labeurs <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

sacrifices me paraissent le minimum <strong>de</strong> ce 'qu'il faut envisager si nous ne<br />

voulons pas nous exposer k <strong>de</strong>s mécomptes. »<br />

Six mois plus tard, en juin <strong>1858</strong>, la <strong>Revue</strong> n'avait encore 'que<br />

300 abonnés. Le nombre augmenta lentement pendant l'hiver <strong>1858</strong>-<br />

4850; chaque mois amenait plusieurs souscriptions nouvelles; mais<br />

la guerre d'Italie fit à la <strong>Revue</strong> une concurrence inattendue <strong>et</strong> désastreuse.<br />

L'accroissement mensuel tomba à quelques unités, parfois<br />

même cessa. Un financier homme <strong>de</strong> l<strong>et</strong>tres,.qui eut son instant <strong>de</strong><br />

célébrité sous le Second Empire, F. Solar, apparut alors comme un<br />

sauveur, <strong>et</strong>, pendant longtemps, d'avril à août 4800, il fit espérer sa<br />

commandite à Dolifus <strong>et</strong> Nefftzer..Mais les prétentions qu'il finit par<br />

avouer parurent tellement exagérées' que Dollrus <strong>et</strong>Nefflzer préférèrent<br />

renoncer à son appui. Pour parer au défleit permanent <strong>et</strong><br />

toujours grandissant, Doilfus resta le seul bailleur <strong>de</strong> fonds. Il ne se<br />

décoûrageait pas.<br />

t Deux <strong>et</strong> même trois années dtépreuves, <strong>de</strong> travail <strong>et</strong> <strong>de</strong> sacri fices d'argent,<br />

<strong>et</strong> même davantage, s'il le faut, ne nous abattront pas... Une entreprise<br />

qui peut <strong>de</strong>venir un bienfait pour notre pays <strong>et</strong> polir l'Allemagne<br />

mérite bien qu'on lui fasse <strong>de</strong>s sacrif i ces, <strong>et</strong> alors même qu'elle <strong>de</strong>vrait<br />

avorter, je m'en, consolerais en songeant que le germe a été déposé par<br />

nous <strong>et</strong> qu'un jour ou l'autre il <strong>de</strong>vra fructitier'.<br />

Nobles paroles, <strong>et</strong> qui ne varièrent pas<br />

DCit même la mauvaise chance nous arrêter avant.le succès, je n'au•<br />

rais nul regr<strong>et</strong> d'avoir participé k une tentative importante <strong>et</strong> préparé les<br />

voies à un rapprochement plus intime entre <strong>de</strong>ux peuples <strong>de</strong>stinés à mêler<br />

quelque jour leurs intérêts <strong>et</strong> à se compléter mutuellement.... Courage<br />

donc, cher ami'!<br />

Nefftzer venait alors <strong>de</strong> rentrer à . la Presse. Il en était question<br />

<strong>de</strong>puis plus d'un an' ou, pour mieux dire, du len<strong>de</strong>main même <strong>de</strong> la<br />

4. En échange <strong>de</strong> son argent, il ne voulait <strong>de</strong>venir rien <strong>de</strong> moins que codirec.<br />

teur effectif; sa commandite n'eût été qu'un achat.<br />

. Doilfus à Nefftzer, (t janvier 4858.<br />

3. <strong>Dollfus</strong> à Nelïtzér, 40 mai 4859.<br />

4. NelTtr.<strong>et</strong> à DoIlfus, 14 mars, 1 avril <strong>1858</strong>.


I -<br />

démission donnée': Mais Ncfftzer voulait <strong>de</strong>s garanties <strong>et</strong> qu'il tôt<br />

certain que le journal n'évoluerait , plus, malgré qu'il en eût, dans le<br />

sens gouvernemental il attendit le départ <strong>de</strong> Guéroult' pour re<strong>de</strong>venir<br />

à sa place rédacteur en chef <strong>et</strong> reprendre, comme autrefois,<br />

le Bull<strong>et</strong>in du jour (4! avril 1859). Le labeur quotidien du journal<br />

s'ajouta pour lui à la commune direction <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> germanique. Il<br />

cM voulu consacrer quelque argent à l'entreprise. <strong>Dollfus</strong> refusa,<br />

s'alarmant <strong>de</strong> causer préjudice à moins fortuné que lui a• Et Nefftzer,<br />

craignant pareillement.un gain 1 fait d'une perté i refusa <strong>de</strong> toucher le<br />

montant <strong>de</strong>s articles qu'il donnait à la <strong>Revue</strong>'. Quant à la direction,<br />

elle était naturellement gratuite pour l'un <strong>et</strong> l'autre. L'amitié créait<br />

entre eux comme une émulation <strong>de</strong> générosité'. En 1860, la <strong>Revue</strong><br />

<strong>de</strong>vait 2 482 francs à <strong>Dollfus</strong> <strong>et</strong> 2743 à Nefftzer comme rédacteurs,<br />

<strong>et</strong> 34831 francs, capital <strong>et</strong> intérêts, à Doilfus pour les frais généraux<br />

6 . Le déficit était, comme on voit, déjà fort élevé. Néanmôins,<br />

quand la combinaison Solar fut abandonnée, Dolifus persista<br />

ferme<br />

t Nous r<strong>et</strong>ombons donc sur nos pieds, <strong>et</strong> il ne nous reste qu'une chose à<br />

faire pousser la <strong>Revue</strong> <strong>de</strong> notre mieux <strong>et</strong> attendre que le public se fasse<br />

lui-méme notre commanditaire. Après. tout, la commandite sous forme<br />

d'abonnés n'est pas la pire; elle nous viendra lentement, mais elle nous<br />

viendra --. -<br />

4. Nefftzer à Doilfus, 11 décembre 1851 Ma rentrée (à la Presse) est subordonnée<br />

à béaucoup <strong>de</strong> choses qui peuvent toutes se résumer en ceci que je<br />

n'accepterai qu'une situation n<strong>et</strong>te à tous les points <strong>de</strong> vue.<br />

2. Le 3 mars 1859. Sous l'inspiration du prince Napoléon <strong>et</strong> conformément aux<br />

désirs secr<strong>et</strong>s <strong>de</strong> l'Empereur, Ad. Guéroult venait (comme Elavin dans leSiècte) <strong>de</strong><br />

faire campagne pour l'intervention armée <strong>de</strong> la France en Italie.<br />

. Nefftzer à <strong>Dollfus</strong>, 8 mai, <strong>et</strong> <strong>Dollfus</strong> à Nefftzer, 40 mai 4859.<br />

4. ?efftzer à <strong>Dollfus</strong>, 7 avril <strong>1858</strong>.<br />

-5. • Je ne salirais vous dire, écrivait Nefl'tzer à <strong>Dollfus</strong> qui venait <strong>de</strong> quitter<br />

Paris (S mai 4859), combien je vous aime davantage <strong>et</strong> vous entends mieux<br />

<strong>de</strong>puis la fréquentation plus intime que nous avons eue c<strong>et</strong> hiver. - <strong>Dollfus</strong><br />

répondait le 10 mai: • Nous pouvons maintenant considérer nos rapports comme<br />

durables <strong>et</strong> je puis dire permanents, car ils sont fondés sur quelque chose qui ne<br />

s'altérera pas une estime réciproque <strong>et</strong> une communauté générale <strong>de</strong>s idées <strong>et</strong><br />

-<strong>de</strong>s aspirations ». - Combien je vous rends toute l'amitié que vous me téinoi-<br />

Suez, répliquait Nefltzer un peu plus tard (le 16 juill<strong>et</strong> 1859), cl combien je partage<br />

tout ce que vous me dites à ce suj<strong>et</strong>. Je crois pour mon compte que j'ai<br />

beaucoup gagné <strong>de</strong>puis queje vous connais, <strong>et</strong>je crois notamninentavoir r<strong>et</strong>rouvé<br />

une chaleur <strong>de</strong>- sentiments que les années <strong>et</strong> le perpétuel contact <strong>de</strong>s indifférents<br />

m'avaient fait perdre... Je n'avais plus d'amis dans la vraie acception du<br />

mcl.' .- Cf. la belle notice <strong>de</strong> <strong>Dollfus</strong> sur NeflIzer dans la <strong>Revue</strong> alsacienne<br />

publiée par Seinguerl<strong>et</strong> chez Berger-Levraull, 30 année, Paris-Nancy, 1879-4880,<br />

p.49ii53. -<br />

0. DoIlfus à Nefftzer, 23 mai 4860.<br />

7. <strong>Dollfus</strong> à Nefflzer, 12 juin 1860.


En eff<strong>et</strong>, la <strong>Revue</strong> avait réussi à prendre tang. ta direction ferme<br />

<strong>et</strong> pru<strong>de</strong>nte qui lui était donnée, avait peu à peu fait oublier les<br />

inci<strong>de</strong>nts du début. Dès le mois <strong>de</strong> juin <strong>1858</strong>, Nefftzer pouvait<br />

annoncer à Dolifus<br />

t On commence à nous trouver très intéressants <strong>et</strong> très sages aussi, relativement<br />

aux extravagances athées, matérialistes,, panthéistes, <strong>et</strong>c., qu'on<br />

attendait <strong>de</strong> nous'-<br />

IX<br />

LES CRITIQUES<br />

Rien n'était plus exact, <strong>et</strong> la preuve en est dans les critiques<br />

mêmes qui étaient faites à la <strong>Revue</strong>. On lui reprochait maintenant<br />

d'être tout ensemble trop modérée <strong>et</strong> trop hardie, ce qui démontre<br />

à l'évi<strong>de</strong>nce qu'elle était dans la bonne voie.<br />

Réfugiéen Belgique à ht suite <strong>de</strong> la publication <strong>de</strong> <strong>La</strong> justice dans<br />

la Révolution <strong>et</strong> dans l'Église, Proudhon eut occasion <strong>de</strong> recomman<strong>de</strong>r<br />

à Nefftzer un <strong>de</strong> ses compagnons d'exil qui rentrait en France, <strong>et</strong> il<br />

ajouta'<br />

Merci maintenant pour moi-même, mou cher Nefltzer, <strong>de</strong> toutes vos<br />

bontés; merci surtout <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong>, à laquelle je tiens infiniment. le ne<br />

saurais vous dire combien c<strong>et</strong>te littérature alleman<strong>de</strong>, sérieuse, savante,<br />

consciencieuse, quoique pas toujours heureuse, me plait. Je ne voudrais<br />

pas que vous crussiez que l'absence m'a rendu malveillant envers'mon<br />

pays; mais je ne saurais m'empêcher <strong>de</strong> croire, je vous l'avoue, qu'à c<strong>et</strong>te<br />

heure le foyer du mouvement intellectuel <strong>et</strong> social n'est plus en France,<br />

il est en Allemagne. Certes, l'intelligence n'est pas morte en France, ni<br />

même l'esprit philosophique la Mdtaphysique <strong>de</strong> Vacherot, la Démocratie<br />

du même, <strong>de</strong>ux ouvrages dans lesquels j'ai eu le plaisir <strong>de</strong> voir professer<br />

hautement la substance <strong>de</strong> mes propres idées; enfin la <strong>Revue</strong> germanique,<br />

me le prouvent- Mais il me semble que ces écrits passent par-<strong>de</strong>ssus les<br />

têtes la masse barbotte dans les brochures impériales, les gentillesses<br />

d'About <strong>et</strong> les pornographies d'A. Dumas fils. En politique, en économie<br />

politique, Ravir, L. Jourdan, l'Enfantinisme, sont rois- Les plus audacieux<br />

sont M. Prévôt-Paradol <strong>et</strong> d'llaussonville. <strong>La</strong> nation est aplatie <strong>et</strong> elle<br />

semble se plaire dans l'aplatissement. Je ne connais que l'hypocrisie anglicane<br />

qui puisse être comparée à c<strong>et</strong>te ineptie welche.<br />

<strong>La</strong> <strong>Revue</strong> germanique me parait donc trancher profondément sur tout ce<br />

t. Nefïtzer à flollfus, 45 juin 1358.<br />

2. C<strong>et</strong>te curieuse l<strong>et</strong>tre, datée d'lxelles-lez-Bruxelles, le 44 janvier 4360, est<br />

reproduite telle quelle, avec sa ponctuation <strong>et</strong> son orthographe. cf. la l<strong>et</strong>tre du<br />

même jour à Gustave chau<strong>de</strong>y, dans la Correspondance '<strong>de</strong> Proudhon, t. IX,<br />

1815, P. 313 à 317.


:39 -<br />

'---r--v--<br />

qui se publie en France : mais, cher ami, est-cc que vous ne sentez pas<br />

vous-même que <strong>de</strong>puis quelques mois, il y une p<strong>et</strong>ite baisse? Je vous dis<br />

ceci timi<strong>de</strong>ment <strong>et</strong> parce que l'attention avec laquelle je tous lis, le prix<br />

que j'attache à vos travaux, m'y obligent. Je n'ai pas été, <strong>de</strong>puis trois mois,<br />

aussi satisfait que <strong>de</strong> coutume. Je ne vous citerai rien <strong>de</strong> particulier en<br />

preuve : je m'en rapporte à votre conscience <strong>de</strong> Directeur. Pourquoi vous<br />

<strong>et</strong> votre ami Ni. <strong>Dollfus</strong> ne prenez-vous pas plus souvent la parole?... Pourquoi,<br />

aussi, craignez-vous <strong>de</strong> nous donnèr <strong>de</strong> ces étu<strong>de</strong>s substantielles,<br />

nourries <strong>de</strong> citations <strong>de</strong>s grands maîtres <strong>de</strong> la philosophie <strong>et</strong> <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tres?<br />

Connait-on en France, autrement que <strong>de</strong> nom, les Lessing, les Jacobi,<br />

les Men<strong>de</strong>lsolin, les Kant, Fichte, Schelling, Hegel, Schiller <strong>et</strong> Gocuthe<br />

eux-mêmes, <strong>et</strong>c., <strong>et</strong>c.? Et parmi ceux qui les connaissent, (luel est celui<br />

qui n'aime à les revoir? - Moi, je voudrais qu'à chaque numéro, la pièce<br />

<strong>de</strong> résistance fut prise' <strong>de</strong> l'une <strong>de</strong>s sommités <strong>de</strong> l'Allemagne.<br />

Je fais mes délices <strong>de</strong> vos articles <strong>de</strong> philologie, exégèse, littérature<br />

orientale, <strong>et</strong>c. M. Maury me plaît fort; M. Renan beaucoup moins, malgré<br />

sa science <strong>et</strong> son talent <strong>de</strong> prosateur. M. Renan ne remplace pas à mes<br />

yeux MM. Abel Rému sat <strong>et</strong> E. Burnouf, esprits tout k la fois plus scientifiques<br />

<strong>et</strong> plus fins, plus francs, que lui. De ces <strong>de</strong>ux hommes k M. Renan, il<br />

y a déca<strong>de</strong>nce prononcée. Il a trop l'amour du beau style, <strong>de</strong>s élucubrations<br />

juste-milieu, pour avoir le vrai zèle <strong>de</strong> la science; il est trop indécis<br />

dans sa philosophie, trop sceptique, trop mou, trop lâche, enfin, il faut dire<br />

le mot, pour mériter l'estime... Qu'est-ce que c<strong>et</strong>te religiosité que travail-<br />

«N4ent à sous-introduire en France les Renan <strong>et</strong> autres? Signe du temps?.-.<br />

Mauvais temps, dirai-je, <strong>et</strong> mauvais signé.<br />

Merci encore, mon cher Nefftzer, <strong>de</strong> l'envoi <strong>de</strong> la Presse. Vous faites là<br />

un ru<strong>de</strong> métier. Diriger un journal sous un gouvernement qui vous fait un<br />

crime <strong>de</strong> parler <strong>et</strong> un crime <strong>de</strong> ne parler pas, <strong>et</strong> qui, en même temps, par<br />

sa politique, ses publications, ses tribunaux, ne cesse d'humilier l'écrivain<br />

dans sa conscience <strong>et</strong> dans sa raison.. C'est à faire bondir un cadavre.<br />

Vous vous taisez, c'est tout ce que vous pouvez. Mais votre silence n'est<br />

pas même compris le public, bavard <strong>et</strong> imbécile, donne raison à celui<br />

qui parle...<br />

Les attaques qui venaient du camp opposé n'étaient pas moins<br />

caractéristiques. Le théologien allemand Heinrich Ewald pratiquait<br />

la métho<strong>de</strong> critique, mais il réprouvait énergiquement les conclusions<br />

radicales <strong>de</strong> l'École <strong>de</strong> Tubïngue. Il se livra, contre la <strong>Revue</strong><br />

germanique, qu'il estimait - à tort - inféodée aux doctrines <strong>de</strong> ses<br />

adversaires, k une guerre en règle. Rien n'y manqua ni l'interminable<br />

longueur, ni les critiques, les réponses, lS ripostes, les<br />

répliques, les dupliques, ni les injures enfin bref, une vraie polémique<br />

k l'alleman<strong>de</strong>. Il suffira d'en noter ici quelques épiso<strong>de</strong>s. En<br />

rendant compte, dans les Gûttingisclie gclehrte Anzei yen' du livre <strong>de</strong><br />

Renan sur l'Origine du langage, Ewald avait déclaré qu'il ôtait<br />

j . Numéro du 6 janvier 4850, p. t-H.


