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12 / n°194 / janvier 2012 / la terrasse<br />
théâtre<br />
LES CLOWNS<br />
L’ENTREPRISE - Cie FRANÇOIS CERVANTES<br />
Avec Dominique Chevallier, Bonav<strong>en</strong>ture Gacon & Catherine Germain<br />
Écriture et mise <strong>en</strong> scène François Cervantes<br />
VENDREDI 13 JANVIER - 20H30<br />
SAMEDI 14 JANVIER - 18H00<br />
01 48 90 89 79 - reservation.theatre@choisyleroi.fr - theatrecinemachoisy.fr<br />
4, av<strong>en</strong>ue de Vill<strong>en</strong>euve Saint-Georges, 94600 Choisy-le-Roi<br />
Conception graphique : Thomas Daval - Photo © Christophe Raynaud de <strong>La</strong>ge<br />
<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> / véronique beLLegarde<br />
Zoltan le magniFiqUe<br />
vérOnique bellegArde met <strong>en</strong> scène zOltAn, d’Aziz chOuAKi : un<br />
mythOmAne bOuffOn s’inv<strong>en</strong>te une cArApAce de fAntAsmes pOur se<br />
prOtéger de lA guerre, mAis tOmbe sOus les cOups de l’AmOur.<br />
comm<strong>en</strong>t avez-vous découvert ce texte ?<br />
véronique Bellegarde : lors d’un week-<strong>en</strong>d à<br />
saint-d<strong>en</strong>is, au tgp, qui organisait une traversée<br />
de l’œuvre d’aziz chouaki. a l’épreuve du plateau,<br />
on a constaté le pot<strong>en</strong>tiel de jeu de ce texte, avec<br />
lequel l’auteur s’échappe de l’algérie et élargit<br />
son propos. il y parle du chaos du monde et de<br />
l’homme <strong>en</strong> perpétuelle guerre avec lui-même et<br />
« <strong>La</strong> mythomanie<br />
de Zoltan est une<br />
résistance par<br />
l’imagination. »<br />
Véronique Bellegarde<br />
les autres, sans contexte précis, même si ça se<br />
passe dans les Balkans, dans la frustration d’après<br />
la chute du mur et le rêve américain. c’est ce que<br />
je trouve beau dans cette pièce : chouaki y parle<br />
de politique à travers l’humain et par la poésie.<br />
la mythomanie de zoltan est une résistance par<br />
l’imagination. il v<strong>en</strong>d du rêve. « Je v<strong>en</strong>ds du v<strong>en</strong>t<br />
et des voiles », dit-il. comme les <strong>en</strong>fants quand<br />
ils racont<strong>en</strong>t des histoires… zoltan répond à un<br />
besoin de rêve collectif.<br />
qui est Zoltan ?<br />
v. B. : zoltan arrive dans un petit bar, près d’une<br />
gare, dans un contexte de déchirem<strong>en</strong>t civil et de<br />
guerre communautaire. on ne sait pas d’où il vi<strong>en</strong>t,<br />
mais il amène un ailleurs : il vi<strong>en</strong>t de l’autre côté<br />
du pont, et il prét<strong>en</strong>d être ami avec Woody all<strong>en</strong>,<br />
zidane, connaître georges Bush. il a élaboré tout<br />
un système pour r<strong>en</strong>dre crédibles ses m<strong>en</strong>songes,<br />
grâce à des voix <strong>en</strong>registrées sur son portable.<br />
c’est le roi de la technologie et des ordinateurs.<br />
il crée une sorte d’aimantation autour de lui. il<br />
croise alors une jeune femme, pluvia, personnage<br />
assez onirique, antithèse de la poupée américaine,<br />
autodidacte qui fabrique ses robes elle-même :<br />
cette r<strong>en</strong>contre déglingue tout son système. son<br />
langage se fissure complètem<strong>en</strong>t, et on assiste<br />
à la cassure de son m<strong>en</strong>tal par l’amour. <strong>en</strong>fermé<br />
dans sa machine de langage, il devi<strong>en</strong>t fou. il y a<br />
un humour très noir dans cette pièce, mais aussi<br />
beaucoup de mélancolie. car l’illusion est mise <strong>en</strong><br />
« <strong>La</strong> force et<br />
la beauté de<br />
Courteline :<br />
son abs<strong>en</strong>ce de<br />
profondeur. » Jean-Louis B<strong>en</strong>oit<br />
échec. peut-on résister par l’imaginaire ? la fin de<br />
la pièce ne va pas dans ce s<strong>en</strong>s-là…<br />
comm<strong>en</strong>t s’organise la mise <strong>en</strong> espace et <strong>en</strong><br />
