Le temps des pionniers - IUFM de l'académie de la Réunion
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<strong>Le</strong> <strong>temps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>pionniers</strong> : 1663-1715 161<br />
François Martin, passager <strong>de</strong> <strong>la</strong> frégate l’Aigle b<strong>la</strong>nc, séjourne à Bourbon<br />
du 21 juillet au 8 août 1665 (départ pour Madagascar). Dans ses mémoires, il<br />
décrit ainsi ce début <strong>de</strong> peuplement définitif :<br />
« L’on trouva <strong>de</strong>ux Français à Mascareigne 6 , qui y étaient <strong>de</strong>puis dix-huit<br />
mois avec <strong><strong>de</strong>s</strong> nègres qu’ils y avaient menés <strong>de</strong> Madagascar pour cultiver du<br />
tabac, recueillir <strong>de</strong> l’aloès et une espèce <strong>de</strong> gomme que l’on croit être du<br />
benjoin.<br />
<strong>Le</strong>s nègres avaient fui à <strong>la</strong> montagne après avoir manqué une conjuration<br />
qu’ils avaient faite d’assassiner les <strong>de</strong>ux Français. On envoya six soldats sous<br />
un officier pour tâcher à les rencontrer, qui perdirent leur <strong>temps</strong> et<br />
retournèrent à l’anse Saint-Paul après avoir ruiné <strong><strong>de</strong>s</strong> p<strong>la</strong>ntages qu’ils avaient<br />
trouvés que les nègres avaient faits.<br />
<strong>Le</strong>s noirs revinrent <strong>de</strong>puis, sur <strong>la</strong> parole qu’on leur donna qu’ils ne seraient<br />
point punis. <strong>Le</strong> sujet <strong>de</strong> leur conjuration était pour avoir à leur dévotion <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
négresses que les <strong>de</strong>ux Français avaient amenées avec eux du Fort-Dauphin,<br />
dont l’une était très bien faite, car il faut aux noirs <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes » (Lougnon,<br />
1990, p. 41).<br />
Deux petits groupes <strong>de</strong> personnes, l’un venu <strong>de</strong> Madagascar et mixte,<br />
l’autre parti <strong>de</strong> France, uniquement masculin, sont à l’origine du premier<br />
peuplement <strong>de</strong> Bourbon.<br />
Comme le montre le texte ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, ces premiers <strong>pionniers</strong> se sont<br />
rapi<strong>de</strong>ment disputés, apparemment sur <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> possession <strong><strong>de</strong>s</strong> trois<br />
jeunes filles malgaches, et séparés en fonction <strong><strong>de</strong>s</strong> origines ethniques, les dix<br />
Malgaches marronnant dans les Hauts (sans doute les premières pentes) <strong>de</strong><br />
Saint-Paul. Ce marronnage ne peut être assimilé à celui qui accompagne un<br />
peu plus tard le développement d’un « esc<strong>la</strong>vage » <strong>de</strong> fait, les statuts <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
compagnies françaises <strong>de</strong> l’océan Indien 7 interdisant alors <strong>la</strong> pratique<br />
esc<strong>la</strong>vagiste.<br />
<strong>Le</strong> nom et l’origine d’un <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux Français sont connus ; il s’agit <strong>de</strong><br />
Louis Payen, « natif <strong>de</strong> Vitry-le-François » 8 . L’autre est inconnu, même si<br />
certains auteurs lui ont attribué à tort le patronyme <strong>de</strong> Pierre Pau, géniteur <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> première naissance avérée sur l’île :<br />
6. Un <strong><strong>de</strong>s</strong> noms donné à l’île avant <strong>la</strong> prise <strong>de</strong> possession <strong>de</strong> 1649.<br />
7. La Société <strong>de</strong> l’Orient, fondée en 1642, est remp<strong>la</strong>cée par <strong>la</strong> Compagnie <strong><strong>de</strong>s</strong> In<strong><strong>de</strong>s</strong><br />
orientales en 1664.<br />
8. Récit <strong>de</strong> Souchu <strong>de</strong> Rennefort cité par A. Lougnon, 1990, p. 37.