40---<br />

téméraire <strong>de</strong> repousser l'origine divine du langage. Ce fut probablement<br />

Renan lui-même qui répondit dans la <strong>Revue</strong> gerrnaniqve.<br />

Quelques parties du jugement <strong>de</strong> M. Ewald portent la trace d'une certaine<br />

prévention que nous ne nous expliquons pas bien... Nous <strong>de</strong>mandons<br />

pardon à M. Ewald, mais nous avons <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> ci-oire qu'ici ses habitu<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> parler théologique l'ont induit en erreur. Divin du français signifie<br />

simplement ce qui revient à un Dieu personnel, tandis que 6t1iich dans ta<br />

bouche <strong>de</strong>s théologiens allemands s'applique à la fois aux choses sponta-<br />

.nes <strong>et</strong> aux choses divines. M. Renan, en disant que le langage, à proprement<br />

parler, n'est ni d'origine divine ni d'origine humaine, mais un produit<br />

spontané, est resté dans le vrai <strong>et</strong> <strong>de</strong> plus il a été parfaitement clair2.<br />

Terrible fut la colère d'Ewald<br />

<strong>La</strong> prévention n'est conciliable ni avec la science ni avec le vrai christianisme,<br />

<strong>et</strong> j'espère que personne n'en pourra jamais trouver trace chez<br />

moi. Mais la <strong>Revue</strong> germanique prouve clairement, une fois <strong>de</strong> plus, qu'elle<br />

est incapable <strong>de</strong> dépasser un certain niveau en religion <strong>et</strong> en philosophie,<br />

<strong>et</strong> qu'elle est atteinte elle-môme <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te prévention qu'elle reproché avec<br />

légèr<strong>et</strong>é à la science alleman<strong>de</strong> la meilleure. Â la manière <strong>de</strong>s Jésuites <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong>s Bonapartes, elle tourne en mal <strong>et</strong> accuse <strong>de</strong> prévention tout ce qui<br />

dépasse son intellect. Elle est si effroyablement en r<strong>et</strong>ard qu'elle sacrifie<br />

encore à la religion <strong>et</strong> à la philosophie <strong>de</strong> Tubingue. Elle veut faire passer<br />

pour <strong>de</strong>s esprits prévenus les théologiens évangéliques ou ceux qu'elle<br />

prend pour tels. Elle prétend nous enseigner que l'allemand gôtttieh <strong>et</strong> le<br />

français divin ont (les sens tout différents elle est jugée en Allemagne par<br />

les gens raisonnables. D'ailleurs, que peut-on attendre <strong>de</strong> bon d'une <strong>Revue</strong><br />

germanique dans le Paris bonapartiste <strong>de</strong> maintenant? Et que viennent<br />

faire ici ces manières françaises? Si N. Renais n quelque chose k dire contre<br />

moi, qu'il le dise <strong>et</strong> qu'il ne le fasse pas dire! Qu'on apprenne donc une<br />

bonne fois ce qu'est aujourd'hui la science alleman<strong>de</strong> - -<br />

<strong>La</strong> <strong>Revue</strong> germanique répondit avec d'autant plus <strong>de</strong> modération•<br />

qu'Ewald, visiblement, en manquait'. De Montauban, Nicolas commentait<br />

l'inci<strong>de</strong>nt -<br />

I. T. IX, livraison <strong>de</strong> février 1860, p. 21. <strong>La</strong> note est anonyme, mais, par une<br />

exception sans doute unique dans toute la collection-<strong>de</strong> la <strong>Revue</strong>, elle est<br />

imprimée avec les même caractères que les articles <strong>de</strong> fond, <strong>et</strong> non an caractères<br />

fins <strong>et</strong> signée, comme il était d'usage pour les comptes rendus <strong>et</strong> les analyses.<br />

2. On remarquera que la l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> Renan, en date du 41 nov. 4857, qui a été<br />

donnée au § I, p. 2-3, répond par avance, <strong>et</strong> très précisément, aux objections<br />

d'Ewald comme <strong>de</strong> Proùdhon.<br />

3. Jahréûcher <strong>de</strong>r Ribhsehen Wissensclioft, L. X, Go<strong>et</strong>tingue, 1860, p. 296.<br />

4. Voir la note <strong>de</strong> Nefllzer, <strong>Revue</strong> germanique, t. XI, 1860, p. 481; les nouvelles<br />

violences d'Ewald dans ses Jahrbiiche,-, L. XI, 1864. p. 131, n. 4; la réponse <strong>de</strong><br />

Stap dans la <strong>Revue</strong> germanique, t. XVI, 1861, p. 474-415. Enfin, quand en 1865<br />

seulement parut le tome XII <strong>de</strong>s Ja/zrbijehe,', la <strong>Revue</strong> germanique avait disparu,<br />

<strong>et</strong> Ewald fut bien obligé <strong>de</strong> ne pas continuer à nouveaux frais la conversation<br />

commencée en -1859.<br />

5. Nicolas à NeOtzer, 30 janvier 1861. -


Ce brave homme ne se fait pas la moindre idée du public auquel nous<br />

nous adressons <strong>et</strong>, par suite, <strong>de</strong> la manière dont nous avons à présenter la<br />

théologie alleman<strong>de</strong>; il ne peut pas, d'ailleurs, digérer qu'on trouve quelque<br />

chose <strong>de</strong> bon dans les travaux <strong>de</strong> l'lcole <strong>de</strong> Tubiugue. Sa sortie contre<br />

Paris bonapartiste est assez plaisante, dirigée comme elle l'est contre la<br />

<strong>Revue</strong> germanique. 11 parait que parmi ses toqua<strong>de</strong>s il s'en trouve une<br />

contre notre empereur. li disait l'année <strong>de</strong>rnière à un <strong>de</strong> nos étudiants qui<br />

visitait l'Allemagne, que Napoléon III était l'Antéchrist I<br />

X<br />

TItANSFORMATION DE LA '( REVUE GERMANIQUE o<br />

Nefftzer voyait les choses plus gravement li discernait, dans les<br />

virulences d'Ewald, non pas seulement une querelle <strong>de</strong> doctrine,<br />

mais la haine du Germain contre o l'ennemi héréditaire n <strong>La</strong><br />

politique impériale lui paraissait <strong>de</strong> plus en plus dangereuse<br />

Je suis assez triste pour le quart d'heure, avoifait-il à <strong>Dollfus</strong> au len<strong>de</strong>main<br />

<strong>de</strong>s sanglantes victoires d'Italie 2, <strong>et</strong> je ne vous disimule pas que<br />

nos triomphes en Italie ne me remplissent pas d'une joie sans mélange.<br />

Je ne suis pas assez étranger au sentiment patriotique pour ne pas admirer<br />

l'étonnante <strong>et</strong> prodigieuse valeur <strong>de</strong> notre armée. Mais quelles épouvantables<br />

boucheries Et qui aurait dit que nous en verrions encore <strong>de</strong> pareilles? Si<br />

la liberté <strong>de</strong> l'Italie en sort, ce sera bien; mais les Italiens sauront-ils la<br />

pratiquer <strong>et</strong> valent ils tout ce qu'on fait pour eux? Sans compter que les<br />

perspectives qui s'ouvrent peur nous ne sont rien moins que satisfaisantes.<br />

Vous connaissez assez mon opinion pour que je n'aie pas besoin d'insister<br />

plus longtemps là-<strong>de</strong>ssus.<br />

Nefftzer prévoyait en eff<strong>et</strong> la guerre prochaine entre la France <strong>et</strong><br />

l'Allemagne. C<strong>et</strong>te pensée l'obsédait. Dans son coeur d'Alsacien<br />

français, elle <strong>de</strong>venait par moments comme un drame <strong>de</strong> conscience<br />

• -i Je ne résisterais pas à une guerre entre la France <strong>et</strong> l'Allemagne<br />

elle se reproduirait en moi-môme'.<br />

Ces craintes terribles, il aurait fallu pouvoir les crier à l'opinion.<br />

Dans l'esprit <strong>de</strong> Nefftzer <strong>et</strong> Dolifus, la <strong>Revue</strong> germanique n'était<br />

qu'un moyen pour réaliser une <strong>de</strong>s idées auxquelles ils tenaient le<br />

I. On sait que 3 dans le langage théologique, Rrbfeind désigne souvent le Diable<br />

en personne.<br />

2. Magenta r 4juin; Solferino 24 juin; la l<strong>et</strong>tre est du 5 juill<strong>et</strong> 4859..<br />

3. A DolIfus, 17 mai 1864. Cf. les conclusions <strong>de</strong> Seingueriel, XII, p. 54, n.2.<br />

-


- 42—<br />

plus : le rapprochement entre la France <strong>et</strong> l'Allemagne, au jwoflt <strong>de</strong><br />

la civilisation européenne. Une guerre, quelle qu'en fût l'issue,<br />

éloignerait pour longtemps les <strong>de</strong>ux peuples. Mais comment parler?<br />

A la Presse la gran<strong>de</strong> affaire était maintenant <strong>de</strong> savoir qui <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

financiers : Solar ou le trop fameux banquier Mirés, réussirait à<br />

prendre la haute main sur lejournal, <strong>et</strong> Nefttzer, désabusé, écrivait:<br />

((Je suis <strong>de</strong>venu,à l'endroit <strong>de</strong> ce fantasque papier, on ne peut plus<br />

fataliste 1 n. -<br />

Mais .11 n'était pas homme h subir une situation qu'il jugeait<br />

moralement intenable. Â la fin <strong>de</strong> 1860, il quitta la Presse <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te<br />

fois pour toujours 5 ; peu après il renonçait à la codirection <strong>de</strong> la<br />

<strong>Revue</strong> germanique 3. Il voulait consacrer tout son temps à l'entreprise<br />

qu'il proj<strong>et</strong>ait. Dolifus l'approuvait <strong>et</strong> l'encourageait<br />

Nefftzer fit, pour recruter <strong>de</strong>s adhérents, une campagne en Alsace; je<br />

me servis, nous dit Dolifus lui-nième', dans la mesure <strong>de</strong> mon influence,<br />

<strong>de</strong> relations <strong>de</strong> famille que je possédais à Muihouse comte à Paris. L'autorisation<br />

du Ministère, alors indispensable, fut décrochée, <strong>et</strong> le Temps<br />

naquit • (le 25 avril 1861).<br />

Dolifus restait donc seul à la tête <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong>. Il résolut <strong>de</strong> la<br />

transformer. A distance, il semble aujourd'hui que le plus sage était<br />

<strong>de</strong> conserver b la <strong>Revue</strong> son caractère germanique, peut-être même<br />

<strong>de</strong> le rendre plus strict encore que par le passé. Que si l'on craignait<br />

la monotonie ou d'augmenter le déficit, il suffisait <strong>de</strong> restreindre<br />

quelque peu les dimensions ou d'espacer la périodicité <strong>de</strong>s livraisons.<br />

<strong>La</strong> <strong>Revue</strong> aurait eu ainsi chance <strong>de</strong> conserver une clientèle<br />

fixe <strong>et</strong> <strong>de</strong> couvrir ses frais. En proportionnant ses dépenses au<br />

nombre <strong>de</strong>s abonnés possible, elle serait peut-être <strong>de</strong>venue capable<br />

<strong>de</strong> se suffire à elle-môme. Delifus adopta exactement le parti contraire.<br />

Au lieu <strong>de</strong> diminuer la <strong>Revue</strong>, il l'augmenta. Il fit grand, il avait<br />

ses raisons qui, sur te moment, parurent excellentes. <strong>La</strong> <strong>Revue</strong> germanique<br />

<strong>de</strong>vait être le grand périodique libéral, comme le ï'enzps<br />

était déjà le grand quotidien libéral. <strong>La</strong> <strong>Revue</strong> <strong>de</strong>s Deux Mon<strong>de</strong>s,<br />

très académique <strong>et</strong> vaguement , orléaniste, comme l'Académie ellemôme,<br />

répondait, par ses opinions <strong>et</strong> son pru<strong>de</strong>nt courage, au<br />

I. A Dolifus, te juill<strong>et</strong> 1860.<br />

2. Il y était entré seize ans auparavant, en 1844, sous la direction d'Émile <strong>de</strong><br />

Girardin.<br />

3. <strong>La</strong> . <strong>de</strong>rnière livraison qu'il signe avec flotifus a paru le 31 janvier 1861<br />

(t. XIII)---<br />

4. L<strong>et</strong>tre du 81 mai 1904,


- 43 -<br />

Journal <strong>de</strong>s Débats. Le Correspondant défendait' les principes libéraux,<br />

mais du point <strong>de</strong> vue catholique. Il y avait dans la presse -<br />

périodique française une place à prendre à côté du Temps.<br />

Les <strong>de</strong>ux publications dirigées parDoilfus <strong>et</strong> par Nefftzer se prêtèrent,<br />

donc un mutuel appui. Plusieurs <strong>de</strong> leurs rédacteurs leur<br />

étaient communs. Leurs lecteurs se recrutaient dans le même milieu.<br />

Une organisation d'abonnements combinés à prix yéduits <strong>de</strong>vait<br />

amener au journal les lecteurs <strong>de</strong> la revue, à la revue les lecteurs<br />

du journal. En élargissant le domaine <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong>, Dolifus espérait<br />

augmenter le nombre dS souscripteurs, <strong>et</strong> qui sait? combler les<br />

déficits antérieurs. Fils <strong>de</strong> grand industriel -. <strong>de</strong> c<strong>et</strong> admirable<br />

Jean PollUes qui a porté jusqu'à l'héroïsme les vertus patriciennes<br />

du vieux Mulhouse, - il savait que si l'offre est en théorie subordonnée<br />

it la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, il arrive aussi dans les affaires que souvent<br />

la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> augmente quand l'offre se multiplie. L'expérience seule<br />

pouvait déci<strong>de</strong>r. -<br />

<strong>La</strong> <strong>Revue</strong> <strong>de</strong>vint bimensuelle'. Chaque livraison compta environ<br />

40 feuilles d'impression <strong>et</strong> chacun <strong>de</strong>s six volumes annuels eut<br />

ainsi 640 pages. En 4859, le libraire Franck était r<strong>et</strong>ourné en Ailemagne,<br />

<strong>et</strong> la maison était passée aux mains d'Albert Herold <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

Lindner avec Frédéric Vieweg comme associé 2 . Tout en conservant<br />

son e dépôt principal n à la « librairie Franr.k » (la raison sociale<br />

avait été conservée), la <strong>Revue</strong> avait alors quitté la rue Richelieu <strong>et</strong><br />

s'était installée, 7, passage Saulnier 3 , avec un employé en permanence<br />

pour tous les détails d'administration. Mainténant, elle transporta<br />

son bureau <strong>et</strong> son dépôt dans un local mieux aménagé, 41, rue<br />

<strong>de</strong> Trévise s. Elle brisait ainsi ses attaches anciennes. Bien plus<br />

elle modifia son titre. De <strong>Revue</strong> germanique qu'elle était, cite <strong>de</strong>vint<br />

la <strong>Revue</strong> germanique, française <strong>et</strong> étrangère 5 , <strong>et</strong> ensuite, plus simplement,<br />

la <strong>Revue</strong> germanique <strong>et</strong> française'.<br />

Son programme nouveau avait été annoncé dans un Avis au lecteur<br />

signé par Charles Doilfus'.<br />

1. Â partir du 15 <strong>et</strong> du 31 décembre 4860 (t. XII). L'année 4860 compta<br />

13 livraisons.<br />

2. Celui-ci <strong>de</strong>vint seul propriétaire en mars 1865, à la mort <strong>de</strong>s successeurs <strong>de</strong><br />

Franck. En 1888, il céda le fonds à son gendre Émile Bouillon.<br />

. Janvier 4850 (t. V).<br />

4. Mars 186! (t. XIV).<br />

5. Mais le Litre courant <strong>Revue</strong> germanique n'est pas modifié <strong>et</strong> la tomaison<br />

reste continue (mars 1861, t. XIV).<br />

G. Mémes remarques (mars 4862, t. XX).<br />

1. T. XIV, p, 5.


44 -<br />

• <strong>La</strong> <strong>Revue</strong> germanique, autorisée à faire 'le dépôt d'un cautionnement,<br />

s'est acquis la faculté <strong>de</strong> compléter définitivement son cadre en traitant<br />

désormais, à côté <strong>de</strong>s matières littéraires <strong>et</strong> scientifiques, celles <strong>de</strong> politique<br />

<strong>et</strong> d'économie sociale... (Elle) introduira dorénavant, à côté <strong>de</strong>s travaux<br />

<strong>de</strong> pure origine alleman<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s travaux critiques ou originaux, français <strong>et</strong><br />

étrangers, tout en se `maintenant sur le terrain plus spécial où elle s'est<br />

- établie, <strong>et</strong> eu se conformant à son titre <strong>et</strong> au but qu'elle s'est proposé.<br />

En termes plus n<strong>et</strong>s, la <strong>Revue</strong> cessait d'être exclusivement germanique<br />

tout en restant <strong>Germanique</strong> la critique du plan nouveau est<br />

dans la formule même <strong>de</strong> ce plan. Par contre, les principes poli-<br />

tiques <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> sont d'une remarquable n<strong>et</strong>t<strong>et</strong>é, <strong>et</strong> ils valent<br />

d'être reproduits'.<br />

<strong>La</strong> <strong>Revue</strong> germanique <strong>et</strong> française a son programme en philosophie,<br />

qui est la libre recherche... En politique, elle obéit au même esprit. Elle<br />

n'appartient à aucun parti, excepté à celui <strong>de</strong> la liberté. Mais elle ne croit<br />

pés à la liberté par la violence; elle ne croit â la libezté que par la liberté...<br />

(Elle <strong>de</strong>man<strong>de</strong>) la liberté communale ou la décentralisation administrative;<br />

l'enseignement primaire, auxiliaire <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te liberté, imposé par l'État aux<br />

communes en r<strong>et</strong>our <strong>de</strong> leur autonomie; le département, élevé à sa véritable<br />

hauteur par <strong>de</strong>s attributions effectives accbrdées aux conseils généraux; la<br />

séparation <strong>de</strong>s églises <strong>et</strong> <strong>de</strong> VÉtat, leur indépendance réciproque à charge<br />

pour les églises <strong>de</strong> respecter, comme tontes les associations, la gran<strong>de</strong><br />

association gouvernée pan la justice <strong>et</strong> qui est le pays lui-même personnifié<br />

dans ses pouvoirs constitutifs; la liberté <strong>de</strong> l'esprit <strong>et</strong> <strong>de</strong>s opinions sous<br />

tontes les formes dans l'élection, dans la presse, dans l'enseignement;<br />

liberté qui sous l'égi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s réformes signalées n'aurait plus aucun péril,<br />

car la liberté ne peut rien contre la liberté. Tels sont les contours généraux<br />

<strong>de</strong> notre programme politiqué. -<br />

Aupoint <strong>de</strong> vue économique <strong>et</strong> social, la kevue était moins affirmative,<br />

mais elle reconnaissait que u le prolétariat est au premier<br />

rang n <strong>de</strong>s questions « qui préoccupent notre temps' .<br />

Comment sortirons-nous <strong>de</strong> ce douloureux problème? Nous ne croyons<br />

Pas aux coups d'autorité ni aux systèmes qui mènent aux coups d'autorité<br />

f nous ne croyons qu'au progrès, c'est-à-dire à la liberté, assistée<br />

du temps, <strong>de</strong> la volonté <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'intelligence. <strong>La</strong> liberté <strong>et</strong> l'intelligence,<br />

s'appliquant aux problèmes dont le salaire est le nœud, aboutissent nécessairement<br />

à l'association. Mais sous quelle forme? Les associations se<br />

feront-elle entre ouvriers <strong>et</strong> patrons ou bien seulement entre ouvriers<br />

seuls? Se formeront-elles pour la consommation ou pour la production, ou<br />

bien k la fois pour l'une <strong>et</strong> pour l'autre? L'expérience, abandonnée à son<br />

libre essor, prononcera.<br />

1. Déclaration, sans titre, signée par Dolifus, 't. XXIV, p. e-6.<br />

2. Note <strong>de</strong> DolIfus, t. XXV, p. O .11 (a propos <strong>de</strong>s remarquables articles<br />

donnés par Élie Reclus sur la coopération).


