Le temps des pionniers - IUFM de l'académie de la Réunion
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<strong>Le</strong> <strong>temps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>pionniers</strong> : 1663-1715 181<br />
XIV sévit aussi dans les colonies françaises. <strong>Le</strong> règlement <strong>de</strong> <strong>la</strong> Compagnie<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> In<strong><strong>de</strong>s</strong> orientales affirme c<strong>la</strong>irement que « seule <strong>la</strong> Foy catholique,<br />
apostolique et romaine » (Barssin, 1989, p. 234) a droit <strong>de</strong> cité.<br />
En 1685, l’édit <strong>de</strong> Fontainebleau révoque l’édit <strong>de</strong> tolérance qu’était celui<br />
<strong>de</strong> Nantes, ce qui renforce ce monopole. Pour avoir le droit <strong>de</strong> s’installer dans<br />
l’île Bourbon, il faut abjurer les religions réformées (calvinisme,<br />
luthéranisme et anglicanisme). Une douzaine <strong>de</strong> protestants est citée dans le<br />
Mémoire d’Antoine Boucher :<br />
« Patrick Dromer (Droman) était protestant mais il fit abjuration, lorsqu’il<br />
voulut s’établir…<br />
Pierre Tiré est <strong>de</strong> La Tremb<strong>la</strong><strong>de</strong> et <strong>de</strong> <strong>la</strong> religion prétendue réformée »<br />
(Boucher, 1989, pp. 23 et 102).<br />
Ce <strong>de</strong>rnier n’abjure pas et quitte rapi<strong>de</strong>ment l’île.<br />
Il est parfois affirmé que les forbans ont joué un rôle fondamental dans les<br />
débuts du peuplement. Il faut nuancer cette affirmation. <strong>Le</strong>s 52 forbans<br />
arrivés avant 1715 représentent près du tiers <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes libres entrés dans<br />
cette pério<strong>de</strong>. Mais 23 (45%) <strong>de</strong> ces flibustiers ne jouent aucun rôle dans le<br />
peuplement <strong>de</strong> l’île :<br />
- Onze célibataires, vivant à Saint-Paul, ne sont pas installés et rési<strong>de</strong>nt<br />
chez d’anciens collègues <strong>de</strong>venus colons en attente d’une occasion <strong>de</strong><br />
repartir. Tous quittent définitivement l’île avant 1715.<br />
- Sept meurent sans enfant (cinq mariés et <strong>de</strong>ux jeunes adultes).<br />
- Trois, mariés à Bourbon, partent rapi<strong>de</strong>ment à Pondichéry avec femmes<br />
et enfants. Ce départ est définitif pour <strong>de</strong>ux couples. Devenu veuf dans le<br />
comptoir français, « Bachelier Pierre » revient à Bourbon en 1718 avec ses<br />
enfants qui jouent alors un rôle dans le peuplement. Ce nom est toujours<br />
présent sur l’île.<br />
- Vingt-huit couples dont l’homme est forban ont <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants. Dans six<br />
cas, seules <strong><strong>de</strong>s</strong> filles procréent à leur tour et ne transmettent pas le nom, mais<br />
toutes ont <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>cendants.<br />
En 1991, cinq <strong><strong>de</strong>s</strong> noms les plus répandus à <strong>la</strong> <strong>Réunion</strong> étaient ceux <strong>de</strong><br />
cinq forbans arrivés avant 1715 : trois noms français (Turpin en 16 e position,<br />
Picard en 30 e , Richard en 48 e ) et <strong>de</strong>ux noms hol<strong>la</strong>ndais (l’un, francisé, C<strong>la</strong>in<br />
15 e , et Duchemann, 36 e ) 21 .<br />
21. Économie <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Réunion</strong>, n° 64, mars-avril 1993, INSEE, page 4 (au total, 33 <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
50 noms les plus répandus sont ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> « anciens » arrivés avant 1715).