scène de cette résistance par l’imaginaire ?<br />
v. B. : pour l’espace scénique, je me suis plongée<br />
dans la tête de zoltan, <strong>en</strong> me disant que ce qu’il<br />
voit est à côté de la réalité, et que tout est déformé<br />
par le prisme de sa fantaisie. l’action se passe<br />
dans le bar. <strong>en</strong> flash back, il revoie les situations<br />
antérieures de sa mémoire émotive. la musique<br />
constitue une part importante du spectacle. elle<br />
traduit le m<strong>en</strong>tal, la mémoire s<strong>en</strong>suelle de zol-<br />
tan. Je travaille avec médéric collignon, et je fais<br />
exister sa musique par le moy<strong>en</strong> d’une sorte de<br />
radio libre ingérable, qui intervi<strong>en</strong>t hors de toute<br />
maîtrise. le décor est fait de terre rouge. les plantes,<br />
les racines seront <strong>en</strong> fil électrique. la nature<br />
est dev<strong>en</strong>ue un peu bizarre. toutes les machines<br />
sont déglinguées : les hommes ne les maîtris<strong>en</strong>t<br />
plus. l’action se situe au mom<strong>en</strong>t de la guerre des<br />
Balkans, sans doute dans les années 2000. mais<br />
j’ai voulu élargir la situation, hors du folklore, <strong>en</strong><br />
cherchant surtout une couleur très personnelle et<br />
une id<strong>en</strong>tité très forte pour chaque personnage.<br />
Propos recueillis par Catherine Robert<br />
Zoltan, d’Aziz Chouaki ; mise <strong>en</strong> scène de Véronique<br />
Bellegarde. Du 12 janvier au 12 février 2012. Du<br />
mardi au samedi à 21h ; dimanche à 16h. Théâtre<br />
nanterre-Amandiers, 7 av<strong>en</strong>ue Pablo-Picasso, 92022<br />
nanterre. Tél. 01 46 14 70 00.<br />
<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> / jean-Louis b<strong>en</strong>oit<br />
coUrteline,<br />
Un Pessimiste dégoûté<br />
jeAn-lOuis b<strong>en</strong>Oit réunit trOis pièces de geOrges cOurteline. un<br />
spectAcle sur l’Abs<strong>en</strong>ce d’AmOur dAns lA vie de cOuple.<br />
pourquoi avoir choisi de concevoir un spectacle<br />
sur la vie de couple ?<br />
jean-louis B<strong>en</strong>oit : pour r<strong>en</strong>dre justice à un écrivain<br />
oublié qui, <strong>en</strong> son temps, fut considéré comme<br />
l’un des plus grands. mais courteline est sans pro-<br />
fondeur. c’est l’université qui le dit, l’évacuant de<br />
ses livres et programmes. et si c’était justem<strong>en</strong>t cela,<br />
la force et la beauté de courteline : son abs<strong>en</strong>ce de<br />
profondeur ? sa simplicité, sa banalité, ses situa-<br />
tions dramatiques sans véritable charp<strong>en</strong>te ? les<br />
trois tranches de vie que je mets <strong>en</strong> scène se sont<br />
imposées à moi par leur cohér<strong>en</strong>ce : trois couples,<br />
trois guerres (la dernière est un massacre). courteline<br />
//// vous cHercHeZ un joB étuDiant, écriveZ-nous sur la.terrasse@wanaDoo.fr ////<br />
© Philippe Delacroix<br />
© Antoine B<strong>en</strong>oit<br />
la terrasse / janvier 2012 / n°194 / 13<br />
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<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> / frédéric béLier-garcia<br />
contes de la modernité<br />
immatUre<br />
princesses mOches, mOnstres myOpes, princes un brin pleutres :<br />
christiAn Oster revisite les cOntes <strong>en</strong> les dynAmitAnt. frédéric béliergArciA<br />
s’Amuse à les mettre <strong>en</strong> scène, Avec humOur et fAntAisie.<br />
comm<strong>en</strong>t avez-vous r<strong>en</strong>contré les contes de<br />
christian oster ?<br />
frédéric Bélier-garcia : J’ai d’abord r<strong>en</strong>contré<br />
oster par ses romans pour adultes, qui trait<strong>en</strong>t<br />
avec beaucoup de drôlerie et délicatesse<br />
du désarroi amoureux. J’ai appris qu’il avait<br />
aussi écrit des contes de fée. J’ai découvert<br />