- 45 -<br />

xi<br />

LA « REVUE GERMANIQUE ET FRANÇAISE ».<br />

Dolifus développa en une longue série d'articles généraux', dont<br />

plusieurs portent le titre commun d'Essais sur le XIX' siêcle 2, ou <strong>de</strong><br />

Monologues philosophiques', les principes énumérés dans le programme<br />

<strong>de</strong> la <strong>Revue</strong>. D'autres avec lui étudièrent, dans le môme<br />

dogmatisme libéral, les questions dujour 4 , les doctrines <strong>de</strong> quelques<br />

philosophes' .ou certains épiso<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> France 6 . Pareillement<br />

furent découpés en articles le passé <strong>et</strong> le présent <strong>de</strong>s peuples<br />

anciens <strong>et</strong> mo<strong>de</strong>rnes les civilisations orientales' <strong>et</strong> la mythologie 8,<br />

l'antiquité classique', l'Angl<strong>et</strong>erre '°, la Suisse, tes Pays-Bas, le Dane-<br />

4. L'Église <strong>et</strong> l'État (t. XIV); le principe <strong>de</strong>s nationalités (t. XIV); 1a paix <strong>et</strong><br />

la guerre (t. XVII); ta décentralisation (t. XVIII); le gouvernement représentatif,<br />

d'après Stuart MIII (t. XXI); la liberté d'enseignement (t. XXVI).<br />

2. <strong>La</strong> crise religieuse (t. XXVII); l'esprit mo<strong>de</strong>rne (L XXVIII); la société <strong>et</strong> les<br />

moeurs (t. XXIX); l'esprit <strong>de</strong> la science (t. XXXI); l'art mo<strong>de</strong>rne (L XXXI).<br />

3. T. XVIII à XXI; à comparer avec les L<strong>et</strong>tres philosophiques <strong>de</strong> 1851.<br />

4. A. Castelnau :les nationalités (t. XXV); V. ChaulTour-Kesiner -ja peine <strong>de</strong><br />

mort d'après Mittermaier (t. XXII-XXIII); Eug. Maron le pouvoir ministériel<br />

(t. XX), la liberté communale (t. XVI), le libéralisme -démocratique <strong>et</strong> Royer-<br />

Collard (t. XV);J. Milsand: le co<strong>de</strong> civil <strong>et</strong> la libertd(t. XXX <strong>et</strong>XXXII); A. Réville<br />

<strong>de</strong> la liberté <strong>et</strong> du progrès (t. XXVII). le congrès <strong>de</strong>s sciences sociales (t. XXXI);<br />

L. <strong>de</strong> llonchaud <strong>de</strong> l'instruction primaire (t. XX).<br />

5. Â. Castelnau c-ii, <strong>de</strong> Saint-Simon (I. XXVIII); Ed. Grimard Bordas-<br />

Demoulin (t. XXIV); M. Nicolas les données fondamentales <strong>de</strong> la science, d'après<br />

Cournot (t. XX).<br />

6. A. <strong>de</strong> Circourt': charles le hardi (ou le Téméraire), d'après Xirk (t. XXX);<br />

Bonnemère les États provinciaux sous Louis XIV (t. XXXI); flolifus la Terreor<br />

d'après Mortimer-Ternaux (t. XVIII); chauffour-Itestuer l'Eglise <strong>et</strong> la Révolution,<br />

d'après Pressensé (t. XXXI), le Consulat <strong>et</strong> l'Empire, d'après Thiers<br />

(t. XXIV); Eng. Maron la Restauration, d'après VieI-castel <strong>et</strong> fluvergier <strong>de</strong><br />

Ilauranne (t. XXIV); la Révolution <strong>de</strong> 1848, d'après D. Stem (t. XXI).<br />

1. Sur l'In<strong>de</strong> <strong>et</strong> la littérature sanscrite A. Barth (L XXVIII à XXX), Max<br />

Millier (traduction, t. XVIII); Vivien <strong>de</strong> Saint-Martin (t. XV, XVI, XXII <strong>et</strong> XXIII);<br />

le même sur l'Assyrie (L XIX-XX) <strong>et</strong> sur l'Iran (t. XVII); sur la Phénicie .: E. Renan<br />

(t. XXV).<br />

8. F. Baudry : le mythe du feu <strong>et</strong> du breuvage céleste (t. XIV-xv); Champfleury<br />

(pseud.. pour Husson-Fleury) la légen<strong>de</strong> du Juif errant (t. XXX); A. Rê.<br />

ville : les dieux (t. XV-XVI) <strong>et</strong> les <strong>de</strong>mi-dieux (t. XXIII-XXIV) <strong>de</strong> la Grèce antique<br />

(d'après Preller).-<br />

9. F. Baudry: les antiquités<strong>de</strong> la collection Campana (t. XXIIi); G. d'Eichthal<br />

Platon (t. XXV); E--3h. <strong>La</strong>rdin les postes en Gaule (t. XIX <strong>et</strong> XXII); AIL Maury<br />

les origines <strong>de</strong> [orne (t. XVII); il. <strong>de</strong> Ronchaud Phidias (t. XV); C. <strong>de</strong> Seuil,<br />

les femmes grecques au temps d'Éiomère (t. XXV, XXIX <strong>et</strong> XXXII); E. <strong>de</strong> Sucl


- 46 -<br />

mark, la Pologne; la Turquie, les États-Unis 1 , l'Italie 2 <strong>et</strong> l'Espagne 2.<br />

Les étu<strong>de</strong>s consacrées aux <strong>de</strong>stinées <strong>de</strong> l'Église, <strong>de</strong>s origines lointaines<br />

à un avenir non moins lointain <strong>et</strong> hypothétique, sont, comme<br />

il était. <strong>de</strong> tradition à la <strong>Revue</strong> germanique, particulièrement nombreuses<br />

<strong>et</strong> importantes'.<br />

Dix amusants essais d'Ém. Deschanel sur la physiologie appliquée<br />

k la critique (t. XXV à XXVIII), un r<strong>et</strong>entissant article <strong>de</strong> Tome<br />

intitulé l'histoire, son présent <strong>et</strong> son avenir', <strong>de</strong> belles étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

Gaston Pâris sur Iluon <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux (t. XVI) <strong>et</strong> la Chanson do Roland<br />

comparée aux Nibelungen (t. XXV), doivent flre mis en ve<strong>de</strong>tte.<br />

tentative <strong>de</strong> théologie •rationaliste<br />

en Angl<strong>et</strong>erre en 1860 (t. XV); Charles<br />

Dickens Mon journal, traduction (t. XXXI); Aug. <strong>La</strong>ugel l'université d'Oxford<br />

(t. Xxv); Th. Karcher Buchle, nécrologie (t. XXII). Du môme Kareher (un Alsacien,<br />

exilé après le coup d'Etat <strong>et</strong> <strong>de</strong>venu professeur à Woolwich) une longue<br />

suite d'étu<strong>de</strong>s sur la Constitution (t. XXII-XXIV), le Parlement (LXXVIII), la-justice<br />

criminelle (t. XXXI), les partis politiques (t. XXXIV) <strong>et</strong> la presse (t. XXXVII);<br />

en Angl<strong>et</strong>erre. -<br />

f. Y. Cbauffour-Kestner la Suisse, son organisation politique (t. XXIX);<br />

D. Stem les Pays-Bas, <strong>de</strong> 1584 à 1609 (t. XXVI-XXVII); T.-H. Dubois (Nefftzer)<br />

la question danoise (t. XVII); Eug Seinguerl<strong>et</strong>, la domination danoise, en<br />

Schleswig-Holstein (t. XXVIII); AlÉr. Dubois l'ultramontanisme en Pologne au<br />

xv" siècle (t. XXV); Elle Reclus Joachim Lelewel (t. XV); A. Stap Constantinople<br />

(t. XVII); Élisée Reclus Paysages du Taurus cilicien (t. XV); Aug. <strong>La</strong>ugcl<br />

l'esclavage aux Etats-Unis (t. XIV; cf. t. XVIII <strong>de</strong> la nécessité d'abolir l'escia-<br />

'vage dans l'Amérique du Nord, article anonyme trad. <strong>de</strong> l'allemand).<br />

2. P. Brissot: la situation h Renie en 4862 (t. XIX-XX); Eug. 'Marna la politique<br />

anglaise en Italie (t. XVII); Marc Monnier Naples hérétique <strong>et</strong> panthéiste<br />

(t. XXV), les révélations d'une ancienne religieuse bénédictine OE Naples (t.XXXI);<br />

,F.-T. Perrens le théâtre à Naples (L XVII), les héritiers <strong>de</strong>. Cavour (t. XXX);<br />

R. Po<strong>de</strong>sta Histoire d'un curé <strong>et</strong> d'un âne, 'd'après Guerre-iii (t. XX).<br />

3. Alpli. Feill<strong>et</strong> l'Espagne au xvi' siècle (t. XXX); 3.41. Guàrdia VEspagnc<br />

protestante (t. XVII-XVIII), Raymond Lulle • le docteur illuminé ' (t. XIX), ta littérature<br />

espagnole (t. XXII; cf. I.XXX, p. 342, P. 653, <strong>et</strong> L. XXXII, P. 178 pol&<br />

nuque avec Phi]. Chasles), Louis <strong>de</strong> Léon (t. XXIV), Melchior Cano (t. XXVIII),<br />

un auto-da.fé en I!S50 (t. XXXII).<br />

4. M. Nicolas Etudcs critiques sur les Évangiles (t. XXIII à XXVI), <strong>de</strong> la<br />

formation du canon du , Nouveau Testament (t. XVI), le Symbole <strong>de</strong>s Apôtres<br />

(t. XXXII-XXXIII), tes Éva ngiles apocryphes (t. XXIX à XXXI); A. Stap 1 les<br />

Actes <strong>de</strong>s Apôtres (t. XIV), le texte du Nouveau Testament (t. XXVI); Alb. Réville:<br />

la vie <strong>de</strong> Jésus <strong>de</strong> M. Renan (t. XXVII, p. 571; cf. P. 481), la divinité <strong>de</strong> Jésus-<br />

Christ (t. XXX); X. Mossmann les fables <strong>de</strong> la pàpaulé au moyen âge<br />

(t. XXVIII), J. Greffier le Théâtre <strong>et</strong> I'Eglise (t. XXVII); C. <strong>de</strong> Sault, du rôle<br />

<strong>de</strong> l'anthropomorphisme dans l'art religieux (L XX); E. Fontanès Calvin <strong>et</strong> la<br />

pré<strong>de</strong>stination (t. XXIX); C.-J. Tissot l'Église libre du canton <strong>de</strong> 'Vaud (t. XXVI);<br />

Ch. <strong>Dollfus</strong> le cas <strong>de</strong> M. A, Coquerel fils (t. XXIX) Ch. Ver IlueIl un nouvel<br />

essi d'apologétique chrétienne, d'après-E. Naville (t. XXVIII); l'Église <strong>de</strong> l'avenir.<br />

d'après F. Pécaut (t. XXXII); A. Réville l'avenir <strong>de</strong> la papauté (t. XIX).<br />

5. T. XXVII, numéro du 4" déc. 1863, p. 625. C<strong>et</strong> article est <strong>de</strong>venu la célèbre<br />

préface <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> la littérature anglaise. A lui seul, II suffirait pour faire la<br />

gloire d'une revue. Pour mesurer la distance qui sépare un Taine d'un esprit<br />

moyen, com p., par contraste, J. <strong>La</strong>hbé, <strong>La</strong> Philosophie <strong>de</strong> tItistoire, sa métho<strong>de</strong><br />

<strong>et</strong> ses principes, t. XXVII, numéro du 1" sept. 3863, p. 146. Cf. F. Baudry, Philosophie<br />

<strong>de</strong> l'histoire littéraire l'aine (t. XXX).


- 47 -<br />

Un jour, la <strong>Revue</strong> publia Le diabe au café, manuscrit inédit <strong>de</strong><br />

Di<strong>de</strong>rot (t. XXIX). Beaucoup s'y laissèrent prendre, même <strong>de</strong>s mieux<br />

informés ce n'était qu'un ingénieux pastiche dont Fauteur anonyme<br />

est Louis Ménard. Des romans ou nouvelles d'Arthur Arnould<br />

(t. XXV à XXVII), Zacharie Astruc (t. XIX), fleuri Augu (t. XXXII),<br />

Henry Cook (t. XXI), PaufDeltuf (t. XXIX-XXX), L.-M, Devic (roman<br />

adapté <strong>de</strong> l'arabe, t. XIX, XXI <strong>et</strong> XXII), Ch. <strong>Dollfus</strong> (t. XXIII-XXIV<br />

<strong>et</strong> XXX), Ed. Grimard (t. XXVII!), Jules Kergomard (t. XXII-XXIII),<br />

Lm. <strong>La</strong>iné (t. XXXII), Juli<strong>et</strong>te <strong>La</strong>mber (t. XVIII <strong>et</strong> XX), Cam. Lebrun<br />

(t. XXIX), A. Strehly (t. XVII), Mid. Solar sous le pseudonyme <strong>de</strong><br />

Max VaWey (t. XXXI-XXXII), <strong>de</strong>s poésies nombreuses, mais bien<br />

inégales, <strong>de</strong>s critiques d'art qu'on voudrait plus fréquentes, car<br />

elles sont presque toutes excellentes'->, les chroniques musicales <strong>de</strong><br />

Bertrand 3; enfin, les articles scientifiques ou techniques complètent<br />

les sommaires <strong>de</strong> la nouvelle <strong>Revue</strong> germanique, en tant<br />

qu'elle n'est plus gernianique.<br />

Les traductions <strong>de</strong> l'allemand sont maintenant plus rares à peine<br />

un article sur quatre. Ce sont <strong>de</strong>s récits <strong>de</strong> B. .Auerbach (t. XIV<br />

<strong>et</strong> XIX), P. Heyse (t. XXViIL), L. Kalisch (t. XV), L. Kompert(t. X\L--<br />

XVI, XXVII <strong>et</strong> XXIX), Aif. Meissner (t. XXIV à XXVI), Th. Storm<br />

(t. XV), G. Struensée (t. XV à XVII), Ottilie Wil<strong>de</strong>rrnuth (t. XIV), <strong>et</strong><br />

un curieux roman anonyme (à clé), présenté par A. Boscowitz<br />

(t. XXVI <strong>et</strong> XXXII); nué tragédie <strong>de</strong> G. Fieytag (t. XVIII), <strong>et</strong> une<br />

comédie <strong>de</strong> H. <strong>de</strong> Kleist (t. XVI); <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tres <strong>de</strong> L. Boerne (t. XIV),<br />

d'Élisab<strong>et</strong>h-Charlotte, duchesse d'Orléans, la princesse Palatine<br />

t. Mine Ackerrnann (L. XXIX); Amiel (t. XXV); Mine ilommaire <strong>de</strong> Heu<br />

(L XIX); A. Hubert (t. XXIV); A. Lefèvre (t. XXVII, XXIX è XXXI); Am. Marteau<br />

(t. XXVII); II. du I'ontavice <strong>de</strong> lleussey (t. XXIII); L. Ratisbonne (t. XIV,<br />

XVIII, XXIV, XXXI); L. <strong>de</strong> Ronchaud (t. XXVIII); D. Stem (I. XXV); À. Stithly<br />

(t. XV); H. <strong>de</strong> Suekau (t. XXVIII); André Theuri<strong>et</strong> (t. XXIII).<br />

2, F. Baudry Gustave Doré (t. XIX): W. Bûrger ; l'avenir (t. XV) <strong>et</strong> les nouvelles<br />

tendances <strong>de</strong> l'art (t.XIX); P. cl,allernel-<strong>La</strong>cour le Salon <strong>de</strong> 1864 (t. XXIX);<br />

L. Viardot causerie sur les arts (t. XXX); F. <strong>de</strong> Villars Memling (t. XXXII),<br />

van. Eyck (t. XXXI); <strong>et</strong> les articles notés précé<strong>de</strong>mment <strong>de</strong> <strong>Dollfus</strong> <strong>et</strong> C. <strong>de</strong><br />

SauR.<br />

3. Notamment aux tomes XV, XVII, XVIII, XX, XXI, XXV, XXVII, XXVIIL<br />

4. Guy <strong>de</strong> charnacé la production chevaline en Franco (t. XXII, XXIII);<br />

Ed. Claparè<strong>de</strong> Darwin <strong>et</strong> sa théorie <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong>s espèces (t. XVI.XVII);<br />

C. Daresle Isidore Geoffroy SI-Hilaire (t. XVIII), l'histoire <strong>de</strong> ta numération<br />

(t. XX, XXI); W. <strong>de</strong> Fonvielle aérolithes (t. XXII), aurores boréales (t. XXIV);<br />

L. Gran<strong>de</strong>au la raison <strong>et</strong> la folie (t. XXIX); Gratiol<strong>et</strong> l'anthropologie<br />

(t. XXIX); Eug. <strong>La</strong>taye le réve (t. XXII); Elle Margollé: la télégraphie météorologique<br />

(t. XXVI), le botaniste Mirhel (t. XXVI), l'aquarium <strong>et</strong> la culture <strong>de</strong>s<br />

eaux (t. XXVIII. XXX <strong>et</strong>XXX1); L. Vacher la question <strong>de</strong>s générations spontanées<br />

(I. XVII); F. Zureher z la prévision du temps (t. XXVII), les tempêtes<br />

(t. XXVII1).


