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Rapport du jury 2006 - Département d'études anglophones

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A la lecture des Journaux de Lewis et Clark, les aspects géographiques et scientifiques<br />

tiennent à l’évidence une large place. Les capitaines contribuent à remplacer des connaissances<br />

imparfaites, voire mythiques par des connaissances réelles, acquises sur le terrain. A l’époque en<br />

effet, l’Ouest est le lieu de toutes les hypothèses et spéculations. L’un des mythes principaux est<br />

l’existence <strong>du</strong> « Passage <strong>du</strong> Nord-Ouest », ce fleuve qui relierait le Missouri jusqu’au Pacifique. Tous<br />

les explorateurs s’attachent à le trouver. Il s’agit d’abord de la rivière « Oregon », rebaptisée<br />

« Columbia » après le passage de Vancouver près de son embouchure. Les Instructions de Jefferson<br />

à Lewis révèlent aussi cette ambition essentielle : explorer le fleuve Missouri pour trouver l’ « accès le<br />

plus direct et pratique » avec le Pacifique. Plus généralement, toute la région située à l’Ouest des<br />

villages Mandan, et donc au-delà des Grands Lacs, est pratiquement « terra incognita ». Lewis est<br />

d’ailleurs conscient de cela lorsqu’il dit au moment de quitter Fort Mandan : « We were about to<br />

penetrate a country on which the foot of civilized man had never trodden ... ». L’embouchure <strong>du</strong><br />

Missouri n’est pas connue, les Montagnes Rocheuses sont ré<strong>du</strong>ites à une seule chaîne, assez étroite.<br />

Le climat, le sol, les espèces animales et végétales sont de la même façon sources de spéculation<br />

(Jefferson espère ainsi trouver des squelettes de mammouths !). Les découvertes scientifiques de<br />

l’expédition devront prouver l’inanité des théories de Buffon sur la dégénérescence des organismes<br />

vivants sur le sol américain.<br />

Ainsi, Jefferson a pris soin de fournir une formation scientifique à Lewis, qui a suivi des cours<br />

de botanique, d’astronomie et de physique, entre autres, avec les hommes les plus avancés de son<br />

temps. Lors de l’expédition, Lewis et Clark mettent ces connaissances théoriques en pratique en<br />

mesurant avec le plus de précision possible la longitude et la latitude des fleuves et de leurs affluents,<br />

grâce à l’horizon artificiel. Ils découvrent de nouveaux affluents, et surtout réalisent qu’une voie de<br />

communication transcontinentale n’existe pas. Ils se heurtent à l’immense barrière des Rocheuses, et<br />

font ainsi voler en éclats le mythe <strong>du</strong> Passage <strong>du</strong> Nord-Ouest. C’est Clark qui dessine des cartes de la<br />

région entre les villages mandans et le Pacifique, complétant et corrigeant celles de Evans et<br />

Arrowsmith et contribuant crucialement à faire avancer les connaissances géographiques sur l’Ouest.<br />

Autrement dit, les explorateurs remplacent une vision imaginaire, mythique, de la géographie par une<br />

connaissance réelle, qui peut s’avérer décevante lorsqu’elle détruit les mythes. Ainsi l’Ouest n’est pas<br />

ce jardin d’Eden, où s’étirent des terres abondantes et fertiles, mais un lieu caractérisé par des<br />

obstacles naturels réels.<br />

Le « Corps de la découverte » apporte également des informations scientifiques essentielles.<br />

Lewis et Clark découvrent de nombreuses nouvelles espèces animales et végétales, en font un<br />

inventaire et une description exhaustive, et rapportent même des spécimens, conformément aux<br />

Instructions de Jefferson. Ainsi, dès avril 1805, alors que Lewis et Clark s’enfoncent dans l’inconnu, le<br />

bateau à quille ramène les spécimens relevés dans la première partie de leur trajet.<br />

On peut mesurer tout l’impact et la surprise de ces découvertes en lisant les Journaux.<br />

L’enthousiasme, et la stupeur parfois, sont remarquables. Les mots manquent pour décrire les<br />

nouveaux paysages ou animaux que voient les explorateurs ...Ils donnent ainsi des noms qui peuvent<br />

nous paraître amusants aujourd’hui comme les écureuils aboyants (« barking squirrels ») ou les<br />

chiens de prairie (« prairie dogs »). Mais ils révèlent bien l’ignorance et l’absence de classification de<br />

nombreuses espèces animales et végétales. Ils étudient aussi les minéraux et en ramènent<br />

également à Jefferson.<br />

Ainsi l’expédition de Lewis et Clark, comme le dit Ronda, s’inscrit bien dans le contexte de<br />

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