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Le temps des pionniers - IUFM de l'académie de la Réunion

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<strong>Le</strong> <strong>temps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>pionniers</strong> : 1663-1715 173<br />

n’autorise, pour les esc<strong>la</strong>ves, cette peine que dans quatre cas, dont <strong>de</strong>ux non<br />

obligatoires :<br />

- article 33 (maître et sa famille : « … frappés avec effusion <strong>de</strong> sang, ou<br />

au visage, sera puni <strong>de</strong> mort ») ;<br />

- article 38 (3 e cas <strong>de</strong> marronnage <strong>de</strong> plus d’un mois : « … et <strong>la</strong> troisième<br />

fois il sera puni <strong>de</strong> mort ») ;<br />

- article 34 (voies <strong>de</strong> fait sur le maître et sa famille : « … voulons qu’ils<br />

soient sévèrement punis, même <strong>de</strong> mort s’il échet »).<br />

- article 35 (vol <strong>de</strong> gros bétail : « … seront punis <strong>de</strong> peines afflictives,<br />

même <strong>de</strong> mort si le cas le requiert »). 16<br />

Par<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> ce colon français « cruel jusqu’à <strong>la</strong> barbarie » et propriétaire <strong>de</strong><br />

l’exécuté, Boucher constate que ses Noirs « sont presque toujours marrons. Il<br />

en a même eu un <strong>de</strong> pendu », sans doute le motif <strong>de</strong> <strong>la</strong> condamnation.<br />

Boucher associe systématiquement les six cas <strong>de</strong> marronnage aux mauvais<br />

traitements pratiqués par certains colons. <strong>Le</strong> secrétaire et procureur fiscal <strong>de</strong><br />

Bourbon 17 affirme que le vrai responsable <strong>de</strong> l’exécution est le maître : « Il<br />

en a même eu un <strong>de</strong> pendu, et ce<strong>la</strong> bien plutôt par sa faute que par celle <strong>de</strong><br />

ses pauvres noirs que l’on ne peut, cependant, s’empêcher <strong>de</strong> châtier<br />

lorsqu’ils ont tombé dans quelque gran<strong>de</strong> faute. » 18<br />

<strong>Le</strong> premier marronnage<br />

Plus encore que les mauvais traitements, les cas <strong>de</strong> marronnage et celui <strong>de</strong><br />

fuite en canot semblent bien <strong>la</strong> conséquence d’une dégradation du statut <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Noirs. <strong>Le</strong> récit d’une escale du 19 décembre au 27 décembre 1709 confirme<br />

cette réalité 19 :<br />

16. Ce co<strong>de</strong>, alors officiellement non applicable à Bourbon, servira <strong>de</strong> modèle, avec<br />

quelques variantes, pour <strong>la</strong> rédaction <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Le</strong>ttres patentes <strong>de</strong> 1723.<br />

17. Fonctions officielles <strong>de</strong> Boucher à cette date, ce qui en fait le 2 e dirigeant <strong>de</strong> l’île.<br />

18. Antoine Boucher, 1989, pages 92-93.<br />

19. Cité dans A. Lougnon, 1990, pages 208-209. Des navires, armés par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

marchands <strong>de</strong> Saint-Malo pour le négoce du café, atteignent Moka en janvier 1709.<br />

Au retour, ils font escale à l’île Mauritius quittée le 16 décembre 1709, puis à<br />

Bourbon où le plus rapi<strong>de</strong> arrive le 18 au soir. À bord, le sieur Gollet <strong>de</strong> <strong>la</strong> Merveille<br />

est chargé <strong>de</strong> tenir un journal <strong>de</strong> l’expédition pour faire <strong><strong>de</strong>s</strong> rapports aux<br />

commanditaires. L’expédition revient à Saint-Malo. Un écrivain professionnel, Jean<br />

<strong>de</strong> La Roque, est chargé <strong>de</strong> transcrire ce journal en ouvrage intitulé Voyage en Arabie

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