- 48 -z-<br />

-(t. X)U <strong>et</strong> XXIII); <strong>de</strong> Go<strong>et</strong>he h Mme <strong>de</strong> Stem (t. XXVII h XXIX),<br />

<strong>de</strong> H. Heine (t. XXIX, p. 246; cf.- p. 366 <strong>et</strong> t. XXX), <strong>de</strong> G. <strong>de</strong><br />

Humboldt (t. XXXI), <strong>de</strong> F. Men<strong>de</strong>lssohn-Bartholdy (t. XX); <strong>de</strong>s<br />

relations ou mémoires <strong>de</strong> Go<strong>et</strong>z <strong>de</strong>. Berlichingen (t. XX <strong>et</strong> XXIII<br />

k XXV), du baron <strong>de</strong> Gentz (t. XV), <strong>de</strong> Maurice Hartmann (t. XXI<br />

<strong>et</strong> XXII), <strong>de</strong> \j• ffilstow, chef d'état-major <strong>de</strong> Garibaldi (t. XXI<br />

à. XXIII), <strong>de</strong> Varnhagen d'Ense (t. XIX, XX., XXIV, XXV <strong>et</strong> XXXIII);<br />

le Fibel (t. XX .kXl) <strong>et</strong> la Lôvana (t. XXVII, XXVIII <strong>et</strong>. XXX)<br />

<strong>de</strong> J.-P. Richter, la M'!laphysiquc <strong>de</strong> la mort <strong>de</strong> Schopenhauer<br />

(t. XIV-XV); <strong>de</strong>ux sermons <strong>de</strong> K. Schwartz. (t. XXI <strong>et</strong> XXXII,<br />

p 246; cf. p. 464), l'introduction h la Nouvelle Vie <strong>de</strong> Jésus <strong>de</strong><br />

D--F. Strauss'; une douzaine -d'articles divers pas plus 2;<br />

<strong>de</strong>s<br />

imitations <strong>de</strong> Freiligrath, Go<strong>et</strong>he, J-Ieinzen, Uhland, Zedlita, versifiées<br />

par E. Deschamps (t. XXIV), A. Hubert (t. XXII), Th. IÇarcher<br />

(t. XVII, XIX XXI <strong>et</strong> XXVI), Marc Monnier (t. XXVIII), Rog<strong>et</strong>,,<br />

baron <strong>de</strong> Bellogu<strong>et</strong> (t. XXI) : la liste est courte.<br />

Également courte sera celle <strong>de</strong>s articles consacrés t l'Allemagne<br />

F. I3audry les frères Grimm (t. XXVIiI); Ch. Berthoud l'helléniste<br />

Hase (t. XXX ); A. Boscowita l'Allemagne au nus' siècle, Spener,<br />

Francke, Zinzendorf, les princes <strong>de</strong> Prusse, Hanovre, Saxe <strong>et</strong> les<br />

p<strong>et</strong>ites cours princières (t. XX h XXII <strong>et</strong> XXIV); W. Burger les<br />

Musées d'Allemagne (t. XIII-XIV); Challcmel-'Lncour Aug. Berger<br />

(t. XXIV), GuilI. <strong>de</strong> Humboldt (t. XXVII h XXIX), Uhland (t. XXXI).;<br />

GuilI. Depping la famille Palatine (t. XXXI-XXXII); L. Gran<strong>de</strong>au:<br />

Je chimiste .\Vcehler (t. XXX); AIr. Hédouin : Go<strong>et</strong>he, d'après<br />

Lewes (t. XVII à XXI, cf. t. XXI, p. 593 : rectifications, par Ch.<br />

Dolifus); J. Ilunziker : la mythologie alleman<strong>de</strong> (t. XIII-XIV);<br />

<strong>de</strong> Lescure : l'émigration française en Allemagne <strong>de</strong> 1790 h 13152<br />

1. T. XXX, avec notices par iNelîtzer (t. XXX) <strong>et</strong> par foutus (t. XXXI). <strong>La</strong> Nouvelle<br />

Vie <strong>de</strong> JSus, traduite par Nefftzer <strong>et</strong> Doilfus a été publiée en 1864, 2' éd.,<br />

4865; ou sait qu'elle diffère notablement <strong>de</strong> la Vie <strong>de</strong> Jésus du môme auteur<br />

(1832), traduite par Littré (4839-1840; 2' éd., 1855; 30 éd., (864).<br />

2. J. Ami<strong>et</strong> la diète <strong>de</strong> Soleure en 1129 (t. XXII); c.-P. nitintsclili la liberté<br />

<strong>de</strong> ]'Église (t. XVI); M..Rùdinger les Northmans (t. XVIII); X. Hase Franois<br />

d'Assise (t. XXVI-XXVII); J.-R. Meyer la migration <strong>de</strong>s âmes (t. XVI-li);<br />

C.-N. l'ischon le mont Athos (t. XXI-XXII). Ed. Schmidt-Weisséntels le due<br />

<strong>de</strong> Gotha, avec la réponse du due Ernest (t. XVII); L. Simon le constitutiona- -<br />

lisme Prussien (t. XVIIJ) Ch. Vogt les États d'animaux, satire politique<br />

(t. XVIII); F. wùstcnfeld l'Égypte ancienne (t:XVI); E. Zeller le monothéisme<br />

chez les Grecs (t. XXIII); anonyme le clergé russe <strong>de</strong>puis le xv" siècle<br />

(t. XXV).<br />

3. SSac <strong>de</strong> Meilban, Rivarol, Bardas, Villers, Mesd. Vigée-Lebrun, <strong>de</strong> Sabran,<br />

<strong>de</strong> Genlis <strong>et</strong> <strong>de</strong> Lichtenau, le comte <strong>de</strong> Tilly, Boufflers; ])ampmartin, Calonne,<br />

Mercy-Argenteau, le comte <strong>de</strong> la Marck, le prince <strong>de</strong> Ligne, Mad. <strong>de</strong> Staël.


- 49 -<br />

(t; XXIII, XXXIi <strong>et</strong> XXXVII); A. Maillard AIf. R<strong>et</strong>hel (t. XVII),<br />

H. <strong>de</strong> Kleist (t. XXV); F. Morin l'école hégélienne <strong>et</strong> l'école éclectique<br />

(t.- XIV, élu<strong>de</strong> inachevée); X. Mossmann : la question administrative<br />

en Allemagne (t. XXVII); Élie Reclus : la coopération <strong>et</strong><br />

les - associations -ou corporations .ouvrières en Angl<strong>et</strong>erre <strong>et</strong> en<br />

Allemagne- (t-. XXIV, XXV <strong>et</strong> XXVIII à XXX), le peintre Meyerheim<br />

(t. XXXII); Eug. Risleï' : l'économie rurale <strong>de</strong> l'Allemagne : Ba<strong>de</strong><br />

<strong>et</strong> Wurtemberg (t. XIIi, XVI, XVII, XIX, élu<strong>de</strong> inachevée);<br />

Eugv Seinguerl<strong>et</strong> -: les universités alleman<strong>de</strong>s (t. XVI, étu<strong>de</strong> inachevée);<br />

Daniel Stem : Dialogues sur. Dante <strong>et</strong> Go<strong>et</strong>he (t. XXVIII,<br />

XXXI, XXXIII <strong>et</strong> XXXV).<br />

Dans l'ensemble, il est incontestable que la nouvelle <strong>Revue</strong> germanique<br />

n'est pas en progrès sur l'ancienne. Chose curieuse : k qui la<br />

feuill<strong>et</strong>te <strong>de</strong> nos jours, elle paraltplus vieillie, encore qu'elle soilplus<br />

récente. A très peu d'exceptions près, les nouvelles recrues ne<br />

dépassent pas l'honnête médiocrité. Les meilleurs rédacteurs restent<br />

toujours ceux <strong>de</strong> la première génération. Leur -valeur individuelle<br />

est plus forte; leur groupe est plus homogène. <strong>La</strong> partie germanique<br />

conserve donc sa supériorité, malgré certaines traces <strong>de</strong> négligence:<br />

<strong>et</strong> le symptôme est fàcheux que <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s ou séries d'articles<br />

soient restées inachevées. Sans doute, les collaborateurs <strong>de</strong> la nouvelle<br />

<strong>Revue</strong> tiennent au libéralisme; mais à l'ancienne <strong>Revue</strong>, les<br />

affinités étaient plus étroites. On n'était pas seulement libéral,- mais<br />

libre penseur. L'air sentait la poudre. En dépit <strong>de</strong> !a pru<strong>de</strong>nce raisonnée<br />

<strong>de</strong> <strong>Dollfus</strong> <strong>et</strong> Ncfftzer, la <strong>Revue</strong>, par les attaques mêmes<br />

qu'elle avait eu k subir, était plus militante. Les premiers volumes<br />

sont encore aujourd'hui comme frémissants d'une bataille d'idées.<br />

Maintenant, les temps héroïques sont finis. Les polémiques cessent.<br />

<strong>La</strong> <strong>Revue</strong> occupe assurément un rang fort honorable dans l'histoire<br />

intellectuelle du Second Empire; mais elle s'est assagie; elle n'a<br />

plus l'originalité vivante <strong>et</strong> agissante <strong>de</strong> ses premières années.<br />

D'autre part, tous les rédacteurs <strong>de</strong> l'ancienne <strong>Revue</strong> savaient l'allemand<br />

<strong>et</strong> presque tous les nouveaux venus l'ignorent. Tel d'entre<br />

eux ne craint pas <strong>de</strong> consacrer six longs articles à Go<strong>et</strong>he - d'après<br />

un livre Anglais! Un peu plus tard, tel autre, pour faire connaître le<br />

nouveau système d'acoustique musicale <strong>de</strong> Helmholtz, analyse un livre<br />

français qui n'est lui-même qu'une analyse <strong>de</strong> l'original. <strong>La</strong> pratique<br />

d'un langue étrangère crée toujours une sorte <strong>de</strong> parenté morale<br />

<strong>et</strong>, il y a cinquante ans, la pratique <strong>de</strong> l'allemand fournissait par<br />

surcroît une métho<strong>de</strong> intellectuelle, puisqu'elle rendait accessibles<br />

PARI5ZT. - 4 -


- -<br />

les travaux <strong>de</strong> la science germanique. Il serait hors <strong>de</strong> propos dinslituer<br />

ici une comparaison entre la mentalité française <strong>et</strong> alleman<strong>de</strong><br />

d'alors; mais - la science, la conscienc e, le souci d'exactitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

rédacteurs germanisants contraste souvent d'une manière frap- i<br />

parité, côte à côte dans la même livraison <strong>de</strong> la nouvelle <strong>Revue</strong>, avec<br />

la désinvolture, la facon<strong>de</strong> <strong>et</strong> la légèr<strong>et</strong>é <strong>de</strong>s collaborateurs récents.'<br />

<strong>Revue</strong> germanique <strong>et</strong> française/ Le titre même <strong>de</strong>venait une antithèse,<br />

<strong>et</strong> qui n'était que trop vraie.<br />

Les rubriques groupées dès l'origine k la fin <strong>de</strong> chaque fascicule'<br />

- courrier, chronique, bull<strong>et</strong>in, mélanges - subirent une évolution.<br />

intéressante. Doflfus renonça à la pratique <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>les que la <strong>Revue</strong><br />

se faisait adresser, plus ou moins régulièrement, <strong>de</strong>s principales villes<br />

alleman<strong>de</strong>s, mais il eut pour chacun <strong>de</strong>s trois grands pays voisins<br />

<strong>de</strong>s correspondants. atlirds, <strong>et</strong>les Courriers (politiques) (Je Seinguerl<strong>et</strong><br />

<strong>et</strong> (littéraires) <strong>de</strong> Maillard pour l'Allemagne, <strong>de</strong> Phl1ips pour l'Angl<strong>et</strong>erre,<br />

d'Amédéc Roux pour l'Italie, sont instructifs. - <strong>La</strong> Chronique<br />

changea <strong>de</strong> caractère elle <strong>de</strong>vint politique <strong>de</strong> littéraire qu'elle<br />

était au début (<strong>1858</strong>-1860): Rédigée d'abord alternativement par<br />

Nefftzer <strong>et</strong> Doflfus (4861), elle futeonflée ensuite à Eug. Maron (1862),<br />

Hector Pessard (1863), Prévost-P&radol (1864), Guslave isambert <strong>et</strong><br />

Henri Fouquier (1865) <strong>de</strong>s noms qui suffisent à en dire la très haute<br />

valeur. A. l'occasion Dolifus ne s'interdisait pas <strong>de</strong> dire son mot.. <strong>La</strong><br />

Chronique politique a été une <strong>de</strong>s parties les mieux tenues <strong>de</strong> la<br />

nouvelle <strong>Revue</strong> germanique <strong>et</strong> on aura toujours proût kIa consuiter,<br />

si l'on veut suivre le mouvement du parti libéral, déjà quasi républicain<br />

sous l'Empire.<br />

- Les transformation du Bull<strong>et</strong>in ont suivi celles <strong>de</strong> la Chronique.<br />

Dans les premiers temps, les livres français étaient brièvement<br />

annoncés dans la Chronique <strong>de</strong> Nefftzer <strong>et</strong> Doilfus, tandis que les<br />

publications étrangères étaient analysées dans les comptes rendus du<br />

Bull<strong>et</strong>in, presque tous rédigés par les <strong>de</strong>ux Directeurs. En appendice,<br />

<strong>et</strong> sous pagination à part, Franck donnait dhaque mois une bibliographie<br />

internationale choisie. Le répertoire <strong>de</strong> Franck n'eut que<br />

treize numéros <strong>et</strong> disparut dès février 1869; mais, comme par compensation,-<br />

le Bull<strong>et</strong>in <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> se développa. Les Directeurs ne<br />

restèrent pas seuls à s'en occuper, d'autres collaborateurs y eurent<br />

accès Gustave BFun<strong>et</strong> Maurice Ganter, F. Dubner. J. liunziker,<br />

Ch. Martins, E. <strong>de</strong> Suckow (Palman), Eue Reclus, Saglio, Sein-<br />

t. Cf., ai' § Il, p. 6-7, la note <strong>de</strong> Nefltzer du 28 novembre 4851.


