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Des vestiges

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pouvait être assuré avoir atteint la base réelle du tumulus que lorsqu’on était parvenu au<br />

contact du substrat gréseux, situé à une trentaine de centimètres sous la base des sépultures<br />

centrales, quand elles étaient conservées. La même situation a été rencontrée à Marainville et<br />

à Diarville, dans un sédiment marneux encore moins lisible.<br />

Surtout, le terrain était très perturbé par des remaniements postérieurs qui rendaient<br />

plus difficile encore la lecture des structures protohistoriques. Ainsi, la presque totalité des<br />

sépultures centrales initiales des tumulus avaient été bouleversées au XIX ème siècle, pour<br />

l’essentiel à l’époque du déboisement du plateau de La Naguée, lorsque les commis de ferme<br />

ramassaient les éléments de parure en bronze par pleins paniers 37 . Le sol sous la masse des<br />

tertres était parcouru d’invraisemblables réseaux d’animaux fouisseurs – renards ou blaireaux<br />

– qui pouvaient avoir entraîné dans leurs galeries une partie du mobilier funéraire des<br />

sépultures, comme cela s’est rencontré dans le Tumulus 38, fouillé en 1983. La nature acide<br />

du sédiment de limons rhétiens (sur et avec lequel avaient été constitués les tumulus) avait<br />

produit, au cours du temps, des effets de conservations différentielle que nous avons mis<br />

longtemps à anticiper : les ossements, en particulier, n’étaient préservés que s’ils s’étaient<br />

trouvés en contact direct avec des blocs de calcaire et les éléments de parure métallique isolés<br />

– comme on en a trouvés dans les Tumulus 26 et 33 38 – avaient plus de chances d’appartenir à<br />

des inhumations qu’on ne voyait pas qu’à ce qui ressemblait à des “ dépôts ” de mobilier. Là<br />

encore, on a observé des configurations tout à fait analogues à Marainville et à Diarville.<br />

L’érosion était omniprésente, nous privant d’informations que nous étions tout à fait<br />

incapables d’évaluer. Le soc des charrues rainurait directement le substrat géologique et,<br />

contre toutes nos attentes, le décapage extensif des surfaces à la périphérie des tumulus ne<br />

donnait que des résultats non interprétables : un tesson roulé isolé ici, une petite tache de<br />

charbon de bois là… Seules les structures historiques profondes étaient bien préservées,<br />

comme les fossés de délimitation agraire de la période romaine qui s’étendaient sur<br />

l’ensemble du plateau, mais qui n’étaient pas la raison essentielle de notre présence à la<br />

Naguée. De manière très ironique, les vrais <strong>vestiges</strong> d’occupations anciennes se trouvaient<br />

dans les niveaux de sédiments superficiels que nous enlevions à la pelle mécanique, où ils<br />

étaient démembrés et dispersés en position secondaire depuis bien longtemps. Dans le niveau<br />

de terre végétale labourée actuelle comme dans les sédiments de la masse des tumulus, on<br />

trouvait notamment des éclats de taille isolés en quartzite, qui appartenaient à des industries<br />

de tradition acheuléenne attribuées au Paléolithique moyen, ou encore des éléments de haches<br />

polies en aphanite, qui provenaient manifestement d’occupations néolithiques. S’agissait-il à<br />

l’origine d’éléments isolés – perdus – ou au contraire plus vraisemblablement de <strong>vestiges</strong><br />

d’occupation démantelés et dispersés depuis des millénaires par l’érosion ? Quant à l’habitat<br />

correspondant aux tumulus, qu’on pressentait tout proche par la quantité de mobilier<br />

domestique abandonné dans la construction des monuments funéraires, celui-ci demeurait<br />

désespérément introuvable, malgré les prospections systématiques au sol, malgré les sondages<br />

et malgré les décapages.<br />

D’autres difficultés nous attendaient avec l’étude des <strong>vestiges</strong> protohistoriques<br />

associés à l’édification des tumulus. On observait en particulier de trop grandes différences<br />

d’un tertre à l’autre pour qu’on puisse faire fonctionner le principe de répétition invoqué par<br />

Leroi-Gourhan pour faire apparaître les structures associées aux effets de distribution des<br />

37 MARTIMPREY (1889).<br />

38 J’ai publié ces observations dans un article intitulé “ Bilan de la première campagne de sauvetage programmé<br />

de la nécropole de la Naguée à Clayeures (Meurthe-et-Moselle) ”, paru en 1982 dans Le Pays Lorrain, 4, p. 197-<br />

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