avec joie ces histoires étranges et complètem<strong>en</strong>t<br />
déréglées, qui repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t les récurr<strong>en</strong>ts<br />
du conte traditionnel, mais où tout déroge aux<br />
règles du g<strong>en</strong>re. les ogres y sont plus attirants<br />
que les princes, les moutons plus lucides<br />
que les princesses. <strong>en</strong> même temps, derrière<br />
l’aspect un peu foutraque et baroque, et audelà<br />
de la drôlerie, apparaît une vérité sur les<br />
lois du désir et le besoin de plaire. toute cette<br />
matière m’a donné <strong>en</strong>vie de la mettre <strong>en</strong> scène,<br />
d’autant plus que le foisonnem<strong>en</strong>t du récit<br />
constituait un vrai défi qui m’intimait d’inv<strong>en</strong>ter<br />
une forme théâtrale particulière.<br />
laquelle ?<br />
f. B.-g. : avec sophie perez et Xavier Boussiron,<br />
qui sign<strong>en</strong>t la scénographie, nous sommes partis<br />
de la logistique traditionnelle du conte, imaginant<br />
une sorte de petit théâtre baroque, un castelet<br />
avec des nuages dans les cintres, une machinerie<br />
mozarti<strong>en</strong>ne ou à la lully. mais ce théâtre<br />
devi<strong>en</strong>t cruel et drolatique, et acquiert une couleur<br />
actuelle, par le trop-plein et le frottem<strong>en</strong>t des formes.<br />
la princesse est allongée dans une moule<br />
géante ; les loups ont des têtes de loups mais<br />
des costumes de vieux rockers ; les géants avanc<strong>en</strong>t<br />
sur des talons comp<strong>en</strong>sés de drag que<strong>en</strong>…<br />
<strong>en</strong>tre Peau d’âne et Kaurismäki, nous avons voulu<br />
un univers féérique où l’imaginaire traditionnel<br />
est comme <strong>en</strong>v<strong>en</strong>imé par notre fantasmagorie<br />
contemporaine…<br />
s’agit-il d’un spectacle pour adultes ou pour<br />
<strong>en</strong>fants ?<br />
f. B.-g. : les adultes peuv<strong>en</strong>t am<strong>en</strong>er leurs<br />
<strong>en</strong>fants ! on a fait une lecture publique de la pièce :<br />
les <strong>en</strong>fants riai<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t à d’autres <strong>en</strong>droits que<br />
les adultes, mais tout le monde suivait son chemin<br />
! chacun peut aménager sa lecture. plus que<br />
y montre ce qu’il n’a cessé d’observer : l’abs<strong>en</strong>ce<br />
d’amour. dans ce monde-là, on ne s’aime pas, la<br />
vie de couple est un leurre. courteline est un misan-<br />
thrope, un pessimiste, un dégoûté.<br />
quels sont les fondem<strong>en</strong>ts du comique chez<br />
courteline ?<br />
j.-l. B. : ce théâtre se situe à l’opposé du vaudeville.<br />
courteline ne s’appuie pas sur des procédés,<br />
mais sur des personnages admirablem<strong>en</strong>t dessinés,<br />
sur une seule situation dramatique, sur des dialogues<br />
de génie, sur une langue de toute beauté. pour compr<strong>en</strong>dre<br />
- aimer - courteline, il faut se retourner vers<br />
la farce du moy<strong>en</strong>-age, vers le molière de scapin.<br />
comme tout créateur, l’artiste courteline témoigne<br />
du monde. pas à la façon de Beckett ni de sénèque,<br />
mais à celle des grands comiques. l’<strong>en</strong>jeu ess<strong>en</strong>tiel<br />
de ce théâtre, c’est le rire.<br />
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat<br />
Courteline, amour noir, d’après <strong>La</strong> Peur des<br />
coups, <strong>La</strong> Paix chez soi et Les Boulingrin, de Georges<br />
Courteline ; mise <strong>en</strong> scène de Jean-Louis B<strong>en</strong>oit.<br />
Du 12 au 28 janvier 2012 au Théâtre de <strong>La</strong> Criée à<br />
Marseille. Tél. 04 91 54 70 54.<br />
Reprise du 14 au 30 mars au Théâtre de la<br />
Commune-CDn d’Aubervilliers. R<strong>en</strong>s 01 48 33 16 16.<br />
dans un roman ou dans l’écriture théorique, dans<br />