- 51 -<br />

guerl<strong>et</strong>, Vivien <strong>de</strong> aint-Marlia (en 858-59), puis Maurice Block,<br />

L. <strong>de</strong> Bohie, E. Gérimont, L. Gran<strong>de</strong>au, <strong>La</strong>nge], Stap (en 1860). Les<br />

comptes rendus <strong>de</strong>vinrent si nombreux qu'on les classa par catégories<br />

: <strong>de</strong> la théologie <strong>et</strong> l'exégèse jusqu'à la littérature <strong>et</strong> aux<br />

publications diverses, -'en passant par la philosophie, la morale,<br />

l'histoire, la géographie, l'<strong>et</strong>hnographie, la statistique, l'économie<br />

politique, les sciences', les rubriques passagères ou permanentes<br />

ne furent pas moins d'une vingtaine. Aux livres étaient adjoints les<br />

périodiques étrangers, dont l'analyse critique, très soigneusement<br />

laite, ne se trouve nulle part ailleurs. -<br />

Quand ensuite la Chronique cessa détre littéraire, <strong>et</strong> que par conséquent<br />

la production littéraire frahçaise passa ait le classement<br />

fut opéré par pays, <strong>et</strong> l'on eut ainsi (en 4861) <strong>de</strong>s bull<strong>et</strong>ins<br />

français, allemands, anglais, italiens, espagnols <strong>et</strong> russes. Le nombre<br />

<strong>de</strong>s collaborateurs au Bull<strong>et</strong>in continuait à croître: en 1861, ou relève<br />

dans les initiales ou les signatures les noms nouveaux <strong>de</strong> Maron, Paul<br />

Meyer, L. kltonchaud, Widal; en 1862, ceux <strong>de</strong> Boscowitz, Berger,<br />

Félix Frank, Guardia, Karcher, Gaston Paris. Ce sont en somme les<br />

meilleurs rédacteurs <strong>de</strong> lallevue qui font le Bull<strong>et</strong>in, avec le concours<br />

<strong>de</strong> quelques spécialistes. Par l'étendue <strong>de</strong>s dépouillements, le nombre<br />

<strong>et</strong> la valeur <strong>de</strong>s comptes rendus, il n'est pas exagéré <strong>de</strong> dire que<br />

vers 1862, quand l'organisation fut complète, le Bull<strong>et</strong>in avait pris<br />

une importance inestimable. Aucune autre publication française ou<br />

étrangère ne fournissait à c<strong>et</strong>te époque tant d'informations variées,<br />

précises <strong>et</strong>sflres. En persévérant, la <strong>Revue</strong> pouvait <strong>de</strong>venir un recueil<br />

bibliographique<strong>de</strong> premier ordre.<br />

Malheureusement, (lés 1863, le Bull<strong>et</strong>in se disloqua. Les comptes<br />

rendus diminuèrent. Une « Chronique littéraire» rédigée par <strong>La</strong>taye,<br />

puis, non sans talent, par L. <strong>de</strong> Ronchaud, ressuscita l'ancienne<br />

u Chronique parisienne» <strong>de</strong> <strong>1858</strong>poitr les publications françaises. Les<br />

rédacteurs <strong>de</strong> l'ancien Bull<strong>et</strong>in émigrèrent ailleurs <strong>et</strong> quelques-uns<br />

d'entre eux ont, peu après, en 4865-4866, contribué àla fondation <strong>de</strong> la<br />

<strong>Revue</strong> critique. L'action <strong>de</strong>la <strong>Revue</strong> critique est connue <strong>et</strong> dure encore;<br />

elle a gran<strong>de</strong>ment contribué à laculture <strong>de</strong> l'esprit critique en France.<br />

li n'est que juste <strong>de</strong> rappeler -qu'elle a eu, comme précurseur, le<br />

Bull<strong>et</strong>in <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> germanique.<br />

-1. En règle générale, tous les comptes rendus étaient signés. Seules, les analyses<br />

<strong>de</strong>s publications malbèrnathiques furent toujours aven ymes. L'auteur en<br />

est Franz Woepke, un allemand établi à Paris. Taine l'estimait si haut qu'il lui<br />

consacra un <strong>de</strong> ses Nouveaux Essais <strong>et</strong> lui dédia son Intelligence.


Par une répercussion naturelle, les Mélanges ont—vécu <strong>de</strong>s viciss)<br />

tu<strong>de</strong>s du Bull<strong>et</strong>in. Les courts extraits, les nouvelles, les nécrologies.<br />

les réflexions d'actualité,-les informations diverses n'ont, pour la<br />

plupart, plus raison d'être quand le Bull<strong>et</strong>in est bien organisé,<br />

<strong>et</strong> cessèrent en eff<strong>et</strong> 'Presque complètement do 1800 t 1863. Puis la<br />

rubrique reparut sur les raines du Bull<strong>et</strong>in'. -<br />

xli<br />

LÀ u REVUE MODERNE n.<br />

Les fréquents changements clans l'économie générale <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong><br />

marquent un effort constant d'amélioration. Mais ils prouvent aussi<br />

que la <strong>Revue</strong> novait pas encore saisi définitivement le succès. Pour<br />

continuer à vivre, elle fat obligée <strong>de</strong> s'organiser plus économique-<br />

ment. En janvier 1862, elle renonça è la typographie <strong>de</strong> Pion <strong>et</strong> alla<br />

se faire imprimer dans la banlieue 2 : son aspect extérieur en souffrit.<br />

En septembre 1802, elle renonça è la bimensualité' <strong>et</strong> revint aux<br />

quatre volumes annuels d'autrefois, tout en prenant bien gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> ne<br />

I. De 3863 à 4868, la rubrique Varia e été tenue très régulièrement, <strong>et</strong> reste<br />

d'une lecture instructive <strong>et</strong> amusante. Elle fut complétée (t. XL <strong>et</strong> suiv.) par le<br />

dépouillement <strong>de</strong>s revues (le langue alleman<strong>de</strong> (Maurice Bleds) <strong>et</strong> <strong>de</strong> langue<br />

anglaise (c. X. probablement Chanut). <strong>La</strong>.Chronique tittdraire fut rédigée par<br />

L. <strong>de</strong> Ronehaud, puis (1866) par Eug. Crép<strong>et</strong>. Elle disparut définitivement an<br />

t. xxxvi. LeBull<strong>et</strong>in, supprimé comme rubrique spéciale <strong>de</strong>puis le t. XXXII,<br />

est remplacé par <strong>de</strong>s comptes rendus réunis <strong>de</strong>puis le L. XXXVI sous le titre<br />

commun <strong>de</strong> Notices <strong>et</strong> critiques. Les recensions ont souvenL l'importance d'articles<br />

originaux. Elles sont dues è Â. Arnould, E. Barbier, E. Baudry, G. Bertrand.<br />

A. Br<strong>et</strong>on, E. Brévart, A. Casteinan, Challemel-.<strong>La</strong>eOur, J. Chanut,<br />

A. Chassang, M. Chaumelin, Chavée, E. Crép<strong>et</strong>, Maurice Cristal (pseudonyme<br />

polir Maur. Germia), Guill. Depping, Ch. du Boux<strong>et</strong>, H . Cornent, Ed. Grimard,<br />

Barth. liauréau, J. Rergomard, Levaillaut, Fréd. Loek, A. Maslier, À. Mord,<br />

M. Nicolas, A. Pierson, Am. Roux, <strong>et</strong> quelques-uns <strong>de</strong>s anciens collaborateurs<br />

au Bull<strong>et</strong>in. A. Arnould, puis Ch. Dellfus, J. P<strong>et</strong>it-Senn <strong>et</strong> enfin A. Raempfen,<br />

commentèrent en forme <strong>de</strong> <strong>Revue</strong> parisienne, <strong>de</strong> Réflexions <strong>et</strong> Menus propos, <strong>de</strong><br />

Croquis d la plume <strong>et</strong> <strong>de</strong> Feuilles volantes, les événements du jour. Il y a eu lâ<br />

beaucoup d'esprit, bien démodé. Le Courrier <strong>de</strong> Londres cessa au É. xxx, celui<br />

d'Allemagne au t. XXXIV <strong>et</strong> celui d'italie au t. LX. <strong>La</strong> Chronique politique fut<br />

rédigée <strong>de</strong> f866 è. 1868 par Ch . <strong>Dollfus</strong>, avec Rob. Hait, Ed. Choix, L. <strong>de</strong> tonchaud<br />

<strong>et</strong> Cil. du Bouz<strong>et</strong>.<br />

2. Chez L. Teinon, à St-Germain (t. XIX), qui imprima aussi la <strong>Revue</strong> critique.<br />

3. Le tome xxii se compose encore <strong>de</strong>s quatre livraisons bimensuelles dôjuill<strong>et</strong><br />

<strong>et</strong> août, le tome XXIII n'a que trois Livraisons <strong>de</strong> septembre à novembre 1862. <strong>La</strong><br />

<strong>Revue</strong> paraltdésormais le 1" <strong>de</strong> chaque mois. Par exception, le tome XXVII contienties<br />

quatrelivraisons <strong>de</strong>septembreàdécembre 1863 <strong>et</strong> à partir du tome xxviII<br />

(daté par erreur <strong>de</strong> 1863) Içstàmes correspon<strong>de</strong>nt règulièremeiutaux trimestres<br />

<strong>de</strong>-l'année courante. L'abonnement était 11x6 à 30 <strong>et</strong> 35 francs.


M<br />

—53 -<br />

lus dépasser ll.2 eL feuilles réglementaires par fascicule. En sep-<br />

Ç<br />

.t'inbre<br />

1863, elle renonça h ses bureaux particuliers' <strong>et</strong>, déménageant<br />

une troisième fois, elle s'installa, 10, faubourg Montmartre,<br />

dans le même immeuble que le Temps'- qui d'ailleurs n'était pas<br />

alors mieux en point qu'elle. Le nombre <strong>de</strong>s souscripteurs oscillait<br />

entre quatre <strong>et</strong> cinq cents <strong>et</strong> h aucun moment le montant <strong>de</strong>s<br />

abonnements ne suffit k couvrir les frais. Le déficit 'augmentait<br />

sans cesse. Dolifus fit mie <strong>de</strong>rnière tentative. De nouveau la <strong>Revue</strong><br />

changea <strong>de</strong> titre. A partir du février 1885 elle s'appella <strong>Revue</strong><br />

ilio<strong>de</strong>rne 2<br />

Ce n'est pas une nouvelle revue que nous fondons sous le titre <strong>de</strong> <strong>Revue</strong><br />

Mo<strong>de</strong>rne, annonçajt le Directeur'. Ce titre nous 'a paru répondre mieux k<br />

l'esprit <strong>et</strong> au cadre élargi <strong>de</strong> notre publication... li s'agit pour la <strong>Revue</strong><br />

mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> servir une cause qui est celle du siècle l'association <strong>de</strong>s<br />

peuples dans la poursuite commune <strong>de</strong> la science <strong>de</strong> l'art, <strong>de</strong> la justice <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> la liberté. C<strong>et</strong>te association s'opère à travers tous nos déchirements <strong>et</strong><br />

toutes nos luttes; avant <strong>de</strong> se réaliser dans les faits <strong>et</strong> dans les institutions,<br />

elle s'élabore par l'élite <strong>de</strong>s esprits <strong>de</strong> tous les pays, par 3e contact <strong>et</strong><br />

l'échange <strong>de</strong>s travaux, <strong>de</strong>s aspirations <strong>et</strong> <strong>de</strong>s découvertes. C'est la cité <strong>de</strong><br />

l'avenir qui se prépare, dans laquelle les nations, gràce à la diversité <strong>de</strong><br />

leurs aptitu<strong>de</strong>s <strong>et</strong> à l'unité <strong>de</strong> leur tut, ne seront plus que les organes <strong>de</strong><br />

l'espèce humaine.<br />

L'idée est la même qu'en 188, mais plus générale, plus vague,<br />

comme affaiblie. Doilfus dirigea la <strong>Revue</strong> Mo<strong>de</strong>rne pendant trois ans<br />

encore. Pour ne pas abandonner l'idée primitive <strong>de</strong> la publication,<br />

((le désir <strong>de</strong> favoriser l'alliance - non la confusion - <strong>de</strong> l'esprit français<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> l'esprit allemand n, par habitu<strong>de</strong> <strong>et</strong> par goût, il réserva<br />

h l'Allemagne une place h part dans la <strong>Revue</strong> Mo<strong>de</strong>rne. C'est ainsi<br />

qu'il donna la traduction ou l'adaptation <strong>de</strong> nouvelles <strong>de</strong> Hacklten<strong>de</strong>r<br />

(t. XXXV), M. Hartmann (t. XXX1X-XL), Hau[f (t. XXXII-XXXIV),<br />

Heyse (t. XXXVIII), Edm. iloefer (t. XLIV), G. Keller (t. XXXIII),<br />

Weber (t. XL); <strong>de</strong> l<strong>et</strong>tres <strong>de</strong> Georges Forster (t. XXXiI-XXXIII) <strong>et</strong><br />

Ch.-M. <strong>de</strong> Weber (t. XL-XLI), <strong>de</strong> contes <strong>de</strong>s frères Grimm (t. XLII<br />

<strong>et</strong>XLIV) <strong>et</strong><strong>de</strong> quelques articles <strong>de</strong> publicistes ou d'érudits allemands'.<br />

f. T. XXVII.<br />

2. T. XXXII, 2' livraison (du I" février 1865). Au titre courant, <strong>Revue</strong> Mo<strong>de</strong>rne<br />

ne remplaça <strong>Revue</strong> <strong>Germanique</strong> qu'à partir du tome XXXIII (1' avril 1565). <strong>La</strong><br />

tomaison resta continue.<br />

: T. XXXII, p. 201-202. - -<br />

4. Ch. Andrée les tèlègraphes (t. XXXV); L. Bamberger <strong>de</strong>s sympathies françaises<br />

aux bords du Rhin (t. XXXIV; cf. t. XXXV, p. 196 l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> l'auteur) <strong>et</strong><br />

du même Adam Lux (t. XXXIX), les Allemands à Paris (t. XLI); Max Duneker:<br />

la royaulè <strong>de</strong> David (LXXXVI); K. Fischer Descartes (t. XXXVllI) \V. Feerster


— 54 -<br />

F. Amie! (t. XXXVII), Marc Monnier (t. XXXIII) <strong>et</strong> A. Poupart <strong>de</strong><br />

Wil<strong>de</strong> (t. XXXV) versifièrent <strong>de</strong>s fragments <strong>de</strong> Geibel <strong>et</strong> <strong>de</strong> Go<strong>et</strong>he.<br />

Gustave Bertrand étudia Mozart en France (t. XXXIII) <strong>et</strong> le système.<br />

musical <strong>de</strong>Helmholl.z (t. XLIV). F. Baudry rédigeaune courte notice<br />

<strong>de</strong> circonstance sur Bopp (t. XXXVII), Ch. Berthond sur B<strong>et</strong>tina<br />

d'Arnim (t. XXXV), Maurice Block sur Aug. Boeckh (t. XLII) <strong>et</strong> Mit-<br />

termaiér (t. XLIII), Challemel-<strong>La</strong>cour sur Rückert (t. XXXVI), <strong>et</strong><br />

Aug. Demmin sur le géologue ilueber (t. XLIV). De soli<strong>de</strong>s articles<br />

d'Alffert Etéville sur Gelihard Truclisess <strong>de</strong> \Valdboitrg, archevêque<br />

<strong>de</strong> Cologne au xvr siècle (t. XXXVI), <strong>de</strong> K. liiliebrand sur l'école<br />

historique en philologie clans la première moitié du xIxe siècle<br />

(t. XXXIII), <strong>et</strong> sur II.pusser (t. XLIII), (le Doilfus sur l'éducation en<br />

Allemagne (t. XXXIX) <strong>et</strong> <strong>de</strong> Pascal Duprat sur la propagation <strong>de</strong>s<br />

idées philosophiques alleman<strong>de</strong>s en Italie (t. XXXIII), contrastent<br />

avec l'insuffisance extraordinaire <strong>de</strong>s renseignements fournis par<br />

E. Franz ' <strong>et</strong> Seinguerl<strong>et</strong> 5 sur les graves questions qui agitaient<br />

alors l'Allemagne.<br />

L'appoint fourni k la <strong>Revue</strong> par les autres pays étrangers <strong>de</strong>vient <strong>de</strong><br />

plusen plusimportant', <strong>et</strong>l'on peutdire qu'h c<strong>et</strong> égard] a <strong>Revue</strong> Mo<strong>de</strong>rne<br />

Képler (t. XXXIi); Gust. Freytag les têtes d'armes <strong>de</strong> la bourgeoise alleman<strong>de</strong><br />

au moyen âge (t. XXXV); H. H<strong>et</strong>tner opinions religieuses <strong>et</strong> politiques <strong>de</strong><br />

Frédéric II (t. XXIX), Winckelmann (t. XXXVI); Ed. flsenbrriggen Napokon<br />

iII à Arenenberg (t. XLIII); D.-F. Strauss Selilegel (t. XXXIV), opinion<br />

sur la question alleman<strong>de</strong> (t.. XXXVII); H. <strong>de</strong> Sybel Mariê-Antoin<strong>et</strong>te (t. XXXV,<br />

XXXVII, XI.); E. Trauttwein von Belle la vie intellectuelle dans l'Alsace d'aujourd'hrii<br />

(t. XLII); Vitzttium d'lickstiedt : le testament <strong>de</strong> Pierre le Grand<br />

(t. XXXVI);Ed..Zeller la femme <strong>de</strong> Socrate (t. XLII).<br />

1. <strong>La</strong> question alleman<strong>de</strong> (t. XXXVIII).<br />

2. L'agitation en Allemagne contre les aimées permanentes (t. XXXiII,<br />

livraison du r juin 1865). L'auteur prédit ta suppression <strong>de</strong>s armées permanentes<br />

cl. leur remplacement par les milices. L'Allemagne prend déjà l'initiative<br />

<strong>de</strong> la réforme qui sera une <strong>de</strong>s principales oeuvres du XIXe siècle , dans un<br />

avenir qui, il est vrai, -parait encore assez éloigné .. — Du même tes institutions<br />

unitaires <strong>de</strong> l'Allemagne (t. XXXV, livraison du jeT décembre 4861). <strong>La</strong><br />

conclusion est celle-ci Un;parti républicain soli<strong>de</strong>ment constitué n'existe pas<br />

encore au <strong>de</strong>là du Rhin cependant, à chaque déception nouvelle, on voit<br />

s'augmenter le nouibre. <strong>de</strong> ceux qui se disent • Hors <strong>de</strong> la république fédérative,<br />

il n'est pas d'unité possible pour l'Allemagne ..... Dans l'intérêt du mouve-<br />

M ent européen, il serait à désirer que le peuple allemand parvint à une constitution<br />

définitive <strong>et</strong> unitaire....A l'absolutisme, rêvant sans cesse <strong>de</strong>s agrandissements<br />

du territoire, succé<strong>de</strong>ra l'ère pacifique <strong>de</strong>s libertés publiques basées sur la<br />

solidarité <strong>de</strong>s nations.<br />

3. Angl<strong>et</strong>evre. Justin Aniéro silhou<strong>et</strong>tes britanniques (t. XXXIX <strong>et</strong> XLIV);<br />

