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Des vestiges

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premier âge du Fer en France non méditerranéenne, la plupart des chercheurs s’orientant<br />

plutôt soit vers La Tène finale et ses oppida soit encore vers l’âge du Bronze et ses riches<br />

dépôts métalliques. Dans l’ensemble, les exemples sur lesquels on pouvait s’appuyer dans le<br />

domaine de l’archéologie des tertres funéraires remontaient donc pour l’essentiel à la fin du<br />

XIX ème ou aux toutes premières années du XIX ème siècle, comme le montrait éloquemment le<br />

catalogue des sites et des ensembles de mobilier des âges des Métaux de la Lorraine qu’avait<br />

publié Jacques-Pierre Millotte dans les années 1960 32 . De même, à l’exception de la fouille de<br />

la nécropole de tumulus de Chavéria (Jura), qu’avait réalisée Dominique Vuaillat dans les<br />

années 1970 33 , on ne disposait, dans le Nord-est de la France, d’aucune fouille extensive de<br />

groupe de tertres funéraires reconnus dans leur intégralité ; encore que l’équipe de Chavéria –<br />

qui travaillait alors entièrement à la main – n’ait pu décaper l’espace qui se trouvait entre les<br />

tumulus.<br />

Immédiatement, l’idée nous est venue de combiner l’étude “ microstratigraphique ” des<br />

tumulus, établie selon les principes de la “ topographie exhaustive ” mise au point à Pincevent<br />

par Leroi-Gourhan, avec les techniques de décapage extensif issus des fouilles de sauvetage 34 .<br />

Ces dernières commençaient tout juste à prendre leur essor dans l’Est de la France, dans le<br />

sillage des conventions avec les aménageurs lancées par Jacques Lasfargues au Service<br />

archéologique de la région Rhône-Alpes. Il faut rappeler qu’au début des années 1980<br />

l’utilisation des décapages mécaniques, qui avaient été introduits à la fin des années 1970<br />

comme un mode de fouille par le programme de la vallée de l’Aisne, était encore considérée<br />

comme une hérésie par de nombreux protohistoriens, en particulier lorsqu’il était question de<br />

l’appliquer à autre chose qu’à du dégagement de remblai ou de « mort-terrain », comme en<br />

particulier lorsqu’on s’en servait pour mettre au jour des sépultures. Les surfaces étudiées<br />

étaient donc extrêmement réduites, et on manquait désespérement de visions d’ensemble.<br />

Notre projet était d’exploiter les décapages mécaniques extensifs pour alimenter une<br />

topographie extensive des sites funéraires, pris dans leur globalité.<br />

Nous pensions qu’il devait être possible de renouveler la documentation archéologique<br />

grâce à des fouilles fines, qui remplaceraient les données incomplètes et incertaines des<br />

recherches anciennes du XIX ème siècle et qui, surtout, nous enseigneraient sur les pratiques<br />

funéraires du début de l’âge du Fer 35 . Le postulat développé à Clayeures, puis, plus tard avec<br />

les fouilles de tumulus à tombes à char de Marainville-sur-Madon (Vosges) et de Diarville<br />

(Meurthe-et-Moselle), était élémentaire : il s’agissait de considérer les tumulus<br />

protohistoriques comme des constructions funéraires élaborées au cours d’un ou de plusieurs<br />

processus de constitution successifs, qui auraient procédé à chaque fois d’un épisode de<br />

structuration unique. Selon cette approche, il devait être possible de distinguer, selon la<br />

terminologie de Leroi-Gourhan, des structures évidentes, identifiées par les constructions<br />

protohistoriques proprement dites, et des structures latentes, constituées notamment par des<br />

effets de distribution d’artefacts en relation avec les gestes ou les pratiques funéraires répétées<br />

à chaque fois au cours de la constitution des tumulus. Pour ce faire, il fallait pratiquer une<br />

fouille totale de chaque tumulus, associée à un décapage extensif de leur environnement.<br />

32 MILLOTTE (1965).<br />

33 VUAILLAT (1977).<br />

34 J’ai exposé ces idées dans un petit article paru en 1982 dans une revue destinée aux archéologues amateurs :<br />

Méthodes de fouille à la nécropole de Clayeures “ La Naguée ” (Meurthe-et-Moselle). Revue Archéologique<br />

Sites, 1982, p. 5-10.<br />

35 J’ai essayé de réunir et de synthétiser ces données, telles que les fournissait l’étude du de la nécropole de<br />

Clayeures dans : La nécropole de Clayeures (Meurthe-et-Moselle) et les débuts du Premier Age du Fer dans l'Est<br />

de la France. Bulletin de l'Association Française pour l'Etude de l'Age du Fer, 1985, 3, p. 24-27.<br />

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