le conte, tout est donné <strong>en</strong> vrac au spectateur :<br />
c’est à lui de donner s<strong>en</strong>s aux énigmes non résolues<br />
qui lui sont livrées <strong>en</strong> pâture.<br />
quelle est la morale de ces contes ?<br />
f. B.-g. : oster applique nos obsessions actuelles,<br />
quotidi<strong>en</strong>nes, aux personnages archaïques des<br />
contes de fée. il <strong>en</strong> repr<strong>en</strong>d tout le personnel, mais le<br />
contamine de nos incertitudes, nos hésitations. les<br />
princesses sont troublées par les ogres. les figures<br />
qu’on trouve chez grimm ou perrault sont ici plus<br />
chancelantes. la morale, si morale il y a, traite de<br />
notre désir de plaire, ce besoin qui nous affame, et de<br />
toutes les malédictions qu’<strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre cet appétit, qui<br />
transforme les princesses <strong>en</strong> steak-frites et les princes<br />
<strong>en</strong> monstres. Bettelheim dit des contes de fées qu’ils<br />
sont « un miroir magique qui reflète certains aspects<br />
de notre univers intérieur et des démarches qu’exige<br />
notre passage de l’immaturité à la maturité. » les<br />
contes d’oster trait<strong>en</strong>t de notre immaturité contem-<br />
CENTRE<br />
DRAMATIQUE<br />
DE LA COURNEUVE<br />
mise <strong>en</strong> scène<br />
Elisabeth Hölzle<br />
scénographie<br />
et costumes<br />
Loïc Loeiz Hamon<br />
création lumière<br />
et régie générale<br />
Juli<strong>en</strong> Barbazin<br />
© solange Abaziou<br />
poraine quant à l’amour, au désir, à la beauté, à la<br />
reconnaissance. par rapport aux personnages habituels,<br />
ceux-là sont perclus de doutes sur ce qu’il faut<br />
aimer, séduire, rechercher, ou fuir. <strong>en</strong> cela, ces contes<br />
répond<strong>en</strong>t aussi au théorème de Bettelheim, tout <strong>en</strong> le<br />
réaménageant : comm<strong>en</strong>t accéder à la maturité dans<br />
un monde où la maturité est vacillante ?<br />
Propos recueillis par Catherine Robert<br />
« Un univers féérique<br />
où l’imaginaire<br />
traditionnel est<br />
comme <strong>en</strong>v<strong>en</strong>imé par<br />
notre fantasmagorie<br />
contemporaine. »<br />
Frédéric Bélier-Garcia<br />
<strong>La</strong> Princesse transformée <strong>en</strong> steak-frites,<br />
de Christian oster ; mise <strong>en</strong> scène de Frédéric<br />
Bélier-Garcia. Du 5 janvier au 4 février 2012.<br />
Du mardi au samedi à 20h30 ; dimanche à 15h30.<br />
Représ<strong>en</strong>tations supplém<strong>en</strong>taires les 14, 21 et<br />
28 janvier à 18h30. Théâtre du Rond-Point,<br />
2bis av<strong>en</strong>ue Franklin-D.-Roosevelt, 75008 Paris.<br />
Tél. 01 44 95 98 21. En tournée : du 8 au 10 février au<br />
CDDB-Théâtre de Lori<strong>en</strong>t ; du 22 au 25 février au Théâtre<br />
de la Criée, à Marseille ; du 28 février au 3 mars et du 6<br />
au 17 mars au quai-Forum des arts vivants, à Angers.<br />
Téléchargez gratuitem<strong>en</strong>t notre<br />
nouvelle application iphone.<br />
<strong>La</strong> Tête<br />
des<br />
autres<br />
d’après la pièce de<br />
Marcel Aymé<br />
© Editions Gallimard<br />
« Une comédie acide, prise <strong>en</strong> flagrant délit<br />
de m<strong>en</strong>songes, de danses et de chansons ! »<br />
avec<br />
Marc Allgeyer<br />
Bernard Daisey<br />
Myriam Derbal<br />
Damiène Giraud<br />
Maria Gomez<br />
Jean-François Ma<strong>en</strong>ner<br />
Jean-Luc Mathevet<br />
Jean-Pierre Rouvellat<br />
du 11 au 29 janvier 2012<br />
C<strong>en</strong>tre culturel Jean-Houdremont - <strong>La</strong> Courneuve<br />
Place de la Fraternité - 11 av<strong>en</strong>ue du Général Leclerc<br />
réservations 01 48 36 11 44<br />
www.c<strong>en</strong>tredramatiquedelacourneuve.com<br />
>c’est une image de Loïc Loeiz Hamon - n° de lic<strong>en</strong>ce : 2 - 1039187