Alex. Bain<br />

le sentiment <strong>et</strong> la connaissance (traduction, t. XXXIX);<br />

'fhéopb. Batz Miss Berry (t. XL); challenel-<strong>La</strong>cour les gran<strong>de</strong>s écoles en<br />

Angl<strong>et</strong>erre (t. XXXVlt-XXXVIII); J. Nilsand W. Blake (t. XLIV); John Tyndall<br />

la constitution <strong>de</strong> l'univers (traduction, t. XXXVI). - floUe P. Duprat Beccaria<br />

(t. XXXV), Poerio (t. XLII); Eug. Gellion-Danglar Rienzi (t. XXXVIII); L. <strong>et</strong><br />

R. Ménard la Renaissance en Italie (t. XXXVI); Marc .Monnier , les frères flan


- 551-<br />

est:mieux proportionnée, d'un équilibre plus harmonieux que la<br />

<strong>Revue</strong> germanique <strong>et</strong> française. Les relations <strong>de</strong> voyage ou <strong>de</strong> géo-<br />

graphie <strong>de</strong>scriptive I <strong>et</strong> les articles scientifiques" sont, il est vrai,<br />

moins nombreux.<br />

<strong>La</strong> partie française <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> reste sensiblement i<strong>de</strong>ntique<br />

elle-même, avec son contingent <strong>de</strong> romans ou nouvelles 1 <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

poésies', ses étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> politique générale s , d'histoire a <strong>et</strong> <strong>de</strong> littéra-<br />

diera (t. XXXI»; A. Roux Scalvini (t. XXXVI), Foscolo (t. XLI). - Espagne.<br />

Em. Chasles Mémoires du cou<strong>de</strong> <strong>de</strong> Buelna par Diaz <strong>de</strong> Cornez (t. XLIII);<br />

3.-M. Guardia : l'inquisiteur Pierre d'Arbuès (t. XXXV), le portrait <strong>de</strong> Cervantès<br />

(t. XXXVIII). - Suisse. Mare Monnier l'esprit genevois (t. XL). - Russie. <strong>La</strong><br />

mort <strong>de</strong> Paul I" d'après une relation russe (t. XXXV-XXXVI); Iran <strong>La</strong>shaesehnilçow<br />

Sain t.Pétersbourg après ISIS (L. XXXV); LerinontoW: le novice, trad.<br />

par Tourguénieff <strong>et</strong> H. Mérimée (t. XXXIV); Ch. du Bouz<strong>et</strong> : flerzen (L XXXIX).<br />

- Amérique. A. Arnould : Edg. Poe (t. XXXIIi-XXXIV); .1. Chanuit : le prési<strong>de</strong>nt<br />

Johnson (t. XXXIX)1 A. <strong>de</strong> Circourt le Brésil littéraire (t. XXXV).<br />

t. E.-A. Hélant Voyage en Grèce (t. XL); Eue Reclus :Voya ges <strong>de</strong> Vamhéry<br />

e" Asie (t. XXXIV-XXXV); GuilI. Depping : le chai, <strong>de</strong> Perse (t. XLII); Richard<br />

En Cochinchine (t: XLIII); Onésinie Reclus: Voyages <strong>de</strong> L. Magyar en Afrique<br />

(t. XLIV); E. J. : Voyages <strong>de</strong> Baker en Afrique (t. XL»; AI, Holinski : en Sud'<br />

Amérique (t. XXXIV); Ferd. <strong>de</strong> <strong>La</strong>steyrie : au l\iississipi (t. XLI); Frd., Con-<br />

Icling : le Coton (t. XXXiV); J. Michel<strong>et</strong>: la Montagne (L XLIV).<br />

2. c[banutj : les animaux architectes (t. XL); Challemel-<strong>La</strong>cour : sur la physionomie<br />

(I. XXXV); W. <strong>de</strong> Fonviclle les étoiles Illantes (t. XXX VI), les observatoires<br />

(t. XLIII), les éclipses du soleil (t. XLIV); A. <strong>La</strong>ugel la vie (t. XXXVII-<br />

XXXVIII), l'instinct (t. XLIII): E. Marzy : les moteurs <strong>de</strong> Fa p<strong>et</strong>ite industrie<br />

(t. XLI), le fer <strong>et</strong> l'acier (t. XLII); F. Zureber phares <strong>et</strong> sémaphores (t. XL). -<br />

3. '1h. .Batz (t. XLI-XLII) P. Gaill<strong>et</strong> (t. XXXVIII); A. Courn<strong>et</strong> (t. XLI);<br />

L. Dépr<strong>et</strong> (t. XXXIV); A. DolIfus (t. XXXVI); Ch. poilions (t. XXXVII <strong>et</strong> XLIII);<br />

F. Frank (t. XLI»; princesse Ghika (t. XXXIV-XXXV); Marie iloviIa (t. XLII-<br />

XL1II); X. Nagrien (t. XXXIX-XL, roman scientiûque, du genre qu'illustrera<br />

J. Verne; Nagrien est un pseudonyme; te vrai nom <strong>de</strong> l'auteur est Àudoy);<br />

A-3. Nievenhuis (t. XLIII-XLIV, d'après le hollandais); 3.-G. Prat (t. XL); Mm.<br />

Renaud (t. XXXV); Maurice Sand (t. XXXVI-XXXVlI);Edm. Thiaudière (t. XXXV-<br />

XXXVI). -<br />

4. Mmc L. Ackerniann (t. XXXIII <strong>et</strong> XXXVI); Ernm; <strong>de</strong>s Essarta (t. XXXVII.I)<br />

Félix Frank (t. XXXIX); <strong>La</strong>urent.Pichat (t. XXXIV); A. Lefèvre (t. XXXIII,<br />

XXXVI, XXXVIII); L. Ménard (t. XXXII); AIr. <strong>de</strong> Muss<strong>et</strong> (L XXXIII); L. Ratisbonne<br />

(t. XXXI»; George Sand (t. XXXIII); Arrn. Silvestre (I. XLI); D. Stem<br />

(t. XXXII <strong>et</strong> XXXIV).<br />

5. Il. Boucher t Pensées <strong>et</strong> réflexions (t. XXXIX); A. Br<strong>et</strong>on t les droits <strong>de</strong> la<br />

presse (t. XLII), le proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> loi sur les réunions publiques (t. XLIV);<br />

CI,. <strong>Dollfus</strong> : la question algérienne (t. XXXIV), la réorganisation tIc 'armée<br />

(t. XLI), les propositions <strong>de</strong> M. Thiers (t. XLI), l'avenir politique <strong>de</strong> la Franco<br />

t. XLI»; Cil. du hlouzct, l'Algérie (t. XXXVI), le Mexique (t. XL <strong>et</strong> XLII), la<br />

Cochinchine (t. XLII); Pasc. Duprat t la conjuration contre les p<strong>et</strong>its États en<br />

Europe (t. XXXIX); L. Joly : le parti libéral <strong>et</strong> la politique extérieure (t. XXXIII);<br />

A. Mastier: renseignement public (I. XXXIV-XXXV); Aug. <strong>La</strong>n gui : la représentation<br />

<strong>de</strong>s minorités (t. XLIII); Ach. Mercier t le mouvement coopératif (t. XLII),<br />

la politique financière (t. XLIII); J. Mitsand t le <strong>de</strong>spotisme <strong>de</strong> l'homme <strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />

loi (I. XXXVI). la liberté (t. XXXVII»; A. Merci t I'enscigùement supérieur en<br />

France (t; XXXIII; cf., p. 603, l<strong>et</strong>tre du do yen Cil. Benoit, <strong>de</strong> Nancy); Eug.<br />

Véron l'ordre <strong>de</strong> la société. d'après-Stuart MIII (t. XXXIV), <strong>de</strong>s emprunts <strong>de</strong><br />

gùerre (t. XLI).<br />

6. V. Chauffour-Kestnbr t l'armée <strong>et</strong> la Révolution, d'après Chassin (t. XLI), le


_56 -<br />

ture ancienne' <strong>et</strong> mo<strong>de</strong>rne 2, écrits pour la plupart à l'occasion<br />

d'inci<strong>de</strong>nts contemporains ou <strong>de</strong> publications récentes. -<br />

Sous l'influence personnelle <strong>de</strong> Dolifus - nature artiste autant<br />

qu'esprit philosophique - les articles d'art' <strong>et</strong> <strong>de</strong> discussion<br />

religieuse 1 cômptèrent toujours, comme autrefois, parmi les plus<br />

remarquables.<br />

En février 1868, <strong>Dollfus</strong> se résigna à cé<strong>de</strong>r la direction au comte<br />

E. <strong>de</strong> Kératry • 11 avait donné à la <strong>Revue</strong> dix ans <strong>de</strong> sa vie <strong>et</strong>, avec<br />

droit <strong>de</strong> paix <strong>et</strong> <strong>de</strong> guerre <strong>de</strong> 4789 k ISIS d'après Dufraisse (t. XLIII);<br />

Eug: Crèp<strong>et</strong> : Mme Roland (t. XXXIX-XL); cl,. foutus la Révolution<br />

d'Edg. Quin<strong>et</strong> (t. XXXVI); F. Frank : Marguerite d'Angoulême (t. XXX VIII);<br />

P. <strong>La</strong>combe : la morale sous LouisXIV (t. XLIII); J. Milsand Montesquieu<br />

(L. XXXV); Eue Redus : Marie-A.nIoînotte (t. XXXIV); À. Vall<strong>et</strong> (<strong>de</strong> Viriville)<br />

Jeanne d'Arc (t. XL); Warnkoenig : les paraiges messins, d'après KIipiTel<br />

(t. XXXIV).<br />

I. C. Alexandre : les moeurs judiciaires chez les llomaihs, d'après Ilcn<br />

riot (t. XXXVIII); F. Baudr y : le grec comme langue universelle, d'après<br />

d'Eiclithal (t. XXXIII), I'iterprétation m ythologique, d'après Bréal<br />

(t. XXXII); V. chaurfour-Kesiner : la démocratie athénienne, d'après Perrot<br />

(t. XLII); Ch. flollfus (t. XXXIII) <strong>et</strong> Ch. du Douz<strong>et</strong> (t. XXXVIII) Jules<br />

César, d'après l'Empereur; D. Ordinaire la comédie <strong>et</strong> l'histoire romaine<br />

(t. XXXIII), l'interprétation mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong>s poètes <strong>de</strong> l'antiquité (t. XXXIV);<br />

Eug. Véron l'origine <strong>de</strong>s institutions, d'après Fustel <strong>de</strong> Coulanges<br />

(t. XXXVIII).<br />

2. A. Arnould : TU. Gautier (t. XL»; Di<strong>de</strong>rot.: l<strong>et</strong>tres inédites à Falconn<strong>et</strong><br />

(L. XXXIX-XL); Ch. <strong>Dollfus</strong> D. Stem (t. XL)1JI. 1-linglais <strong>et</strong> G. Z<strong>et</strong>ter (dont le<br />

pseudonyme est Fr. Otto) : Contes <strong>et</strong> posies d'Alsace (t. XLIII); Goal. Isambert<br />

Victor Ilugo (t. XXXVI); 1'. ,<strong>La</strong>eombe z Malherbe (t. XXXVI); J. <strong>La</strong>ir<br />

Erckmann-Chatrian (t. XLII); L. Ratisbonne Ait. <strong>de</strong> Vigny, son journal<br />

inédit (t. XXXVII à XXXIX); cf. D. Ordinaire Vigny à l'Académie française<br />

(t. XXXVI!).<br />

3. Sur l'exposition universelle <strong>de</strong> 1867 : Marins chaumclin, han Ivanovitch,<br />

Ferdinand <strong>de</strong> <strong>La</strong>steyrie (t. XLI à XL1II).<br />

4. W. Bürger du sentiment <strong>de</strong> la nature <strong>et</strong> <strong>de</strong> la beauté (I. XII); P. chaIlemel-<strong>La</strong>cour<br />

le Salon <strong>de</strong> 4865 (t. XXXIV), <strong>de</strong> 1866 (t. XXXVII); M. Chaumelin<br />

Exposition rétrospective <strong>de</strong>s Beaux-Arts (t. XXXVIII), les arts à l'Exposition universelle<br />

(t. XLII-XLIII); d'llenri<strong>et</strong> le Salon <strong>de</strong> 4867 (t. XL»; L. <strong>de</strong> Itonehaud<br />

lng6s (t. XL <strong>et</strong> XL»; Clémence Royer : la tristesse dans l'art t. XLI); C. <strong>de</strong><br />

Sanit, les arts industriels (t. XXXV). Chroniques musicales <strong>de</strong> Gust. Bertrand<br />

(t. XXXIII, XXXVI à XXXVIII, XL <strong>et</strong> XLI).<br />

U. J. Chanut Utopies religieuses aux Etats-Unis (t. XLII); Ch. foutus : la<br />

confession <strong>de</strong> <strong>La</strong> Rochelle (t. XXXVII), du catholicisme politique (t. XL1JI);<br />

Fontanès t du mouvement théologique dans la Suisse alleman<strong>de</strong> (t. XXXVII);<br />

E. Havel, le christianisme <strong>et</strong> ses origines, d'Homère à Platon (t. XLI-XLIJ),<br />

Aristote (t. XLII», les Stoïques <strong>et</strong> Epieure (t. XLIV); E. Littré iréponsc d'un<br />

positiviste k un spiritualiste (t. XXXIII); Mary t M. Guizot <strong>et</strong> l'orthodoxie protestante<br />

(t. XXXIV); A Mord t Belzébuth <strong>et</strong> l'Eucharistie, 1566 (t. XL);<br />

M. Nicolas : la résurrection tics corps <strong>et</strong> l'imn,ortalité <strong>de</strong> l'âme (t. XXXVI), <strong>de</strong><br />

la formation <strong>de</strong>s dogmes chrétiens (t. XLII); baron <strong>de</strong> Ponnat t l'Église <strong>et</strong> l'esclavage<br />

(L XXXIII); Alb. Béville t Je procès <strong>de</strong> Lucifer contre Jésus, 4716<br />

(t. XXXIX); L. <strong>de</strong> Ilonchaud le Babisme, d'après Gobineau bI. XXXVII)<br />

Am. Roux : Pie IX <strong>et</strong> M. Guizot (t. XLIV); J. Tissot t les posséds <strong>de</strong> Morzine<br />

(t. XXXIII).<br />

6. Le tome XLIV, le <strong>de</strong>rnier que publia Oullins, ne comporte 4ue les <strong>de</strong>ux livrai-


h',<br />

- 57 -<br />

son' temps, son talent, son argent, sans -compter. li n'en pouvait<br />

plus <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> luttés <strong>et</strong> d'espérances toujours trahies, <strong>de</strong> sacrifices<br />

inutiles. Le renoncement fut d'une indicible amertume. Mais, malgré -<br />

tout, l'effort n'aura pas été vain. Les <strong>de</strong>stinées <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> resteront<br />

significatives dans l'histoire intellectuelle du Second Empire <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

relations entre là France <strong>et</strong> l'Allemagne.<br />

<strong>La</strong> collection monumentale <strong>de</strong>s douze volumes <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> Germa-<br />

nique, <strong>de</strong>s dix-neuf volumes <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> <strong>Germanique</strong> <strong>et</strong> Française,<br />

voire <strong>de</strong>s treize volumes <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> Mo<strong>de</strong>rne, <strong>de</strong> ces quarantequatre<br />

volumes compacts, dont jamais la table n'a été dressée d'ensemble,<br />

paraîtra sans doute, quelque sommaire <strong>et</strong> incompl<strong>et</strong> qu'en<br />

ail été l'inventaire qui en a été donné ici, constituer un document<br />

digne <strong>de</strong> mémoire. Bien <strong>de</strong>s articles <strong>de</strong> valeur dorment là. oubliés,<br />

qui n'ont plus été réimprimés <strong>et</strong> qu'on ignore; bien <strong>de</strong>s idées sont<br />

là aussi, <strong>de</strong>s jugements <strong>et</strong> <strong>de</strong>s faits, qui tous, <strong>de</strong> près ou <strong>de</strong> loin, ont<br />

servi au même noble <strong>de</strong>ssein. Rapprocher la France <strong>et</strong> l'Allemagne<br />

en faisant connaître l'une à l'autre : le rêve déçu d'hier n'est-il pas<br />

le travail d'aujourd'hui, à la <strong>Revue</strong> <strong>Germanique</strong> ressuscitée?<br />

SI <strong>Dollfus</strong> avait pu tenir seulement <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> plus, nul doute<br />

que sa <strong>Revue</strong> n'eût, comme le Temps, excercé après la guerre une<br />

action plus efficace encore que sous l'Empire. <strong>La</strong> terrible leçon <strong>de</strong><br />

choses qui venait d'être infligée à. la France lui avait appris la<br />

nécessité <strong>de</strong> connaître l'Allemagne. L'oeuvre <strong>de</strong> Doilfus <strong>et</strong> Nefl'tzer<br />

n'a pas pu subsister, non pas seulement parce que la <strong>Revue</strong> <strong>Germanique</strong><br />

<strong>de</strong> 188 n'a jamais su si elle était savante ou mondaine, parce<br />

que la <strong>Revue</strong> <strong>Germanique</strong> <strong>et</strong> Française <strong>de</strong> 1861 n'a jamais su si elle<br />

était <strong>Germanique</strong> encore ou déjà. <strong>Revue</strong> Mo<strong>de</strong>rne comme en 1865 -<br />

ce ne sont là, après tout, que détails d'exécution, - niais surtout<br />

parce que les Français ne savaient pas regar<strong>de</strong>r hors <strong>de</strong> chez eux, <strong>et</strong><br />

que sous un régime autoritaire <strong>et</strong> policier, les revues, si bien rédigées<br />

qu'elles paraissent, sont incapables <strong>de</strong> faire l'éducation<br />

sous mensuelles <strong>de</strong>' janvier <strong>et</strong> février 1868. Avec le I" fascicule du tome XLV<br />

(25 février) la , <strong>Revue</strong> Mo<strong>de</strong>rne, 11' année, 2' pério<strong>de</strong>, re<strong>de</strong>vient bimensuelle<br />

(les 40 cl 25 <strong>de</strong> chaque mois) <strong>et</strong> forme six volumes par an.<br />

1: Une ,Vote <strong>de</strong> la Ik'daelion signée <strong>de</strong> Kératry expose le nouveau programme<br />

<strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> Mo<strong>de</strong>rne ( t. XLV, p. 6). ]l consiste • En philosophie dans le spiritualisme,<br />

en politique dans ce qu'un illustre homme d'ltat n défini les libertés<br />

nécessaires, en religion dans le christianisme catholique, en toute chose dans<br />

une tendance sagement progressive <strong>et</strong> libérale. « - De la libre-pensée au<br />

catholicisme par le libéralisme toute l'évolution mentale d'une partie <strong>de</strong> la<br />

bourgeoisie frariçîiise est en raccourci dans l'histoire <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> <strong>Germanique</strong> <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> Mo<strong>de</strong>rne, <strong>de</strong> 1158 à 4868.


