Des vestiges
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France à partir des années 1960 sous l’impulsion en particulier de Jean-Jacques Hatt et de<br />
Jacques-Pierre Millotte. Les premiers catalogues régionaux des sites et des ensembles<br />
archéologiques avaient concerné d’abord, avec les publications de Millotte, la Franche-Comté<br />
et la Lorraine 45 , auxquels étaient venus s’ajouter, dans les années 1970, l’Alsace 46 puis, au<br />
début des années 1980, le Bassin parisien et le Nord de la France 47 ou encore l’Aquitaine 48 . A<br />
l’exception de la Haute-Marne, cataloguée par Louis Lepage 49 , et de la série des nécropoles de<br />
la “ Civilisation des Champs d’Urnes ” publiées par Bernard Chertier 50 , la région Champagne-<br />
Ardenne avait échappé à ce mouvement, de même que celle de la Bourgogne, où il fallait<br />
retourner à l’antique ouvrage des années 1930 de Françoise Henry 51 pour trouver le catalogue<br />
le plus récent des fouilles et des trouvailles régionales des âges du Bronze et du Fer, du moins<br />
celles du département de la Côte-d’Or. Quoiqu’il en soit, une masse suffisante de données<br />
avait été amassée au début des années 1980 pour qu’on puisse maîtriser, au moins à l’échelle<br />
régionale, les ensembles archéologiques recueillis depuis le XIX ème siècle. Dans le Nord-est<br />
de la France, une série de fouilles récentes étaient venues renouveler par ailleurs les données<br />
anciennes depuis les années 1970: là encore, elles étaient à l’origine principalement localisées<br />
en Franche-Comté, avec les travaux de l’équipe constituée autour de Jacques-Pierre Millotte.<br />
En Bourgogne, une série de fouilles réalisées par Jean-Pierre Nicolardot sur les enceintes<br />
protohistoriques de Vitteaux et d’Etaules-Darois (Côte-d’Or), par Serge Grappin sur les<br />
niveaux d’habitat de Saint-Romain “Le Verger ” (Côte-d’Or), ou encore par Jean-Paul<br />
Guillaumet sur les tumulus de Thury “ La Prée ” (Côte-d’Or), contrastaient avec l’absence de<br />
synthèse documentaire à l’échelle régionale.<br />
Dans sa tentative de mise en correspondance des systèmes typo-chronologiques de<br />
l’âge du Bronze et du premier âge du Fer fonctionnant en France et en Allemagne 52 , Jean-<br />
Jacques Hatt avait, au début des années 1960, introduit une série de problèmes : il avait en<br />
particulier créé un décalage chronologique d’environ un demi siècle entre la séquence typochronologique<br />
du Bronze final IIIb « français » et son équivalent allemand du Hallstatt<br />
B3 d’Hermann Müller-Karpe 53 . Pour des raisons d’élégance typologique, Hatt avait également<br />
individualisé, au milieu de la chronologie du premier âge du Fer « français » une séquence<br />
intermédiaire appelée Hallstatt moyen 54 : or, celle-ci ne trouvait aucun équivalent direct dans<br />
la chronologie bipartite du premier âge du Fer allemand, qui avait été élaborée à partir du<br />
travail pionnier de Reinecke au début du XX ème siècle, qu’avaient complété, dans les années<br />
1950 et 1960, les recherches de Georg Kossack ainsi que celles de Wolfgang Dehn et Otto-<br />
Hermann Frey 55 . Il fallait harmoniser tout cela et les données étaient sufisamment<br />
nombreuses, suffisamment répertoriées, pour qu’on puisse matériellement le faire. Ce travail a<br />
été mené princalement dans les années 1990, en grande partie à la suite de la publication de la<br />
thèse de Patrice Brun, qui avait proposé, en 1986, une chronologie séquentielle de la<br />
45 MILLOTTE (1963) ; id. (1965).<br />
46 NORMAND (1973).<br />
47 FREIDIN (1982) ; BLANCHET (1984).<br />
48 MOHEN (1980).<br />
49 LEPAGE (1984).<br />
50 CHERTIER (1976).<br />
51 HENRY (1933).<br />
52 HATT (1961) ; id. (1962).<br />
53 MÜLLER-KARPE (1959).<br />
54 Jean-Jacques Hatt m’a expliqué un jour à Strasbourg que tout processus d’évolution stylistique comporte<br />
normalement trois phases successives : une phase ancienne de création, une phase moyenne d’apogée et une<br />
phase finale de transition avec un nouveau style à venir. C’était là, poursuivait-il, précisément la raison pour<br />
laquelle il avait systématiquement organisé son découpage en sous-séquences typo-chronologiques de l’âge du<br />
Bronze et de l’âge du Fer selon un principe de tripartition.<br />
55 KOSSACK (1959) ; DEHN et FREY (1962).<br />
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