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Consulter le texte intégral de la thèse - Université de Poitiers

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<strong>le</strong> mouvement documentaire ang<strong>la</strong>is sous <strong>la</strong> hou<strong>le</strong>tte <strong>de</strong> John Grierson, ou <strong>de</strong>s films du<br />

mouvement <strong>de</strong>s Frontier Films, aussi appelés New Deal Films ou Roosevelt Films,<br />

majoritairement financés par <strong>le</strong>s ministères et départements concernés. Si bien que ces films<br />

présentent un semb<strong>la</strong>nt d'unité théorique et esthétique appréhendab<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> chercheur, et surtout<br />

un discours c<strong>la</strong>ir, à l'image <strong>de</strong> <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration d'Hans Richter en 1930 : «The Age <strong>de</strong>mands the<br />

documented fact ... » 41 . Or, cette démarche, inscrite dans un projet socio-politique global – <strong>le</strong><br />

projet d'instaurer une social-démocratie en Europe pour Grierson et son mouvement, et celui <strong>de</strong><br />

communiquer sur <strong>le</strong>s efforts gigantesques <strong>de</strong> l'Administration Roosevelt pour sortir <strong>de</strong>s « gloomy<br />

Thirties » et hisser <strong>le</strong>s États-Unis au premier rang <strong>de</strong>s nations – a été interrompue par <strong>la</strong> secon<strong>de</strong><br />

guerre mondia<strong>le</strong>. Au sortir d'une guerre qui a opéré une profon<strong>de</strong> rupture dans l'histoire <strong>de</strong>s<br />

représentations, et à part <strong>de</strong> rares exceptions, <strong>le</strong> geste documentaire n'est plus à même <strong>de</strong> rendre<br />

compte <strong>de</strong> l'horreur qui a fait irruption dans <strong>le</strong> réel. Entre <strong>le</strong> film hollywoodien <strong>de</strong>s années<br />

cinquante et <strong>la</strong> démarche expérimenta<strong>le</strong> qui se développe sur <strong>la</strong> base d'une abstraction du mon<strong>de</strong><br />

réel, <strong>la</strong> démarche documentaire va entamer une profon<strong>de</strong> mutation et éc<strong>la</strong>ter en <strong>de</strong> nombreuses<br />

expérimentations. Trouver une forme, <strong>de</strong>s formes qui soient en contraste comp<strong>le</strong>t avec <strong>le</strong> cinéma<br />

commercial, idéologique américain : un cinéma <strong>de</strong> l'improvisation, <strong>de</strong> <strong>la</strong> performance, du non-<br />

événement, <strong>de</strong> <strong>la</strong> paro<strong>le</strong> brute. Les années soixante voient ainsi l'aventure du cinéma direct, <strong>le</strong>s<br />

cinéastes expérimentaux s'essayer à documenter <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> qui <strong>le</strong>s entoure, mais subjectivement<br />

cette fois-ci, en se p<strong>la</strong>çant au centre <strong>de</strong> <strong>la</strong> perception, à <strong>la</strong> fois <strong>de</strong>rrière et <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> caméra,<br />

comme Stan Brakhage qui invente ainsi, après Maya Deren, un immense pouvoir <strong>de</strong> dire « Je ».<br />

L'artiste multimédia et critique <strong>de</strong> cinéma Fred Camper résume ainsi ce qui est en jeu :<br />

The great achievement of American avant-gar<strong>de</strong> film has been the interiorization of the<br />

cinema image : the creation of a body of films whose techniques are geared not toward<br />

using the film image for objective presentation of external events but for the exploration<br />

of the varieties of the private personas and inner visions of their makers. 42<br />

Dans notre résumé vertigineux <strong>de</strong> 1930 à 1960, on constate que l'objet ultime du documentariste<br />

<strong>de</strong>s premières heures, c'était <strong>le</strong> fait, ce qui présuppose d'avoir une prise sur <strong>la</strong> réalité, et<br />

d'envisager <strong>le</strong> cinéma comme un outil transparent. Or, quelques trente années plus tard, <strong>le</strong> point<br />

nodal s'est dép<strong>la</strong>cé <strong>de</strong> l'extérieur – <strong>la</strong> réalité extérieure, <strong>le</strong> fait, <strong>la</strong> vocation col<strong>le</strong>ctive – vers<br />

l'intérieur, c'est-à-dire <strong>la</strong> subjectivité du cinéaste comme prisme à travers <strong>le</strong>quel on perçoit <strong>la</strong><br />

réalité – une réalité déformée par tout ce que <strong>le</strong> sujet-cinéaste engage dans cette re<strong>la</strong>tion, son<br />

histoire, ses références culturel<strong>le</strong>s, ses attentes etc...<br />

Nous avons été tentée <strong>de</strong> traiter <strong>le</strong> film documentaire comme Godard traite sa comman<strong>de</strong> <strong>de</strong> film<br />

41 Hans Richter, lors du second Congrès international du film d'avant-gar<strong>de</strong>, 1930, Belgique.<br />

42 Fred Camper, « Seconds of Ecstasy », in The Chicago Rea<strong>de</strong>r, 17 janvier 1986.<br />

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