-58 -<br />

publique. <strong>La</strong> force appelle la force, même pour changer l'esprit,<br />

jusqu'au jour où l'esprit sera enfin assez fort pour chasser la force l•<br />

1. Qu'il nous soit permis, en terminant,, <strong>de</strong> dire notre reconnaissance à<br />

Mme llein,-Nefltzcr, (lui a bien voulu m<strong>et</strong>tre à- notre disposition la correspondance<br />

<strong>de</strong> son père, à M. Camile Paris<strong>et</strong>, administrateur du Temps, neveu <strong>de</strong><br />

Nefftzer, à qui nous <strong>de</strong>vons d'utiles indications, <strong>et</strong> enfin au vénéré M. Charles<br />

Dolifus, qui, non content <strong>de</strong> nous avoir communiqué les l<strong>et</strong>tres <strong>de</strong> Nelîtzer,<br />

nous a ouvert son riche trésor <strong>de</strong> souvenirs, <strong>et</strong> a poussé l& bontéjusqu'à revoir<br />

les pages qu'on vient <strong>de</strong> lire. C'est pour beaucoup à son ancien Directeur que<br />

la Remis <strong>Germanique</strong> doit aujourd'hui son histoire, comme elle lui a dû autrefois<br />

soncxistcnee môme. -<br />

(Extrait <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> germanique <strong>de</strong> 1905 <strong>et</strong> 1906).


