L'Envers vaut l'endr..
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éférence. Sur une des légendes on pouvait lire « Expédition en Antarctique 1936, ne pas ouvrir jusqu’au<br />
retour des Grands Anciens ». En dépit de la chaleur agréable de l’entrepôt, la caisse était couverte de<br />
givre. Il y avait une autre boîte beaucoup plus grande avec la mention « Roswell 1947 ». Elle avait des<br />
trous d’aération, et quelque chose grogna à l’intérieur, quelque chose de pas content du tout. Un peu à<br />
l’écart, une des caisses flottait à quelques centimètres du sol. Je ne sais pas ce qu’il y avait dedans, mais<br />
ça puait. Suzie attira mon attention sur une petite boîte qui sursautait violemment ; elle semblait sur le<br />
point d’exploser. Je tapai gentiment sur l’épaule du Collectionneur et lui montrai la boîte.<br />
— Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?<br />
— Une machine à mouvement perpétuel. J’ai jamais réussi à trouver comment on l’arrêtait.<br />
— C’est incroyable, tout ce que tu as là, continuai-je. À qui montres-tu tout ça ? Qui vient voir toutes<br />
ces merveilles ?<br />
— Personne, bien sûr ! me répondit-il en me regardant comme si j’étais fou.<br />
— Mais… une grande partie du plaisir de collectionner réside aussi dans le fait de montrer ses trésors<br />
aux autres, non ?<br />
— Non, rétorqua le Collectionneur. Tout est dans la possession. Savoir que tout cela est à moi !<br />
J’adore faire pâlir d’envie mes rivaux, leur montrer des objets après lesquels tout le monde court. Je les<br />
rends fous de jalousie, puis je leur ris au nez ! Pourtant, ça ne me dérangerait pas que personne ne sache<br />
ce que je possède… à part moi. Il me suffit de savoir que j’ai gagné, que je suis le meilleur.<br />
— C’est tout ? lâcha Suzie. Celui qui meurt avec le plus de jouets a gagné ?<br />
Le petit homme haussa les épaules.<br />
— J’en ai rien à foutre de ce qui peut arriver à tout ce fourbi après ma mort. Vous pouvez le brûler, je<br />
m’en moque. Je collectionne parce que… je fais ça bien, c’est d’ailleurs la seule chose que je sais faire.<br />
Les choses… Nos possessions… Elles ne peuvent pas nous blesser. Elles ne peuvent pas nous quitter.<br />
L’espace d’un instant, il eut l’air vraiment humain et vulnérable. Ça ne lui allait pas du tout.<br />
— Voulez-vous que nous gardions le secret au sujet de ce que nous avons vu ici ? demandai-je.<br />
— Sûrement pas ! répondit-il vivement en retrouvant tous ses côtés odieux en moins d’une seconde. Il<br />
faut le dire à tout le monde ! Il faut les rendre malades de convoitise ! Mon problème a toujours été de<br />
prouver l’étendue de ma collection sans pour autant autoriser des gens à pénétrer ici, ce que je ne peux<br />
décemment faire : ils essaieraient de me trahir et de me voler. Certains ont passé leur vie à comploter<br />
pour pénétrer chez moi…<br />
— Tu n’as pas toujours été le Collectionneur, dis-je. Je t’ai vu en photo avec mon père, quand vous<br />
étiez plus jeunes. Qui étais tu… avant tout ça ?<br />
Il me regarda sans même essayer de cacher sa surprise.<br />
— Je croyais que tu étais au courant. Avec Walker et ton père, on travaillait pour les Autorités. On<br />
protégeait le Nightside. À cette époque, on était les meilleurs amis du monde. On avait des projets, des<br />
aspirations… mais, au final, on s’est aperçu que nous ne partagions pas du tout les mêmes idéaux. Je suis<br />
parti avant d’être renvoyé, et je me suis débrouillé tout seul. Un jour viendra où je posséderai tout le<br />
Nightside ! Alors, je les obligerai à m’écouter !<br />
J’étais tellement captivé par ses paroles et leurs implications que je ne remarquai même pas les robots<br />
qui nous encerclaient silencieusement. Suzie s’en aperçut, elle. Rien ne lui échappe. Elle se rendit compte