INDEX ALPHABÉTIQUE DES NOMS PROPRES<br />

Aarau, 4.<br />

About, 38.<br />

Ackerniano, 47, 55,<br />

Adam, 30.<br />

Airicjue, 10, 55.<br />

Aouit (4'), 2.<br />

Aix-la-Chapelle. 28.<br />

Alexandrb (C.), 50.<br />

Algérie, 55.<br />

Allemagne, 2, 18<br />

22-30, 38-43, 48-51. 51.<br />

Allonrv. I.<br />

Alpes, 39.<br />

.Alsaeo, Alsaciens,?, 4, lB. 28,<br />

75, 41. 42, 16 1 54, 56.<br />

Altal, 90.<br />

Aaauiripio du Nord, 8, 29, 32,<br />

46, Sa.<br />

Aniériquo du Sud, 99, 39, 55.<br />

Asudro, 54.<br />

Ainiol, 47, M.<br />

Amiot, 48,<br />

Andins, 53.<br />

Aul<strong>et</strong>erre, 0. 8, 10, 16, 23, 29.<br />

45. 40, 49-51. 54.<br />

Antéchrist, 41.<br />

Apocalypses, 2,1.<br />

Apôtres, 27, 40.<br />

Arabe, 47.<br />

Arbuès ('I'), 55.<br />

Areoenberg, 54.<br />

Argot'ic, 2'?.<br />

Aristote, 8, 56.<br />

Arnim (4'), 64.<br />

Arao,,ld, 47, 52, 55, 56.<br />

Asa (d'), 31.<br />

Asie., 10, 55.<br />

Asss'ric. 20, 45.<br />

Athos (Mont), 48.<br />

Audoy, 55.<br />

Auorhach, SI - 33, 35, 47.<br />

Augsl,ourg, M.<br />

Autriche, Au trie In eus, 95.<br />

Avé-<strong>La</strong>llamant, 32.<br />

Avouariut, 3.<br />

Baa<strong>de</strong>r. 99.<br />

Bal,is,ne, 56.<br />

llabvlouc, 21.<br />

Bach, 28.<br />

Bacot,, 13, 31.<br />

Ba<strong>de</strong>, 49.<br />

Bain, M.<br />

Baker. 55.<br />

Bambergor, W.<br />

B:sudiera, 51.55.<br />

Barbier, 52.<br />

Bar novelt, 96.<br />

Bard, 21.<br />

RanI,, 45,<br />

Bartl,élcmy, .4.<br />

llasedow, 95.<br />

Bats, 54, 55.<br />

Ilaudry. 30 45-48, 52, 54, 51).<br />

Ban<strong>de</strong>s, 8, 48.<br />

LI<br />

Brissct, 40.<br />

Brockhaus, 3, 5.<br />

liracI,. 4.<br />

Brunck, 18,<br />

Brutal, 50.<br />

l3runsv'iclt, 4.<br />

lsilcboer, 25.<br />

i3ucltle, 40.<br />

Blldinger, 48.<br />

Buelna, 55.<br />

Bales, 23.<br />

Bunsen, 24. 95, 31.<br />

Burckardt, 98.<br />

Btirgcr (A.), 48.<br />

Biirger (V/.), 28. 41, 48, 51, 50.<br />

BuraouC, 39.<br />

Bauga mrtnor, M.<br />

Saur, 24.<br />

Beccaria, 54.<br />

Bock, 25.<br />

Ileothovon, 3?.<br />

llelgic1ue, Ilèlges, 20, 30, 38.<br />

I laIzdl,,,tI,. 50.<br />

Ilenolt, 55.<br />

Iséranger, 3'?.<br />

loorgcr-Levrault. 37.<br />

Ilergmann, 11-12.<br />

Caillai, 53.<br />

Isorlicltingen, 48.<br />

Cabane, 48.<br />

Berlin, 4, 8, 9, 17, 26. 97, 33-3. CaIvin, 40.<br />

Berne, 4.<br />

Campana, 45,<br />

llerry (Miss, 54.<br />

Cano, 40.<br />

Berth qat, 2i.<br />

Cantique <strong>de</strong>s (;antiques, 97.<br />

Bortl,oud, 30. 48, M.<br />

Cantor, 50.<br />

Berlin, 7.<br />

Castelnau, 45, 52.<br />

Bertrand, 28, 47, 52, 54, 56. Carlowiti, 25, 31.<br />

Bétaut, 55,<br />

Callierino Il, 30.<br />

Bible, 94. 3).<br />

Coucous, 39.<br />

Bibliothèque alleman<strong>de</strong>, 4. Cavour, 46.<br />

Bibliothèque britannique, 8. Celtes, 20.<br />

Bihliotl,èq"e iiapérislo;3,4, 33. Cervantès, 55.<br />

Bibli<strong>et</strong>isèque tin ivorsollc, 8. César, 56.<br />

Bismarck, 33.<br />

I Choix, 59.<br />

Blake, 54.<br />

Challemel-1aco,ii', 21, 99, 47,.<br />

Bloin, 4.<br />

48, 59, 54-50.<br />

Stock, 4, 51. 52. 54.<br />

Chamisso, 32.<br />

Bluntscl,li, 48.<br />

Gl,ampfteurv, 45.<br />

Boeckli, U.<br />

Charnu, 52, 55, 56.<br />

Bodonstedt, 32.<br />

Charles le Téméraire, 45.<br />

Behic, 51.<br />

Cl,arnacè(O'iy 'le), 47.<br />

Bois, 17.<br />

Ch,areac,S (Mad: do), 2, 20, 3.1<br />

Bonaparte, 40, 41.<br />

Charpentier, 93.<br />

lIon,,, 34.<br />

Chaales XI, 55.<br />

Iton,,and, 30.<br />

Chisolca (j) l,il .), 2, .10.<br />

Bonnemère, 45.<br />

Chassang, 52.<br />

Bopp, SI.<br />

Châssis,25, 26, 55.<br />

Bordas .1)en,oulii, , 45. Chau<strong>de</strong>)', 38.<br />

Bor<strong>de</strong>aux, 1.<br />

Ch,anffo,sr.Ecstner, 28, 4;,, 46,<br />

lioorno, 47.<br />

55, 56.<br />

13oscovitz, 28, 31, 47, 48, 51. CI,aulin, 31.<br />

llossange, 3.<br />

Chsumelia,<br />

Iloucher, 55.<br />

Cl,avéo, 26. 52.<br />

Bouddhisme, 31.<br />

Cl,orhuhier, 30.<br />

Ilouffler.s, 48.<br />

Cliristianisme, 27, 40.<br />

Bouillon, 3, 43.<br />

Cilicie, 46.<br />

lIréal. 50.<br />

Circourt, 45, 55.<br />

l3rdliI, 55.<br />

Clair<strong>et</strong>, 31.<br />

Itrr,slaa, .3.<br />

Ciaparè,<strong>de</strong>, 47.<br />

Br<strong>et</strong>on, 59. 55.<br />

Coehinchine, 55.<br />

Brévart, 52.<br />

Cotani, 11, 18. 97.<br />

LI<br />

I<br />

-1


Calmar, 2.<br />

Cologne, 51.<br />

Comenius, 25.<br />

Conhling, M.<br />

Constantinople, 46.<br />

Cook, 47.<br />

Coquorel, 17, 46.<br />

Correspondant (le) 43.<br />

Corso, 32,<br />

Colla, 32.<br />

Courant, 55.<br />

Cournot, 45.<br />

Courrier do Bas-Rhin (le). 6.<br />

Cousin, 4. 25.<br />

Crép<strong>et</strong>, 52, 56.<br />

Grimée, 1.<br />

Cristal, 52.<br />

Cuvier, 4.<br />

Dacltkof, 30.<br />

Dampmarcin, 48.<br />

Danemark, Danois, 9-2, 27,<br />

am.), 28, 31, 41,<br />

28.<br />

LB.), 4.<br />

uillj, 4, 30, 31. 48,<br />

55.<br />

1. 4.<br />

16, 53.<br />

32, 48.<br />

46.<br />

s, 55.<br />

41, 47.<br />

55.<br />

.56.<br />

34.<br />

0.<br />

55.<br />

16, 18-<br />

5-29, 31, 33-39, 41.<br />

I, 43.<br />

pré, 3, 4.<br />

35<br />

Dubois (A.), 46.<br />

Dubois (Th.), 24, 26, 32, 46.<br />

Du I3our.<strong>et</strong>, 59, 55, 56. -<br />

Docros, 17.<br />

Dufraisse, 56. -<br />

Bornas Ois, 38.<br />

iluméril, 4, 26,<br />

Dunckcr, 53.<br />

Duprat, 54, SI,<br />

Duoshorg. 31.<br />

Duvergior do Itauranne, 45.<br />

Ecritures (Saintes), Ii.<br />

Eddas, 11. -<br />

Egliso, 30, 49, 46, 48, nO.<br />

I'ypte 32, 48.<br />

E,clienàorlf, 31.<br />

Eiehthal (6'), 45, 56. -<br />

Empereur (Napoléon 111), 14,<br />

37, 41, 56.<br />

ipicure, 50.<br />

- 60 -<br />

Erckmann-Chatrian, 56.<br />

Ernest (do Gotha), 48.<br />

Esyague, Espagnols, 26, 46,<br />

.A, 55.<br />

Esssyo sud Boviows, 45.<br />

Etats-tinis, 46, 56.<br />

Etrusques, 26.<br />

Eucharistie, 56.<br />

Europe, 2, 42, M.<br />

Evaugilos, 46.<br />

Ewald, 27, 39.41.<br />

Grenier, 23, 31, 46.<br />

Grilljsarzer, 31.<br />

Grimard. 45, 47, 59.<br />

Grinsm (3. <strong>et</strong> G.), 26, 31, 32,<br />

35, 48, M.<br />

Grotht, SI.<br />

Griln, 39.<br />

Guardia. 46, 51, 55.<br />

Guérosilt, 37.<br />

Gsscrrazzs, 46. -<br />

Guillemot, 31.<br />

Guizot, 56.<br />

Gutzkow, 31, 33, 34.<br />

-<br />

Faber, 3].<br />

}'alcoon<strong>et</strong>, 56.<br />

Faust, 28.<br />

Foules, 40.<br />

Follcaberg, 25.<br />

Feuerbach, 29.<br />

Fichte, 39.<br />

Figesior. S.<br />

Filliard, 3].<br />

Fischor, 96, 31, 34, 53.<br />

Flocon, 31.<br />

Fontanès. 46, 56.<br />

Fônviolle, 55.<br />

Forster (G.), 22, 53.<br />

Foorster (W.), 53.<br />

Foscolo, 55.<br />

FouQuior, 50.<br />

Franco, 9, 3, 9, 10, 12-16, 18,<br />

21-26, 29. 33, 34, 37-39, 41,<br />

49, 45, 47, 51, 54, 55, 57,<br />

Frauefort-s:-!,l., 4.<br />

Franck (A.), 3, 4, 6, 43, 50.<br />

Frsncke, 45.<br />

François d'Assise, 48.<br />

Frank (F.), SI, 55, 56.<br />

Fran,., 31, 54.<br />

Fréddric il, 23, 54.<br />

Frei!igrath, 32, 48. -<br />

Froytag, 39, 47, 54.<br />

Froehel (Fr60.). 26.<br />

Frosbel (3.), 32.<br />

Fustel do Coulanges, 56.<br />

Garibaldi, 48.<br />

Gaule, 45.<br />

Gausson,<br />

Gaulier, 56.<br />

ScOre)', 21.<br />

Geibol, 31, 32, 14.<br />

0o11ion-Danlsr. 54.<br />

Geoffroy-Saint-Ililaire. 10, 47.<br />

Genève, 8, 16, 17 1 20, 55.<br />

Genlis. 48.<br />

e<br />

C'ont,., 48. - - -.<br />

Gclrsndo, 4.<br />

Gérirnont, 51.<br />

Ger,nia, 52.<br />

Gervinus, 34.<br />

Ghikn. M.<br />

Girardin, 1, 49.<br />

Slogan, 4.<br />

Gobsuesu. M.<br />

Gornont. 59.<br />

Goerres, 90.<br />

Gotha, 4. 48,<br />

Go<strong>et</strong>he, 13, 29. 28, 3?, 39, 48,<br />

49, 54.<br />

Go<strong>et</strong>ting. go]. Ans., 39.<br />

Gc<strong>et</strong>tinguo, 33, 31, 40.<br />

Gounod ,92.<br />

Crabbe, 31. -<br />

Gran<strong>de</strong>au,47, 48, 51.<br />

Granr ie <strong>de</strong> Cassagnac, 29.<br />

Gratiol<strong>et</strong>, 47.<br />

Greco, Grecs, 30, 32, 45, 48,<br />

55, 56.<br />

Gregorovisis, 32.,<br />

Greooue-St-Honoré (rue), 15.<br />

Hack]aen<strong>de</strong>r, 53. -<br />

Haillot, 31.<br />

Italan, 31.<br />

Hall, 59.<br />

Hommes, 99, 31.<br />

)Iasnbourg, 4, 8.<br />

Hanovre, 48.<br />

Hartmann, '1. 25, 31, 33. 48, 53.<br />

Base (C.'B.), 4, 48.<br />

hase (K.), 48.<br />

IL soif, 53. -<br />

l-lauréau, 52.<br />

liaeusser. 93, 34, 54.<br />

flouas ouville, 38.<br />

Haves, 50.<br />

Hsvin, :17, 38.<br />

Ilaym, 92.<br />

Hebbel. 95, 31. 39.<br />

Bédouin, 48.<br />

Hegel, 3, 13, 29, 2-1. 90. 39, 49.<br />

Hei<strong>de</strong>lberg, 33.35.<br />

Ileim-Nefiizer, 1, 58.<br />

llçino, 32,-48.<br />

Heis,zen, 48.<br />

Iie]rnho!tz, 40, 54.<br />

Helvétius, 16.<br />

hionri<strong>et</strong> (é'), 56.<br />

Henriot, W.<br />

Iler<strong>de</strong>r, 24. -<br />

hierotd, 43.<br />

Hervé, 45<br />

Herzen, 55.<br />

H<strong>et</strong>tnor. 26, 35, 54.<br />

iloixcI, al.<br />

Il 03 (6'), 2.1.<br />

11e vso, 31. 47. 53.<br />

l-Iillebran& 23, 54.<br />

Hindoustan, 32.<br />

liinglssis, 31, 56.<br />

lliro, 28.<br />

Hoefer, 53. - -<br />

Holbach (dl, 16.<br />

Holberg, Ir'.<br />

Belinski ! 55. 1<br />

Hollan<strong>de</strong>, Hollandais, 10, 55.<br />

Ilonstro, 45, 56.<br />

Ilommaire tic leI], 47,<br />

1[oorsolg'au, 4.<br />

lisSer, M. -<br />

Hubert. 47, 48. -<br />

linge, 56. -<br />

Ilnrnholdt A. do). 8, 0, 13, 24,<br />

26, 39, 35.<br />

. Humboldt (G. (le), 48.<br />

Ilunziker, 4. 99. 48, 50.<br />

linon tic Bor<strong>de</strong>aux, 46.<br />

Hss.ssou-F]oury, '15.<br />

BaGou, -19.<br />

Iéna. 34.<br />

Immormaun, 31. 32.<br />

Indu, Indions, 30, 31, 45.<br />

lnddpoumiancc belge Q'), 6.<br />

Industriul alsacien (Il, 6.<br />

Ingres, 56.<br />

Iran, 45,


Isambert, 50, 56.<br />

Issue. Italiens, 95, 32, 35.37,<br />

41, 16, 50-52, 54.<br />

lvanositcls. 56.<br />

Ixelles-Ioz .Brnxelles, 38.<br />

Jacobi, 39.<br />

John. 39. -<br />

Jalirb..d. bibi. W ., 27, 40.<br />

Jeanno d'Arc, 36.<br />

Jésuite, 40.<br />

Jésus-Christ, 46, 48.<br />

Johnson, 55.<br />

.roly, 55.<br />

Joovoaux, 31.<br />

.Jourdan, 3&<br />

iburnal <strong>de</strong>s Débats, 1,1,43.<br />

Journal gén. <strong>de</strong> i'lnstr. pub].,<br />

15-91, 19.<br />

Juif errant,- 45.<br />

Juifs, 10, 24.<br />

Jung, 4.<br />

Kaliscl,, '11.<br />

Kaenipton, 52.<br />

Kant, 21, 31. 39.<br />

Karcher, 31, 46,48,51.<br />

Karr,- 31.<br />

Keller, 31. 53.<br />

Kêplor, M.<br />

Kératry, 56, 51.<br />

KergoToard, 41, 52.<br />

Kioioi. 31.<br />

liirh, 45.<br />

Kleist, 31. 41, 49.<br />

Klipfll3i. 56.<br />

Koch, 18.<br />

omport, 98, 41.<br />

kotrnor, 32.<br />

Kossack, 25, 33.<br />

Ereisslor, 33.<br />

Kreutzer, 32.<br />

Krinitz, 31.<br />

KuldF, 25.<br />

<strong>La</strong>hbd, 46.<br />

<strong>La</strong>hoalaye,<br />

<strong>La</strong>combo (L.), 28.<br />

<strong>La</strong>cembe (P.). 56.<br />

<strong>La</strong> Fontanelle (le Vaudore, 1.<br />

Loir, 56.<br />

<strong>La</strong>maïsme, 21.<br />

<strong>La</strong> Marek. 48.<br />

16.<br />

sikow. 55.<br />

no.<br />

0, 32:<br />

1.,escure. 8, 48.<br />

Losol', M.<br />

Lossing, 25, 39, 39.<br />

Les-aillant, 52.<br />

1,ovrault, 4.<br />

46, 5], 55.<br />

93, 55.<br />

- -<br />

Lewes, 48.<br />

Lichtonau, 48.<br />

LiocIstenlierger, 4.<br />

Ligne(do) 48.<br />

Lille, 23.<br />

Lindncr, 43.<br />

Litas, 34.<br />

Lithuanie, 22.<br />

Littré, 2, 0, 26, 27, 32, 48, M.<br />

Loch, M.<br />

Loudros, 28. 52.<br />

Lorbac, 33.<br />

1,ortot, 4;<br />

Louandre, 15.<br />

Louis XIV, 45, 50.<br />

Lucifer, 56.<br />

Lullo, 46.<br />

Luthor, 3.<br />

Lux, 53.<br />

Lyon, 4.<br />

Magasin <strong>de</strong> Iibrairiô, 23.<br />

Magenta. 41.<br />

\fapvar f1,ed.1. 55.<br />

31, 35, 49 1 M.<br />

36.<br />

(les). 32.<br />

47.<br />

.e d'.kugoulômo. 56.<br />

g.), 28.<br />

Min<strong>et</strong>te, 54. 56.<br />

ï, 46, 50, 51.<br />

41.<br />

l8, 50.<br />

12, 55.<br />

31.<br />

18.<br />

98, 39, 5.<br />

25, 3], 41.<br />

47.<br />

L. )), 47, 54.. 55.<br />

il..<br />

54.<br />

,hn, 10, 39.<br />

shn-Barthold y , 48.<br />

55.<br />

Nota, 4. M.<br />

Mexique, 5.<br />

Meyr (E.), 32.<br />

Meyer (3.-B.), 48.<br />

Moyer (P.), SI.<br />

Moyeriitim, 49.<br />

Meynieu, 3!, 45.<br />

Michelot, 23, 26,<br />

MIII, 45, 55.<br />

Miilaud, 1.<br />

Slilsand, 45, 51-56,<br />

Mirbel, 17.<br />

Miras, 42. -<br />

Mississipi, 55.<br />

i Mithra, 96.<br />

Mittorniaier, 45, 54.<br />

Moebius, 32.<br />

Stolil, 4.<br />

Sloloschol.t, 16, 25.<br />

MoolItmason, Si.<br />

Mommson, 23- -<br />

Meunier, 30, 46, 48, 5 4 1 uS.<br />

1[ontalembert, 21.<br />

Moniauban, 27, 99, 40.<br />

Moae.béliard, 'I,<br />

Montesquiou, 56.<br />

Montrort. 31.<br />

Montmartre, 53.<br />

Montpellior, 98.<br />

Morel, 52, 55, 50.<br />

Morin, .19.<br />

Mortimer-Ternaux, 45.<br />

Moraine, 56.<br />

Mossmauu (L.-X.), 31, 46, 49.<br />

Movila, 55.<br />

Mozart, 98,54.<br />

Mûgge, SI.<br />

Mulhouse, 9, 5, 34, 35, 42, 43.<br />

51011cr (J.), 28,<br />

Millier (M.), 27, 45.<br />

Munich, 34, 35.<br />

llnok, 4.<br />


le Grand, u&<br />

i, 69.<br />

n, 31, 48.<br />

45, 56.<br />

26.<br />

1, 52.<br />

a, 46.<br />

1,24. .<br />

s, 7.<br />

54.<br />

se, 33. -<br />

o, 46.<br />

Orne, 37.<br />

<strong>et</strong>, A.<br />

• 56.<br />

ce <strong>de</strong> lleussey, 47.<br />

(10e, 35.<br />

't <strong>de</strong> WilÛe, Si.<br />

5.<br />

21, 36,<br />

Pressens?,. 14, .15, 70.<br />

Prdvost-I'aradol, 21, 38, M.<br />

Proithotes, 27.<br />

Preudhou, 10, 20, 38, 40.<br />

Pros", 32, 33, 48.<br />

Quin<strong>et</strong>, 56.<br />

Ranke, M'35.<br />

Raphaël, 32.<br />

Rasiabonne (L.), 2, 33, 47,<br />

55, 56.<br />

Raymond, 31.<br />

Reclus (1111e). 29, 31, 41, 46,<br />

40, 50, 55. 56.<br />

Reclus (Elis<strong>de</strong>), 99, 30, 31, 46.<br />

Reclus (0.), 55.<br />

Rdferrne, 2, 23.<br />

Reiclienbach, 28, 32.<br />

Reinhardt, 31.<br />

Rembrandt. 28.<br />

Rémusat, 39.<br />

Renan, 2. 3, 9, 10, 14. 17, lB,<br />

27, 31, 39, 40, 45. 40.<br />

Renaud, 55<br />

Ronaissanca. 98, 45, 51.<br />

46, 54, 56.<br />

<strong>Revue</strong> anglb4ran2uise, 7.<br />

<strong>Revue</strong> britannique, 7, 8, 23.<br />

<strong>Revue</strong> chrélieune, 14 15, 10.<br />

<strong>Revue</strong> critique, 51, 52.<br />

<strong>Revue</strong> d'Alsace, 18.<br />

<strong>Revue</strong> <strong>de</strong> Paris, M.<br />

<strong>Revue</strong> <strong>de</strong>s Deux Mon<strong>de</strong>s, 11,<br />

22, 93, 42.<br />

<strong>Revue</strong> <strong>de</strong> Théologie. 17, 10.<br />

<strong>Revue</strong> du Nord. 4.<br />

<strong>Revue</strong> gerainniqite (1875), 3.<br />

Re'u germaniquo (3858). 1-<br />

52, 57-58.<br />

<strong>Revue</strong> germanique (1905), 8,<br />

<strong>Revue</strong> mo<strong>de</strong>rne, 52.57.<br />

Reynald, 21. 30.<br />

RIen, 7, 0, 12, 1G, 17, 53, U.<br />

Richard, 55.<br />

Richelieu (rue), 3, 43.<br />

Richter, 25, 48.<br />

RiebI, 32.<br />

s'<br />

- 62 -<br />

Rieuzi, 54.<br />

Riga, 91.<br />

Ri<strong>de</strong>r, 28, 40.<br />

Ritter, 30.<br />

Rivarel, 48.<br />

Rebertsase (dc), 31.<br />

Rer,liat. 17.<br />

Rog<strong>et</strong> (Ph.), 23.<br />

Rogne <strong>de</strong> Ilellegn<strong>et</strong>, 48.<br />

Roland (Mcd.). 56.<br />

RoIaiid (Chanson <strong>de</strong>.), 46.<br />

Reine, Romains, 45. 40, M.<br />

ReiicI,and (1-l. dc). 45.<br />

Rencliand (L. <strong>de</strong>). 45, 47, 51,<br />

52, 50.<br />

Rougé (<strong>de</strong>, 4.<br />

Roux, 50, n2, 55, 56.<br />

Ruycr (016m.), 50.<br />

Royer-Collard, 45.<br />

Rilckert. 32, 5-I.<br />

Russie, Russes, 2, 10, 32, 35,<br />

48, SI, 55.<br />

Rtistow, 48.<br />

tes près Royan. 25.<br />

lnaiu, 59.<br />

iscu.l'lle. 22.<br />

rsbeurg, 55.<br />

ié-'raillaudier, 93.<br />

eu, 45.<br />

M.<br />

I5.<br />

passage). 43.<br />

7-19.<br />

5-27, 33, 3?. 30.<br />

M.<br />

32.<br />

ae.lier, 94.<br />

--Holstein, 4G.<br />

93, 3'!.<br />

17, f8"25.<br />

\'eissenfels. 48.<br />

5,1cr, 25. si, 48.<br />

Scliwalli, 31.<br />

Sclisvartz. 31, 18.<br />

Seinguerles, 25, 31-31, 37, 41,<br />

46,49-51, 54.<br />

Sel<strong>de</strong>n, 31,<br />

Sdna, <strong>de</strong> iMeillian, 48.<br />

Siebeld, 98.<br />

Siècle (le). 7, 37,<br />

Silberm au n. 4.<br />

Silvessro, 55.<br />

Simon, 48.<br />

Slaves, 28, 30.<br />

Secrate, 5.!.<br />

Selar (F.), 36, 37, 42.<br />

Snlur (Mcd.), 47.<br />

Seldi, 27.<br />

Soleure, 48.<br />

Selteriuo. 41,<br />

Souabe, M.<br />

Spectateur du Nord (le), 8.<br />

Spener, 48.<br />

Spieesa, 10, 13 29, 35.<br />

Sprenger, 37.<br />

Staël (Mad. <strong>de</strong>), 48.<br />

30, 31, 40, 46, 51.<br />

Stapfor. 4.<br />

Stauben, 28.<br />

Steffeus, S 29.<br />

tein(II.), 4, 8,23.<br />

Stein (i\lad. <strong>de</strong>), 48.<br />

Stem (Dan.), 2. 26, 30, 45-47,<br />

40, 55, 50,<br />

Stifter, 31.<br />

Stoeber, 4.<br />

Sto1ques (les), 56.<br />

SStrasheuru, 4, 10. 17-30, 25,<br />

torm' 27-20, 47. 3<br />

Strauss, 32, 34, 48, M.<br />

SireS!)', 41.<br />

Stmuensôn, 47.<br />

Stuttgart, 'I.<br />

Suekau, 91, 45, 41.<br />

Suekuw (E. <strong>de</strong>), 91, 29, 45, 50.<br />

Suekuw (Il. 06), 47.<br />

Suekow (W. <strong>de</strong>), 21.<br />

Suè<strong>de</strong>, 8.<br />

Suez, 32,<br />

Suisse, 'J ' 8. 16, 22, 30, 45, 40,<br />

55, 56.<br />

Sulza, 4.<br />

Sybel, 23, M.<br />

Taine, 2, 21, 92, 45, 40, U.<br />

Tanner, 32. -<br />

'l'apu, 4.<br />

Tatars, 30.<br />

Fautas, 40.<br />

Temps (le), 42, 43, 53, 57,<br />

Ternes lIes), 28.<br />

Testament (Nouveau), 46.<br />

Tlieurict, 47,<br />

Tlimaudidre, 55.<br />

Tliicrs, 45, 55.<br />

Tliur, 28.<br />

'1'I,urine, 4,<br />

Tmecle., SI.<br />

Tilly, 48.<br />

Tisant, 46. 56.<br />

Toinen, M.<br />

Teurguônielf, 35, M.<br />

Trautswemn ,le Relie, 54.<br />

Trévise (rue), 43.<br />

'rruclisess <strong>de</strong> W'aldbeurg, 54.<br />

Tsclujdi, 32.<br />

Tubinguc, 27, 39, 40, 41.<br />

Turquie, '16.<br />

Tyndall, 5'1.<br />

Uhland, 32, 48.<br />

Univers (I'), I.<br />

Vacher. 47.<br />

Vacherul, 38.<br />

Valle.t (<strong>de</strong> \'irivi!le). 16.<br />

Vallier, 23. 94, 26, 28, 39, 35.<br />

\'alrey, 47.<br />

S'ambéry, 55.<br />

Van Evck, 47.<br />

Varnligond'Ease, 95,32,35,48.<br />

Taud, 45.<br />

Ver Iluell, 46.<br />

\'erlic, M.<br />

\'dran, 53 50<br />

\'euillot, I.<br />

Viai'<strong>de</strong>t, 35, 47.<br />

Viel-Cassel, 40.<br />

Vienne, 28, 32, 33, 35.<br />

Vieweg, 4, 43.<br />

Vige.Lebrun, 48.<br />

Vigay, M.<br />

Villafrunea. 25.<br />

Villars (F. 4e), 47,


Villers (CI'.), 8, 18.<br />

Villers (E do), 25, 31.<br />

Visclter, 30.<br />

Vitzthurn dEclsstoin, 51.<br />

Vivien <strong>de</strong> Saint-MarI!,,, 98, 32,<br />

45, 51.<br />

VogI, 16, 21, 25, 28, 48.<br />

Volart, 1.<br />

Votiga, M.<br />

Vrigriault, 33.<br />

Waagcn, 32.<br />

WacIic,,h,iscn. 32.<br />

\\rackcrnaeI , M.<br />

Wagnor, 2t<br />

\Taïdo !nar do Prusse. 32<br />

Warnicoonig. 50.<br />

63 -<br />

\Veljor, 53.<br />

Weber (A.), 31.<br />

Weber (Oh. do) , 32.<br />

Weber (Ch.-1i1. <strong>de</strong>), 53.<br />

\\ reIIer (.1oh., 28.<br />

\\reiI (G.,8.<br />

Weil (U.), 4.<br />

Wcill (AI.), 31.<br />

Weimar, 13, 3!, 35.<br />

Woloker, 32.<br />

9,ro,.iier 33<br />

W est phalio, 4.<br />

\VidaI, 28, 31, SI.<br />

\Vildore,utIi Si, 4'?.<br />

Willkoxam, 31.<br />

\ViIlm. 1.<br />

\\'iI,eôs, 30.<br />

•<br />

Winckelmann, 54.<br />

WôeI,Icr, 48.<br />

Wolisobo, SI, 33.<br />

\Voej,kc, SI.<br />

Woolwiel,. 46.<br />

Wurtemberg, 33, 49.<br />

Westonfold, C.<br />

Wyrouboff, 97.<br />

ZedIits, 48.<br />

Zelier (E.), 48, 54.<br />

Zefler<br />

Zeste,', 56.<br />

Zinzendorf, 48.<br />

'/,oengerle, 33.<br />

Zurclior, 31, 41, 55.<br />

Zuricb, 28, 22.


, TABLE DES MATIÈRES<br />

I. Fondation <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> germanique ......... .......... ................ . I<br />

II. <strong>La</strong>ncement <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> germanique .................................. 6<br />

M. L'introduction <strong>de</strong> Duilius <strong>et</strong> Nefftzer .................................40<br />

1V Attaques contre la <strong>Revue</strong> germanique ................................( 4<br />

V. Attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> germanique .....................................19<br />

VI. Les rédacteurs <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> germanique .............................. 24<br />

\'II. Les traducteurs <strong>et</strong> tes correspondants ................................<br />

VIII. Publication <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> germanique .................................35<br />

IX. Les critiques.... ........................ ... ............. ............. 3g<br />

X. Transformation <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> germanique .............................. 44<br />

XI. <strong>La</strong> <strong>Revue</strong> germanique <strong>et</strong> française ....................................45<br />

XII. <strong>La</strong> <strong>Revue</strong> mo<strong>de</strong>rne ...................................................52<br />

In<strong>de</strong>x alphabétique <strong>de</strong>s noms propres ..................................... 59<br />

15-06. - Coulommiers. Imp. VAUT. BRODARD. 2-06.

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